Nous savons déjà que l’accord de Paris sur le changement climatique sera insuffisant et que nous ne pourrons pas le laisser incontesté. Au terme de deux semaines de mobilisations, la COP 21 apparaîtra comme le symbole de la collusion entre intérêts économiques et politiques, et de négociations incapables de répondre aux enjeux climatiques.
Le samedi 12 décembre, à la fin des négociations, nous mènerons ensemble une action de désobéissance civile sans précédant. Nous appelons des milliers de personnes à nous rejoindre pour dresser, tout autour du Bourget, des lignes rouges symbolisant les nécessités minimales pour une planète vivable. Cette action donnera le coup d’envoi d’un puissant mouvement pour la justice climatique et en annoncera des dizaines d’autres contre les projets climaticides, partout dans le monde, au printemps 2016.
Dans ce dossier spécial, tout pour comprendre les enjeux et passer à l’action pendant la COP 21.
Cet article a été publié dans le numéro 103 de Lignes d’Attac. Pour vous abonner à Lignes d’Attac, le journal de l’association Attac, vous pouvez vous rendre sur cette page : Abonnez-vous au journal Lignes d’Attac.
Le 12 décembre, prenons les choses en main
Actions de masse pour la justice climatique
Vous êtes-vous déjà demandé ce que cela fait de participer à une de ces journées qui changent tout ? Avez-vous déjà ressenti ce que le pouvoir du peuple peut faire quand il est déterminé et qu’il a l’Histoire de son côté ?
Le 12 décembre, les négociations climatiques, dans le cadre de la COP 21, seront censées être terminées. Mais nous savons que l’avenir de la planète, et de celles et ceux qui y vivent, ne sera pas pour autant assuré.
Au moment où l’ONU annoncera les résultats de ses négociations marathon, les citoyennes et les citoyens passeront à l’acte dans les rues de Paris et du Bourget pour réaffirmer leurs exigences pour une planète juste et vivable :
- Réduire immédiatement et drastiquement les émissions des gaz à effet de serre ;
- Garantir la justice pour les communautés impactées ;
- Soutenir de manière adéquate la transition écologique, notamment dans les pays pauvres et vulnérables ;
- Abandonner les fausses solutions pour se concentrer sur des solutions efficaces et renouvelables.
Ensemble, nous rappellerons qu’au-delà des discussions entre États, les conséquences du dérèglement climatique sont déjà dramatiques pour des millions de personnes, notamment dans les communautés les plus affectées.
Ensemble, nous mènerons deux actions de masse pour que le dernier mot ne soit pas dans la salle des négociations mais dans la rue :
- Samedi matin, dès le lever du jour, une action de désobéissance civile au Bourget : des « lignes rouges » représentant les limites nécessaires et minimales pour une planète juste et vivable encercleront le Bourget. Pour les symboliser, des milliers de personnes portant des structures gonflables géantes entoureront le centre de conférence et occuperont l’espace public.
- Samedi midi, des chaines humaines, place de la République à Paris : ces chaînes humaines symboliseront les alternatives, les résistances qui composent aujourd’hui le mouvement pour la justice climatique. Elles montreront quelles sont les solutions pour un avenir vivable, respectueux de l’environnement et juste pour toutes et tous.
Nous vous invitons à nous rejoindre pour participer à ces actions et ouvrir un nouveau chapitre du mouvement pour la justice climatique, en 2016 et au-delà.
Comment participer ?
Pour participer aux actions, nous vous encourageons à venir à Paris dès le vendredi 11 décembre à midi. Plusieurs assemblées de préparation se tiendront dans l’après midi.
Les actions organisées au cours de cette journée partagent un Consensus d’action pour le « D12 » que nous vous invitons à lire :
Consensus d’action pour le « D12 »
La journée du 12 décembre (« D12 ») mettra en évidence la diversité de la Coalition Climat 21 et du mouvement pour la justice climatique, qui fonctionne sur deux jambes : la résistance et les alternatives citoyennes, vraies solutions à la crise climatique.
Au moment même où les représentant.e.s des gouvernements du monde entier quitteront la COP 21, il est important de montrer que nous sommes déterminé.e.s à poursuivre nos mobilisations, nos résistances et nos engagements après la COP. Pour construire un futur juste et durable, notre mouvement pour le climat doit s’amplifier, se renforcer et se multiplier. Il doit permettre à chacun.e de trouver sa place, en particulier celles et ceux qui sont directement affecté.e.s par le changement climatique.
Nous voulons avoir le dernier mot
Nous agirons tout au long de la journée avec calme et détermination, dans un esprit de construction et de résistance.
Nous sommes celles et ceux que nous attendions
Nous appartenons à des organisations et à des collectifs extrêmement variés. Cette diversité est notre richesse et notre force, à laquelle nous tenons. Nous nous engageons tou.te.s à respecter ce consensus d’action, qui est la garantie que nous prendrons soin de notre diversité, pour renforcer notre mouvement.
Nous sommes là pour durer, nous sommes la solution
Nous nous mobilisons pour construire un futur vivable, durable et juste. Certaines de nos actions cibleront des lieux et bâtiments symboliques. Nous ne dégraderons rien, nous ferons uniquement usage de méthodes et techniques non-violentes et pacifistes pour montrer notre détermination, et nous ne participerons pas à la surenchère. Nous sommes attaché.e.s à garantir la sécurité des individus présents sur les lieux de nos actions. Par notre présence, notre nombre et notre cohésion, nous montrerons que nous sommes la solution.
Nous voulons construire un futur juste et durable
Nous nous opposons à toute tentative de récupération de notre mobilisation à des fins nationalistes, réactionnaires ou violentes. Nous nous appuyons sur des décennies de luttes et de mobilisations pour la justice climatique et sommes solidaires du mouvement global pour le climat et la transition, comme nous sommes solidaires des luttes contre toute forme de domination et d’injustice.
Attac et la COP21
Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action qui se mobilise contre l’hégémonie de la finance et la marchandisation du monde, pour des alternatives sociales, écologiques et démocratiques.
Depuis plusieurs mois, Attac prépare les mobilisations dans la perspective de la COP 21. Du 30 novembre au 11 décembre, les chefs de gouvernement se réuniront au Bourget. Mais l’accord de Paris risque fort d’être insuffisant. Avec la Coalition Climat 21, Attac appelle les citoyen.ne.s à s’impliquer dans un grand mouvement pour la justice climatique, un mouvement qui ne sera pas celui d’un seul sommet, mais bien celui qui imposera le changement nécessaire.
Les 28 et 29 novembre, des marches pour le climat auront lieu partout dans le monde, à Paris et dans les grandes villes de France. Ensemble dénonçons les responsables de la crise climatique, les énergies fossiles et le nucléaire, la finance et les banques, le TAFTA et autres accords de libre-échange,… et montrons que les alternatives existent !
Les 5 et 6 décembre, à Montreuil, nous participons au Sommet citoyen pour le climat. Au programme, un Climat Forum (conférences, ateliers,…), un Village mondial des alternatives et un marché paysan.
Du 7 au 11 décembre, le CentQuatre (Paris 19e), se transformera en Zone d’Action Climat avec des initiatives artistiques, des débats, et des Assemblées quotidiennes pour faire le point sur les négociations du Bourget.
Le samedi 12 décembre sera le point d’orgue des deux semaines de mobilisations. Au moment où les représentants des gouvernements du monde entier quitteront la COP 21, nous montrerons notre détermination à poursuivre nos mobilisations pour construire un futur juste et durable. Notre action sera d’abord une promesse, celle d’agir tant que les lignes rouges pour une planète vivables seront franchies.
Attac est à l’initiative de l’appel « Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques ! ». Signez l’appel sur www.crimesclimatiquesstop.org #CrimeClimatiqueStop
Attac participe au mouvement des faucheurs de chaises qui dénonce l’évasion fiscale et affirme que « l’argent de la transition existe… il est dans les paradis fiscaux ! » #FaucheursDeChaises
Suivez toute l’actualité de la COP 21, les mobilisations et rebondissements
www.france.attac.org
Facebook : Attac France
Twitter : @attac_fr
coalitionclimat21.org
Facebook : Coalition Climat 21
Twitter : @Climat21
Hashtag : #climate21
Petit guide militant face aux crimes climatiques
Stoppons la machine à réchauffer la planète
La modification profonde et durable de notre planète, et en particulier du climat, du fait de l’activité humaine amène de nombreux scientifiques à considérer que nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, qualifiée d’anthropocène. Les sociétés humaines, dont l’histoire courte se trouve aujourd’hui inextricablement liée à l’histoire longue de la planète Terre, font alors face à des difficultés et à des défis considérables et c’est leur pérennité même qui est aujourd’hui menacée.
Des annonces tentent déjà de faire accepter l’idée selon laquelle un accord à Paris constituera un premier pas important pour aller plus loin ensuite. Nous ne croyons pas aux miracles : ce qui n’a pu émerger depuis quatre ans de négociations, c’est-à-dire un accord à la hauteur des enjeux climatiques, aura du mal à émerger dans les derniers jours. Les négociations onusiennes sont enfermées dans des discussions techniques et bureaucratiques à la mesure de l’abandon des responsabilités politiques, de la concurrence des États, de l’emprise des logiques du profit.
Nous ne pourrons applaudir un résultat qui ne prenne pas en compte certaines lignes rouges, lesquelles s’appuient à la fois sur les connaissances scientifiques, 2l’expérience vécue du réchauffement climatique, les résistances et les solutions expérimentées à des échelles maintenant significatives.
Un sursaut politique et démocratique est requis. Attac participe à la construction d’un mouvement divers, ambitieux et pérenne pour la justice climatique, un mouvement catalyseur des résistances au grand chantier capitaliste qui détruit pour accumuler. C’est le sens de notre engagement depuis plusieurs mois dans la dynamique Alternatiba, dans la Coalition climat 21 et dans de nombreux réseaux internationaux qui luttent pour la justice climatique.
Du 28 novembre au 12 décembre, les deux semaines de mobilisations pendant la COP 21 seront un moment d’expression de ce mouvement en devenir. Ce Petit guide militant face aux crimes climatiques se veut un outil pour toutes celles et tous ceux qui participeront de ce mouvement. Il décrypte les enjeux actuels de la crise climatique, énonce 9 lignes rouges pour un accord qui serait à la hauteur des enjeux et fondé sur la solidarité et la coopération, dénonce les défaillances des négociations en cours et appelle les citoyennes et les citoyens à participer massivement aux manifestations, au Sommet citoyen pour le climat, au Village mondial des alternatives, aux actions de désobéissance non violente face à la poursuite de la destruction légale et organisée des sociétés et de la Terre.
COP 21 : un accord est nécessaire, mais pas celui-là !
Ce lundi à Bonn (Allemagne), à quarante-deux jours de l’ouverture de la COP 21 (30 nov — 11 déc), les négociateurs des pays membres de l’ONU vont devoir se prononcer sur un nouveau texte de négociations. Plus court, mais guère plus compréhensible ni ambitieux, ce texte fait disparaître la contrainte climatique et préfère des dispositifs volontaires, non contraignants et dramatiquement insuffisants, entérinant les crimes climatiques de demain.
Le projet de texte fait simplement disparaître la contrainte climatique telle que le GIEC l’a énoncé dans ses différents rapports. Tout en rappelant que l’objectif est de maintenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5 ou 2 °C d’ici à la fin du siècle… il se félicite des contributions nationales (« Intended Nationally Determined Contributions ») des 149 États-membres, qui conduisent pourtant à un réchauffement global de presque 3 °C.
Cet écart entre le réel et le souhaitable devrait être au cœur des négociations à Paris afin de parvenir à un accord qui organise la répartition équitable de l’effort supplémentaire nécessaire. Ce ne sera pas le cas. Pas plus que n’est déterminée une feuille de route vers les objectifs de long terme, qui demeurent totalement flous : peut-être un pic d’émissions pour une date indéterminée, ou la « neutralité carbone », ou des « émissions nettes zéro », ou de faibles émissions.
Pourtant, le GIEC a clairement fixé cette feuille de route : réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici à 2050, avec des points de passage à 44 gigatonnes (Gt) de CO2eq (équivalent CO2) par an d’ici 2020, 40 Gt d’ici 2025 et 35 Gt d’ici 2030. En ignorant ces objectifs fondamentaux, les États et l’ONU font comme si l’on pouvait négocier avec l’ampleur, la rapidité et les conséquences du réchauffement climatique.
Comment prétendre s’attaquer aux vrais moteurs du réchauffement de la planète avec un accord qui ne fera aucune référence aux énergies fossiles, dont la combustion représente 80 % des émissions de gaz à effet de serre ? Un accord qui n’évoquera pas les énergies renouvelables, qui nécessiteraient pourtant de puissants mécanismes de transferts financiers et technologiques internationaux ?
Selon les températures planétaires enregistrées jusqu’à septembre, 2015 pourrait devenir l’année la plus chaude depuis le début des relevés thermométriques. Le texte proposé aujourd’hui à Bonn montre pourtant à nouveau le gouffre persistant entre la bulle aseptisée des négociations et la réalité du réchauffement climatique.
Nous appelons l’ensemble des organisations engagées pour la justice climatique, les citoyens et les élus engagés dans la transition écologique et sociale à exprimer leur consternation devant le manque d’ambition exprimé par les États, et à construire des mobilisations diverses, massives et inventives, dans la perspective de la COP 21 et après.
Source de l’information : ATTAC France