Élections législatives au Venezuela : Pourquoi le chavisme peut gagner

Les élections du 6 décembre 2015 vont certainement être le théâtre d´une nouvelle tentative de déstabilisation de la Révolution Bolivarienne.

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A pre­mière vue, cette affir­ma­tion a de quoi sur­prendre le lec­teur. En effet, depuis plu­sieurs mois, l´immense majo­ri­té de la presse inter­na­tio­nale a pré­pa­ré le ter­rain à une hypo­thé­tique vic­toire de l´opposition lors des élec­tions par­le­men­taires que connaî­tra le Vene­zue­la le 6 décembre 2015. La crise éco­no­mique qui frappe de plein fouet les pays d´Amérique Latine expor­ta­teurs de matière pre­mière est par­ti­cu­liè­re­ment com­men­tée dans le cas du Vene­zue­la par les vau­tours média­tiques habi­tuels. Plus sur­pre­nant, des publi­ca­tions plus pro­gres­sistes semblent s´être joint aux chœurs des cri­tiques des­truc­trices, décri­vant la vie au Vene­zue­la comme le der­nier cercle de l´enfer. Dans les condi­tions décrites par cette immense majo­ri­té de media inter­na­tio­naux, le lec­teur en conclu­ra que seul un fou endoc­tri­né, un sado­ma­so­chiste per­vers, voire les deux, peuvent conti­nuer à sou­te­nir un tel pro­ces­sus poli­tique. La chose semble enten­due, le cha­visme va perdre les élec­tions. Or, qu´en est il vrai­ment ? Le mois de décembre son­ne­ra-t-il le glas de la Révo­lu­tion Boli­va­rienne ? Rien n´est moins sûr.

L’ap­pren­tis­sage de la démo­cra­tie électorale

Le 10 mai 2015, la pré­si­dente du Conseil Natio­nal Elec­to­ral (CNE), Tibi­say Luce­na, a mis fin à une série de rumeurs pré­di­sant l´annulation des élec­tions par­le­men­taires. Durant une confé­rence de presse, elle annon­ça la tenue de ces élec­tions le 6 décembre et rap­pe­la que le CNE a, depuis sa créa­tion en 2000, orga­ni­sé et super­vi­sé pas moins de 67 pro­ces­sus électoraux[[4 élec­tions pré­si­den­tielles, 4 élec­tions légis­la­tives, 4 élec­tions régio­nales, 15 élec­tions locales, 2 élec­tions par­ro­quiales, plu­sieurs pri­maires tant pour l´opposition que pour le cha­visme, plu­sieurs élec­tions internes, ain­si que 8 refe­ren­dums révo­ca­toires dont celui du pré­sident Cha­vez en 2004.]] , soit plus de 4 par an.

Aucun de ces pro­ces­sus élec­to­raux ne fut recon­nu frau­du­leux par les obser­va­teurs inter­na­tio­naux, l´opposition ne se plai­gnant du sys­tème élec­to­ral que lorsqu´elle perd. Rap­pe­lons que l´ancien pré­sident des Etats-Unis, Jim­my Car­ter a recon­nu que le sys­tème élec­to­ral véné­zué­lien est « le meilleur du monde »[“Jim­my Car­ter : “[El sis­te­ma elec­to­ral vene­zo­la­no es el mejor del mun­do”, RT, 20/09/2012]].

A la longue liste des élec­tions orga­ni­sées par le CNE, s´ajoutent les mul­tiples pro­ces­sus élec­to­raux aux­quels les véné­zué­liens se sou­mettent au sein de leur Conseil com­mu­nal ou d´autres ins­tances de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive, pilier fon­da­men­tal de la Révo­lu­tion Bolivarienne.

Cette appren­tis­sage démo­cra­tique s´est construite peu à peu, élec­tion après élec­tion, fai­sant presque oublier aux véné­zué­liens que durant la 4e Répu­blique, la fraude élec­to­rale était la norme. Ce suc­cès de la Révo­lu­tion Boli­va­rienne est une fois de plus mena­cé par l´opposition qui emploie des pro­cé­dés non-démo­cra­tiques pour influen­cer le vote de leurs compatriotes. 

Retour sur deux années de coup d´Etat continu

La guerre de basse inten­si­té dans laquelle est plon­gé le Vene­zue­la a com­men­cé dans la nuit du 8 décembre 2012, lorsque le pré­sident Chá­vez annon­ça son départ pour Cuba et dési­gna Nico­las Madu­ro comme pos­sible suc­ces­seur. L´offensive pour ten­ter de détruire la Révo­lu­tion Boli­va­rienne va alors adop­ter deux formes : poli­tique et économique.

Au niveau poli­tique, l´agression com­mence lors de l´élection de Nico­las Madu­ro à la pré­si­dence de la Répu­blique. Bien que les normes du CNE n´aient pas chan­gé depuis sa déroute recon­nue contre Hugo Chá­vez quelques mois aupa­ra­vant, Hen­rique Capriles Radons­ki n´accepte pas sa courte défaite et lance ses mili­tants dans les rues pour ten­ter de ren­ver­ser le pou­voir. Bilan : 11 morts (tous cha­vistes) et 72 bles­sés[Voir Romain Migus, « [Nuit de cris­tal au Vene­zue­la », Vene­zue­la en Vivo, 17/04/2013]].

Un an plus tard, une ten­ta­tive de putsch, dénom­mée La Sali­da (La sor­tie) fut orga­ni­sée par l´ancienne dépu­tée Maria Cori­na Macha­do, l´ancien maire de l´agglomération de Cara­cas Anto­nio Ledez­ma ain­si que Leo­pol­do Lopez. Durant plu­sieurs mois et avec l´appui de para­mi­li­taires colom­biens, les put­schistes mirent une par­tie du pays à feu et à sang. Là encore, le dénoue­ment fut tra­gique : 43 morts (dont plu­sieurs mili­taires boli­va­riens), et plus de 800 blessés.

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Les “démo­crates” de l´opposition en pleine action durant #LaSa­li­da

Le 1er octobre 2014, le jeune dépu­té du Par­ti Socia­liste Uni du Vene­zue­la (Psuv), Robert Ser­ra, est assas­si­né dans sa rési­dence de Cara­cas. C´est la troi­sième per­sonne liée à la frange radi­cale du cha­visme qui est abat­tue en à peine 6 mois[[Le 12 février 2014, Juan­cho Mon­toya, qui coor­don­nait le Secré­ta­riat Révo­lu­tion­naire du Vene­zue­la, orga­ni­sa­tion qui regroupe plu­sieurs col­lec­tifs boli­va­riens, était la pre­mière per­sonne assas­si­née du plan #La Sali­da. Le 27 avril 2014, Elie­cer Otai­za est retrou­vé tor­tu­ré et assas­si­né. Pré­sident du Conseil Muni­ci­pal de la ville de Cara­cas, il fai­sait par­tie de l´aile radi­cale du cha­visme. ]]. Les cir­cons­tances de ces assas­si­nats res­tent troubles. Mais les com­man­di­taires de ces meurtres semblent avoir réus­si à faire pas­ser leur mes­sage : l´aile radi­cale du cha­visme est pré­ve­nue de ce qui pour­rait l´attendre. Dans le cas de Robert Ser­ra, l´enquête révé­le­ra la par­ti­ci­pa­tion de para­mi­li­taires colombiens.

Ce coup d´Etat conti­nu ne s´arrête pas là. Un an jour pour jour après le lan­ce­ment de La Sali­da, le 12 février 2015, un groupe d´officiers de l´aviation véné­zué­lienne lan­ça l´Opération Jéri­cho dont le but était le bom­bar­de­ment de sites stra­té­giques civils et militaires[[Parmi les cibles choi­sies, le palais pré­si­den­tiel, le minis­tère de la défense, le tri­bu­nal suprême de jus­tice, ou encore la chaine de télé­vi­sion Tele­sur.]] à Cara­cas, et l´assassinat de Nico­las Madu­ro. Le plan fut déjoué et les put­schistes arrê­tés. L´enquête révè­le­ra l´implication d´acteurs étran­gers et de membres de l´extrême droite véné­zué­lienne basés á Miami.

Quelques jours plus tard, le 9 mars, le pré­sident des Etats-Unis, Barack Oba­ma annon­ça que son gou­ver­ne­ment allait impo­ser de nou­velles sanc­tions contre des diri­geants boli­va­riens. Il décré­ta que le Vene­zue­la repré­sente une « menace extra­or­di­naire et inha­bi­tuelle pour la sécu­ri­té natio­nale » des Etats-Unis. On pour­rait croire qu´il s´agit d´une blague de mau­vais goût, mais à la relec­ture des évé­ne­ments cités pré­cé­dem­ment, on se rend compte qu´il s´agit bien d´un har­cè­le­ment poli­tique per­ma­nent et d´une nou­velle attaque en règle contre le gou­ver­ne­ment boli­va­rien. Le même type de décret fut uti­li­sé, entre autres, contre le Nica­ra­gua San­di­niste en 1985, en 1986 contre la Libye, en 1988 contre le Pana­ma de Norie­ga, en 1990 contre l´Iraq de Sad­dam Hus­sein, en 1992 contre la You­go­sla­vie. Dans tous les cas, ce type de décret fut le pré­lude légal à des actions mili­taires des Etats-Unis contre ces pays.

Drôle de coïn­ci­dence : 4 jours avant l´annonce du décret Oba­ma, la com­pa­gnie pétro­lière Exxon, au mépris de l´accord de Genève,[Pour une expli­ca­tion détaillée du dif­fé­rent ter­ri­to­riale qui oppose le Vene­zue­la au Guya­na, voir La Ver­dad sobre el Ese­qui­bo, Cara­cas : ed. Pre­si­den­cia de la Repú­bli­ca, 2015. [Dis­po­nible en espa­gnol]] annonce l´exploitation pétro­lière d´une par­tie de la Guyane Ese­qui­bo. Le gou­ver­ne­ment véné­zué­lien dénonce l´illégalité d´un tel accord entre le Guya­na et Exxon. Le pré­sident du Guya­na, David Gran­ger, un ancien mili­taire for­mé aux Etats-Unis, fait mon­ter la ten­sion, accu­sant le Vene­zue­la d´avoir des « pré­ten­tions impé­ria­listes »[“[Tema del Ese­qui­bo deve­la el ver­da­de­ro ros­tro del pre­si­dente David Gran­ger”, La Igua­na, 17/07/2015]] (sic). Le pré­sident Madu­ro ne tom­be­ra pas dans le piège de la pro­vo­ca­tion. Alors que cer­taines entre­prises de com­mu­ni­ca­tion fran­çaises annonce déjà un « conflit armé »[Simon Pel­let-Rech, “[Le Vene­zue­la et le Guya­na au bord du conflit armé », Libé­ra­tion, 28/09/2015]] ini­tié par le Vene­zue­la (re sic) pour sau­ver le « régime »[Ber­nard Guet­ta, “[Quand le Vene­zue­la menace son petit voi­sin le Guya­na”, France Inter, 15/07/2015]], le pou­voir boli­va­rien sait très bien que David Gran­ger fait par­tie d´une machi­na­tion, et que les Etats-Unis n´attendent que ce pré­texte pour inter­ve­nir mili­tai­re­ment selon la « léga­li­té » que leur confère le décret frai­che­ment signé par Obama.

Le pré­sident du Vene­zue­la, ancien ministre des affaires étran­gères d´Hugo Cha­vez, fait jouer ses réseaux inter­na­tio­naux. Non seule­ment la cam­pagne inter­na­tio­nale contre le décret Oba­ma sera un immense suc­cès diplo­ma­tique[La Una­sur et la Celac, qui regroupent tous les pays du conti­nent á l´exception du Cana­da et des Etats-Unis ont expri­mé leur rejet du Décret Oba­ma contre le Vene­zue­la. Lors du VIIe som­met des Amé­riques qui se dérou­lait au Pana­ma, du 9 au 11 avril 2015, Barack Oba­ma a même du recon­naitre publi­que­ment que le Vene­zue­la ne repré­sen­tait aucune menace pour les Etats-Unis…sans pour autant abro­ger son décret.]], mais de plus, celle lan­cée pour réaf­fir­mer la sou­ve­rai­ne­té du Vene­zue­la sur l´Esequibo abou­tit á la réac­ti­va­tion par l´ONU des accords de Genève[[“[Reactivado acuer­do de Gine­bra y los pri­me­ros anun­cios del Ese­qui­bo serían en noviembre”, La Igua­na, 15/10/2015]].

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En rouge, la Guyane Ese­qui­bo, une région his­to­rique du Venezuela

Le 19 aout 2015, trois membres de l´armée véné­zué­lienne, sont bles­sés par balles à la fron­tière avec la Colom­bie. Les res­pon­sables de cet atten­tat sont membres des groupes para­mi­li­taires colom­biens qui, depuis plus de dix ans, tentent de contrô­ler des por­tions du ter­ri­toire véné­zué­lien[Pour com­prendre la logique de péné­tra­tion para­mi­li­taire, voir Romain Migus, “[El Táchi­ra : ¿un esta­do colom­bia­no ? », Vene­zue­la en Vivo, 03/10/2008]]. Ces groupes armés, au confluent du grand ban­di­tisme et des milices d´extrême droite, jouent, comme le sou­ligne le poli­to­logue Dario Azze­li­ni, le même rôle que jouaient les Contra nica­ra­guayennes[Bru­no Sgar­zi­ni, [“Dario Azze­li­ni : la estra­te­gia para­mi­li­tar es más pare­ci­da a la Contra nica­ragüense”, Misión Ver­dad, 27/07/2015]]. Face à cette inva­sion silen­cieuse par cette armée d´avant-garde du nar­co colom­bien, le gou­ver­ne­ment déci­de­ra de fer­mer dans un pre­mier temps le poste fron­tière de San Anto­nio. Les résul­tats poli­tiques sont immé­diats : plu­sieurs repaires de para­mi­li­taires sont déman­te­lés et nombres de ses membres arrê­tés. Mal­gré la défer­lante média­tique, il ne s´agissait pas d´une mesure anti-colom­bienne mais bien de l´affrontement entre un Etat dont les ins­ti­tu­tions res­tent faibles et une des orga­ni­sa­tions mafieuses les plus impor­tantes au monde : le nar­co-para­mi­li­ta­risme colom­bien. La fer­me­ture de postes fron­tières aura d´ailleurs des réper­cus­sions sur la guerre éco­no­mique menée contre le Venezuela.

Comme on peut le voir, les attaques poli­tiques et (para) mili­taires contre le Vene­zue­la boli­va­rien n´ont pas ces­sé un ins­tant durant les deux pre­mières années de man­dat de Nico­las Madu­ro. Cette désta­bi­li­sa­tion per­ma­nente pour­suit deux objec­tifs. En pre­mier lieu, conqué­rir le pou­voir par des moyens anti-démo­cra­tiques. Comme le signa­lait l´ancienne dépu­té Maria Cori­na Macha­do durant #LaSa­li­da « le Vene­zue­la ne peut pas attendre de nou­velles élec­tions »[Voir “[Pro­tes­tas en Vene­zue­la, 2 de Febre­ro de 2014 #LaSa­li­da“, You­tube, 03/02/2014]]. D´autre part, cette stra­té­gie de la ten­sion per­ma­nente a aus­si pour but de fati­guer la popu­la­tion et d´orienter l´opinion publique vers l´option élec­to­rale de la droite véné­zué­lienne. En ce sens, l´autre face de ce coup d´Etat conti­nu vient com­plé­ter à mer­veille cette lente stra­té­gie pour retour­ner la popu­la­tion contre la Révo­lu­tion Bolivarienne.

La Guerre Économique

Pré­ci­sons d´emblée qu´une par­tie de la crise éco­no­mique dans laquelle est plon­gé le Vene­zue­la a des ori­gines poli­tiques internes. En 15 ans, et mal­gré les efforts en ce sens d´Hugo Cha­vez, le Vene­zue­la n´a pas pu déve­lop­per un appa­reil pro­duc­tif indus­triel et agri­cole. Le pas­sage d´une éco­no­mie de rente à une éco­no­mie pro­duc­tive implique aus­si un chan­ge­ment cultu­rel qu´il est dif­fi­cile d´établir en une ou deux décen­nies. Le réseau de com­munes pro­duc­tives socia­listes n´est encore que très peu déve­lop­pé et ren­contre de mul­tiples entraves pro­ve­nant même par­fois de cer­tains gou­ver­ne­ments locaux cha­vistes. L´économie du Vene­zue­la demeure extrê­me­ment dépen­dante de son exploi­ta­tion pétro­lière, qui repré­sente 98% de ses expor­ta­tions (et donc des ren­trées de devises) et 50% de ses recettes fis­cales. Autre­ment dit, la part la plus impor­tante de l´économie véné­zué­lienne reste vul­né­rable aux aléas du mar­ché pétro­lier inter­na­tio­nal. Et c´est là que le bât blesse. Depuis l´arrivée au pou­voir de Nico­las Madu­ro, le cours du pétrole a chu­té de plus de la moi­tié de sa valeur. Cette chute spec­ta­cu­laire du cours du brut a entrai­né un effon­dre­ment du bud­get de l´Etat véné­zué­lien, qui par ailleurs s´est vu ampu­té de moi­tié les devises étran­gères par les­quelles se réa­lisent les impor­ta­tions. N´importe quel pays dans une situa­tion sem­blable serait plon­gé dans une crise éco­no­mique simi­laire. Il ne s´agit pas d´une crise du modèle boli­va­rien mais du sys­tème ren­tier et de la culture de la rente. De fait, mal­gré un bud­get res­treint, la part du bud­get allouée au social n´a pas été sacri­fiée par le gou­ver­ne­ment de Nico­las Maduro.

Si l´Etat véné­zué­lien a depuis l´instauration du contrôle des changes en 2003 tou­jours eu le mono­pole du manie­ment des devises étran­gères, il n´a jamais natio­na­li­sé le com­merce exté­rieur. N´importe quelle entre­prise peut ache­ter des dol­lars au taux fixé par le gou­ver­ne­ment pour impor­ter des biens. Un taux paral­lèle a éga­le­ment tou­jours coexis­té, afin de pal­lier les limites de l´offre offi­cielle de devises, dépas­sant la valeur nomi­nale offi­cielle du boli­var de 50% à 100%. Entre 2003 et décembre 2012, le taux du dol­lar paral­lèle est pas­sé de 2,5 boli­vars à 10 boli­vars pour 1 dol­lar. Dans le même laps de temps, le taux offi­ciel pas­sait de 2,15 en 2003 à 4.3 en 2012. Il était enten­du que ce dol­lar paral­lèle per­met­tait à des entre­prises ou des par­ti­cu­liers d´acheter des devises sur un mar­ché non contrô­lé par l´Etat, soit pour impor­ter des pro­duits dont le prix n´était pas régu­lé par ce der­nier, soit pour « pla­cer » des boli­vars dans une devise répu­tée plus « sûre ». Ce sys­tème bien qu´illégal pos­sé­dait encore une cer­taine ratio­na­li­té, mais pro­vo­quait une dis­tor­sion sur le mar­ché véné­zué­lien. Et sur­tout, sou­le­vait la ques­tion de savoir qui contrô­lait vrai­ment le taux de change parallèle.

La guerre éco­no­mique com­men­ça le 8 décembre 2012, à l´annonce du départ d´Hugo Cha­vez pour Cuba. En à peine un mois, et alors que le doute plane tou­jours sur la san­té du Coman­dante, le dol­lar paral­lèle s´envole et passe de 10 à 20 boli­vars pour 1 dol­lar. A la fin de l´année 2013, il se négo­cie à 65 boli­vars alors que le Vene­zue­la n´est pas encore tou­ché par la baisse des cours du pétrole et donc par l´amenuisement de ses ren­trées en devises. Il attein­dra fin 2014, 170 boli­vars pour 1 dollar.

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Valeur du dol­lar paral­lèle entre jan­vier 2005 et février 2014. Son aug­men­ta­tion expo­nen­tielle coïn­cide “bizar­re­ment” avec le départ d´Hugo Chá­vez. Source : http://dolarparalelo.tk/

A la veille des élec­tions du 6 décembre 2015, le dol­lar paral­lèle culmine à prés de 900 boli­vars pour un dol­lar. Soit une aug­men­ta­tion de 8900% en a peine deux ans !!! Cette aug­men­ta­tion sur­réa­liste du dol­lar paral­lèle ne cor­res­pond á aucun cri­tère ration­nel. Un site web héber­gé aux Etats-Unis et diri­gé par trois membres de l´extrême droite vénézuélienne[[Orlando Urda­ne­ta, qui en 2010 ordon­nait de tuer Chá­vez depuis un pro­gramme de télé­vi­sion, Eli­gio Cedeño, ban­quier ultra cor­rom­pu, jugé et condam­né au Vene­zue­la et Alber­to Fede­ri­co Ravell, ancien direc­teur de Glo­bo­vi­sion ]] donne les cours du dol­lar paral­lèle comme bon lui semble en se réfé­rant au prix du boli­var à Cúcu­ta, ville colom­bienne fron­ta­lière de l´Etat du Táchira.

Or, selon une réso­lu­tion datant de l´année 2000[[Voir le texte de cette réso­lu­tion en pdf]], la Banque Cen­trale colom­bienne délègue aux agences de changes fron­ta­lières avec le Vene­zue­la le soin de déter­mi­ner elles-mêmes le cours du peso par rap­port au boli­var sans pas­ser par le dol­lar. Cette situa­tion inédite conver­tit le boli­var en un refuge pour le blan­chi­ment de l´argent de la drogue en main­te­nant un taux arti­fi­ciel du peso face au boli­var. Le gou­ver­ne­ment colom­bien, au-tra­vers de cette réso­lu­tion, et l´empire nar­co­ma­fieux de la cocaïne (dont la Colom­bie est le prin­ci­pal pro­duc­teur) sont donc à l´origine de ce com­plexe sys­tème de guerre économique.

Lorsque le gou­ver­ne­ment véné­zué­lien fer­ma les postes fron­ta­liers avec la Colom­bie dans l´Etat du Táchi­ra et dans l´Etat du Zulia, les agences de change colom­biennes firent de même. Mais Dolar­To­day conti­nua de publier des cours à la hausse du dol­lar paral­lèle. Cette incon­grui­té finan­cière montre que le Vene­zue­la est bien face à une attaque finan­cière pla­ni­fiée dont Dolar­To­day n´est que la par­tie émer­gée de l´iceberg.

Les consé­quences de cette spé­cu­la­tion contre le boli­var sont désas­treuses. Le gou­ver­ne­ment importe direc­te­ment des pro­duits de base ou vend des dol­lars à des impor­ta­teurs pri­vés à un taux de 6.3 boli­vars pour 1 dol­lar. Ces pro­duits sub­ven­tion­nés sont cen­sés être suf­fi­sants pour com­bler le mar­ché natio­nal mais sont sys­té­ma­ti­que­ment reven­dus en contre­bande en Colom­bie au prix du dol­lar paral­lèle. Les dol­lars obte­nus sont à leur tour chan­gés en boli­var au taux paral­lèle pour rache­ter soit des pro­duits soit des dol­lars sub­ven­tion­nés par l´Etat, et ain­si de suite. Les pro­duits ali­men­taires ain­si ven­dus viennent bien enten­du à man­quer sur les éta­lages véné­zué­liens, et ali­mentent les files d´attentes et le res­sen­ti­ment des citoyens. 

Plus curieux encore, le tra­fic de mon­naie véné­zué­lienne. Un billet de 100 boli­vars (le plus haut en cours au Vene­zue­la) est rache­té en Colom­bie pour l´équivalent de 150 boli­vars direc­te­ment ver­sés sur le compte du ven­deur au Vene­zue­la. De nom­breux contre­ban­diers de mon­naie ont ain­si été arrê­tés por­teurs de quan­ti­tés fara­mi­neuses. Mais qui­conque peut sor­tir du dis­tri­bu­teur le maxi­mum auto­ri­sé par semaine (20.000 boli­vars), tra­ver­ser la fron­tière, vendre cette somme en billets de 100 boli­vars et rece­voir un vire­ment de 30.000 boli­vars sur son compte en banque, et recom­men­cer la semaine sui­vante[Lui­sa Colo­mine, « [Una rea­li­dad en Cúcu­ta : yo vivo de tu bolí­var », Apor­rea, 18/08/2015]]. Gain de l´opération : 10.000 boli­vars par semaine. Salaire mini­mum men­suel avant la fer­me­ture des postes fron­tières : 7.500 boli­vars. Faites le cal­cul, et vous com­pren­drez qu´en plus d´affecter le sys­tème finan­cier véné­zué­lien, ces attaques spé­cu­la­tives ont aus­si le mérite de détruire le faible tis­su pro­duc­tif du pays de Boli­var. Ces tra­fics à par­tir de la mon­naie véné­zué­lienne sont une véri­table mine d´or pour les dif­fé­rents groupes armés illé­gaux (en pre­mier lieu des­quels les nar­cos et les paramilitaires[[Notons que la gué­rilla de l´ELN s´adonne aus­si au tra­fic d´essence, notam­ment dans l´Etat d´Apure. ]]) pour blan­chir de l´argent sale et finan­cer leurs acti­vi­tés illégales.

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La mon­naie véné­zué­lienne est deve­nue un objet de contrebande

Si la contre­bande d´essence, dont le prix est sub­ven­tion­né au Vene­zue­la, est bien anté­rieure aux attaques éco­no­miques contre le pays boli­va­rien, elle a aug­men­té de manière expo­nen­tielle à mesure que le boli­var per­dait de sa valeur. Au taux du dol­lar paral­lèle, on peut actuel­le­ment ache­ter 9.300 litres d´essence pour un dol­lar (pour faci­li­ter la com­pré­hen­sion, écri­vons le chiffre en lettre : neuf mille trois cents litres d´essence pour un dol­lar !!!!)[[Le litre d´essence coûte 0.097 boli­vars. Le dol­lar paral­lèle est d´environ 900 boli­vars pour un dol­lar.]]. Le tra­fic d´essence est deve­nu une acti­vi­té lucra­tive pour la mafia, pour cer­tains mili­taires véné­zué­liens cor­rom­pus mais aus­si pour tout un cha­cun. Un litre ache­té 0.097 boli­var au Vene­zue­la est reven­du pour l´équivalent de 200 boli­vars de l´autre côté de la frontière.

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Tra­fic d´essence dans la région de la Guajira

Là encore, le gou­ver­ne­ment colom­bien a une res­pon­sa­bi­li­té légale dans le pillage des richesses de son voi­sin. L´article 19 de la loi 681, publié dans le jour­nal offi­ciel de la Répu­blique de Colom­bie le 10 août 2001, auto­rise les petits impor­ta­teurs d´essence à dis­tri­buer le com­bus­tible en marge de l´entreprise pétro­lière colom­bienne Eco­pe­trol. Pire : Eco­pe­trol se réserve aus­si le droit de leur rache­ter l´essence à prix réduit. La contre­bande d´essence est ain­si com­plè­te­ment légale en Colom­bie pour peu que ceux qui la pra­tiquent soient décla­rés. Et le paie­ment d´impôts locaux dans des villes fron­ta­lières comme Cúcu­ta implique une par­tie non négli­geable de leurs ren­trées fis­cales[ “[Pedro Car­reño : Colom­bia lega­li­za contra­ban­do de pim­pi­ne­ros que se lle­van la gaso­li­na de Vene­zue­la”, VTV, 25/08/2015]]. En outre, une par­tie de l´essence ven­due par Eco­pe­trol sur le ter­ri­toire colom­bien pro­vient de ce hol­dup « légal ». 

A la fer­me­ture des postes fron­tières sur son ter­ri­toire l´Etat du Táchi­ra, où l´on compte 160.000 véhi­cules, avait une consom­ma­tion d´essence plus impor­tante que la tota­li­té de l´Etat Plu­ri­na­tio­nal de Boli­vie et ses 1.450.000 véhicules.

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Un mois seule­ment après la fer­me­ture des prin­ci­paux postes fron­tières avec la Colom­bie, le Vene­zue­la a récu­pé­ré 61 mil­lions de litres d´essence[[“Venezuela ahor­ra 60,8 mil­lones de litros de gaso­li­na tras cierre de la fron­te­ra”, El Uni­ver­sal, 30/09/2015, http://www.eluniversal.com.co/mundo/venezuela-ahorra-608-millones-de-litros-de-gasolina-tras-cierre-de-la-frontera-207275
]]. Fin octobre 2015, un membre de l´industrie pétro­lière colom­bienne confiait au quo­ti­dien conser­va­teur El Tiem­po que la contre­bande d´essence en pro­ve­nance du Vene­zue­la s´élevait autour de 41 mil­lions de litres d´essence par mois (!!!), et que la Colom­bie allait devoir aug­men­ter ses impor­ta­tions d´essence de 50% si la situa­tion fron­ta­lière se main­te­nait ain­si[Omar Ahu­ma­da Rojas, “[Por cierre de Vene­zue­la, inven­ta­rios de gaso­li­na bajan más de 50%”, El Tiem­po, 28/10/2015]].

Le tra­fic de pro­duits ali­men­taires ou d´essence n´est pas uni­que­ment l´apanage des colom­biens. Elle réside en pre­mier lieu dans la dis­tor­sion qui existe entre les sub­ven­tions opé­rées par l´Etat véné­zué­lien sur cer­tains pro­duits et le libre mar­ché de ses voi­sins. Les mêmes pro­blèmes existent à la fron­tière bré­si­lienne ou le long de la fron­tière maritime[[La pêche au cha­lut est inter­dite au Vene­zue­la depuis le 14 mars 2009. Cer­tains pêcheurs arti­sa­naux vendent le pro­duit de leur pêche en dol­lar à des cha­luts étran­gers les atten­dant en haute mer. ]].

Mais elle résulte sur­tout de la spé­cu­la­tion contre le boli­var opé­rée par Dolar­To­day avec l´appui des nar­cos, et la com­pli­ci­té de l´Etat colom­bien. De plus, à la dif­fé­rence d´autres pays, de très fortes orga­ni­sa­tions mafieuses et para­mi­li­taires, très bien struc­tu­rées, sont implan­tées chez le voi­sin colom­bien. C´est la soli­di­té de ce réseau mafieux que le gou­ver­ne­ment boli­va­rien doit affron­ter. Il ne paraît pas éton­nant d´ailleurs que deux des fon­da­teurs de Dolar­To­day soient sus­pec­tés de liens avec les car­tels de la drogue colom­biens[Voir « [Lust­gar­den Acher­man, dete­ni­do por nar­co­la­va­do fue socio de Eli­gio Cedeño y Alber­to Fede­ri­co Ravell”, Apor­rea, 14/06/2015. Dans le cas de Alber­to Fede­ri­co Ravell, les accu­sa­tions de liens avec des colom­biens appar­te­nant aux réseaux de la drogue n´est pas nou­veau. Dès 2011, de tels liens furent mis en lumière. Voir Ciu­dad CCs, « En un mes Ravell, tomará Cable­no­ti­cias », Apor­rea, 19/08/2011]]. Une par­tie des énormes béné­fices réa­li­sés dans ces opé­ra­tions de contre­bande sert aus­si à finan­cer des opé­ra­tions para­mi­li­taires en vue de désta­bi­li­ser la Révo­lu­tion boli­va­rienne, comme ce fut le cas durant les gua­rim­bas de l´année 2014[« [Nar­co­tra­fi­cante soli­ci­ta­do por inter­pol orga­ni­za­ba gua­rim­bas”, Contrain­je­ren­cia, 04/03/2014]].

On peut aisé­ment com­prendre que la baisse dras­tique du pétrole ait pro­vo­qué une crise sys­té­mique de l´économie véné­zué­lienne. On peut aus­si admettre que le gou­ver­ne­ment boli­va­rien ait com­mis quelques erreurs dans la ges­tion de celle-ci[[Notamment de ne pas avoir aug­men­té le prix de l´essence et le prix domes­tique de l´énergie, de ne pas avoir réfor­mé son sys­tème fis­cal ou encore de sur­éva­luer le boli­var.]] mais nier l´existence même et l´impact de la guerre éco­no­mique est d´une mal­hon­nê­te­té intel­lec­tuelle que par­tagent mal­heu­reu­se­ment la plu­part des jour­na­listes et autres com­mu­ni­cants. Les medias inter­na­tio­naux, des habi­tuels pré­di­ca­teurs de la catas­trophe aux publi­ca­tions plus pro­gres­sistes, omettent sys­té­ma­ti­que­ment de se réfé­rer aux condi­tions de la guerre éco­no­mique à l´œuvre contre le peuple véné­zué­lien, quand ils ne la tournent pas en déri­sion en la pré­sen­tant comme une lubie du gou­ver­ne­ment bolivarien.

Pas besoin d´attendre 30 ans, et le déclas­se­ment de docu­ments, pour com­prendre que, comme pour le Chi­li d´Allende, la puis­sance impé­riale est en train de « faire crier l´économie » véné­zué­lienne[Des docu­ments déclas­sés ont révé­lé bien des années après le coup d´Etat au Chi­li le 11 sep­tembre 1973 que le pré­sident Nixon avait ordon­né à la CIA de « faire crier l´économie chi­lienne » et d´organiser une guerre éco­no­mique contre le Peuple chi­lien en vue de le retour­ner contre le gou­ver­ne­ment démo­cra­tique de Sal­va­dor Allende. Pour une com­pa­rai­son entre la situa­tion chi­lienne d´alors et la situa­tion véné­zué­lienne actuelle nous conseillons [la vidéo sui­vante]].
Les consé­quences de cette guerre éco­no­mique sur la popu­la­tion sont épou­van­tables : baisse du pou­voir d´achat, pénu­rie de pro­duits de base, files d´attente inter­mi­nables pour se pro­cu­rer le panier de la ména­gère. C´est le moral de la base popu­laire du cha­visme qui est atta­qué de plein fouet.

S´ajoutent à cela d´obscurs théo­ri­ciens et groupes d´ultra gauche, sys­té­ma­ti­que­ment relayés par les organes d´information de la droite la plus réac­tion­naire, pour ten­ter d´expliquer au Peuple que le res­pon­sable de tous leurs mal­heurs est Nico­las Madu­ro et le gou­ver­ne­ment actuel. Comme le signale un câble de l´ambassade des Etats-Unis à Cara­cas révé­lé par Wiki­leaks, un des piliers de la stra­té­gie de l´Usaid et de la repré­sen­ta­tion diplo­ma­tique éta­su­nienne pour ten­ter de ren­ver­ser Cha­vez a tou­jours consis­té à infil­trer le cha­visme pour le divi­ser[Voir [le câble Wiki­leaks ain­si que Alexan­der Main et Dan Bee­ton, « Com­ment Washing­ton tente de désta­bi­li­ser les gou­ver­ne­ments pro­gres­sistes », Mémoire des luttes, 26/10/2015]].

Coïn­ci­dence ou non, on retrouve les mêmes portes parole de cette idéo­lo­gie post­mo­derne d´ultragauche dans la plu­part des pays pro­gres­sistes lati­no-amé­ri­cains[Dans le cas de l´Equateur lire : Romain Migus, « [Ten­ta­tives de désta­bi­li­sa­tion en Equa­teur. Réflexion sur l´indigénisme occi­den­tal », Vene­zue­la en Vivo, 30/08/2015 ain­si que Guillaume Long , « En défense de Raphael Cor­rea », Mémoire des luttes, 19/10/2015]]. Si la plu­part de ces idéo­logues ne sont pas des agents de la CIA, ils par­tagent entre eux les mêmes carac­té­ris­tiques de classe (éco­no­mi­que­ment favo­ri­sés et dotés d´un capi­tal cultu­rel éle­vé) qui les met­traient à l´abri d´un éven­tuel retour de la droite néo­li­bé­rale aux com­mandes de l´Etat. Dans leur com­pro­mis avec une cer­taine véri­té et non avec la défense des inté­rêts de la classe popu­laire, ils sont les meilleurs alliés actuels des sec­teurs les plus conser­va­teurs qui pré­tendent pro­fi­ter de la crise éco­no­mique pour reve­nir au pouvoir.

Les deux faces de ce coup d´Etat conti­nu, poli­tique et éco­no­mique, pour­suivent le même but : exté­nuer la base du cha­visme afin qu´une majo­ri­té de citoyens vote contre ses propres inté­rêts aux pro­chaines élec­tions légis­la­tives du 6 décembre 2015.

Les élec­tions légis­la­tives du 6 décembre : Vers une vic­toire de l´opposition ?

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L´hémicycle de Assem­blée Natio­nale vénézuélienne

La plu­part des enquêtes d´opinion donne une confor­table marge d´avance à l´opposition (envi­ron 15%). Cepen­dant, la forme de ces enquêtes reste géné­rale (« Vote­riez vous pour l´opposition ou pour le cha­visme ?») et ne tient compte ni des dis­sen­sions internes au sein de l´opposition (MUD vs Volun­tad Popu­lar ou Alian­za Bra­vo Pue­blo) ni du nom, de la popu­la­ri­té et de la stra­té­gie des can­di­dats locaux. Plus qu´une pro­phé­tie élec­to­rale, ces son­dages reflètent plu­tôt le ras-le-bol des véné­zué­liens face à la situa­tion éco­no­mique qui se réper­cute dans leur quotidien.

Même le jour­nal de Mia­mi, El Nue­vo Herald, peu sus­cep­tible de sym­pa­thie avec le cha­visme, doit recon­naître que, sur le ter­rain, les can­di­dats de l´opposition n´arrivent pas à capi­ta­li­ser loca­le­ment le mécon­ten­te­ment des citoyens[Eduard Freis­ler , “[Pese a la cri­sis, la opo­si­ción no logra capi­ta­li­zar aún la decep­ción del cha­vis­ta”, El Nue­vo Herald, 18/06/2015]].

D´autre part, le sys­tème élec­to­ral légis­la­tif véné­zué­lien se carac­té­rise par une com­bi­nai­son de can­di­dats élus nomi­na­le­ment (70% des dépu­tés) et élus à la pro­por­tion­nelle (30% des dépu­tés). Ce sys­tème démo­cra­tique fut conçu ini­tia­le­ment pour favo­ri­ser l´élection de dépu­tés n´appartenant pas à des grands par­tis mais ayant un tra­vail local recon­nu. Dans le contexte de la pola­ri­sa­tion poli­tique que connaît le Vene­zue­la, la plu­part des dépu­tés élus appar­tient à l´un ou l´autre des camps en fac­tion. Toutes les ten­ta­tives visant à tirer pro­fit de ce sys­tème et créer une troi­sième voie sont tou­jours res­tées infructueuses[[C´était le cas du par­ti Patria Para Todos (PPT) en 2010, et ce sera le cas du par­ti trots­kyste Marea Socia­lis­ta lors de ces pro­chaines élec­tions. On doit cepen­dant noter que dans un cas comme dans l´autre les par­tis en ques­tion pré­sentent des can­di­dats issus de l´intelligentsia aca­dé­mique ayant peu d´emprise sur le réel vécu par les vénézuéliens.]].

Les cir­cons­crip­tions nomi­nales sont déter­mi­nées selon l´article 19 ali­néa 4 de la loi sur les pro­ces­sus élec­to­raux : « la confor­ma­tion des cir­cons­crip­tions élec­to­rales se déter­mi­ne­ra selon l´indice de la popu­la­tion. Pour ce faire, la popu­la­tion géné­rale des Etats, du Dis­trict Capi­tal, des muni­ci­pios sera éta­blie selon la loi. Cette popu­la­tion géné­rale sera divi­sée entre le nombre de sièges à pour­voir nomi­na­le­ment »[La loi est dis­po­nible en espa­gnol sur [le site du Conseil Natio­nal Elec­to­ral]].

La socio­lo­gie élec­to­rale du Vene­zue­la pri­vi­lé­gie le PSUV et ses alliés dans les zones urbaines infor­melles de classe popu­laire (les bar­rios) et les zones rurales ou semi urbaines. A l´inverse, l´opposition réa­lise ses meilleurs scores dans les zones urbaines for­melles (zone popu­laires dont l´habitat est inclus dans la ville for­melle et zones de couches moyennes et supé­rieures). La par­ti­tion ter­ri­to­riale élec­to­rale tend donc à favo­ri­ser à prio­ri le cha­visme. Et le nombre de dépu­tés élus à la pro­por­tion­nelle n´est pas suf­fi­sant pour réduire la brèche des dépu­tés élus grâce aux votes nominaux.

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De plus, si les offen­sives contre la Révo­lu­tion boli­va­rienne, sont per­ma­nentes, la cam­pagne nomi­nale est assez courte. Les can­di­dats de l´opposition n´ayant que trois mois pour se faire connaître. La durée de la cam­pagne risque donc d´être un atout au vu de l´organisation interne du Par­ti Socia­liste Uni du Venezuela.

La Mesa de Uni­dad Demo­cra­ti­ca (MUD) n´est qu´une pla­te­forme poli­tique sans mili­tants. Ces der­niers appar­tiennent aux par­tis poli­tiques qui com­posent la MUD. Et les membres d´un par­ti poli­tique peuvent ne pas être enclins à assu­mer la cam­pagne élec­to­rale d´un can­di­dat d´un autre par­ti. En revanche, le Psuv dis­pose d´une struc­ture orga­nique redoutable.

Fin 2014, le par­ti cha­viste s´est réor­ga­ni­sé. Les Uni­tés de Bataille Boli­var-Cha­vez (Ubch) ont été consti­tuées comme les prin­ci­pales cel­lules d´organisation du par­ti. Chaque Ubch regroupe 10 patrouilles sec­to­rielles inté­grées par les militants[[Patrouille de for­ma­tion idéo­lo­gique, Patrouille de mobi­li­sa­tion, Patrouille de pro­pa­gande, agi­ta­tion et com­mu­ni­ca­tion, Patrouille d´articulation avec les mou­ve­ments sociaux, Patrouille d´articulation avec les mou­ve­ments de femmes, Patrouille d´articulation avec la jeu­nesse, Patrouille d´appui au gou­ver­ne­ment de rue, Patrouille de défense inté­grale, Patrouille de tech­nique élec­to­rale, Patrouille de logis­tique.]]. Les Cercles de lutte popu­laire regroupent, à leur tour, 3 ou 4 Ubch. Cette der­nière orga­ni­sa­tion est implan­tée au niveau local, muni­ci­pal, régio­nal et natio­nal. Comme le montre un récent docu­ment du Psuv, le Par­ti orga­nise « dans une pre­mière phase 4 ins­tances : Le Congrès (985 membres), les res­pon­sables des Cercles de lutte popu­laire CLP (3.988 membres), les res­pon­sables des Ubch (13.682 membres) et les res­pon­sables de Patrouilles sec­to­rielles de chaque Ubch (10 pour chaque Ubch pour un total de 136.820 membres). Ces 136.820 res­pon­sables confor­me­ront après leur élec­tion une patrouille de 9 à 12 membres. Si on prend en moyenne 10 membres par patrouille, sera confor­mée une 5e ins­tance de 1.368.200 membres »[[Voir http://www.psuv.org.ve/el-23n-psuv-se-organiza-y-elige/]]. Lors d´une cam­pagne élec­to­rale, les patrouilles sec­to­rielles se trans­forment en patrouille ter­ri­to­riale pour assu­rer le vote des citoyens. Chaque mili­tant de base a la tâche de cher­cher dans sa cir­cons­crip­tion dix per­sonnes qui vote­ront pour le cha­visme. Le mili­tant est res­pon­sable de « ses » élec­teurs, il les appel­le­ra le jour du vote pour leur rap­pe­ler leur devoir citoyen et au besoin assu­re­ra la logis­tique de leur trans­port vers leur bureau de vote.

En plus de cette struc­ture orga­nique qui per­met au PSUV d´être pré­sent jusque dans les plus petits hameaux du Vene­zue­la, d´autres orga­ni­sa­tions comme le Front des Mis­sions Sociales, l´Union Natio­nale des Femmes, ou encore le Grand Pôle Patrio­tique (qui regroupe 16 par­tis poli­tiques et mou­ve­ments sociaux sou­te­nant la Révo­lu­tion) per­mettent à la Révo­lu­tion Boli­va­rienne d´optimiser la com­mu­ni­ca­tion poli­tique et d´assurer la cam­pagne élec­to­rale de manière cen­tra­li­sée. Il ne faut pas négli­ger le poids de cette orga­ni­sa­tion dans l´évolution des per­cep­tions de l´opinion publique, et son influence finale sur les inten­tions de vote au niveau local.

Le 28 juin 2015, le PSUV a orga­ni­sé des élec­tions pri­maires afin que les mili­tants choi­sissent leurs can­di­dats aux élec­tions par­le­men­taires. Le résul­tat parle de lui même : 3.162.400 véné­zué­liens et véné­zué­liennes ont répon­du pré­sent. Si ce chiffre sera sans doute insuf­fi­sant pour gagner les élec­tions légis­la­tives, il nous ren­seigne tout de même sur la teneur du noyau dur du cha­visme et sa capa­ci­té à se déployer électoralement.

Les luttes internes de l´opposition, la pré­do­mi­nance du sys­tème nomi­nal, la diver­si­té sociale des cir­cons­crip­tions élec­to­rales et la struc­ture orga­nique du PSUV pour­raient don­ner une majo­ri­té res­treinte de dépu­tés cha­vistes au sein de la future Assem­blée Natio­nale. En revanche, il est fort pos­sible que l´opposition sorte vic­to­rieuse en nombre total de voix. Il n´est pas impos­sible que le cha­viste compte 5 ou 6 dépu­tés de plus que l´opposition mais que celle-ci réa­lise un total de voix avoi­si­nant les 56 – 57%[C´est ce que laisse pen­ser l´analyste Nes­tor Fran­cia en se basant sur des enquêtes d´opinions locales, Voir Nes­tor Fran­cia, “[Ana­li­sis de entor­no : esce­na­rio com­pli­ca­do”, El Joro­po, 05/10/2015]].

Pour illus­trer notre pro­pos, pro­je­tons le résul­tat des élec­tions pré­si­den­tielles de 2013 au niveau des cir­cons­crip­tions élec­to­rales. Selon le Conseil Natio­nal Elec­to­ral, Nico­las Madu­ro a été élu avec 50.62% des voix (7.587.579 élec­teurs) et Hen­rique Capriles réa­li­sa un total de 49.12% (7.363.980 élec­teurs). Mal­gré une faible dif­fé­rence de 223.599 voix (1.49%), si l´on reporte ces élec­teurs à leurs cir­cons­crip­tions légis­la­tives, le cha­visme gagne­rait l´Assemblée avec 99 dépu­tés contre 66 pour l´opposition (60% des dépu­tés pour le Psuv contre 40% pour l´opposition — 33 dépu­tés de plus pour le Psuv- mal­gré une dif­fé­rence de voix d´a peine 1.49%)[Euge­nio Martí­nez, “4[ razones que obli­gan a la Opo­si­ción a ir uni­da a las #Elec­cio­nes­Par­la­men­ta­rias”, Pro­Da­Vin­ci, 16/01/2015]]. Ce type de résul­tat est tout à fait nor­mal dans un pays qui pri­vi­lé­gie un sys­tème nomi­nal. Notons qu´il n y a là aucune inco­hé­rence démo­cra­tique. De nom­breux pays fonc­tionnent de la sorte, ou pos­sèdent des sys­tèmes élec­to­raux où le nombre d´élus ne cor­res­pond pas for­ce­ment avec le pour­cen­tage de suf­frages expri­més en leur faveur. L´Espagne, la France, le Royaume Uni, et bien d´autres fonc­tionnent ainsi[[Aux élec­tions géné­rales espa­gnoles de 2011, Izquier­da Uni­da obtint 5 dépu­tés de moins que les natio­na­listes cata­lans mal­gré 665.119 élec­teurs de plus. En France, le Front Natio­nal qui repré­sente un quart des élec­teurs fran­çais n´a que deux des 577 dépu­tés. Au Royaume-Uni, Tony Blair obtint 74% des dépu­tés avec “seule­ment” 55% des voix. En Grèce, Syri­za et Anel conservent la majo­ri­té abso­lue au par­le­ment (155 dépu­tés – 51.32% des dépu­tés) mal­gré les 39.15% de voix expri­mées en leur faveur, etc.]].

Une situa­tion pro­pice à la déstabilisation

Les pro­chaines élec­tions légis­la­tives sont cru­ciales pour l´opposition véné­zué­lienne. Ce n´est pas la pre­mière fois que la droite uti­lise le scé­na­rio d´élections par­le­men­taires pour ten­ter de s´approprier le pou­voir par un rac­cour­ci non – démo­cra­tique. Rap­pe­lons-nous que l´opposition avait boy­cot­té ces élec­tions en 2005 dans le but de dénon­cer par la suite l´emprise tota­li­taire du pou­voir boli­va­rien[Voir [Romain Migus, Les élec­tions par­le­men­taires du 4 décembre 2005, autres vic­times de la pro­pa­gande de guerre, Cara­cas : ed. Min­ci, 2005.]]. Cette stra­té­gie avait déjà été employée en 1984, contre le Nica­ra­gua sandiniste.

Dans leur lutte contre les gou­ver­ne­ments pro­gres­sistes, les droites néo­li­bé­rales du conti­nent ont depuis inno­vé, et uti­lisent désor­mais le pou­voir légis­la­tif comme un méca­nisme essen­tiel pour réa­li­ser des coups d´Etat. Comme le révé­lait l´ancien pré­sident déchu du Para­guay, Fer­nan­do Lugo : « le labo­ra­toire de cette tech­nique fut le Hon­du­ras, et a été per­fec­tion­née au Para­guay »[Gerar­do Igle­sias, “El labo­ra­to­rio del golpe de Esta­do de Para­guay fue Hon­du­ras, reco­noce Fer­nan­do Lugo”, Cuba Debate, 02/07/2012, http://www.cubadebate.cu/especiales/2012/07/02/el-laboratorio-del-golpe-de-estado-de-paraguay-fue-honduras-reconoce-fernando-lugo/#.VV3-0iliOUg]]. L´opposition véné­zué­lienne le sait, et ne compte pas lais­ser échap­per cette oppor­tu­ni­té de ren­ver­ser la révo­lu­tion boli­va­rienne. Qui plus est, leur pro­gramme pré­tend démon­ter tout l´arsenal légis­la­tif construit au cours de ces 15 der­nières années. En plus d´abroger pure­ment et sim­ple­ment 30 textes de lois, la droite véné­zué­lienne compte « révi­ser tout le cumul des lois pour les ajus­ter à une vision inté­grale d´un nou­veau cadre juri­dique qui res­ti­tue­rait la nature démo­cra­tique de la Répu­blique »[[Article 162 des “Linea­mien­tos para el pro­gra­ma de gobier­no de uni­dad nacio­nal”. Pour une lec­ture cri­tique du pro­gramme de la droite véné­zué­lienne, voir Romain Migus, El pro­gra­ma de la MUD, Cara­cas, ed. Bar­rio Aler­ta, 2012. [Dis­po­nible en espa­gnol ]].

Les élec­tions du 6 décembre 2015 vont cer­tai­ne­ment être le théâtre d´une nou­velle ten­ta­tive de désta­bi­li­sa­tion de la Révo­lu­tion Boli­va­rienne. Dans le cas où le cha­visme comp­te­rait une faible majo­ri­té de dépu­tés obte­nue avec une mino­ri­té des voix expri­mées, l´opposition argue­ra cer­tai­ne­ment du carac­tère non démo­cra­tique du sys­tème repré­sen­ta­tif véné­zué­lien pour ten­ter de pro­vo­quer une nou­velle crise poli­tique. Cette stra­té­gie macabre se fait sen­tir dès le mois de mai 2015, soit sept mois avant les élections.

Jésus « Chuo » Tor­real­ba, qui avant d´être nom­mé secré­taire géné­ral de la MUD était finan­cé par la NED, décla­rait au nom de la pla­te­forme des par­tis d´opposition : « Il ne s´agit pas que le gou­ver­ne­ment recon­naisse ou pas la défaite, il faut que la mus­cu­la­ture citoyenne s´impose avec la force de la rai­son, avec la force du vote et si besoin est, avec la force de la mobi­li­sa­tion »[“[Vea cómo maría cori­na, “chuo” tor­real­ba y su com­bo ya están can­tan­do fraude”, La Igua­na, 12/05/2015]]. L´exdéputée Maria Cori­na Macha­do fut encore plus claire : « Nous sommes face au pro­ces­sus élec­to­ral le plus frau­du­leux, tru­qué et sale de l´histoire, et il faut le dire, nous ne pou­vons nous taire. Il faut l´affronter, car sinon ce serait une res­pon­sa­bi­li­té his­to­rique. Ils [les cha­vistes NDT] vont com­mettre n´importe quelle fraude si nous le per­met­tons, et pour lut­ter contre ça nous avons besoin de lea­ders, hommes et femmes, dis­po­sés à com­battre par­tout où cela sera néces­saire : dans la rue, dans les mani­fes­ta­tions, dans la mobi­li­sa­tion citoyenne»[[Ibid]].

Le fait que l´opposition ait refu­sé de signer une charte démo­cra­tique du CNE invi­tant tous les par­ti­ci­pants à recon­naître les résul­tats des élec­tions légis­la­tives[¿[Por qué la opo­si­ción vene­zo­la­na no fir­ma el acuer­do del 6D?, Tele­sur, 26/10/2015]] n´a donc rien d´étonnant si plu­sieurs mois à l´avance leurs lea­ders par­laient déjà de fraude et éla­bo­raient leur stra­té­gie putschiste.

C´est donc à une ten­ta­tive de Coup d´Etat colo­ré que devra cer­tai­ne­ment faire face le gou­ver­ne­ment boli­va­rien au soir du 6 décembre 2015. Les récentes décla­ra­tions du Géné­ral John Kel­ly, res­pon­sable du Sou­th­Com[Uni­ted State Sou­thern Com­mand (Sou­th­Com) est le com­man­de­ment éta­su­nien res­pon­sable des actions mili­taires des Etats-Unis en Amé­rique Cen­trale, Amé­rique du Sud et Caraïbe.]], semblent aller en ce sens. Après avoir décla­ré que le Vene­zue­la est englué dans une crise, il n´exclut pas la pos­si­bi­li­té pour les Etats-Unis d´intervenir « si on leur deman­dait ». Il n´a pas jugé bon de pré­ci­ser qui, dans ce cas, serait leur interlocuteur[[“[Declaraciones del jefe del coman­do sur de EE.UU, John Kel­ly”, You­tube, 27/10/2015]], l´opposition ou le gou­ver­ne­ment. Ce der­nier cas de figure est pour­tant peu probable.

Face à ce pano­ra­ma, l´offensive média­tique inter­na­tio­nale, qui construit l´image d´un pays au bord du chaos et de la guerre civile, pré­pare le ter­rain pour cette nou­velle offen­sive de l´opposition. L´objectif est de pré­pa­rer l´opinion publique mon­diale à une défaite du cha­visme et d´installer l´idée de fraude élec­to­rale dans l´hypothèse d´une vic­toire du Psuv et des ses alliés afin de neu­tra­li­ser les mani­fes­ta­tions de soli­da­ri­té contre le coup d´Etat colo­ré en ges­ta­tion[C´est aus­si le point de vue du jour­na­liste Elea­zar Diaz Ran­gel. Voir « [Peli­gros de Golpe », Apor­rea, 01/11/2015]].

Le scé­na­rio violent qui se pré­pare au Vene­zue­la, s´il se réa­lise, aura des consé­quences tra­giques. Il sera le pré­lude néces­saire[En 2004, la recol­lec­tion de signa­tures pour le refe­ren­dum révo­ca­toire fut pré­cé­dé de vio­lences et gua­rim­bas.]] pour reje­ter la res­pon­sa­bi­li­té des vio­lences sur le gou­ver­ne­ment boli­va­rien et réunir les signa­tures néces­saires à la tenue d´un refe­ren­dum révo­ca­toire à par­tir d´avril 2015. Après 3 ans de coup d´Etat conti­nu, l´opposition véné­zué­lienne aura cer­tai­ne­ment la force élec­to­rale pour ten­ter de révo­quer le man­dat du pré­sident Madu­ro. Comme le pré­voit l´article 72 de la Consti­tu­tion de la Répu­blique Boli­va­rienne du Vene­zue­la, tous les man­dats sont révo­cables. Pour ce faire, il suf­fit que 20% du corps élec­to­ral en fasse la demande. C´est à dire 3.900.821 électeurs[[En août 2015, [le Vene­zue­la tota­lise 19.504.106 élec­teurs ins­crits]], bien moins que le nombre d´électeurs qui a voté pour Capriles Radons­ki en 2013. On peut donc légi­ti­me­ment pen­ser que les véné­zué­liens seront appe­lés au cours de l´année 2016 à se pro­non­cer sur la ges­tion du pré­sident Nico­las Madu­ro. L´opposition va-t-elle se plier enfin aux règles démo­cra­tiques éta­blis dans la Consti­tu­tion ? Ren­dez vous le 6 décembre 2015. 

Par Romain Migus

Source de l’ar­ticle : Vene­zue­la en vivo


Notes