Traduction de Boots Riley on How Political Change Actually Happens — SPIN Election 2012
En concert ce jeudi à Bruxelles : infos
Si vous voulez changer le système, il faut créer un mouvement de masse militant qui peux utiliser l’action directe pour ralentir ou arrêter la course au profit. Un mouvement capable de demander et de faire ce qu’il veut. Pourquoi ? Parce que les politiciens répondent aux demandes de la classe dirigeante, les 1%. Les politiciens sont de simples marionnettes. Si un mouvement est capable d’arrêter en partie la machine économique, la classe dirigeante va faire danser ses marionnettes pour vous contrer.
Aucun des changements que nous considérons comme des avancées majeures pour les droits de l’Homme et les droits civiques, n’ont été obtenus en élisant le bon politicien. La sécurité sociale, le Medicare, Section 8, AFDC [[Aid to Families with Dependent Children était une assurance fédérale effective de 1935 à 1996 crée par le Social Security Act]], la législation sur les droits civiques — sont le résultat des mouvements qui ont utilisé l’action directe pour arrêter la machine à profits ; les mouvements craints par la classe dirigeante deviendront révolutionnaires. Dans les années 1920, il y a eu des grèves avec occupation d’usines à travers tous les Etats-Unis, des grèves dans les mines du sud, des centaines de milliers de personnes dans les rues pour protester contre le capitalisme dans les villes, et J. Edgar Hoover considérait les états du Montana et de l’Utah comme des “foyers d’activité communiste”. Et c’était vrai ! La classe dirigeante a pris peur et a obtenu du FDR qu’il mette en place le New Deal. Des années avant que le législation sur les droits civiques ne soit votée, JFK affirmait qu’il y était opposé. Un mouvement l’a pourtant forcé à l’adopter. Affirmative Action a été passée sous Nixon parce que la population était dans la rue aux Etats-Unis et que des révolutions secouaient le monde.
Quel que soit le président — et sans mouvement radical de masse — les choses virent à droite. En connaissant l’histoire, on comprend mieux ce qui se met en place quand les mêmes médias qui dépeignent les mouvements radicaux de masse sous un mauvais jour — ou n’en font même pas part — décident de vous annoncer que que le vote est l’instrument ultime de votre expression politique. A ce stade, le fait de voter est présenté comme une alternative à un mouvement de masse. Les campagnes politiques exigent une énergie considérable. La campagne présidentielle de Kerry a pour ainsi dire éliminé le mouvement anti-guerre qui avait le vent en poupe en 2004, lorsque plusieurs des principales forces d’organisation de ce mouvement ont décidé de soutenir Kerry. Et Kerry n’était même pas anti-guerre ! La campagne présidentielle d’Obama a éliminé le mouvement anti-guerre qui venait de se régénérer en 2008. Et il n’est absolument pas anti-guerre. Si vous ne battez les tambours que quand il est temps d’élire quelqu’un, et que vous ne vous impliquez pas dans un mouvement de masse, vous travaillez contre un changement réel et substantiel. La réalité, c’est que nous vivons dans un monde guidé par le profit. Nous créons ce profit collectif — par notre travail, pour lequel ils nous rendent une infime partie au moyen du salaire. Cette manne financière est utilisée pour exercer le pouvoir, ce qui implique de dicter en partie la politique aux politiciens. Tant que nous ne contrôlons pas de manière démocratique cette richesse crée, il n’y aura pas de démocratie. Les élections sont une blague cruelle.
Nous avons besoin d’un mouvement populaire radical et militant et qui devienne un mouvement révolutionnaire qui puisse changer le système dans son ensemble. Mais avant cela, nous avons besoin d’un tel mouvement afin d’obtenir de meilleurs salaires, des soins de santé gratuits, un enseignement supérieur gratuit, ainsi que l’arrêt des saisies et des expulsions. Préférez-vous attendre en vous demandant si le type pour lequel vous avez voté, va continuer à ne pas faire ce qu’il a dit qu’il ferait ?