BRÉSIL — Des groupes indiens s’opposent à la construction de barrages

mar­di 2 novembre 2010

BRÉSIL — Des groupes indiens s’opposent à la construc­tion de barrages

Noti­cias Aliadas

mar­di 2 novembre 2010, mis en ligne par Dial : http://www.alterinfos.org/spip.php?article4705l

Dans la conti­nui­té de l’article publié en octobre 2009 sur les nou­veaux pro­jets de cen­trales hydro-élec­triques au Chi­li (DIAL 3074), DIAL publie dans ce numé­ro deux textes parus fin sep­tembre sur le site de Noti­cias Alia­das et pré­sen­tant les luttes en cours contre des pro­jets de construc­tion de bar­rages au Bré­sil et au Pérou.

Des com­mu­nau­tés autoch­tones affirment que des pro­jets hydro­élec­triques menacent leur culture, leur san­té et leur bien-être.

Les membres de com­mu­nau­tés indiennes ont dénon­cé les énormes atteintes à l’environnement, à la san­té et à la culture qu’entraînerait la construc­tion de plu­sieurs cen­trales hydro­élec­triques sur des affluents de l’Amazone, et ont exi­gé du gou­ver­ne­ment qu’il revienne sur sa déci­sion de sou­te­nir ces pro­jets pharaoniques.

Dans une lettre ouverte inti­tu­lée « Lettre des quatre rivières », publiée le 27 août après que le pré­sident Luiz Iná­cio Lula da Sil­va eut don­né son feu vert à la construc­tion du bar­rage de Belo Monte, pour un coût de 11 mil­liards de dol­lars, de nom­breux groupes indiens et orga­ni­sa­tions de défense des droits humains déclarent que les cen­trales élec­triques pro­gram­mées sur les rivières Madei­ra, Tapa­jós, Xin­gu et Teles Pires signi­fient l’évacuation manu mili­ta­ri des popu­la­tions et la cri­mi­na­li­sa­tion de la contes­ta­tion sociale.

« Les menaces qui pèsent sur les popu­la­tions des rivières Madei­ra, Tapa­jós, Xin­gu et Teles Pires font éga­le­ment par­tie de nos pré­oc­cu­pa­tions, pro­vo­quées par les faux dis­cours de pro­grès, de déve­lop­pe­ment, de créa­tion d’emplois et d’amélioration da la qua­li­té de vie dont nous abreuvent des gou­ver­ne­ments et des consor­tiums d’entreprises qui pré­fèrent visi­ble­ment la déma­go­gie à la vraie infor­ma­tion, cette der­nière étant niée dans tout le pro­ces­sus d’octroi de licences et de mise en œuvre des pro­jets », peut-on lire dans cette lettre rédi­gée par des groupes indiens à l’issue d’une réunion tenue à Itai­tu­ba dans le Pará, État du nord du Bré­sil située en zone ama­zo­nienne. « Nous condam­nons la pri­va­ti­sa­tion de nos res­sources natu­relles, qui pro­voque l’insécurité et la dégra­da­tion de vil­lages, de cultures et de connais­sances mil­lé­naires, de nos forêts, de nos rivières et de notre biodiversité. »

Le 27 de sep­tembre, le minis­tère public fédé­ral de l’État du Pará, après avoir ren­con­tré des com­mu­nau­tés indiennes locales, a fait une décla­ra­tion où elle dit que « la concré­ti­sa­tion du pro­jet n’est pas encore d’actualité, mais nous nous inquié­tons de voir que ces familles n’ont pas reçu d’informations concrètes sur son déroulement ».

Le minis­tère public a indi­qué que, selon des membres des com­mu­nau­tés, des tra­vailleurs du consor­tium Norte Ener­gia, conces­sion­naire de la construc­tion du bar­rage, avaient péné­tré sur leurs terres sans permis.

Outre le bar­rage de Belo Monte, qui devrait être le troi­sième du monde par la taille, ceux de San­to Antô­nio et Jirau sur le fleuve Madei­ra, en Ama­zo­nie occi­den­tale bré­si­lienne – dont le coût ini­tial s’élève à cinq mil­liards de dol­lars – figurent par­mi les pro­jets d’infrastructure les plus controversés.

Des éco­lo­gistes ont obser­vé que les deux bar­rages en construc­tion, qui s’inscrivent dans le cadre de l’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régio­nale sud-amé­ri­caine (IIRSA) [1], causent déjà des dom­mages irré­ver­sibles dans la popu­la­tion de pois­sons du fleuve, qui consti­tue la prin­ci­pale source de pro­téines pour des dizaines de groupes indiens, dont cer­tains ont déli­bé­ré­ment choi­si de vivre dans cette zone isolée.

« Les inci­dences à craindre sur l’environnement et la socié­té – dépla­ce­ment de popu­la­tion, menaces pour la sécu­ri­té ali­men­taire, expo­si­tion crois­sante aux mala­dies, pres­sion sur des ser­vices sociaux déjà fra­giles, risques pour la bio­di­ver­si­té et émis­sions de gaz à effet de serre dues à la défo­res­ta­tion – font que le com­plexe de Madei­ra laisse pré­sa­ger un échec reten­tis­sant du “déve­lop­pe­ment” », a affir­mé l’organisation éco­lo­giste états-unienne Rain­fo­rest Alliance.
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- Dial – Dif­fu­sion d’information sur l’Amérique latine – D 3124.
 — Tra­duc­tion de Gilles Renaud pour Dial.
 — Source (espa­gnol) : Noti­cias Alia­das, 29 sep­tembre 2010.

En cas de repro­duc­tion, men­tion­ner au moins l’auteur, le tra­duc­teur, la source fran­çaise (Dial — http://enligne.dial-infos.org) et l’adresse inter­net de l’article.
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Notes

[1] Voir DIAL 2905 — « AMÉRIQUE DU SUD — Som­mets de Cocha­bam­ba : vers quelle inté­gra­tion ?, 2945 — « BOLIVIE — Le pro­jet de com­plexe hydro­élec­trique du rio Madei­ra et 3084 — « BOLIVIE-BRÉSIL — Le gou­ver­ne­ment d’Evo Morales ferme les yeux sur les bar­rages de Lula ».