Fakir et ses lecteurs ont désigné le pire rapace de la finance

Soirée organisée par le journal Fakir et l’émission Là-bas si j’y suis afin de médiatiser le procès que leur intente le Pdg du groupe Casino pour diffamation et qui leur réclame 80.000 € chacun.

Plus de mille per­sonnes étaient ras­sem­blées le 09 novembre 2011 à la salle Olympe de Gouges à Paris pour huer les par­rains du capi­ta­lisme, les Lagar­dère, les Car­los Ghosn, les Ber­nard Arnault… et élire le pire rapace de la Finance au “ouhouh-mètre”.

Au terme d’un sus­pense insou­te­nable, c’est un public chauf­fé à blanc qui a fina­le­ment dési­gné Lau­rence Pari­sot – pré­si­dente du Medef – comme la pire des rapaces.

Cette soi­rée était orga­ni­sée par le jour­nal Fakir et l’émission Là-bas si j’y suis sur France Inter afin de média­ti­ser le pro­cès que leur intente Jean-Charles Naou­ri, Pdg du groupe Casi­no et ancien Pdg de Mou­li­nex pour dif­fa­ma­tion et qui leur réclame 80.000 € chacun.

Ce pro­cès se dérou­le­ra le 28 novembre 2011 à 9h30 et le 30 novembre à 13h30 à la 17ème chambre cor­rec­tion­nelle de Paris, 4 bou­le­vard du Palais, Métro Cité.

www.fakirpresse.info


LA NUIT DES RAPACES par fakir­presse

Amiens, le 15 novembre 2011

Plus de mille per­sonnes ras­sem­blées pour huer les par­rains du capi­ta­lisme, on s’est dit : « Bon, les jour­naux vont en par­ler. » Mais non. Une semaine s’est écou­lée, et rien. Pas un mini-papier. Pas une ligne nulle part. Donc, bon, il faut bien qu’on se charge de saluer notre propre triomphe…

« Ouh ! Ouh ! Ouh ! »

C’est bien dif­fi­cile de les dépar­ta­ger, nos douze Gens Pires, livrés à la vin­dicte popu­laire lors de notre Nuit des Rapaces. Plus de mille per­sonnes (« 1 035 », très pré­ci­sé­ment, d’a­près le gar­dien, plus deux cents refou­lés à l’en­trée — de peur que la salle Olympe de Gouges ne devienne aus­si célèbre que le stade du Hey­sel) huent tour à tour les Michel Pébe­reau, Mario Dra­ghi, Ber­nard Arnault, Jef­frey Smith, Mau­rice Lévy, Michel Des­tot, Manuel Bar­ro­so, Mau­rice Lévy, Marc Ladreit de Lacharrière…

Jus­qu’au verdict :

« Pour cha­cun de ces per­son­nages, nous avons mesu­ré le taux de mécon­ten­te­ment en déci­bels, résume Antoine Chao — l’huis­sier en charge du ouhouh­mètre. Ras­su­rez-vous, tous dépassent le seuil de tolé­rance. Mais il y en a trois qui, d’a­près mes chiffres, sont dans un mou­choir de poche. Il s’a­git de Car­los Ghosn, de Lau­rence Pari­sot, et d’Ar­naud Lagar­dère. Comme avec la machine il y a une marge d’er­reur, je vais vous deman­der de revo­ter… » Les rangs bon­dés ne demandent pas mieux : « Ouuuuuuuuuh ! » Mani­fes­te­ment, c’est Lau­rence Pari­sot qui est la plus haïe : pour une fois qu’une femme rem­porte une élec­tion en France !

C’est Gérard Filoche qui a choi­si la patronne des patrons. C’est donc lui qui monte sur le podium pour rece­voir le tro­phée — un vau­tour à haut de forme et cigare dans le bec, cer­né par des billets de Mono­po­ly. L’ins­pec­teur du tra­vail la range dans sa valise à rou­lettes. « C’est de l’i­ro­nie, quand même, je lance au micro : on est pour­sui­vis par Jean-Charles Naou­ri, un ancien direc­teur de cabi­net PS, et voi­là que c’est le repré­sen­tant du PS, aujourd’­hui, qui rafle le prix… » C’est un cadeau empoi­son­né, en même temps : le vain­queur vient de signer un enga­ge­ment, il est condam­né à aller remettre cette coupe, en mains propres, à sa rapace préférée…

Ça me rap­pelle la pre­mière fois qu’on l’a ren­con­tré, Gérard Filoche. Fakir était au creux de la vague, presque au fond du trou, à l’hiver 2008. Je me col­ti­nais un pro­cès, encore, à titre per­son­nel — et moins mar­rant que contre le PDG de Casi­no. Les ventes du jour­nal recu­laient. Sou­chon était retour­né dans son Ardèche, en Bre­tagne, à Paris, par­tout dans le monde sauf en Picar­die. On fai­sait tour­ner la bou­tique à trois, Aline, Fabian et moi, contre vents et marées, las­sés, épui­sés : qu’est-ce qu’on fait ? On arrête ?

On danse tou­jours sur ce fil, incer­tain, l’abandon qui guette.

En face, les capi­ta­listes et leurs lar­bins sont moins tarau­dés par le doute : le moindre effort, dans leur camp, est aus­si­tôt récom­pen­sé par du pognon, par des hon­neurs, par des pas­sages à la télé­vi­sion, par des postes à pour­voir. De quoi atté­nuer, effa­cer, les inquié­tudes existentielles…

Et de l’autre côté, néan­moins, le goût de la bagarre.

Ne pas leur lais­ser cette joie, en plus : notre aban­don. La somme de nos aban­dons indi­vi­duels, qui font leur vic­toire his­to­rique — et temporaire.

Ces « ouh ouh ouh », c’est un début. Ça reste bon enfant. Bien­tôt, nous devrons ces­ser — par étapes, pro­gres­si­ve­ment — d’être bon enfant. Qu’il ne s’a­gi­ra plus de les conspuer de loin mais, bel et bien, de les effrayer de près. Que nous serons plus mille, mais cent mille. Un mil­lion. Et qu’ils trembleront.

À bien­tôt les amis…

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