Juliano Mer-Khamis, artiste « juif et Palestinien » assassiné à Jénine

Julia­no avait réa­li­sé un docu­men­taire sur une troupe théâ­trale à Jenine, fon­dé avec sa mère Arna dans les années 1980.

Ils ont tué Juliano !

Il n’y a pas de morts plus impor­tants que d’autres. En Pales­tine, chaque jour un homme, une femme, un enfant est assas­si­né direc­te­ment ou indi­rec­te­ment par les sionistes.

Image_2-55.pngJulia­no Meïr Kha­mis était l’un des trois fils d’Ar­na Meïr et de Sali­ba Kha­mis. Elle, ancienne mili­tante sio­niste deve­nue anar­chiste lors­qu’elle décou­vrit ce qu’é­tait vrai­ment le sio­nisme, lui diri­geant du Had­dash le par­ti com­mu­niste israé­lien. A 18 ans, les gar­çons ont du “choi­sir” s’ils étaient Juifs ou Arabes car pour les infâmes auto­ri­tés sio­nistes il n’est pas pos­sible d’être arabe de reli­gion juive.

J’ai connu Julia­no, avec Spar­tak et Abit aux côtés de Arna, alors qu’elle ouvrait les écoles à domi­cile dans le camp de réfu­giés de Jénine, les biblio­thèques dans le camp, qu’elle déve­lop­pait les fêtes et le théâtre pour que les enfants oublient un moment l’hor­reur de l’occupation.
Puis lorsque le can­cer a ron­gé Arna, Julia­no l’a accom­pa­gné pour dire au revoir au Camp et à Jénine. Puis il a repris, construit, déve­lop­pé ce qu’elle avait ébau­ché, le théâtre !

Julia­no, fils d’Ar­na et de Sali­ba était la Pales­tine dans ce qu’elle aura un jour de meilleur ; le pro­duit de l’a­mour et de la lutte, de l’art et de la résistance.
J’ai de la peine pour sa com­pagne, à ses frères à ses amis, à la popu­la­tion de Jénine et en par­ti­cu­lier du camp de réfu­giés et de la colère !

Que soient mau­dits ceux qui direc­te­ment ou indi­rec­te­ment l’ont assassiné !
Et que nul ne se laisse trom­per lorsque les trom­pettes de la dés­in­for­ma­tion vont se mettre à son­ner, ce sont les enne­mis du peuple pales­ti­nien qui ont exé­cu­té le fils d’Arna !

Régine Fio­ra­ni
Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/vcohen/060411/pour-une-paix-qui-rende-justice-aux-habitants-de-la-palestine-et-disrael


Le direc­teur du “Théâtre de la Liber­té” assas­si­né à Jénine

Julia­no Mer-Kha­mis, le direc­teur israé­lo-pales­ti­nien du Théâtre de la Liber­té à Jénine, dans le nord de la Cis­jor­da­nie, a été abat­tu lun­di après-midi par des hommes armés dans le camp de réfu­giés de la ville.

Un groupe de tireurs non iden­ti­fiés a ouvert le feu dans l’après-midi sur la voi­ture de Julia­no Mer-Kha­mis, réa­li­sa­teur et mili­tant pour la paix, qui se reven­di­quait à la fois “juif et pales­ti­nien”, le tou­chant de cinq balles, a pré­ci­sé le chef de la police de Jénine, Moham­mad Tayim. Selon des témoins, il a été assas­si­né par deux tireurs mas­qués. “Il a été abat­tu par un tireur mas­qué qui a tiré cinq balles par la fenêtre de sa voi­ture”, a décla­ré de son côté le gou­ver­neur de Jénine, Qad­dou­ra Mous­sa, ajou­tant qu’une femme de Beth­léem avait éga­le­ment été bles­sée à la main par les tirs.

“Nous n’avons encore arrê­té per­sonne mais nous avons for­mé une com­mis­sion de l’ensemble des ser­vices de sécu­ri­té pales­ti­niens pour enquê­ter sur son meurtre et nous espé­rons des résul­tats dans les heures qui viennent”, a‑t-il ajou­té, indi­quant qu’a sa connais­sance le comé­dien n’avait “pas reçu de menaces”.

La vic­time diri­geait le théâtre de la Liber­té, fon­dé dans le camp de réfu­giés de Jénine par sa mère, Arna Mer (1930 – 1995), mili­tante pour les droits des Pales­ti­niens, tout comme son fils, et mariée à Sali­ba Kha­mis, un Arabe Israé­lien, diri­geant du Par­ti com­mu­niste israé­lien. A l’origine, le “Théâtre des pierres” avait été lan­cé durant la pre­mière Inti­fa­da (1987 – 1993). Pour Arna Mer, ardente mili­tante de la paix, il s’agissait de créer un espace pré­ser­vé où les enfants échap­pe­raient à la vio­lence du conflit et de l’occupation. Détruit en 2002 lors d’une opé­ra­tion de l’armée israé­lienne contre les groupes armés pales­ti­niens, l’établissement a revu le jour en 2006 sous le nom de “Théâtre de la Liber­té” grâce à Julia­no Mer-Kha­mis, réa­li­sa­teur du docu­men­taire Les enfants d’Arna, avec le sou­tien de Zaka­ria Zou­beï­di, chef local du groupe armé pales­ti­nien des Bri­gades des mar­tyrs d’Al-Aqsa, qui a par­ti­ci­pé aux com­bats à l’époque. Zaka­ria Zou­beï­di a décla­ré à la chaîne 10 israé­lienne que “tout le monde l’aimait dans le camp” de réfugiés.

Mais le théâtre ne fai­sait pas l’unanimité à Jénine et a été notam­ment visé par des ten­ta­tives d’incendie, Julia­no Mer-Kha­mis ayant lui-même affir­mé avoir été par le pas­sé la cible de menaces. La der­nière pro­duc­tion du théâtre était une repré­sen­ta­tion d’Alice au pays des merveilles.

A Ramal­lah, une cin­quan­taine d’artistes se sont ras­sem­blés lun­di soir sur la place cen­trale d’Al-Manara pour dénon­cer cet assas­si­nat et rendre hom­mage à la vic­time, dont la mort est “une perte pour la Palestine”.

Source (L’Humanité): http://www.humanite.fr/05_04_2011-le-directeur-du-th%C3%A9%C3%A2tre-de-la-libert%C3%A9-assassin%C3%A9-%C3%A0‑j%C3%A9nine-469348


Hom­mage à Julia­no Mer-Khamis

publié le jeu­di 7 avril 2011

 

Avec une petite larme sur les joues

En tant que Pré­sident de la Ligue du Théâtre Palestinien,

En tant que Fon­da­teur et Direc­teur de Centre Cultu­rel et de For­ma­tion théâ­trale Alrowwad

En tant qu’artiste, et en tant qu’un homme

En tant que Palestinien

Je me retiens de souf­fler ma colère et ma rage

Après l’assassinat d’un artiste de courage

Lorsque le vent souffle, on tourne la tête

Et on entend un petit bruit

Des lâches que trottent sur le trottoir

Pour cra­cher leur haine et la boire

Que ces petits minus­cules ne savent point

Qu’on n’efface pas la culture en tuant l’homme

Nous sommes les créa­teurs de miracles

Les cris de la rue et des gens misérables

Nous tenons le feu dans nos mains

Et lorsque nous la libérerons

Il fleu­rit en épiages de blé, et en rossignols

Et il devient des Han­dha­las qui fleu­rissent la terre

Avec le rouge des anémones

Une pen­sée ne meurt pas

Car la Liber­té a déjà occu­pé les cœurs

En on entend les marches et les pas

De nou­veaux acteurs sou­lèvent la terre

Les planches sont illuminées

Les clowns vous font rire

Et le spec­tacle continue

Avec une petite larme sur les joues

Abdel­fat­tah Abusrour

Gene­ral Direc­tor Alrow­wad Cultu­ral and Theatre Cen­ter for Chil­dren Pre­sident of the Pales­ti­nian Theatre League (http://www.alrowwad-acts.ps)

La mort de l’enfant d’Arna

Julia­no Mer Kha­mis, direc­teur du free­dom theatre de Jenine a été tué lun­di 4 avril de 5 balles alors qu’il cir­cu­lait dans le camp de réfu­giés de cette ville située au Nord de la Cisjordanie.

Agé de 52 ans, Julia­no Mer Kha­mis était un per­son­nage comme il en existe peu en Pales­tine-Israël. Citoyen israé­lien, né à Naza­reth d’une mère juive, Arna Mer, et d’un père pales­ti­nien chré­tien, Sali­ba Kha­mis, deux mili­tants com­mu­nistes, Julia­no Mer Kha­mis se disait “100 % pales­ti­nien et 100 % juif”.

Il diri­geait, au sein du camp de réfu­giés de Jenine, le théâtre créé par sa mère à la fin des années 80. Comme elle, Julia­no Mer Kha­mis était un mili­tant pas­sion­né de la cause pales­ti­nienne et un défen­seur achar­né du rap­pro­che­ment des deux peuples. En 1995, sa mère Arna mour­rait d’un cancer.

Sept ans plus tard, en 2002, le théâtre allait être rasé lors de l’offensive israé­lienne à Jenine qui reste la plus san­glante opé­ra­tion menée au cours de la deuxième inti­fa­da [1].

En 2004, Julia­no Mer Kha­mis livrait un film bou­le­ver­sant, Les enfants d’Arna, consa­cré au tra­vail conduit par sa mère auprès des enfants du théâtre et qui reste selon le jour­na­liste du Monde Gilles Paris “sans nul doute le meilleur film pour com­prendre la seconde inti­fa­da” [2]. Rece­vant un très bon accueil, le film avait été cou­ron­né cette même année d’un pre­mier prix au Fes­ti­val Inter­na­tio­nal cana­dien du documentaire :

En 2006, le théâtre était recons­truit et Julia­no Mer Kha­mis s’installait dans le camp de réfu­gié de Jénine, long­temps consi­dé­ré par Israël comme un fief inex­pug­nable de la résis­tance palestinienne.

A ses côtés, pour l’aider à la relance du lieu, se trou­vait Zaka­ria Zubei­di ancien lea­der, à Jenine, des bri­gades des mar­tyrs d’Al Aqsa, l’organisation de résis­tance armée du Fatah. Avant d’être l’un des mili­tants armés les plus recher­chés par Israël, lui même avait été l’un des “enfants d’Arna” [3]. Ces gosses de Jenine qui dans le théâtre de la vieille juive avaient trou­vé un ter­rain de jeu, de construc­tion, d’évasion. Nombre d’entre eux allaient mou­rir en 2002, alors qu’il avaient moins de trente ans, au moment de l’offensive israé­lienne. On les voit dans le film, visages d’enfants en 1989, deve­nus jeunes adultes com­bat­tants 10 ans plus tard.

C’est leur ami, le fils d’Arna, qui est tom­bé sous les balles lun­di 4 avril dans le camp de Jenine dont il était “l’un des fils” selon le gou­ver­neur Qadu­ra Musa, qui a condam­né ce meurtre.

Sale jour­née en Pales­tine hier. Alors que la muni­ci­pa­li­té israé­lienne de Jéru­sa­lem approu­vait la construc­tion de 942 nou­veaux loge­ments à Jéru­sa­lem-est occu­pée, à Jénine, des hommes mas­qués ‑encore non iden­ti­fiés à ce jour — assas­si­naient Julia­no Mer Kha­mis. Avec lui s’éteint l’un des trop rares sym­boles — un sym­bole beau, vivant et dyna­mique — d’une pos­sible coexis­tence pales­ti­no-israé­lienne. [3]

Emma­nuel Rion­dé, Regards

Source : http://www.regards.fr/monde/la-mort-de-l-enfant-d-arna

[1] lire l’ouvrage Avril à Jenine de Nah­la Cha­hal et Hala Kod­ma­ni, éd. La décou­verte, nov. 2002

[2] lire son article sur le blog guerre ou paix http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/

[3] lire sur maan news, agence de presse pales­ti­nienne, l’article, en anglais, consa­cré à cet assas­si­nat : http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=375522

Extrait du docu­men­taire “Les enfants d’Arna” réa­li­sé par Julia­no Mer-Khamis 


L’excellent film docu­men­taire “Les enfants d’Arna” de Julia­no Mer Kha­mis vient d’intégrer le cata­logue de films dis­tri­bués par Momen­to, il est donc dis­po­nible en DVD sur le site de Momen­to : http://www.momento-production.com/.

Kami­kazes, résis­tants, ter­ro­ristes,… Yous­sef a com­mis un atten­tat-sui­cide en 2001. Ash­raf a été abat­tu par l’armée israé­lienne en 2002. Alla com­man­dait un groupe de com­bat­tants résis­tants jusqu’à sa mort, en 2003. Enfants, ils étaient les acteurs pro­met­teurs de la troupe théâ­trale que Julia­no Mer Kha­mis, le réa­li­sa­teur, avait fon­dée avec sa mère Arna dans les années 1980, dans le camp de réfu­giés de Jenine. Il avait alors tour­né les répé­ti­tions et les repré­sen­ta­tions. Il est retour­né à Jenine en avril 2002, pour com­prendre ce qu’étaient deve­nus les enfants qu’il y avait connus.

Télé­ra­ma : “Ce film âpre, violent, sans conces­sion, est un témoi­gnage abso­lu­ment unique.”

Israel Chan­nel 2 : “Ce film peut être résu­mé en quelques mots : un coup de poing dans le ventre.”

84 minutes arabe, hébreu et anglais sous-titres fran­çais & 22,00 euros TTC + frais d’envoi