200

200 semaines volées.

Nous ne l’au­rions jamais cru, nous avons atteint et main­te­nant dépas­sé l’acte 200. Jamais le 15 avril 2019 quand Jean a lan­cé : nous revien­drons toutes les semaines ! nous n’au­rions cru que cela se pro­lon­ge­rait autant. Jamais, parce que nous croyions que la véri­té et la jus­tice gagne­raient et qu’As­sange serait libé­ré rapi­de­ment. Pas parce que nous sommes naïfs mais parce que la jus­tice et le res­pect des droits fon­da­men­taux vou­draient que le tra­vail des jour­na­listes soit pro­té­gé et que le fait d’in­for­mer les popu­la­tions ne soit pas puni ! Ce n’est pas le cas, bien des démo­cra­ties qui dans leurs dis­cours mettent en avant la liber­té d’ex­pres­sion, la liber­té de la presse, dans les faits, ne les res­pectent pas, ou plu­tôt ne les res­pectent que quand cela ne ter­nit pas leur image. Ain­si Joe Biden a plus d’une fois par­lé du res­pect de la liber­té de la presse mais depuis son arri­vée au pou­voir n’a rien fait pour que son admi­nis­tra­tion aban­donne les charges contre Assange, une pour­suite qui est pour­tant en contra­dic­tion avec le pre­mier amen­de­ment de la consti­tu­tion des États-Unis. Nous résis­tons, nous res­tons debout. Assange aus­si reste debout mais à quel prix.

Un lun­di très froid sur la place de la Mon­naie et sur celle de l’Ange. Nous avions le choix de res­ter ou de quit­ter un peu plus tôt. Ce choix nous apprend des choses. Il nous per­met de mieux sen­tir ce que peuvent vivre cer­tains pri­son­niers, ce que vit Assange. Dans la cel­lule, pas de choix, qu’il y fasse trop chaud ou trop froid. Nous le savons et cela aug­mente notre volon­té de tout faire pour obte­nir sa libération.

Lun­di 6 février, ambas­sade du Royaume-Uni, un mois écou­lé depuis notre pré­cé­dente venue. Un mois et tou­jours pas de déci­sion de la Haute Cour bri­tan­nique concer­nant l’ac­cep­ta­tion de l’ap­pel de la défense d’As­sange. 17heures, nous sommes deux, puis trois…Un peu d’in­quié­tude. Qui va venir ? Et puis on n’y pense plus, les autres arrivent, les pan­neaux sont récla­més, les ban­nières ins­tal­lées, les tracts sont dis­tri­bués. Les slo­gans fusent, plus encore quand des gens sortent de l’am­bas­sade. On n’ar­rête pas. On n’ar­rê­te­ra pas, le temps qu’il fau­dra parce que nous sommes tous là pour la défense de notre droit à l’in­for­ma­tion, pour la libé­ra­tion d’As­sange qui l’incarne.

Il fai­sait doux sur la place de la Mon­naie et nous étions assez nom­breux pour aller au devant des pas­sants plus nom­breux… La sur­prise aus­si de croi­ser des amis et amies qui avaient (un peu) oublié les lun­dis Assange sur la place et y pas­saient par hasard. Ils nous voient et s’ar­rêtent quelques minutes pour deman­der des nou­velles. Des nou­velles ? Pas vrai­ment de nou­velles. Tou­jours cette attente indé­ter­mi­née, sans limite, nous pro­je­tant dans un temps qui s’é­coule régu­liè­re­ment. S’é­coule nous semble-t-il trop len­te­ment quand on pense à la situa­tion d’As­sange, à sa vie entre les murs.

Ce lun­di 21 février, le froid était reve­nu et sur la place de la Mon­naie le vent, qui la quitte si rare­ment, était bien pré­sent. Des pas­sants très pres­sés. Moins de tracts dis­tri­bués. Mais il y a tou­jours du posi­tif. Les pas­sants qui s’ar­rêtent prennent le temps de dis­cu­ter plus lon­gue­ment, cer­tains disent qu’ils nous rejoin­dront dans les semaines à venir. Il est frap­pant de se rendre compte com­bien les per­sonnes, peu infor­mées ou pas infor­mées du tout, réagissent posi­ti­ve­ment quand on dis­cute avec elles. Nous devons por­ter notre atten­tion sur les non-infor­més, mal-infor­més, dés­in­for­més. Nous devons tout faire pour être “audibles” par ceux qui sou­mis depuis tant d’an­nées à la pro­pa­gande anti-Assange et anti-Wiki­Leaks ne peuvent se rendre compte faci­le­ment de la réa­li­té de la situa­tion. Nous le consta­tons sur les places, tel­le­ment de per­sonnes encore ne connaissent pas l’af­faire Assange qui a pour­tant des réper­cus­sions pour leur propre vie ; tel­le­ment de per­sonnes sont encore influen­cées par les cam­pagnes qui ont dis­cré­di­té Assange et son tra­vail. Nous devons donc conti­nuer sur tous les fronts et avec tous les moyens à notre dis­po­si­tion. Avec des moyens nou­veaux à inven­ter aussi !

Chaque fois que l’on revient devant l’am­bas­sade, il y a ce pin­ce­ment au cœur, ce sen­ti­ment du temps qui passe, plu­tôt vite pour nous…Ces semaines volées, indé­fi­ni­ment. Ce lun­di 6 mars 2023, nous étions plus nom­breux et cela est un encou­ra­ge­ment, l’i­mage mène de notre déter­mi­na­tion. Mal­gré la durée, nous sommes là et nous serons là jus­qu’à la victoire.

C’est le vent ce lun­di qui était l’in­vi­té le plus remar­quable place de la Mon­naie. Ou plu­tôt, c’est lui qui s’é­tait invi­té en force. Les ban­nières étaient dif­fi­ciles à tenir, évo­quant cerfs-volants, voire chars à voile. Evo­ca­tion d’un vent de liberté !

(extraits de la page Face­book du Comi­té Free Assange Bel­gium)

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