Bruxelles : évanouissement collectif devant un H&M

Une vingtaine de personnes sont tombées en syncope ce vendredi midi devant le magasin H&M de la rue Neuve à Bruxelles. Des faits similaires ont été relevés cette semaine dans plusieurs villes européennes, dont Bristol, Londres, Paris, Copenhague et Varsovie.

arton2139.jpgDSC_0104.jpgDSC_0153.jpgPar cette action sym­bo­lique, achACT et ses homo­logues euro­péens de la Clean Clothes Cam­pai­gn ont ain­si vou­lu atti­rer l’attention sur les éva­nouis­se­ments de masse qui se pro­duisent dans des usines au Cam­bodge où se four­nissent H&M, Zara, Gap et Levi Strauss & Co. Ces malaises col­lec­tifs ont tou­ché 2400 tra­vailleuses en 2011 et se per­pé­tuent en 2012. Ils sont notam­ment liés à un défi­cit calo­rique chro­nique des tra­vailleuses dont le salaire ne per­met pas une ali­men­ta­tion saine et suffisante.

H&M, Zara, GAP et Levi Strauss & Co. sont les plus gros ache­teurs d’habillement au Cam­bodge. Ils doivent prendre leurs res­pon­sa­bi­li­tés et s’engager à payer un salaire vital. En sou­tien aux demandes du syn­di­cat cam­bod­gien C.CAWDU, achACT et le réseau euro­péen de la Clean Clothes Cam­pai­gn lancent une cam­pagne publique d’interpellation.

Au Cam­bodge, les syn­copes col­lec­tives se mul­ti­plient. Des dizaines, voire par­fois des cen­taines, de tra­vailleuses s’évanouissent simul­ta­né­ment au sein d’une même usine. On dénombre 25 inci­dents de ce type en 2011 tou­chant 2400 tra­vailleuses. La situa­tion ne s’améliore pas en 2012. En cause : mal­nu­tri­tion, sur­me­nage et stress. Le salaire des tra­vailleuses ne leur per­met pas de sub­ve­nir à leurs besoins de base.

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Le salaire de la faim

Dans l’industrie de l’habillement au Cam­bodge, plus de 90% des tra­vailleurs sont des femmes, âgées de 18 à 35 ans. Beau­coup d’entre elles ont des enfants et des familles à nour­rir mais, avec l’escalade du coût de la vie, leur salaire ne suf­fit pas pour cou­vrir leurs besoins de base (loge­ment, nour­ri­ture, vête­ments, édu­ca­tion, trans­ports, soins de san­té). Depuis l’année 2000, et mal­gré les aug­men­ta­tions de salaire obte­nues de longue lutte, leur pou­voir d’achat a en réa­li­té dimi­nué de 14%. Bien sou­vent, elles dis­posent de moins d’un euro pour se nour­rir et ali­men­ter leur famille chaque jour. A Phnom Penh, capi­tale du Cam­bodge, cela ne per­met tout sim­ple­ment pas d’acheter une nour­ri­ture saine et suf­fi­sante. En découle un défi­cit calo­rique qui s’accroit jour après jour, accen­tué encore par la pres­ta­tion d’heures supplémentaires.

Athit Kong, vice-pré­sident du syn­di­cat cam­bod­gien C.CADWU a décla­ré : « Les tra­vailleurs ne peuvent pas sur­vivre avec ces bas salaires. » Une recherche menée au Cam­bodge par le Wor­kers’ Rights Consor­tium a mon­tré qu’en com­pa­rai­son avec le besoin en calo­ries cor­res­pon­dant au tra­vail effec­tué, la ration ali­men­taire que les tra­vailleurs peuvent en moyenne se pro­cu­rer quo­ti­dien­ne­ment cor­res­pond à un défi­cit calo­rique de plus de 500 kcal par jour. Beau­coup de tra­vailleurs témoignent que la nour­ri­ture qu’ils peuvent s’acheter n’est pas suf­fi­sante ou assez nour­ris­sante pour leur per­mettre de tenir le coup.

Selon les cal­culs de l’Asia Floor Wage Alliance, un salaire suf­fi­sant pour cou­vrir les besoins de base du tra­vailleur et de sa famille et pro­cu­rer un petit reve­nu dis­cré­tion­naire (géné­ra­le­ment consa­cré à la pen­sion des parents âgés ou par­ti­ci­pant aux frais d’éducation d’un cadet) équi­vaut à quatre fois le salaire mini­mum légal de 51,5€ par mois. Le syn­di­cat C.CAWDU réclame quant à lui une aug­men­ta­tion immé­diate des salaires mini­mum à hau­teur de 101 €/mois.

« Les syn­copes col­lec­tives des tra­vailleuses au Cam­bodge démontrent quel coût les marques telles que H&M, Zara, Levi Strauss ou Gap font payer aux tra­vailleuses qui pro­duisent leurs vête­ments. Si vous n’êtes pas payés assez pour vous nour­rir et nour­rir vos enfants, vous pres­te­rez toutes les heures sup­plé­men­taires qu’on vous pro­po­se­ra, accen­tuant encore votre propre défi­cit nutri­tion­nel. C’est un cercle ver­tueux pour le pro­fit des marques mais vicieux pour les tra­vailleurs » a decla­ré Carole Crab­bé, coor­di­na­trice d’achACT.

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Plus d’excuses. Un salaire vital maintenant !

Pen­dant des décen­nies, les marques inter­na­tio­nales de la mode ont tou­jours trou­vé des excuses (voir l’annexe) pour jus­ti­fier pour­quoi elles ne paient pas un salaire décent aux tra­vailleurs qui fabriquent leurs vête­ments. « Rien ne peut jus­ti­fier la vio­la­tion d’un droit humain », déclare Carole Crab­bé. « Se cacher der­rière la crise éco­no­mique et les codes de conduite n’est pas accep­table. »

H&M, GAP, Levi Strauss & Co. et Zara doivent arrê­ter de construire leur com­pé­ti­ti­vi­té sur des condi­tions de tra­vail indé­centes. Les ache­teurs inter­na­tio­naux doivent s’engager concrè­te­ment à payer un prix qui tienne compte d’un salaire vital et de condi­tions de tra­vail res­pec­tueuses des droits humains. Pre­mière étape : sou­te­nir les demandes des tra­vailleurs de l’habillement au Cambodge.

Une cam­pagne euro­péenne d’interpellation

achACT et ses homo­logues euro­péens lancent en ligne, à par­tir de ce ven­dre­di 21 sep­tembre 2012, une cam­pagne publique d’interpellation à des­ti­na­tion de H&M, GAP, Levi Strauss & Co. et Zara. achACT appelle les clients à écrire à leurs marques favo­rites pour leur deman­der de payer un salaire vital aux tra­vailleurs qui fabriquent les vête­ments qu’ils portent. Pour agir ou pour plus d’infos : www.achact.be/Actions-urgent…

Source de l’ar­ticle : CNCD

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