Caterpillar, complice de l’occupation de la Palestine

Par Cor­po­rate Occupation

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Char­le­roi pour la Palestine


Tra­duit par Jean-Marie Flémal

Cater­pillar : pro­fil d’une multinationale

Cater­pillar a son siège aux États-Unis et emploie mon­dia­le­ment quelque 100 000 per­sonnes. Les béné­fices de la socié­té ont grim­pé en flèche (de 700 %) en 2019 pour atteindre 6,15 mil­liards de USD.

Le pro­fil que nous vous pré­sen­tons de cette entre­prise traite des thèmes suivants :

• Les bles­sures et décès pro­vo­qués par les bull­do­zers de Caterpillar
• Les par­te­na­riats de Cater­pillar en Israël et au Royaume-Uni
• La résis­tance contre la socié­té jusqu’à nos jours
• Les actions juri­diques entre­prises contre la société
• Les suc­cès du désinvestissement
• Les impli­ca­tions actuelles des uni­ver­si­tés bri­tan­niques avec Caterpillar
• Com­ment entre­prendre des actions

Le bulldozer militaire D9 de 60 tonnes de Caterpillar est devenu un symbole de l’oppression des Palestiniens par Israël

Les D9 de Cater­pillar ont été uti­li­sés dans l’occupation vio­lente de la Cis­jor­da­nie et de Gaza en 1967, et lors de l’occupation du Liban en 1982. Les D9 ont ten­té d’écraser la résis­tance dans le camp de réfu­giés de Jénine en 2002 et ont rasé plus d’un mil­lier de mai­sons à Rafah en 2003.

Rachel Cor­rie, membre de l’International Soli­da­ri­ty Move­ment (ISM) des États-Unis, a été écra­sée par un D9 alors qu’elle ten­tait d’empêcher la démo­li­tion d’une mai­son pales­ti­nienne à Gaza.

Le bull­do­zer D9 est l’arme de choix de l’armée israé­lienne lorsqu’elle effec­tue ses démo­li­tions puni­tives, en vio­la­tion des lois inter­na­tio­nales. Ces démo­li­tions sont des actes de puni­tion col­lec­tive, dans le but de se ven­ger sur les familles des Pales­ti­niens qui sont soup­çon­nés de résistance.

En 2018, les bull­do­zers de Cater­pillar ont été uti­li­sés pour détruire au moins 39 struc­tures et 3000 arbres, ce qui a tou­ché au moins 232 adultes et 118 enfants.

Les bull­do­zers non mili­taires de Cater­pillar sont régu­liè­re­ment uti­li­sés dans les démo­li­tions de mai­sons par Israël en Cis­jor­da­nie, dans la construc­tion de colo­nies et dans les tra­vaux autour du mur israé­lien de l’apartheid. Ils sont éga­le­ment uti­li­sés pour créer des blo­cages rou­tiers et ins­tal­ler des check-points.

Corporate Occupation a découvert qu’en 2019, les bulldozers de Caterpillar avaient affecté au moins 232 personnes.

Des engins Cater­pillar ont éga­le­ment été uti­li­sés dans toutes les démo­li­tions puni­tives effec­tuées par Israël en Pales­tine. Le rap­port com­plet des démo­li­tions de 2019 se trouve ici.

Chronologie des décès et des blessures provoqués par les bulldozers de Caterpillar

La chro­no­lo­gie ci-des­sous ren­seigne les per­sonnes qui ont été tuées ou bles­sées entre 2002 et avril 2020 par l’occupation israé­lienne quand elle recourt à des bull­do­zers Cater­pillar. Ne sont repris que les inci­dents où nous avons pu iden­ti­fier avec suc­cès l’utilisation de bull­do­zers Cater­pillar. Il peut y avoir eu davan­tage de morts et de bles­sés là où il n’y a pas eu de preuves pho­to­gra­phiques ou de témoins oculaires.

Il vaut mieux vision­ner cette chro­no­lo­gie sur un écran d’ordinateur. Pour zoo­mer sur la chro­no­lo­gie, cli­quer à droite et cli­quer sur « View Image » ou « Save image ». Vous pou­vez éga­le­ment vision­ner ou déchar­ger une ver­sion PDF plus détaillée de la chro­no­lo­gie ici.

Incidents en 2020

Une vidéo par­ti­cu­liè­re­ment cho­quante, prise le 21 février 2020, montre un bull­do­zer mili­taire de Cater­pillar pous­sant des rochers sur sa voie et fon­çant sur des pro­tes­ta­taires pales­ti­niens dans le vil­lage de Kufr Qad­dum, en Cis­jor­da­nie. Deux mani­fes­tants ont été blessés.

Et, le 23 février 2020, Moham­med al-Naem a été tué par l’armée israé­lienne, à proxi­mi­té de la clô­ture de Gaza. Son corps a été heur­té à plu­sieurs reprises par la lame d’un bull­do­zer Cater­pillar, avant d’être ramas­sé et dépo­sé sur la pla­teau de l’engin.

Le jour­na­liste pales­ti­nien Mutha­na al-Naj­jar a expli­qué à Al Jazee­ra : « Des rési­dents de la zone sont arri­vés sur les lieux de l’incident et il y avait des haut-par­leurs invi­tant les gens à faire vite et à ten­ter de retrou­ver les corps avant que l’ennemi ne vienne et ne les dérobe comme cela a été le cas à plu­sieurs reprises auparavant. »

Al-Naj­jar a décrit la façon dont les véhi­cules israé­liens, dont un bull­do­zer mili­taire [Cater­pillar], s’est appro­ché de la scène : « Le bull­do­zer n’était pas encore là, si bien que quatre jeunes sont par­ve­nus à atteindre le corps et à pla­cer le mar­tyr sur la brouette, mais il en est tom­bé alors qu’ils s’en reve­naient. Les Israé­liens tiraient et eux crai­gnaient d’être tou­chés. Ils ont ten­té de le reprendre, mais les sol­dats israé­liens ont abat­tu l’un d’eux et, en rai­son de sa bles­sure, l’équilibre a été rom­pu, et le mar­tyr est tom­bé de nouveau.

« Au cours de la troi­sième ten­ta­tive de récu­pé­ra­tion, le bull­do­zer est entré sur le ter­ri­toire de Gaza en com­pa­gnie du char. Et, pour la pre­mière fois depuis des années, nous avons vu un bull­do­zer israé­lien péné­trer à Gaza sur 70 mètres environ. »

Le minis­tère de la San­té de Gaza a confir­mé que deux des sau­ve­teurs avaient été bles­sés, dont l’un d’une balle dans la jambe.

Un extrait cho­quant de la scène montre les sau­ve­teurs qui sont atta­qués au moment où ils tentent de récu­pé­rer le corps d’Al-Naem. Il montre éga­le­ment le bull­do­zer qui heurte Al-Naem de sa lame, avant de le ramas­ser et de l’emporter.

Shahd Abu­sa­la­ma est une étu­diante pales­ti­nienne de Gaza, qui étu­die pour l’instant à l’Université Hal­lam de Shef­field. Elle a décla­ré à Tom Ander­son, de Cor­po­rate Occu­pa­tion : « Le crime tel qu’il a été enre­gis­tré était trop hor­rible à voir, même pour les Pales­ti­niens qui ont une grande habi­tude de la bru­ta­li­té d’Israël. Quand la vidéo m’est appa­rue, j’ai été ter­ri­ble­ment cho­quée. Je pen­sais que je ne pour­rais plus être cho­quée par les crimes d’Israël, mais il y a tou­jours plus d’actions cri­mi­nelles qui vous mettent plus encore en état de choc. C’est une expres­sion de l’impunité d’Israël quand il s’agit de ses crimes répé­tés contre les Pales­ti­niens. Ce crime est l’un par­mi tant d’autres qui, eux, sont pas­sés inaper­çus, et il reflète la déshu­ma­ni­sa­tion sans pré­cé­dent à laquelle les Pales­ti­niens sont sou­mis… Je me sou­viens d’avoir dis­cu­té avec ma famille à la suite de l’incident, alors que Gaza était à nou­veau sous les bom­bar­de­ments ; ils man­quaient tous de mots pour décrire l’indignité avec laquelle l’armée israé­lienne traite les corps des Pales­ti­niens. Mon père était par­ti­cu­liè­re­ment en colère et il a deman­dé : ”Que se serait-il pas­sé si cette per­sonne qui a été hap­pée et écra­sée à plu­sieurs reprises par un bull­do­zer Cater­pilla avait été un citoyen israé­lien, que se serait-il pas­sé si ça n’avait pas été un cadavre pales­ti­nien qui avait été trai­té d’une façon aus­si hor­rible et bru­tale ? Si ç’avait été un citoyen israé­lien, des mots de condam­na­tion auraient rem­pli le domaine public et les hommes poli­tiques auraient riva­li­sé pour condam­ner la chose de leurs mots les plus viru­lents. Mais ces mots de condam­na­tion ne devraient pas être lais­sés de côté tout sim­ple­ment parce que le crime est tom­bé sur un autre Pales­ti­nien.” »

Un bull­do­zer Cater­pillar avait éga­le­ment été uti­li­sé pour éva­cuer le corps de Fakhr Qurt en Cis­jor­da­nie, un peu aupa­ra­vant, en février 2019.

 

Incidents entre 2002 et 2019

2002 : Le mas­sacre de Jénine

Les D9 ont joué un rôle impor­tant dans la répres­sion de la Deuxième Inti­fa­da (insur­rec­tion) pales­ti­nienne. En 2002, des bull­do­zers D9 ont été envoyés vers le camp de réfu­giés de Jénine dans le cadre d’une opé­ra­tion des­ti­née à écra­ser la résis­tance. Une zone de la taille de plu­sieurs ter­rains de foot­ball a été nive­lée par les bull­do­zers. Au moins 52 Pales­ti­niens ont été tués dans l’opération.

Un sol­dat israé­lien est deve­nu célèbre pour son rôle en tant qu’opérateur de D9, dans la démo­li­tion du camp. Son nom ? Moshe Nis­sim, sur­nom­mé l’« Ours kurde ». En anglais, « Kur­di Bear » (« Bear » est le nom de code uti­li­sé par l’armée pour dési­gner les bull­do­zers D9. NdT)

Voi­ci son témoi­gnage, publié dans le très popu­laire quo­ti­dien en hébreu, Yedioth Ahro­noth : « Bien des gens étaient à l’intérieur des mai­sons que nous nous sommes mis à démo­lir. Ils sor­taient des mai­sons sur les­quelles nous tra­vail­lions. Je n’ai pas vu de mes propres yeux des gens mou­rir sous la lame du D9. Et je n’ai pas vu de mai­sons s’écrouler sur des gens vivants. Mais, même s’il y en avait eu, je n’y aurais pas pris garde. Je suis sûr que des gens sont morts à l’intérieur de ces mai­sons, mais c’était dif­fi­cile à voir, il y avait des tas de pous­sière par­tout et nous tra­vail­lions beau­coup la nuit. J’éprouvais de la joie à chaque mai­son qui s’écroulait, parce que je savais qu’ils n’avaient pas peur de mou­rir, mais ils fai­saient atten­tion à leurs mai­sons. Si vous abat­tiez une mai­son, vous enter­riez 40 ou 50 per­sonnes pour des géné­ra­tions entières. Si je dois regret­ter une chose, c’est de n’avoir pas rasé la tota­li­té du camp. »

Nis­sim a reçu une déco­ra­tion pour son rôle dans les crimes de guerre israé­liens à Jénine.

2003 : La mort de Rachel Corrie

Rachel Cor­rie, une volon­taire de l’Inter­na­tio­nal Soli­da­ri­ty Move­ment (ISM), a été écra­sée et tuée par un bull­do­zer D9 le 16 mars 2003.

Elle essayait de pro­té­ger une mai­son pales­ti­nienne à Rafah, dans la bande de Gaza. Rachel, qui était ori­gi­naire des États-Unis, est deve­nue une icône de la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale avec la lutte palestinienne.

Les Pales­ti­niens tués lors de démo­li­tions de mai­sons par des D9 Caterpillar

Il est moins facile de citer tous les Pales­ti­niens qui ont été écra­sés au moment où des D9 ont démo­li leurs mai­sons. Voi­ci quelques cas réper­to­riés :

-En avril 2002, huit membres de la famille Al Sho’bi ont été tués à Naplouse quand leur mai­son a été détruite par un D9. Le bull­do­zer est venu en pleine nuit, sans le moindre aver­tis­se­ment. La per­sonne la plus âgée, Umar, avait 85 ans, alors que les trois jeunes enfants, Anas, Azzam et Abdal­lah, avaient res­pec­ti­ve­ment 4, 7 et 9 ans.

De même, en avril 2002, Jamal Fayed, un homme gra­ve­ment han­di­ca­pé, a été écra­sé au moment où un D9 a détruit sa mai­son. Des membres de sa famille ont infor­mé les sol­dats qu’il était à l’intérieur, mais l’occupation israé­lienne a pour­sui­vi la démo­li­tion sans en tenir compte.

En 2004, Ibra­him Mah­moud Moham­med Kha­la­fal­lah, 70 ans, a été tué lors d’une démo­li­tion au camp de réfu­giés de Khan You­nis, à Gaza. Ibra­him était sourd et inca­pable de se dépla­cer. Sa famille n’a pas eu l’autorisation de l’aider au moment où un D9 a démo­li sa maison.

Le 16 novembre 2015, Ahmed al-Ayesh, 28 ans, et Laith Manas­ra, 21 ans, ont été abat­tus et tués alors qu’ils pro­tes­taient contre la démo­li­tion puni­tive d’une mai­son pales­ti­nienne à Qalan­diya, en Cis­jor­da­nie.

2003 – 2004 : Destructions à Rafah

L’armée israé­lienne a cher­ché à créer une zone tam­pon le long du « cor­ri­dor de Phi­la­de­phie », le nom qu’elle a don­né à la zone den­sé­ment peu­plée de Rafah, à Gaza, à proxi­mi­té de la fron­tière égyp­tienne. Elle l’a fait en uti­li­sant des bull­do­zers mili­taires D9 afin de démo­lir de fond en comble les mai­sons pales­ti­niennes de la zone.

Cette attaque a culmi­né par une offen­sive à grande échelle et un siège contre la bande de Gaza, lors d’une opé­ra­tion bap­ti­sée « Arc-en-Ciel ». Durant cette opé­ra­tion, des mai­sons, des routes et des champs ont été com­plè­te­ment détruits par des D9. 289 mai­sons ont été rasées par l’armée israé­lienne à Gaza, en mai 2004.

Human Rights Watch a écrit :  x« Lors des incur­sions à Tel al-Sul­tan et Bra­zil [à Rafah], les FDI ont uti­li­sé des bull­do­zers Cater­pillar D9 blin­dés sans aucune dis­cri­mi­na­tion et de façon exces­sive, et il en a résul­té de très impor­tantes des­truc­tions de mai­sons, de routes et de sites agri­coles qui auraient pu être évitées. »

Le rap­port pour­sui­vait en exi­geant que Cater­pillar « sus­pende ses ventes de bull­do­zers D9, de pièces de rechange ou de ser­vices d’entretien aux FDI » et qu’il « cherche à faire en sorte que ses mar­chan­dises et ser­vices ne soient pas uti­li­sés pour vio­ler les droits de l’homme ».

Mal­heu­reu­se­ment, Cater­pillar n’a tenu aucun compte de ces demandes.

Répres­sion de la résis­tance popu­laire à Kufr Qaddum

Depuis plu­sieurs années, des D9 Cater­pillar de 60 tonnes sont uti­li­sés comme armes de contrôle de foule contre les mani­fes­tants dans le vil­lage de Kufr Qad­dum.

Ren­for­ce­ment du mur de l’apartheid à Gaza

En 2018 – 2019, des entre­pre­neurs israé­liens ont ren­for­cé le mur de l’apartheid autour de Gaza. Le mur est une com­po­sante inté­grante du siège israé­lien de Gaza. Des bull­do­zers civils et mili­taires de Cater­pillar ont été uti­li­sés dans le ren­for­ce­ment du mur.

De 2018 à nos jours : La Grande Marche du Retour

Des bull­do­zers D9 Cater­pillar sont régu­liè­re­ment uti­li­sés pour nive­ler les terres situées à proxi­mi­té du mur de l’apartheid de Gaza – la bar­rière sépa­rant la bande de Gaza de la terre qui a été prise par de force par les milices sio­nistes en 1948.

Au moment où nous écri­vons ces lignes, 215 pro­tes­ta­taires ont été tués dans la Grande Marche du Retour. Le fait de nive­ler les terres dégage la vision des sni­pers pour tirer sur les per­sonnes qui mani­festent pour leur liberté.

L’utilisation de bulldozers sans opérateur

Cater­pillar et Israel Trac­tors and Equip­ment pro­duisent un D9 sans conduc­teur, connu sous le nom de « Ton­nerre de l’aube » (Thun­der of Dawn). Il a été uti­li­sé lors de la seconde agres­sion d’Israël contre le Liban, en 2006.

Les ventes militaires à l’étranger

Cater­pillar four­nit des bull­do­zers mili­taires à l’armée israé­lienne dans le cadre du pro­gramme des Ventes mili­taires amé­ri­caines à l’étranger (US Forei­gn Mili­ta­ry Sales).

Modernisation des bulldozers militaires de Caterpillar

Les bull­do­zers mili­taires de Cater­pillar sont équi­pés d’un blin­dage conçu spé­cia­le­ment pour l’armée israé­lienne par Zoko Enter­prises, ain­si que par Ram­ta, une divi­sion d’Israel Aeros­pace Industries.

Les concessionnaires Caterpillar

Cater­pillar dis­tri­bue ses pro­duits via un réseau inter­na­tio­nal de conces­sion­naires et de repré­sen­tants : la socié­té est repré­sen­tée en Israël par Israel Trac­tors and Equip­ment (qui fait par­tie de Zoko Enterprises).

Who­Pro­fits ? affirme que : « Haa­retz fai­sait état [en 2009] d’un contrat pla­ni­fié entre l’armée et la socié­té, lequel per­met­trait de for­mer immé­dia­te­ment le per­son­nel civil de Zoko afin de lui faci­li­ter l’accès com­plet aux outils sur le champ de bataille. Nous n’avons trou­vé aucune infor­ma­tion confir­mant la signa­ture finale d’un tel contrat. »

CP Hol­dings (Royaume-Uni) pos­sède 83,08 % de Zoko. Le groupe pos­sède aus­si plu­sieurs conces­sions de Cater­pillar en Europe. CP Hol­dings a son siège à Londres.

Cater­pillar est repré­sen­té au Royaume-Uni par Fin­ning. Les sites de Fin­ning en Grande-Bre­tagne peuvent être trou­vés ici.

Les moteurs des­ti­nés à l’équipement de Cater­pillar sont fabri­qués par Per­kins, une filiale dont les parts sont toutes déte­nues par Caterpillar.

La résistance à Caterpillar jusqu’à ce jour

Il existe un long pas­sé très créa­tif de cam­pagne contre l’implication de Cater­pillar dans la poli­tique israé­lienne de des­truc­tion de mai­sons. Nous avons repris ci-des­sous cer­tains temps forts.

Royaume-Uni / Europe

En 2002, lors du Forum social euro­péen, 100 « citoyens déso­béis­sants » avaient occu­pé l’usine Cater­pillar de Flo­rence, en soli­da­ri­té avec la Pales­tine. Au Royaume-Uni, des acti­vistes avaient ins­tal­lé des piquets aux entrées de Cater­pillar à Desford.

En 2004, pour l’anniversaire de la mort de Rachel Cor­rie, des acti­vistes avaient occu­pé l’usine Cater­pillar Defence Indus­tries à Shrews­bu­ry, au Royaume-Uni.

Des par­ti­ci­pants à la cam­pagne au Royaume-Uni avaient éga­le­ment occu­pé des bull­do­zers Cater­pillar lors de la foire com­mer­ciale et indus­trielle de Hil­l­head Construc­tion, dans le Derbyshire.

Plus tard, la même année, des acti­vistes avaient orga­ni­sé des pro­tes­ta­tions à l’intérieur du dépôt de Cater­pillar à Can­nock. Une série de pro­tes­ta­tions avaient en outre eu lieu en 2004 contre le QG des Ser­vices finan­ciers de Cater­pîl­lar à Soli­hull. Des acti­vistes avaient ten­té de pré­sen­ter des direc­teurs de la socié­té nan­tis d’un prix de « Démo­lis­seur de mai­son de l’année ».

Un peu par­tout dans le Royaume-Uni, des pro­tes­ta­taires ont fait pas­ser leurs mes­sages dans les rues en appe­lant à boy­cot­ter les vête­ments et les autres mar­chan­dises ven­dues par Caterpillar.

En 2007, lors de la mobi­li­sa­tion contre le G8 en Alle­magne, les acti­vistes ont orga­ni­sé des pro­tes­ta­tions de masse contre un conces­sion­naire Cater­pillar. Après la mani­fes­ta­tion, des acti­vistes ano­nymes pont mis des machines en marche chez le conces­sion­naire même.

En 2018, des étu­diants de l’Université de Cam­bridge avaient deman­dé à l’université qu’elle mette un terme à son accord de ser­vices avec Cater­pillar, ain­si qu’avec le fabri­cant d’armes BAE Systems.

Leur décla­ra­tion disait : « En tant que membres de l’Université de Cam­bridge, aus­si bien étu­diants que membres du per­son­nel, nous sommes pro­fon­dé­ment hon­teux que notre ins­ti­tu­tion main­tienne des liens aus­si larges et actifs avec des entre­prises fai­sant com­merce de l’assassinat de masse et de la misère humaine.

Car, aus­si long­temps que ces liens seront main­te­nus, Cam­bridge ne pour­ra satis­faire à ses pré­ten­tions d’être éthi­que­ment res­pon­sable ou de se pro­fi­ler comme une auto­ri­té sociale. »

Amérique du Nord

En 2003, après la mort de Rachel Cor­rie, des acti­vistes de Stop US Tax-Fun­ded Aid to Israel Now (SUSTAIN – Arrêt immé­diat de l’aide du contri­buable amé­ri­cain à Israël) avaient appe­lé à des actions contre Cater­pillar, tant que la socié­té n’aurait pas ces­sé de four­nir des bull­do­zers à Israël.

Un peu plus tard cette même année, des membres de SUSTAIN avaient défi­lé dans les bureaux de Cater­pillar en Illi­nois et avaient ten­té de pro­cé­der à une arres­ta­tion citoyenne de ses directeurs.

En 2004, des mili­tants paci­fistes juifs du Neva­da avaient inter­rom­pu une remise du Prix Sécu­ri­té spon­so­ri­sé par Cater­pillar à la Mine Expo de Las Vegas. Leur ban­de­role disait :« Qu’est-ce qui est ren­du pos­sible avec les bull­do­zers de Cater­pillar ? La mort et la des­truc­tion de Pales­ti­niens et d’Israéliens. »

En 2005, dans le sillage de l’opération « Arc-en-Ciel » d’Israël, des acti­vistes aux États-Unis avaient ache­té des actions de Cater­pillar et pro­po­sé une « motion d’actionnaires », deman­dant à la socié­té d’enquêter afin de savoir si ses ventes de bull­do­zers à Israël vio­laient le code de conduite de « bon citoyen du monde » de Cater­pillar. La motion reçut 3 pour 100 des voix lors d’une assem­blée des action­naires. Dans un même temps, des pro­tes­ta­tions eurent lieu contre Cater­pillar dans plus de 30 villes des États-Unis.

À New York, des acti­vistes pro­tes­tèrent à l’extérieur de l’hôtel Wal­dorf-Asto­ria, où un direc­teur exé­cu­tif de Cater­pillar devait prendre la parole lors d’un débat sur les res­pon­sa­bi­li­tés sociales de la compagnie.

En 2010, des acti­vistes inter­rom­purent l’assem­blée des action­naires de Cater­pillar qui se tenait à Chi­ca­go. The Elec­tro­nic Inti­fa­da rap­por­ta : « Durant la ses­sion des ques­tions et réponses, quand un jour­na­liste deman­da à Owens [le CEO sor­tant] s’il était per­son­nel­le­ment tou­ché par les his­toires disant que des méca­ni­ciens devaient être embau­chés comme sol­dats ou que des han­di­ca­pés étaient écra­sés et tués quand des bull­do­zers démo­lis­saient leur mai­son autour d’eux, il décla­ra : ”Abso­lu­ment. C’est tra­gique. Mais nous ne pou­vons nous per­mettre de perdre quatre mil­lions de pièces d’équipement là-bas…” Owens se retran­chait der­rière le pro­gramme amé­ri­cain des Ventes mili­taires à l’étranger, qui s’occupe des ventes de CAT à Israël. ”Ce n’est pas nous qui nous occu­pons des rela­tions inter­na­tio­nales. Vous devez vous adres­ser à Washing­ton, pour cela”, décla­ra Owens. » De même, en 2010, des étu­diants de l’Evergreen State Col­lege d’Olympia (État de Washing­ton, EU) votèrent pour inter­dire l’emploi d’engins Cater­pillar sur leur campus.

En 2011, des acti­vistes action­naires retour­nèrent à l’assemblée géné­rale de Cater­pillar pour pro­po­ser, comme d’habtude, une motion afin que la socié­té cesse de vendre des D9 à Israël. Cette fois, la motion reçut 21 pour 100 des voix.

En 2013, à Seat­tle, des étu­diants pro­tes­tèrent contre John Hunts­man, un ancien ambas­sa­deur amé­ri­cain fai­sant par­tie du CA de Cater­pillar, lorsqu’il prit la parole à l’Université de Washing­ton. Les pro­tes­ta­taires exi­gèrent que Hunts­man ren­contre la famille Cor­rie et que Cater­pillar cesse de four­nir des bull­do­zers à Israël.

Plus tard, cette même année 2013, des pro­tes­ta­taires dérou­lèrent une ban­de­role disant « Dés­in­ves­tis­sez de l’occupation israé­lienne : Libé­rez la Pales­tine » à l’Uni­ver­si­té Cor­nell de New York. Ils pro­tes­taient contre les inves­tis­se­ments de TIAA-CREF (une entre­prise amé­ri­caine d’assurances et de fonds de pla­ce­ment, NdT) dans Cater­pillar. Le CEO de TIAA-CREF par­ti­ci­pait à un débat à l’université. L’année d’avant, le fonds d’investissement avait dés­in­ves­ti des parts dans Cater­pillar via son fonds social, mais il détient tou­jours des actions via son fonds général.

En 2014, lors de l’offensive meur­trière d’Israël contre la bande de Gaza, au cours de laquelle plus de 1 400 Pales­ti­niens avaient été tués, le Comi­té natio­nal pales­ti­nien de Boy­cott, Dés­in­ves­tis­se­ment et Sanc­tions (BDS) avait lan­cé un appel à l’action contre sept socié­tés, dont Caterpillar.

En 2016, après une longue cam­pagne, les étu­diants de l’Université de l’État à Port­land (Ore­gon) avaient voté pour dés­in­ves­tir de Cater­pillar et d’autres socié­tés com­plices du mili­ta­risme d’État d’Israël. La réso­lu­tion disait entre autres : « Les Étu­diants asso­ciés de l’Université de l’État à Port­land (ASPSU) appellent l’université à mettre en place un scree­ning des inves­tis­se­ments internes qui inter­di­ra d’investir dans toute socié­té four­nis­sant des armes ou des équi­pe­ments uti­li­sés pour des actes de vio­lence ciblant des civils tant israé­liens que pales­ti­niens ; four­nis­sant des équi­pe­ments uti­li­sés pour la dépor­ta­tion de Pales­ti­niens de chez eux ou pour la construc­tion et l’entretien des colo­nies illé­gales et dénuées de la moindre éthique telles que les auto­rise le gou­ver­ne­ment israé­lien ; ou four­nis­sant des équi­pe­ments uti­li­sés pour la construc­tion ou l’entretien du mur de sépa­ra­tion en Cis­jor­da­nie et à Jérusalem. »

Action juridique

En 2005, aux États-Unis, quatre familles pales­ti­niennes et la famille de Rachel Cor­rie ont inten­té conjoin­te­ment un pro­cès en jus­tice contre Caterpillar.

Le dos­sier, trai­té à Washing­ton, accu­sait Cater­pillar de crimes selon les lois amé­ri­caines et inter­na­tio­nales. Les plai­gnants ont don­né des détails concer­nant dix Pales­ti­niens qui avaient été tués et six autres phy­si­que­ment han­di­ca­pés lorsque des bull­do­zers de Cater­pillar avaient détruit leurs mai­sons. À l’époque, la mère de Rachel, Cin­dy Cor­rie, avait décla­ré : « Alors que nous appro­chons le deuxième anni­ver­saire de la mort de Rachel, ma famille et moi-même sommes tou­jours en quête de jus­tice. La mort bru­tale de ma fille n’aurait jamais dû se pro­duite et notre famille condamne les agres­sions per­pé­trées contre tous les civils. « Nous croyons que Cater­pillar et les FDI doivent être tenus pour res­pon­sables de leur rôle dans l’agression contre ma fille Rachel. »

En 2007, la plainte fut reje­tée. Le juge sta­tua que le tri­bu­nal ne pou­vait pas remettre en ques­tion la poli­tique d’aide mili­taire du gou­ver­ne­ment amé­ri­cain à Israël.

Les Cor­rie ont éga­le­ment por­té l’affaire en jus­tice en Israël, essayant ain­si d’obtenir jus­tice pour leur fille. Il fal­lut attendre cinq ans pour voir l’affaire pas­ser devant le tri­bu­nal. Le juge israé­lien sta­tua que l’État ne por­tait aucune res­pon­sa­bi­li­té dans la mort de Rachel.

Quand le ver­dict tom­ba, un groupe de Pales­ti­niens de Gaza appe­la la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale à hono­rer la mémoire de Rachel en sou­te­nant BDS.

Les succès du désinvestissement

Voi­ci une liste des fonds et socié­tés qui ont dés­in­ves­ti de Cater­pillar depuis le début de la cam­pagne BDS :

En 2017, le conseil muni­ci­pal de Port­land (Ore­gon) a voté l’exclusion de Cater­pillar de ses inves­tis­se­ments, après une cam­pagne des acti­vistes BDS.

En 2016, l’Alliance des bap­tistes a exclu tout nou­vel inves­tis­se­ment dans Caterpillar.

En 2014, l’Église pres­by­té­rienne (EU) a voté le dés­in­ves­tis­se­ment de Cater­pillar. Un membre du Réseau des mis­sions pres­by­té­riennes en Israël/Palestine, a fait le com­men­taire sui­vant : « Du fait que nous sommes his­to­ri­que­ment une Église active dans la paix, voi­ci ce que nous avons fait : Nous avons défen­du des moyens de résis­tance non vio­lents à l’oppression et nous avons adres­sé un mes­sage clair à une socié­té en lutte pour lui dire que nous sou­te­nions ses efforts dans une résis­tance non vio­lente à l’oppression qui pèse sur elle. »

En 2012, la vente par Cater­pillar de D9 à Israël a été un fac­teur contri­bu­tif dans le fait que la socié­té a été rayée de la liste d’un index d’investissement des plus influents.

Ceci abou­tit à son tour à deux vic­toires du dés­in­ves­tis­se­ment : la Cor­po­ra­tion fidu­ciaire inter­na­tio­nale des amis des qua­kers annon­ça qu’elle dés­in­ves­ti­rait 900 000 USD de Cater­pillar. D’autre part, le por­te­feuille d’investissement socia­le­ment res­pon­sable de TIAA CREF dés­in­ves­tit éga­le­ment 72 mil­lions de USD, mais le prin­ci­pal fonds de TIAA CREF détient tou­jours des parts dans la société.

En 2010, l’Église métho­diste unie de la Nou­velle-Angle­terre a pla­cé Cater­pillar sur une liste de désinvestissement.

En 2005 – 2006, le Conseil consul­ta­tif angli­can et le Synode géné­ral angli­can ont déci­dé de dés­in­ves­tir de Cater­pillar pour des ques­tions de droits de l’homme. L’Église avait inves­ti 2,5 mil­lions de USD dans Caterpillar.

L’implication des universités avec Caterpillar en 2020

Les uni­ver­si­tés de Shef­field Hal­lam, Lough­bo­rough et Cam­bridge entre­tiennent toutes des rela­tions avec Caterpillar.

Nombre d’universités bri­tan­niques inves­tissent dans Cater­pillar : l’Université de Man­ches­ter, la Lon­don School of Eco­no­mics, la Royal Aca­de­my of Music, les uni­ver­si­tés d’Aberdeen et de Glasgow.

Entreprenez des actions contre Caterpillar

• Pro­tes­tez à l’extérieur des usines Cater­pillar et des sites des conces­sion­naires Fin­ning. Invi­tez la socié­té à ces­ser de four­nir des bull­do­zers mili­taires à Israël. Cater­pillar doit éga­le­ment mettre un terme à ses rela­tions avec Zoko Enter­prises et faire en sorte que ses bull­do­zers ne soient plus uti­li­sés dans la poli­tique israé­lienne de démo­li­tion de mai­sons, d’installation de colo­nies et de construc­tion du mur.

• Invi­tez les inves­tis­seurs à dés­in­ves­tir de Cater­pillar. Pro­tes­tez à l’extérieur de vos agences ban­caires HSBC et Bar­clays banks, en leur deman­dant de se défaire de leurs actions dans Caterpillar.

• Véri­fiez que votre pen­sion n’est pas inves­tie dans un fonds qui inves­tit dans Caterpillar.

• Intro­dui­sez une requête de Liber­té de l’Information (FOI) pour savoir où inves­tit votre fonds local de pen­sion. Véri­fiez qu’il ne s’agit pas de Caterpillar.

• Per­sua­dez votre conseil local ou votre uni­ver­si­té d’exiger que leurs entre­pre­neurs ne se servent pas d’engins Cater­pillar. Consul­tez notre article sur les par­te­na­riats (et inves­tis­se­ments) uni­ver­si­taires bri­tan­niques avec Caterpillar.

• Boy­cot­tez les chaus­sures, les vête­ments et les jouets de la marque Cat(erpillar). Pro­tes­tez en dehors des maga­sins qui vendent des pro­duits de cette marque.

Le pro­file de la socié­té Cater­pillar a d’abord été publié comme cha­pitre d’un livre de Cor­po­rate Occu­pa­tion publié en 2019 et inti­tu­lé Résis­ter aux démo­li­tions en Pales­tine : un guide pra­tique BDS (remis à jour en 2020).