Répression dans les centres fermés

Des détenu.e.s  en contact avec Get­ting The Voice Out réclament leur liber­té, leurs droits, une ali­men­ta­tion conve­nable et l’accès à des soins médi­caux. Ils et elles pro­testent contre ces enfer­me­ments, contre les expulsions.

Iels sont détenu.e.s dans une pré­ca­ri­té totale, vivent toute la jour­née en groupe d’une ving­taine de per­sonnes de dif­fé­rents continents/pays ensemble. La nuit, iels sont enfermé.e.s dans des chambres à 2 ou 4 lits (sauf pour Bruges avec leur vieux dor­toirs à 20 lits). La direc­tion sélec­tionne qui peut être avec qui et fait tout pour empê­cher les échanges en pla­çant dans les chambres des per­sonnes ne par­lant pas les mêmes langues. Mal­gré cela, la soli­da­ri­té s’installe.

Les pro­tes­ta­tions sont par­fois col­lec­tives, par­fois indi­vi­duelles. La direc­tion uti­lise tous les moyens ima­gi­nables pour les faire taire.

A Merks­plas, on entend beau­coup par­ler de mises au cachot sys­té­ma­tiques dès qu’un.e détenu.e lève la voix. Ce 23 août 2022, la sécu­ri­té est venue prendre de force un homme pour l’expulser. Plu­sieurs déte­nus pro­testent et essaient d’empêcher ce kid­nap­ping. La rage monte et des objets volent ; la direc­tion appelle la police. Les robo­cops  débarquent en force pour répri­mer cette rébel­lion. Suite à cela, 5 déte­nus sont mis au cachot ain­si que l’homme qu’il était pré­vu d’expulser. Ce der­nier sera fina­le­ment emme­né à l’aéroport le len­de­main, à 7 heures du matin, par la police.

A Vot­tem, le CRACPE (Col­lec­tif de Résis­tance Aux Centres pour Etran­gers) nous informe :
On a eu deux gré­vistes de la faim très déter­mi­nés, grève de la faim totale, et pour le deuxième grève de la soif enta­mée. A une semaine d’intervalle même scé­na­rio : nous avons  fait appel à un méde­cin exté­rieur car les per­sonnes allaient très mal. Les deux fois ils les ont ame­nés et libé­rés aux urgences à l’hôpital de la Cita­delle, juste avant la visite du méde­cin exté­rieur ! Le pre­mier est par­ti de suite, le deuxième a dû vrai­ment être pris en charge (grève de la soif).

Au centre fer­mé de Hols­beek, une ving­taine de femmes sont actuel­le­ment déte­nues et en souf­france. Elles ont sou­vent des par­cours très lourds : cer­taines fuient un mariage for­cé, d’autres ont été vic­times de vio­lences conju­gales, d’autres encore ont été vic­times de traite d’êtres humains. Cer­taines femmes sont déte­nues après une demande de co-habi­ta­tion ou de mariage, consi­dé­ré par l’Office comme un mariage blanc dans le but d’avoir des papiers.Nous  appre­nons aus­si régu­liè­re­ment que des femmes fuyant leur pays pour échap­per aux vio­lences liées à leurs homo­sexua­li­té sont enfer­mées sus­pec­tées par le CGRA et l’office de men­tir et deman­dant des preuves de leur homosexualité.

Dans le centre, les vio­lences sont nom­breuses, racistes, ins­ti­tu­tion­nelles et médi­cales. Nous rece­vons actuel­le­ment des témoi­gnages concer­nant les soins médi­caux défaillants et des vio­lences de la part du per­son­nel du centre. La déshu­ma­ni­sa­tion raciste est cou­rante, notam­ment lorsque des travailleurs.euses s’adressent à une femme en lui disant : “Toi, la Noire !”.

Paroles d’une visi­teuse qui demande qu’on publie son témoi­gnage 25/08/2022 :

Au centre fer­mé  elle a subi des vio­lences de la part de l’infirmière qui l’a étouf­fée et traî­née, tirée par les che­veux alors qu’elle savait qu’on lui avait décou­vert un can­cer. Cette his­toire me torture.Je me bats pour les droits pour tous et j’entends tous les jours les hor­reurs qu’on fait à ces pauvres gens qui sont arri­vés  au hasard de leur des­tin ici. Et dans ces centres fer­més. Com­ment peut-on enga­ger des gar­diens pour vio­len­ter et ter­ro­ri­ser des per­sonnes qui ne connaissent rien à leurs droits  ? Com­ment les assis­tants sociaux peuvent-ils trai­ter ces gens de la sorte en les empê­chants d’avoir des visites, en don­nant de faux numérosd’avocat et en fai­sant du chan­tage lorsque les déte­nus refusent de signer les docu­ments sans savoir de quoi il s’agit ?

La soli­da­ri­té entre toutes ces femmes semble des plus fermes. C’est ce qui les fait tenir dans cet enfer, nous disent-elles.

Nous appre­nons aus­si une nou­velle règle dans ce centre : en géné­ral les déte­nues choi­sissent leur avocat.e. Si elles n’ont pas les moyens, le centre leur pro­pose un.e avocat.e pro­deo qu’elles peuvent refu­ser (ou chan­ger d’avocat.e par la suite). On apprend que le centre de Hols­beek refu­se­rait depuis peu qu’une déte­nue choi­sisse son ou sa propre avocat.e !

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Appel encore et tou­jours d’actualité :    APPEL/OPROEP : Nous avons besoin de monde pour gar­der ces contacts et dénon­cer ces enfer­me­ments répres­sifs et inutiles. Nous appe­lons à nous rejoindre pour dif­fu­ser ces situa­tions, relayer la parole des détenu.e.s dans les centres, et sou­te­nir leurs luttes.
Contact : gettingthevoiceout@riseup.net 

NON aux centres fer­més. STOP aux expulsions.