Le dimanche 9 mai 2021, un hommage en la mémoire de Lamine Bangoura, tué par la police pour un impayé de loyer, a été organisé, square Lumumba à Bruxelles. Lieu hautement symbolique pour cet événement qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes. Voici une vidéo de ce moment riche en émotion et à peine couvert médiatiquement.
*“Tout a commencé la matinée du 7 mai 2018. Trois ans, quasiment jour pour jour. Ce matin-là, un huissier de justice et deux policiers sont venus pour expulser Lamine Bangoura de son domicile à Roulers. Le motif d’expulsion ? Un impayé de loyer de 1500 €…Ce matin-là, Lamine, jeune Belge afro-descendant, vient de se réveiller. Il n’a pas pris connaissance du courrier d’expulsion dans sa boîte aux lettres. Il refuse de se laisser jeter dehors, sur le trottoir, et voir ses affaires emportées par un camion de déménagement. Lamine résiste à son expulsion !
Les policiers appellent du renfort, qui appellent encore du renfort et ils se retrouvent à huit pour — comme ils disent- « maîtriser l’individu ». Avec un déchaînement de violences et de barbarie inouïe. Et profondément raciste. Menotté, les bras et les jambes attachés par des sangles de déménagement — ficelé comme un animal ! -, Lamine subit une clé d’étranglement puis un plaquage ventral. Cinq des policiers commencent à l’asphyxier sans discontinuer. La scène est tellement insupportable que l’huissier en filme 40 secondes avec son téléphone…
Deux ans avant l’afro-américain George Floyd, l’afro-belge Lamine Bangoura a été tué dans des conditions similaires. Longuement étouffé, le larynx fissuré, jusqu’à ce que mort s’en suive. Avec des images vidéo et le son effrayant de ses cris d’agonie pour preuves irréfutables du crime commis … Mais nous sommes en Belgique. Et pas aux Etats-Unis. A deux reprises, en juin 2020 et en février 2021, deux juridictions administratives ont blanchi les huit policiers etcondamné la famille Bangoura à 5000 € de dédommagements. Pour payer… les frais d’avocats des bourreaux de leurs fils. Et comme si la violence et l’horreur négrophobes ne devaient jamais se terminer, à l’heure où je vous parle : le cadavre de Lamine est détenu dans cette ville ! Trois ans après sa mort, le corps de Lamine Bangoura est toujours retenu dans une morgue bruxelloise ! Les responsables du funérarium exigeant plus de 30.000 € à la famille pour qu’elle puisse le récupérer, l’enterrer et… enfin pouvoir faire son deuil. Les faits sont là. Implacables. Et les mots si pauvres pour les décrire.”
*Extrait de l’intervention d’Olivier Mukuna lors de cet hommage
Une collecte de fonds est organisée pour soutenir la famille de Lamine Bangoura dans ses démarches administratives :
Nous continuerons à suivre l’affaire de près tant qu’il n’y aura pas réparation, tant que l’impunité existera, et tant que le corps de Lamine ne sera pas restitué à sa famille afin que celle-ci puisse commencer son deuil.