Mobilisation de la santé en lutte pour contester la politique du gouvernement pendant la crise Covid-19 et revendiquer un refinancement des soins de santé et sa gestion par les travailleurs et les patients.
Discours lu par le collectif de la santé en lutte à Charleroi, Bruxelles, Liège et Namur !
“Aujourd’hui nous tournons le dos aux politiques d’austérité, à Bruxelles, à Charleroi et à Liège.
La mise en place de ces rassemblements n’a pas été de tout repos. Nous avons dû faire face aux pressions des bourgmestres Close et Prévot qui, alors que l’ensemble de la société se déconfine, que le gouvernement nous incite à reprendre le travail et la consommation, nous imposent le silence via l’interdiction de manifester.
Les commerces sont bondés, les transports en commun également, le travail reprend sans forcément garantir les mesures sanitaires, l’Etat pense même à rouvrir les frontières et nous, nous devrions rester muet et confiner nos colères.
Les bourgmestres Close et Prévot ont donc interdit nos rassemblements mais nous sommes là aujourd’hui !
Nous sommes là car notre lutte est légitime.
Nous n’avons pas besoin des conseils sanitaires d’un gouvernement qui a failli sur toute la ligne. Qui n’a pas protégé nos ainé·e·s, qui a exposé les soignant·e·s en ne fournissant pas le matériel de protection adéquat, qui a mis en danger les travailleur·euse·s de première ligne, qui a été incapable d’effectuer un dépistage massif, qui a sous-équipé les institutions de soins, qui sous-finance le secteur de la santé depuis des années et qui met, ainsi, en danger sa propre population.
Depuis des années, nous tous, brancardiers, personnel de l’entretien, techniciens et techniciennes, infirmières et infirmiers, aides-soignants, médecins, patients et patientes, famille de patient, et toute personne concernée, sommes les témoins des choix politiques qui amènent à la lente agonie de la sécurité sociale et à la dégradation de la qualité des soins de santé en Belgique.
Ce sont les politiques néolibérales qui sont responsables de cette souffrance dont nous sommes toutes et tous les témoins directs.
Nous sommes, tout d’abord, les témoins de notre propre épuisement.
Nous qui donnons le maximum à nos patients malgré le manque de moyens.
Nous sommes les témoins des décès qui auraient pu être évités si nous avions été plus ce jour là, si nous avions pu avoir le bon matériel, les bonnes prescriptions, le nombre adéquat de soignants.
Nous sommes les témoins des complications médicales qui ne devraient avoir lieu, si seulement la santé était correctement financée.
Nous sommes les témoins du manque d’effectif qui nous pousse parfois à oublier notre humanité pourtant essentielle à nos métiers.
Nous sommes les témoins du manque de salaire qui nous impose de compter chaque euro à la fin du mois.
Nous sommes les témoins de la précarité de la population, qui trop souvent est forcée de reporter ses soins.
Nous sommes les témoins des conditions indignes dans lesquelles vivent nos parents et nos grands-parents.
Nous sommes les témoins du manque de places et de soins adaptés pour les personnes âgées et les personnes qui ont des souffrances mentales
Enfin, nous sommes les témoins de la difficulté d’accès aux soins pour les personnes sans papiers.
Ainsi, en tant que témoin, nous avons la responsabilité de dénoncer !
Le fil rouge qui guide les décisions prises par les gouvernements successifs est simple : marchandisation et privatisation des branches de la sécurité sociale.
Derrière des phrases tel que “le budget de la sécurité sociale dérape”, “il faut faire des économies pour rembourser la dette publique” ou “la santé coûte cher”, ils tentent de nous faire croire qu’ils n’ont pas le choix et que nous allons devoir l’accepter.
Nous savons que c’est faux et nous le revendiquons : la santé n’est pas et ne sera jamais une variable d’ajustement !
Réduisez les coûts de l’armement, combattez la fraude fiscale, augmentez les impôts sur le capital, limitez les hauts salaires !
Ajustez tout ce qui ne se paiera pas en vie, tout ce qui ne se paiera pas en santé, tout ce qui ne se paiera pas en qualité de vie.
Mais la sécurité sociale doit, elle, être renforcée !
La pandémie de Covid-19 a prouvé qu’on ne pouvait pas sous-financer la santé sans risquer de tuer. Le manque de préparation, le fiasco du matériel de protection, les fausses promesses de dépistage, la lenteur de la gestion… Si ces manquements n’expliquent pas tout, ils sont au moins responsables d’une réelle surmortalité, notamment en maison de repos et parmi les soignants. C’est inacceptable !
La pandémie de Covid19 a également modifié le rapport de force.
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à être conscient de la souffrance des hôpitaux et des maisons de repos.
Nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses à réclamer pour le personnel de santé de la reconnaissance à travers une hausse des salaires et une augmentation des effectifs.
Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à revendiquer un financement de la sécurité sociale en fonction des besoins de la population et non des économies que l’on devrait soi-disant faire.
Nous sommes aujourd’hui déterminés à changer la logique ! Et nous ne nous arrêterons que lorsque nous obtiendrons ce qui devrait être la norme : un financement pérenne des soins de santé et sa gestion par les travailleurs et les patients.
Jusque-là nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre notre dignité à toutes et tous. Nous comptons, entre autres, continuer à prendre la rue mais également porter plainte contre celles et ceux qui nous ont mis en danger !
En effet, une plainte contre le gouvernement belge sera lancée la semaine prochaine et nécessitera l’investissement de tous !
L’Etat va devoir répondre de notre mise en danger !
Merci d’être venus.es aujourd’hui !
Réapproprions-nous nos métiers et la rue.
Soutenons nos collègues français qui vivent les mêmes problèmes que nous et qui se mobiliseront ce mardi 16 juin !
Soyons encore plus nombreux le 13 septembre pour la grande manifestation de la santé !
La lutte, notre lutte, commence aujourd’hui pour une durée indéterminée !
Notre lutte est destinée à la victoire parce qu’elle nous concerne toutes et tous, parce qu’elle est juste et parce qu’elle est belle !
A nos dirigeants nous disons : Votre politique est destinée à disparaître parce qu’elle fait du tort au plus grand nombre et ne sert qu’une poignée de privilégié !
VIVE LA SANTE EN LUTTE !
VIVE LA LUTTE POPULAIRE ! »