Molenbeek, entre le Bronx et la Mecque

Si j’en crois certains je vis dans une quartier prêt à exploser, où le salafisme est présent à tous les coins de rue et où l’application de la Shariah ne devrait plus tarder.

postcardsfromthefuture_molenbeek1.jpg05/06/2012

Molen­beek est deve­nu un sym­bole si fort qu’il échappe à tout contrôle. Tenez, la mort de l’employé de la STIB le mois der­nier, sur le ter­ri­toire de la Ville de Bruxelles, s’est mys­té­rieu­se­ment dépla­cé dans la com­mune voi­sine si l’on en croit les jour­naux et les tweets déchaî­nés. La femme en Niqab qui crée tout se bruit, elle, s’est faite arrê­tée à Jette mais emme­née pour des rai­sons pra­tiques à “Molen”. Avons-nous, ne serait-ce qu’un ins­tant, par­lé de cette autre com­mune dans les médias ? Le bourg­mestre de Jette[[pour info il s’agit d’un cdH, en majo­ri­té avec le MR-VLD, le FDF et Eco­lo. Le PS est dans l’opposition et ceci explique peut-être cela … http://fr.wikipedia.org/wiki/Jette]] (qui est-ce type?) a‑t-il dû s’exprimer sur le pla­teau de Mise au point ? Allons un peu plus loin dans le pas­sé, sou­ve­nez-vous de l’histoire avec la City Parade qui déviait son iti­né­raire pour évi­ter Molen­beek (lettres de menace homo­phobes si mes sou­ve­nirs sont bons) alors qu’il n’avait JAMAIS été ques­tion de ça.

Sur inter­net ça part dans tous les sens, je n’en reviens pas. Si j’en crois cer­tains je vis dans une quar­tier prêt à explo­ser, où le sala­fisme est pré­sent à tous les coins de rue et où l’application de la Sha­riah ne devrait plus tar­der. Chez d’autres, je lis que je vis dans une com­mune pai­sible mais que les méchants jour­na­listes (sur­tout Fla­mands) racontent n’importe quoi des­sus … Le paral­lé­lisme avec New-York et les Etats-Unis est par­tout, et c’est bien la pre­mière fois que je vois les Bruxel­lois si ambi­tieux … Tolé­rance zéro (ça marche si bien chez Rudolph), “c’est comme dans le Bronx”, “c’est Chicago”,etc…

Ma vision des choses ? Molen­beek n’est pas une com­mune pai­sible, et tout le monde n’y vit pas bien. Les par­tis d’extrême-droite font 10%, le chô­mage des jeunes paraît presque irréel, les inci­vi­li­tés, la cri­mi­na­li­té, les ras­sem­ble­ments de l’autre jour qui rap­pellent les dif­fi­cul­tés sociales et com­mu­nau­taires… Mais pour­quoi tom­ber dans l’exagération ? Pour­quoi ne pas regar­der les faits tels qu’ils sont ? Avez-vous déjà comp­té le nombre de femmes en niqab dans la com­mune (qui les a inter­dit bien avant la loi fédé­rale) ? Il n’y a pas plus de sala­fistes ici qu’ailleurs, c’est à dire peu, et le pro­blème n’a rien de reli­gieux. Il est, et a tou­jours été et … sera encore long­temps social. Ce n’est pas en visant l’immigration que l’on trou­ve­ra une solu­tion à la misère qui règne ici (d’ailleurs on parle sou­vent de Belges, né en Bel­gique, on parle de 2, 3 voir 4 géné­ra­tions de Belges). Miser sur l’éducation et l’emploi est la seule manière de s’en sortir.

Je pense que les élu­cu­bra­tions de ces der­niers temps sur l’échec de l’intégration cultu­relle et poli­tique et sur le grou­pe­ment ultra-mino­ri­taire qu’est Shariah4Belgium (aucun rap­port avec Belgium4ever bien sûr, je vous assure même que j’ai eu l’idée bien avant eux) ne sont que d’inutiles, dan­ge­reuses et pathé­tiques manières de détour­ner l’attention du public des véri­tables échecs aux­quels il fau­drait s’attaquer : l’intégration sociale et éco­no­mique, l’éducation, la for­ma­tion, les langues et même l’urbanisme.

David Cha

Source de l’ar­ticle : belgium4ever