Still standing for Culture

Samedi 20/2, on fait culture !

20.02 2021
06h - 23h30
Dans toute la Belgique

Une vidéo réa­li­sée par la Per­ma­nence vidéo des luttes sociales, ZIN TV.

Avec des images addi­tion­nelles de POUR press et les pho­to­gra­phies de Fré­dé­ric Moreau de Bellaing

 

Pen­dant que les clients se poussent dans les maga­sins, la culture ago­nise.  Des déci­sions qui semblent encore une fois être gui­dées par la seule logique économique.

Lais­sez-nous de quoi vivre,

de sur­vivre ;

ça nous lais­se­ra le temps de réflé­chir pour créer un autre avenir

Carte blanche : la culture n’est pas une variable d’ajustement ! 

La mise à l’arrêt du sec­teur cultu­rel est un désastre pour les pro­fes­sion­nels du sec­teur, qui s’inquiètent aus­si de la perte des liens sociaux indis­pen­sables au bon fonc­tion­ne­ment d’une société.

 

Sans reve­nir sur ce qui a mené à la situa­tion que nous vivons actuel­le­ment et sur ce qui aurait éven­tuel­le­ment pu l’empêcher, rap­pe­lons que la ges­tion de l’épidémie de Covid-19 en 2020 en Bel­gique s’est tra­duite, entre autres, par deux grandes périodes de confi­ne­ment. Une pre­mière ins­tau­rée en catas­trophe au prin­temps, puis une seconde arri­vée sans sur­prise à l’automne. Dès le mois de mars, nombre de scien­ti­fiques annon­çaient déjà que la crise sani­taire dure­rait pro­ba­ble­ment deux ans, jusqu’à ce que le virus dis­pa­raisse ou que soient trou­vés les moyens médi­caux pour le soi­gner ou s’en pré­mu­nir. Il s’agissait donc, dès l’été, d’avoir une approche plus pré­voyante et anti­ci­pa­tive, per­met­tant d’éviter un nou­veau confinement.

Pour­tant, c’est la capa­ci­té d’accueil des hôpi­taux qui a été la base inamo­vible des choix poli­tiques, sans tenir compte des besoins expri­més par le sec­teur des soins, ni des effets dévas­ta­teurs d’un confi­ne­ment sur la san­té phy­sique et psy­cho­lo­gique de la popu­la­tion. Sans oublier les désastres éco­no­miques pour les sec­teurs à l’arrêt, en par­ti­cu­lier l’horeca, la culture, le sport, les métiers de contact, les petits com­merces, qui sont à chaque fois par­mi les pre­miers à devoir fer­mer et les der­niers à pou­voir rouvrir.

Deux poids deux mesures 

Car il n’a échap­pé à per­sonne que les res­tric­tions ne s’appliquent pas de la même manière à dif­fé­rents pans de la socié­té : cer­tains sont consi­dé­rés comme de simples variables d’ajustement et sont régu­liè­re­ment mis à l’arrêt pour per­mettre à d’autres, jugés « essen­tiels », de conti­nuer à tour­ner. Pen­dant le pre­mier confi­ne­ment, un tiers de la popu­la­tion active a conti­nué de se rendre au tra­vail. Le second confi­ne­ment est allé plus loin en offrant des déro­ga­tions per­met­tant à toute indus­trie, usine ou entre­prise où le télé­tra­vail n’est pas pos­sible, de conti­nuer ses acti­vi­tés. À la ren­trée de sep­tembre, les écoles ont rou­vert sans être néan­moins dotées des moyens néces­saires pour conte­nir la cir­cu­la­tion du virus. Depuis le décon­fi­ne­ment d’été, les trans­ports en com­mun n’ont pas suf­fi­sam­ment adap­té leur offre ni leurs mesures de pré­cau­tion. Avec le recon­fi­ne­ment d’automne, des couvre-feux inquié­tants pour les liber­tés publiques nous ont empê­chés de sor­tir en rue tard en soi­rée, même seul.e, tan­dis qu’une foule de per­sonnes pou­vait conti­nuer à se côtoyer en jour­née dans les trans­ports publics, les centres com­mer­ciaux, cer­taines entre­prises, etc.

Il y a eu, certes, des évo­lu­tions. Au prin­temps, on a par exemple vu les mar­chés en plein air être inter­dits alors que les super­mar­chés tour­naient à plein régime ; tan­dis qu’à l’automne, les mar­chés ali­men­taires sont res­tés ouverts – et même les librai­ries. Mais il y a des ten­dances lourdes. Elles se sont encore confir­mées avec la déci­sion de rou­vrir les com­merces à l’approche de Noël et de repor­ter les autres ques­tions aux calendes grecques.

Des lieux culturels pourtant très sécurisés 

Dans le sec­teur de la culture, des pro­to­coles stricts ont été appli­qués dès le mois de juin et constam­ment rené­go­ciés, pesant lour­de­ment sur la capa­ci­té d’accueil et donc sou­vent sur la sur­vie éco­no­mique des lieux concer­nés, mais per­met­tant au moins de main­te­nir des acti­vi­tés et du lien social (sauf pour les salles de concerts « debout » qui n’ont jamais pu rou­vrir). Alors qu’aucune étude, aucun clus­ter n’ont mon­tré que les lieux cultu­rels seraient des foyers de conta­gion (ils seraient même par­mi les plus sécu­ri­sés, tous sec­teurs confon­dus), on doute for­te­ment que leur fer­me­ture puisse contri­buer à com­battre l’épidémie.

Les temps social et culturel oubliés 

Notre colère naît du désastre cau­sé par cette deuxième mise à l’arrêt, alors que rien n’a été fait dans l’entre-deux pour sou­te­nir effi­ca­ce­ment le sec­teur des soins de san­té, ni pour mettre à contri­bu­tion les sec­teurs qui ont accu­mu­lé de larges pro­fits pen­dant cette période. Cela fera bien­tôt un an que nous vivons sous le régime d’un confi­ne­ment à géo­mé­trie variable, qui pri­vi­lé­gie de fait les géants de la dis­tri­bu­tion au détri­ment de l’économie locale, qui ins­ti­tue des habi­tudes vir­tuelles qui mar­que­ront notre socié­té pour long­temps, qui prend le par­ti de pré­ser­ver la pro­duc­ti­vi­té et le temps sala­rié plu­tôt que le temps social et cultu­rel, sans prendre en consi­dé­ra­tion la misère psy­chique et morale qu’entraînent les car­rières rui­nées, les métiers per­dus, le lien social réduit à néant ou presque, le déses­poir des per­sonnes âgées iso­lées ou enfer­mées dans les mai­sons de repos… Car tout n’est pas ques­tion d’argent. Et quand bien même, mal­gré les aides actuelles (insuf­fi­santes voire inexis­tantes dans bien des cas où la pré­ca­ri­té est déjà la norme), l’État ne se dote pas de moyens néces­saires pour garan­tir la sur­vie de sec­teurs ain­si mis à l’arrêt…

*Photographie : Frédéric Moreau de Bellaing

Arrêtez d’arrêter ! 

Les mois qui viennent ne seront pro­ba­ble­ment pas épar­gnés par le virus, mais nous refu­sons de conti­nuer à vivre dans un cycle répé­ti­tif de confi­ne­ments ciblés qui mettent en sour­dine la vie sociale, péda­go­gique, cultu­relle, asso­cia­tive, spor­tive… Il faut « arrê­ter d’arrêter » à tout va. Sor­tir d’une vision à court terme, d’une oppo­si­tion infer­nale entre confi­ne­ment ou héca­tombe, d’une poli­tique dic­tée essen­tiel­le­ment par les courbes et leurs inter­pré­ta­tions anxio­gènes, des déci­sions auto­ri­taires et arbi­traires qui mettent à mal l’avenir de notre socié­té d’une manière plus défi­ni­tive que la pan­dé­mie actuelle.

Ces choix n’ont rien d’une fata­li­té. Il existe d’autres manières de faire face à une épi­dé­mie. Dans des cir­cons­tances simi­laires, d’autres pays ont par exemple choi­si d’établir des res­tric­tions en fonc­tion des tailles des lieux et du nombre de per­sonnes qui y sont concen­trées plu­tôt que de la nature des acti­vi­tés, ou encore de pri­vi­lé­gier les sec­teurs les plus fra­giles qui ne sur­vi­vraient pas à des arrêts d’activité successifs…

Se recentrer sur l’humain 

« Vivre avec le virus », c’est répar­tir le poids des mesures sur l’ensemble de la socié­té. Et s’il faut pri­vi­lé­gier cer­tains sec­teurs par rap­port à d’autres, ce n’est cer­tai­ne­ment pas ceux choi­sis jusqu’ici par les auto­ri­tés belges, mais plu­tôt ceux qui créent des liens dans le monde réel, qui font le tis­su de nos ter­ri­toires et de nos socié­tés. En par­ti­cu­lier, dans une période de res­tric­tions impor­tantes de nos liber­tés, y com­pris démo­cra­tiques, la fonc­tion cri­tique et éman­ci­pa­trice de la culture est plus indis­pen­sable que jamais. Toutes les acti­vi­tés et tous les espaces de ren­contre, de par­tage, de dia­logue et de débat, sont essen­tiels à la vie sociale et à toute vie humaine, et doivent reve­nir au centre des préoccupations !

*Cette carte blanche est signée par 450 orga­ni­sa­tions artis­tiques et socio­cul­tu­relles aux quatre coins du pays, prin­ci­pa­le­ment à Bruxelles et en Wallonie.

*Photographie : Frédéric Moreau de Bellaing

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