Dans un éditorial publié dans le Jérusalem Post après l’annonce de la libération de Guilad Shalit, Gershon Baskin, fondateur du centre de recherche et d’information Israël /Palestine (CRIIP), affirme avoir été en contact régulier avec le Hamas pendant la durée de la captivité de Guilad Shalit.
Originaire des Etats-Unis, Gershon Baskin, a immigré en Israël à la fin des années 1970. Il a travaillé avec les populations arabes et israéliennes, faisant la promotion du dialogue entre les deux peuples en Judée-Samarie et à Gaza. En 1988, il a créé le CRIIP, le seul think-tank israélo palestinien au monde. Dr.Baskin soutient la solution à deux Etats démocratiques indépendant vivant en paix cote à cote. Il soutient le droit des Israéliens aussi bien que des Palestiniens à l’autodétermination.
Grâce à son statut de partenaire privilégié des Palestiniens, Gershon Baskin, a l’opportunité de jouer un rôle particulier dans les médiations qui ont amenés à la libération de Guilad Shalit.
Celui-ci explique dans un éditorial publié au Jérusalem Post, que trois jours après la capture du désormais caporal Shalit il a reçu un appel d’un certain Professeur M, un professeur d’économie dans une université à Gaza, une personne qu’il avait rencontré six mois plus tôt dans une conférence au Caire. Ce professeur se lamentait de la situation à Gaza alors que les Israéliens menaient l’opération Pluies d’été censée libérer Guilad Shalit : « Gershon nous sommes bombardés, nous n’avons pas d’électricité, pas d’eau et nos vies sont en danger, on doit faire quelque chose ». Dr. Baskin affirma qu’il était prêt à faire en sorte que Guilad Shalit soit libéré et ainsi mettre fin à l’opération.
Une heure plus tard, Dr. Baskin reçu un nouvel appel, cette fois du Dr. Ghazi Hamad, à l’époque porte-parole du gouvernement du Hamas. Jusqu’à la libération les deux individus restèrent en contact constant alors que le gouvernement israélien n’avait aucun contact avec le Hamas en 2006. Par la suite, Gershon Baskin contacta Noam Shalit afin de savoir s’il voulait parler à un membre du Hamas. Il répondit par l’affirmative et parla avec Dr. Hamad qui lui assura que Guilad était en vie.
A l’époque, Dr. Hamad formula une proposition d’échange au Dr. Baskin : un cessez le feu immédiat, ouverture des passages à Gaza et 1500 prisonniers. Le fondateur et directeur de CRIIP a fait en sorte de contacter Ehud Olmert, Premier ministre de l’époque, pour lui transmettre l’offre qu’il refusa comme cela aurait pu être prévisible.
Par la suite, l’éditorialiste au Jérusalem Post se rendit à Gaza afin de voir le Dr. Hamad en personne. A l’époque la priorité était de recevoir un signe de vie de Guilad Shalit. Pour cela, Dr. Baskin décida de demander à Noam Shalit de rédiger une lettre à Khaled Meshaal, se trouvant à Londres à l’époque. Noam Shalit rédigea une lettre citant le Coran. Quelques jours plus tard, une lettre manuscrite de Guilad Shalit fut transmise par l’intermédiaire des Egyptiens à Israël, et au médiateur israélien Ofer Dekel (un ancien officiel du Shin-Beth).
M. Dekel expliqua à Gershon Baskin qu’il était préférable que les initiatives de médiation privées cessent. Les Egyptiens demandèrent de leur coté à Dr. Baskin de continuer. Il continua.
Surement grâce à son insistance et à de nombreuses lettres envoyées à Khaled Meshaal et au Dr. Hamad, le Hamas fit parvenir un enregistrement audio de Guilad Shalit. Gershon Baskin aurait près de 500 pages de communications avec des membres du Hamas et surtout Ghazi Hamad. Cette liaison Baskin-Hamad aurait permis de limiter l’augmentation de la violence entre le Hamas et Israël à plusieurs reprises, notamment lors des récents attentats d’Eilat.
Du point de vue de Dr. Baskin, l’arrivée de David Meidan en remplacement d’Ofer Dekel a permis une grande avancée des négociations. M. Meidan et Gershon Baskin ont rédigé un document de principes pour une reprise sérieuse des négociations en 2011. Ces contacts étaient établis indirectement avec Ahmed Jaabri, le leader d’Izzadim Kassam le groupe s’occupant de la détention de Shalit et en charge des négociations. Celui-ci accepta de se rendre en Egypte pour négocier directement avec les Egyptiens. Dr. Baskin explique que la suite « les journaux l’ont raconté » : c’est-à-dire l’acceptation par M. Jaabri de la libération de Guilad Shalit et de la rédaction par l’Etat d’Israël de la liste des 1027 terroristes libérés. Le Hamas poussait M.J aabri pour que l’accord soit finalisé. Le moment-clé fut la décision de Benyamin Netanyahou d’accepter la libération des 1027 prisonniers en contrepartie de celle de Guilad Shalit.
Gershon Baskin conclut son éditorial par ces mots d’espoirs, faisant référence à son intermédiaire durant ces cinq années de médiation dans l’ombre, Ghazi Hamad : « Il était particulièrement heureux que Guilad soit libéré et puisse retrouver sa famille. Ghazi et moi, avions des divergences d’opinions sur de nombreuses questions politiques. Mais nous ne différons pas sur l’importance de la confiance entre les partis rivaux durant des négociations, et nous partageons la même valeur d’humanité, de compassion et d’espoir pour la paix. J’espère que Ghazi et moi continuerons à rester en contact mais cette fois, afin de travailler à la réalisation d’une vrai d’une paix entre nos deux peuples ».
(source : http://www.guysen.com/article_Gershon-Baskin-le-discret-contact-israelien-du-Hamas_16604.html)