Allocutions des représentants du secteur culturel prononcées lors de la manifestation du 5 décembre 2012 face au cabinet de la Ministre de la Culture Fadila Laanan
À l’exception du journaliste Guy Duplat, de la Libre Belgique, force est de constater l’omerta médiatique sur la poursuite de la mobilisation qui soulève actuellement le secteur culturel en Belgique. Alors que la presse dominante semble ne relayer que les communiqués ministériels, parle de victoire du secteur et pointe l’inutilité de la poursuite de la mobilisation, Zin Tv publie ici l’entièreté des allocutions prononcées ce mercredi 5 décembre 2012, devant les bâtiments du cabinet de la Ministre de la Culture Fadila Laanan. Cette manifestation a rassemblé sous la pluie 1500 personnes. Les différents intervenants ont exprimé leurs craintes quant à l’avenir du secteur culturel, mais ont également repositionné ces coupes budgétaires dans le contexte européen, inscrivant ainsi leur lutte spécifique dans un refus global des politiques d’austérité en cours actuellement dans toute l’Europe.
Chers Amis,
Voilà trois semaines que nous tentons de nous faire entendre.
Voilà trois semaines que nous essayons de faire percevoir la nocivité des mesures budgétaires imaginées par le ministère de la culture.
Hier soir, après 20 jours de mobilisation exemplaire et acharnée, une première réponse nous a enfin été donnée.Les coupes désormais décidées ne toucheront pas à l’emploi artistique. Nous nous en réjouissons.
Nous savons que nous devons cette décision à votre réactivité, à votre mobilisation, à l’union sans faille dont nous avons fait preuve tous ensemble. Nous pouvons en être fiers.
Néanmoins, rien n’est acquis aujourd’hui.
Après une mobilisation exceptionnelle, nous ne récoltons que quelques mesurettes d’urgence, qui, si elles ont le mérite de nous sortir provisoirement d’une situation inacceptable, ne pérennisent rien et ne nous garantissent aucun avenir.L’épée de Damoclès plane plus que jamais au-dessus de nos têtes ; l’épée est lourde et le fil fragile. Le retour aux montants non ajustés et l’indexation des enveloppes ne sont pas encore à l’ordre du jour. Les aides à la création dont dépendent directement nos emplois et l’équilibre de tout le secteur restent officiellement des dépenses facultatives, donc des variables d’ajustement à la merci des circonstances économiques et financières.
Avec une détermination sans faille, portés par la formidable énergie qui s’est mise en marche, nous redisons donc que nous ne voulons plus nous sentir méprisés. C’est aujourd’hui qu’il faut réaffirmer sans ambiguïté ce que nous sommes et la place que nous souhaitons occuper dans notre société.
Nous ne sommes pas des égoïstes oisifs réclamant de quelconques privilèges dans ces temps officiellement difficiles. Nous sommes des travailleurs au travail qui chaque jour voyons se creuser le fossé entre notre application à la tâche et la reconnaissance sociale dont nous bénéficions.
Nous ne sommes pas des doux rêveurs déconnectés des réalités terrestres. _ Nous sommes des travailleurs au cœur de la société qui chaque soir produisons de la richesse pour nos concitoyens : richesse économique, richesse intellectuelle, richesse émotionnelle, richesse sociale.
Nous ne sommes pas des râleurs aigris en quête de révolte facile. Nous sommes des travailleurs qui plaçons nos compétences résolument du côté de l’énergie, du partage des savoirs, des émotions, de l’imagination, de la rencontre de l’altérité, de la différence, de l’intelligence et de la sensibilité.
Nous sommes une force de travail.
Nous sommes une source de rayonnement pour notre Fédération.
Nous faisons pleinement partie de cette Fédération, formés dans ses écoles, engagés par ses théâtres, ses centres culturels, ses salles de concerts, ses salles des fêtes, s’adressant soir après soir à nos concitoyens ou en devenant les portes-voix à l’étranger. Nous voulons travailler légalement, dans des conditions décentes et en pleine lumière.Nous refusons que les pouvoirs publics tentent à nouveau de diviser notre secteur.
Comment de telles mesures ont-elles pu être envisagées ? Pourquoi a‑t-il fallu trois semaines de mobilisation de la base pour que leur absurdité et leur cynisme apparaissent ?
Nous exigeons à l’avenir être mieux reconnus, mieux financés, mieux représentés.
Aujourd’hui, il y a ici des artistes, des techniciens, des travailleurs de petites et de grandes structures, des étudiants, des spectateurs, des Wallons, des Bruxellois, des Flamands ; leurs sensibilités artistiques, comme leur rapport à l’institution sont divers et multiples ; tous partagent la conviction qu’une société qui ne soutient pas la création est une société qui se trompe gravement.
Cette magnifique mobilisation n’est qu’une première étape. La réflexion exigeante sur l’organisation de notre secteur, amorcée grâce à la mobilisation, doit avoir lieu. Elle passe, entre autres enjeux, par une redéfinition de la place de la création indépendante à l’intérieur de l’institution. À terme, elle passera aussi, nécessairement, par un refinancement de la culture.
Nous, travailleurs de la culture, citoyens et électeurs, en totale solidarité avec tous les travailleurs et tous les citoyens dont l’intégrité sociale est aujourd’hui injustement méprisée par les politiques mises en place, affichons plus que jamais notre refus massif, total et radical des mesures d’austérité.
Michael Delaunoy
Aujourd’hui, le pire a été évité.
Et nous pouvons être fiers. Nous pouvons être fiers de Conseildead, qui a réussi à mobiliser avec intelligence, avec sang froid toute la profession.
Nous pouvons être fiers de cette profession, de cet élan de solidarité.
Nous pouvons être fiers d’être ici, aujourd’hui, debout.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : les nouvelles mesures budgétaires du ministère de la culture, si elles permettent d’éviter la catastrophe sociale et artistique qu’aurait entraîné une diminution des aides aux projets, ces mesures ne sont pas structurelles. Le budget de la culture a bel et bien été diminué. Le ministère de la culture a revu sa copie, le Gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles, non ! Les mesures budgétaires de la ministre Laanan sont des aménagements de fortune à l’intérieur d’une enveloppe amputée.
Pourquoi cette amputation ?
Parce que notre secteur, dit-on , doit participer aux efforts de crise. Afin que la Fédération Wallonie-Bruxelles revienne à l’équilibre en 2015.
A‑t-on oublié que les enveloppes dévolues à la création étaient déjà en diminution constante ? Pas d’indexation de l’aide aux projets depuis 2000. Pas d’indexation des contrats-programmes et des conventions en 2009, 2010, 2012 et, nous le savons maintenant, en 2013.
Ce qui touche directement les parts des aides récurrentes dévolues à la création. Et donc de plein fouet, les travailleurs les plus précarisés.
Pourquoi une profession qui, dans sa très large majorité, travaille sous contrats à durée déterminée, pourquoi une profession déjà malmenée par ces absences d’indexation des subventions, pourquoi une profession qui subit de façon honteuse les tracasseries et les vexations de l’ONEM, pourquoi cette profession devrait-elle encore faire des efforts ?
Et que représentent ces efforts en terme d’économies pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, alors que les budgets de la culture ne représentent qu’une part infime du budget global de la Fédération ?
Il s’agit donc d’une question de principe. D’une question de morale, en quelque sorte. Même si cela ne rapportera que des cacahouètes, il est nécessaire que vous, travailleurs des arts de la scène, soyez solidaires avec les autres secteurs, avec les autres travailleurs eux aussi touchés.
Les travailleurs des arts de la scène ne sont pas plus égoïstes que les autres. Et si des efforts équitablement répartis doivent être faits dans un objectif de solidarité, nous pouvons l’entendre. Mais est-ce vraiment cela qui est en jeu aujourd’hui ?
L’austérité qui ravage l’Europe est bien autre chose qu’un problème de solidarité qui permettrait de revenir à une saine gestion. Les gouvernements ont laissé la finance et la spéculation prendre les rênes du pouvoir. Alors même qu’on demande aux citoyens de faire des efforts, on trouve en un claquement de doigts plusieurs milliards d’euros pour renflouer Dexia. Comment faire admettre cela aux citoyens ?
« Si ce n’était pas fait, ce serait encore pire », entend-on.
Est-ce là ce qu’on appelle la puissance publique ?
Le combat que nous menons aujourd’hui est sectoriel. Mais pas seulement.
Oui, nous devons lutter pour que les budgets de l’aide à la création ne soient désormais plus facultatifs. (La ministre a déclaré le vouloir aussi. Nous serons à ses côtés dans ce combat-là.)
Oui, nous devons lutter pour un renforcement des moyens dévolus aux compagnies, à travers l’aide aux projets et les conventions. Afin que ces compagnies pèsent davantage face aux institutions.
Oui, nous devons mettre fin à toutes les chasses aux sorcières qui cherchent à donner des travailleurs du spectacle l’image de profiteurs des allocations sociales.
Mais nous devons aussi inscrire notre combat dans un combat plus vaste. Nous devons être aux côtés de tous ceux qui sont touchés par l’austérité. Nous devons exiger de nos responsables politiques qu’ils renouent véritablement et non seulement en vœux pieux, avec la justice sociale. S’ils ne le font pas, les populistes s’occuperont de nous, faites-moi confiance.
Et dans nos démarches artistiques, nous devons, chacun à notre niveau, dans le contraste bigarré de nos esthétiques, lutter contre le flux, contre le bruit médiatique dominant, contre ce tissu de représentations mensongères qui nous endort et tue en nous ce que nous avons de plus beau. La capacité à nous mettre debout, comme nous le faisons aujourd’hui.
Nous devons donner à entendre d’autres paroles, donner à voir d’autres gestes, travailler les formes pour qu’adviennent d’autres significations.
C’est notre rôle, notre mission. Dans le domaine artistique, les subventions publiques servent en premier lieu à démocratiser l’accès à la culture. Nous ne devons jamais l’oublier. Mais ces subventions servent aussi à permettre l’éclosion et la pérennité de démarches artistiques singulières qui échappent, pour une part au moins, aux sacro-saintes lois du marché.
Dans cette perspective, la culture n’est pas moins essentielle que l’éducation.
Notre tâche, comme le disait Heiner Müller, est de travailler à la différence.
Olga de Soto
Ce mouvement est né de notre mécontentement face aux coupures budgétaires qui avaient été annoncées et qui avaient été envisagées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans le secteur de la culture, et notamment dans les enveloppes allouées aux aides au projet dans l’ensemble des secteurs des arts de la scène, coupures qui allaient toucher principalement les plus jeunes et les plus faibles d’entre nous. Cependant, même si nos craintes se voient très provisoirement soulagées, suite à l’annonce faite hier par la Ministre, il nous semble important de saisir l’occasion pour demander qu’un vrai débat de fond soit mené afin qu’une réelle Politique d’Emploi soit mise en place dans le secteur culturel, et afin que le travail artistique soit reconnu à sa juste valeur, pour que les politiques de précarisation auxquelles nous sommes confrontés depuis des trop nombreuses années cessent.
En 2001, l’UNESCO a adopté la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle. Il est affirmé que “les ressources culturelles d’une communauté peuvent être transformées en richesse économique car elles génèrent emplois et salaires”. Et que “les seules forces du marché ne peuvent garantir la préservation et la promotion de la diversité culturelle, gage d’un développement humain durable”. Nous demandons que le rôle que nous jouons dans la société en tant que créateurs d’emplois et de salaires, soit enfin reconnu.
Cependant, dans le contexte actuel de crise économique dans lequel l’Europe se trouve plongée, il nous semble impossible de ne pas regarder les coupures budgétaires qui avaient été envisagées, sous le prisme des politiques qui sont actuellement développées en Europe, et par lesquelles nous assistons à une démission en cascade des politiques des états, qui semblent prêts à sacrifier l’Europe sociale, acceptant aujourd’hui de se soumettre aux lois des marchés.
Nous tenons à dire notre indignation face à l’ensemble de coupures qui sont actuellement décidées et mises en place par les gouvernements européens, lesquelles, de près ou de loin, sont en train de précariser les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture et de la recherche, secteurs tous indispensables au bon fonctionnement et à l’avenir de nos sociétés.
Nous assistons aujourd’hui à des prises de décisions politiques qui ne semblent motivées que par l’économie et les finances. Nous tenons à dénoncer des politiques qui semblent oublier que la fonction de la culture est le développement des personnes, leur évolution en tant qu’individus et en tant que groupe, que la culture sert à donner sens à l’existence humaine. Nous refusons des politiques qui transforment les êtres humains en seules marchandises et en unités de production. Nous refusons une conception de la société qui comprendrait la culture seulement comme produit de divertissement, où les êtres et leurs individualités spécifiques dérangeraient.
Nous pensons que dans ce monde de plus en plus déshumanisé l’économie doit être au service de la société dans son ensemble et non pas le contraire.
Nous tenons à dénoncer des politiques économiques qui tentent de transformer tout en marchandise, et nous tenons à rappeler que — citant encore la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle — “les activités, biens et services culturels ont une double nature, économique et culturelle, parce qu’ils sont porteurs d’identités, de valeurs et de sens et ils ne doivent donc pas être traités comme ayant exclusivement une valeur commerciale”.
Nous refusons des politiques selon lesquelles le développement ne serait synonyme que de croissance économique et tenons à demander qu’un vrai travail de réflexion soit fait, afin que la culture soit ancrée dans toutes les politiques de développement, qu’elles concernent l’éducation, les sciences, la communication, la santé, l’environnement.
Pour finir, en tant que citoyens et citoyennes travaillant dans le secteur de la culture, dans le contexte actuel il devient urgent de demander à notre gouvernement, de demander aux gouvernements européens et de nous demander aujourd’hui, quel avenir voulons-nous, quelle Europe voulons-nous, quel monde voulons nous aujourd’hui pour demain.
Claude Semal : Nounours au cabinet
(accessoire : un nounours)
Les amis, bonne nouvelle. L’austérité, ça ne marche pas !
Pour nous, gens de spectacle, la Grèce symbolisait le berceau du théâtre, le vieux masque siamois de la tragédie et de la comédie. La Grèce est aujourd’hui devenue le laboratoire de l’austérité, un enfer à ciel ouvert, où les salaires ont baissé de 40%, où le chômage a explosé de 8 à 26%. Eh ! bien, après dix plans d’austérité, la dette de la Grèce a été multipliée par trois et demi ! L’austérité, CA NE MAR-CHE PAS ! La fameuse règle d’or, c’est l’or pour les banques, et la règle, je vous laisse imaginer où les peuples peuvent se la mettre.
Dans cette bataille contre l’austérité, chacun se bat, d’abord, dans son secteur, là où « le fer le blesse ». C’est vrai pour les artistes comme pour les métallos. Nous tenons la barricade dans notre rue. Cela ne nous empêche pas de nous préoccuper de ce qui ce passe dans la rue d’à côté, en Belgique comme dans le monde. C’est ainsi, qu’une conscience collective se construit et s’organise.
Cette coupe dans les budgets culturels intervient pour nous à un moment très particulier, où le pays lui-même est sur des sables mouvants. Si une majorité indépendantiste s’exprimait en Flandre aux élections de 2014, cela signifierait la fin de la Belgique. Et à ce moment-là, quand il nous faudra réinventer dans l’urgence un espace symbolique commun, croyez-moi, ils auront besoin des artistes, et en première ligne ! Nous ne vivrons éternellement dans une petite province colonisée, un marché passif qui importe 95% de ses livres, de ses disques et de ses films. Nous devons être capables d’entendre et de valoriser les mille voix métissées qui montent de ce pays zinneke, parce que ces voix sont les nôtres, et que demain, pour vivre ensemble, nous aurons besoin de culture comme de pain.
On me dira, oui, bon, peut-être, d’accord, mais.… il faut faire des économies.
D’accord. Ca fait combien, l’amputation du budget culture ? 580 000 euros ? Vous avez vu passer comme moi ces chiffres ahurissants. Vermeiren, député OPEN VLD : 660 000 euros de primes de départ du Parlement. José Happart, en 2009 : 520 000 euros de prime de départ. Et ce sont les mêmes personnes qui nous parlent d’austérité, et qui, en une nuit, abracadabra, trouvent 3 milliards pour financer Dexia ! Si la culture était un seul député libéral flamand, elle serait déjà refinancée. Si la culture était un seul député socialiste wallon, elle serait refinancée.
Et si la culture était une banque, elle serait déjà financée PENDANT 6000 ANS ! 6000 ans !
Mais la culture… est la culture, et certains n’ont visiblement pas encore très bien compris à quoi ça pouvait servir. A ce sujet, je constate qu’un des budgets supprimés pour refinancer la CAPT est la journée « portes ouvertes » du 27 septembre. Il semble avoir échapper à nos éminences que le 27 septembre n’était pas seulement une queue de budget facultative, mais le jour de la Fête de la Communauté Wallonie Bruxelles. Eh ! bien, puisque les politiques nous abandonnent ce jour-là, faisons-en une journée nationale d’action de tout le secteur culturel ! Non, la culture n’est pas un budget « facultatif » !
Pour conclure, et pour nous éclairer, je vais interviewer un jeune intermittent du spectacle que j’ai trouvé ce matin devant la porte du Ministère.
— Bonjour, Nounours…
— — Bonjour… Où est la caméra ?
— On ne t’a pas beaucoup vu, depuis ton tournage avec Fadila
— M’en fous ! Avec un seul contrat, j’ai mon chômage.
— Ah ! non, Nounours, maintenant il en faut trois.
— Comment ?!
— Et pas des RPI à la SMART, ou tu perds tes droits
— Mais c’est dégueulasse !
— C’est l’austérité, Nounours. Tu devrais en parler à tes copains du cabinet — Aux chiottes, le cabinet !
— Ne dis pas ça, Nounours… Ils vont croire que c’est moi !
—Fadila à Koh Lanta…
— Putain, Nounours, mes subsides…
— Nounours, avec nous, Fadila à Koh Lanta
— Tais-toi, la musique est encore en négociation.
— Allez, tous ensemble, NOUNOURS AVEC NOUS, FADILA A KOH LANTA ! NOUNOURS AVEC NOUS, FADILA A KOH LANTA !
(Il sort en bâillonnant Nounours)
Agnès Limbos
Chers amis, Cher Saint Nicolas, Cher père Noël,
Je voudrai d’abord remercier toute l’équipe de Conseildead pour avoir su nous fédérer, nous rassembler et maintenir les débats dans le haut de gamme.
La tentation est forte de réduire cette lutte à nos propres intérêts, identitaires ou minoritaires.
Ne pensons pas petit : Restons dans le haut de gamme, nobles et fiers ! belges quoi !
La place et les moyens que notre gouvernement donne au secteur non marchand est indécente, humiliante et déprimante : » le secteur non marchand tel que définit par l’arrêté royale du 14.2.2008 : il rassemble des organisations surtout actives dans les branches de l’éducation, de l’action sociale,de la santé, de la culture et des loisirs. Elles poursuivent une finalité non lucrative, c’est à dire une finalité de service à leurs membres ou à la collectivité plutôt que la rémunération d’un capital investi. Elles recourent, au moins partiellement à d’autres types de ressources que celles de la vente (subventions publiques, dons, cotisations, bénévolat … ) pour couvrir leur coût de production. »
Dans une société que nous rêvions égalitaire et humaniste, revendiquons encore et toujours et à travers tout une place juste ‚n’ayons pas honte de ce que nous sommes et de ce que nous revendiquons.
Certes nous ne partageons pas les mêmes valeurs avec la politique actuelle : “tu comprends bien Agnès si je te donne à toi,il faut bien que j’en enlève aux autres” !!!! “avec ou sans notre aide, tu vas continuer “…. Continuer quoi ? à bricoler, à bidouiller, à s’amuser, à aimer passionnément mon travail.
Coupons quoi ? coupons qui ?
Je pense que nous savons tous ce que nous voulons couper et à qui !!!
Mais putain bouge toi le cul, là haut, pour prendre là où il y en a du pognon : dans ces grandes opérations de visibilités qui servent non pas à conforter, à réconforter ceux qui travaillent depuis des années dans l’ombre des grands édifices mais à montrer une image positive de ce que vous croyez être la culture et cachent notre réalité.
Les efforts qu’on nous demande n’ont aucun sens et ne sont pas légitimes. Parlons en de courage ! C’est pas ça qui nous manque.
Et je ne parle pas des banques,ces sérial killer qui nous tuent sournoisement et à petit feu à l’abri de la justice.
Chers amis le moyen age est de retour, nous nous sommes trompés d’époque ! Nous marchons à reculons : les maîtres et leurs cerfs, les châteaux et les douves !
Je voudrai ajouter quelques mots, ici, en tant que administratrice de la CTEJ (chambre des théâtres pour l’enfance et la jeunesse) association qui regroupe 77 compagnies.
Oui je reconnais que nous, qui travaillons pour le jeune public, nous vivons dans de toutes petites maison, nous avons de tout petits enfants qui font de toutes petites études, nous mangeons de toutes petites tartines, nous avons de toutes petites culottes et nous faisons alors de tout petit caca, discrètement pour ne déranger personne !
Pourquoi est ce que les aides à la création des théâtres jeune public serait elle moindre que celle pour les adultes ?
La sueur qui coule de mon front quand je crée, que je doute, que je m’obsessionne, serait elle plus petite que celle d’un artiste, d’un acteur,d’un metteur en scène qui œuvre pour les adultes, plus lente si je travaille pour les vieux, plus rythmée si je danse, plus chantante si je prépare un concert ?
Mais nous, tous, payons de gros impôts !
ça suffit !
à travail égal, subvention égale !
Nous ne serons satisfaits que quand l’art aura repris une place juste dans ce pays et ne sera pas l’exclusivité de quelques uns ou ne dépendra pas du bon vouloir des princes.
Nous voulons plussssssss que de l’argent de poche pour aller jouer !
Continuons à cracher notre râle avant de pousser notre dernier soupir.
Belgian got talents : look !
Guillaume Istace
Madame la Ministre ,
je me pose une série de questions sur la politique culturelle de votre ministère.
En ce qui concerne les aides à la création, il s’agit d’un budget essentiel. Ce sont des subsides accordés à des compagnies par des conseils qui ont pour critère principal la qualité artistique du projet.
Dans le cas du CAPT, ces subsides permettent donc de dépasser la frilosité de certains théâtres qui doivent, légitimement d’ailleurs, s’assurer que leur salle soit remplie. Ce budget est donc celui qui permet aux artiste novateurs d’émerger. On pourrait comparer son domaine à celui de la recherche fondamentale. Ce sont ceux qui feront le théâtre de demain.
Et pourtant, les budget d’aide à la création sont des budgets ridicules. Dans le cas du CAPT, il représente un 33ème du budget global des arts de la scène. C’est-à-dire la moitié de celui du théâtre de la place, c’est à dire quasi un quart de celui du Manège, c’est à dire moins d’un un cinquième de celui du National.
Alors je vous pose la question : Madame la ministre, Pourquoi votre ministère ne désire-t-il pas voir des artistes novateurs émerger ?
En ce qui concerne les conventions et les contrats-programme, dans le secteur du théâtre pour adulte, Un dixième seulement du budget des arts de la scène va directement aux compagnies, tandis que la plus grosse partie de ce budget va dans les théâtres qui ont des murs.Et seule une petite vingtaine de compagnies reçoivent un subside récurrent
Comment les compagnie peuvent-elle être à même de développer leur démarche artistique et de vendre leur spectacle si elle ne reçoivent pas ou peu de subsides récurrents ?
Alors je vous pose la question : Madame la ministre, pourquoi votre ministère ne souhaite-il pas voir les compagnies se développer et diffuser leur spectacle ?
En ce qui concerne le soutien de votre gouvernement aux artistes. Quand une compagnie fait un spectacle acclamé par tous, qu’elle fait une tournée triomphale, quand cette compagnie revient, pourquoi ne reçoit-elle que peu, voire aucun, subside supplémentaire pour faire grandir sa démarche ? Pourquoi ces compagnies se retrouvent-elles toujours en butte aux mêmes difficultés qu’à leur début ?
Et que dire de la musique ? Là où la Flandre impose un quotas de 25% d’artistes flamands sur les ondes radio, là où la France impose un quota de 40% d’artistes français, votre gouvernement impose un quota de 4% d’artistes issus de la fédération Wallonie Bruxelles.
Alors je vous pose la question, Madame la Ministre, Pourquoi votre ministère ne soutient-il pas plus ses artistes ?
En ce qui concerne le poste de ministre de la culture, depuis que je suis dans le métier, seul un ministre a demandé à avoir ce poste, c’était Richard Miller en 2000.
Alors je vous pose la question, Madame la ministre, Pourquoi nos ministre de la culture ne conçoivent-ils cette responsabilité que comme un fardeau ?
En ce qui concerne la politique culturelle à l’oeuvre à Mons, Est-il normal que dans cette ville qui compte 7 lieux dédiés à la danse, au théâtre et à la musique, tous soient sous la responsabilité d’un seul directeur, en l’occurrence Yves Vasseur ? Et que ce même directeur soit aussi commissaire de l’événement Mons 2015 (qui représente à lui seul le double du budget des arts de la scène) ?.
Alors je vous pose la question, Madame la ministre, pourquoi quand votre parti prend des initiatives pour subventionner la culture, il ne laisse place à aucune diversité ?
Et pourquoi ne conçoit-il la plupart du temps l’art que comme un outil pour le développement économique d’une région ou pour la mise en valeur de la législature d’un bourgmestre ?
Pour terminer, Je voudrais dire ceci :
En ces temps de crise, on est de plus en plus amené à justifier le subventionnement de la culture par l’emploi que ça crée par le développement économique que ça apporte ou le développement touristique que ça peut développer dans une région.
Ce ne sont pas là des facteurs négligeables .
Mais pourquoi toujours penser que l’art doit servir à quelque chose ?
Est-ce que l’oeuvre de Mozart sert à quelque chose ?
Est-ce que l’oeuvre de Tchekov sert à quelque chose ?
Est-ce que l’oeuvre de Pina Bausch sert à quelque chose ?
Non, ces oeuvres sont belles !
Simplement belles !
Et, comme le dit Gregory Motton, « si une chose est belle, c’est parce qu’elle rend le futur possible.
Itsik Elbaz
C’est en tant que professeur d’art dramatique que je prends la parole devant vous aujourd’hui. Je donnais cours le jour où j’ai appris les coupes budgétaires visant le CAPT. Je donnais cours quelques jours plus tard quand j’ai lu le tweet « COMBAT DE PAUVRES ». Immédiatement , un malaise terrible face aux étudiants. A quoi ça sert tout ça , à quoi ça sert de les accompagner là dedans ?
Être Artiste ce n’est pas une pose , c’est un choix de vie et un artisanat. C’est un métier , un métier qui s’apprend , un métier qui se transmet et s’enseigne. C’est une profession.
Par la décision politique prise il y a 3 semaines, il nous a été décrété publiquement l’inutilité de la création. En tant que citoyen et artiste , je trouve cela extrêmement inquiétant et révélateur.
Hier soir , nous avons appris que le budget du CAPT ne baisserait pas de 45% mais « seulement » de 13%. En tant qu’enseignant et travailleur dans le secteur artistique , je ne peux pas me réjouir et considère toute baisse dans le budget de la Culture comme inacceptable.
Si j’en crois la brutalité de l’attaque menée contre la création via la politique culturelle qui nous est proposée, je me demande si le ministère de la culture comprend ce qu’il met en place. Cela révèle d’abord que le secteur n’est pas considéré par ses dirigeants comme un secteur florissant et profitable pour notre société. Combien de jeunes formés dans les écoles d’enseignement artistique n’auront même pas la possibilité d’essayer de pratiquer le métier qu’ils ont étudié pendant des années ? Du moins de le pratiquer dans des conditions professionnelles. Avec 13% de coupe budgétaire dans le CAPT , et tant d’artistes d’expérience et de qualité qui en dépendent encore, combien de jeunes artistes passés par nos écoles n’auront même plus la possibilité d’accéder aux outils de création ? Combien d’oeuvres qui pourraient nous bouleverser , nous faire rire , nous faire réfléchir n’existeront même pas ? Le ministère compte t‑il sur les institutions pour accueillir ces jeunes ? Si oui , il se trompe lourdement. Très lourdement.
Ces jeunes artistes , AUCUN D’ENTRE EUX NE REVE D’ALLER AU CHOMAGE. Les artistes en devenir ne sont pas des futurs chômeurs , ce sont de futurs travailleurs et aucune décision risquant de les précariser et par extension de fragiliser l’avenir culturel de ce pays ne peut être prise.
Comprenez vous qu’avec cette politique vous leur signifiez qu’ils ne sont pas les bienvenus ?
Comprenez vous que VOUS leur indiquez le chemin du bénévolat et de la file du chômage ?
Comprenez vous qu’en votre âme et conscience , le message que vous leur faites parvenir est que le secteur dans lequel ils vont s’inscrire en tant que travailleurs n’est pas profitable et essentiel à la société ?
Quelle est la société qui place consciemment ses futurs artistes en marge d’elle même ?
J’invite toute personnalité politique qui le souhaite à venir une journée dans n’importe quelle école de notre communauté pour voir de ses propres yeux si ce sont des chômeurs que nous formons. Vous serez surpris par l’engagement de tous , élèves et professeurs. Vous serez surpris par combien ces jeunes rêvent de trouver leur place dans la société , dans le monde du travail , dans le monde tout simplement et combien ils souhaitent s’inscrire dans la cité.
N’êtes vous pas fiers d’eux ? Pas même un peu ?
La politique culturelle actuelle rend absurde et incohérent pour le professeur que je suis l’enseignement artistique et la transmission , elle risque de rendre la professionalisation du secteur caduque. Vous faites de l’enseignement une imposture.
Aujourd’hui ces jeunes sont inquiets et en danger à cause des choix maladroits du gouvernement. Ils ont beaucoup de questions à poser, quelles réponses le gouvernement va-t-il leur offrir ?
En tant qu’enseignant, je ne vois aucune raison pour que ces jeunes héritent des conséquences dramatiques de ces mauvaises décisions, aucune raison qu’ils payent beaucoup trop cher leur choix de vie, qucune raison de leur signifier par ces choix politiques qu’ils ont eu tort de s’engager dans cette voie. Je suis heureux qu’ils soient présents qujourd’hui et soient témoins de l’unité de notre secteur. C’est aussi pour eux que la mobilisation continue.
Tomas Turine : Fédération des Auteurs Compositeurs Interprètes Réunis.
(FACIR)
Madame la Ministre,
Les artistes et techniciens du secteur « musiques non classiques » ont découvert avec effarement votre intention de diminuer drastiquement les aides à la création pour tous les Arts de la Scène : le Théâtre, la Musique et la Danse.
En ce qui nous concerne, le budget passerait ainsi de 475.000 euros en 2012 à 340.000 euros en 2013, soit une baisse de 28% du montant alloué aux aides à la création de spectacles musicaux, à la production discographique et à la promotion d’un seul secteur rassemblant l’ensemble des groupes de rock, de pop, de jazz, de chanson française, de musiques urbaines, de rap, d’électro, de folk, de blues, de musique du monde, de musiques de scène ou de chanson jeune public, et des inclassables … de toute la Fédération Wallonie Bruxelles.
Dans un rapport de 40 pages commandité en 2000 par le ministère, et cosigné par le regretté Pierre Rapsat, les rapporteurs s’alarmaient déjà : « On ne peut que constater l’état de déliquescence de la programmation des artistes de Wallonie et de Bruxelles dans leurs propres médias ».
A bien des égards, c’est encore pire aujourd’hui.
Cette coupe sombre aura pour effet une précarisation croissante des métiers de la musique. Elle fragilisera un peu plus un secteur qui vit déjà en permanence au bord de l’asphyxie, dans un contexte où culture populaire est dangereusement identifée à culture de masse.
Nous ne pouvons admettre cela.
Au-delà de notre refus radical de cette saignée budgétaire, Madame la Ministre, il est urgent de réinterroger toute la filière « création / production / diffusion ».
Nous vous demandons de renoncer à ces amputations budgétaires, et de prendre en compte les revendications suivantes :
1° Nous vous demandons de mener une politique cohérente de valorisation des artistes de la Fédération Wallonie Bruxelles.
A l’heure où la Flandre brandit ses artistes comme autant « d’ambassadeurs culturels » pour conquérir l’Europe, et s’affirme en tant que nation à travers une politique culturelle ambitieuse, il est regrettable que, chez nous, la culture semble n’être qu’une charge, une dépense superflue, et jamais une richesse, un besoin social et un choix politique.
Comparez, Madame la Ministre, ces deux chiffres de la SABAM.
En Flandre, 25% des droits d’auteur retournent aux artistes et producteurs flamands. Ce qui témoigne de l’existence d’un véritable marché « intérieur ». Ce chiffre tombe à moins de 5% en Belgique francophone. Ce qui signifie que nous sommes déjà devenus, sans jamais nous l’avouer, une petite colonie culturelle des industries françaises et anglo-saxonnes.
2° Nous vous demandons donc de valoriser les quotas des productions de la Fédération Wallonie Bruxelles dans tous les médias audio-visuels.
Les radios de la Fédération Wallonie Bruxelles doivent aujourd’hui, par décret (art . 61), programmer de 4,5 à 10 % de productions musicales autochtones (ce dernier chiffre concernant uniquement les radios de la RTBF). A titre de comparaison, ces quotas sont de 40 à 60% pour la France, dont 20% de nouveaux talents ou de nouvelles productions, et de 25% en Flandre.
3° Nous vous demandons de corriger les effets pervers de l’actuel système des aides à la création.
Dans le secteur des musiques « non classiques », en 2011, ce système a consacré 36,21 % du budget aux Festivals, 31,12 % aux structures administratives et … 0,83% à la création de spectacles musicaux. Est-ce vraiment la bonne répartition entre ces différents postes ? Ou est-ce l’expression d’une époque qui, toujours, privilégie l’emballage au contenu, le faire savoir au savoir-faire ?
Si vous n’avez plus de sous, Madame la Ministre, ayez au moins des idées ! Défendez le secteur dont vous avez la charge.
C’est pourquoi, nous appelons tous les travailleurs du secteur de la musique à signer cette pétition et à rejoindre le combat des secteurs de la danse et du théâtre pour nous opposer radicalement à ces coupes budgétaires et pour qu’enfin soit mise en place une politique culturelle claire et efficace.
ce dernier texte fait l’objet d’une pétition : https://12289.lapetition.be/