Pour la troisième fois en dix ans, Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont visité un des prisonniers les plus célèbres des Etats-Unis : Gerardo Hernández Nordelo. Gerardo est un des 5 Cubains qui sont enfermés depuis 1998 dans des prisons de haute sécurité. Les 5 se sont infiltré dans les années nonante dans les réseaux terroristes de Miami, enfin de recueillir des renseignements pour éviter des attentats contre Cuba, organisés depuis la Floride. En 1998, ils furent arrêtés et ‑après un procès politisé – condamnés à des peines de prison de quatre fois la perpétuité plus 77 années au total !
Suite à des protestations internationales et des déclarations d’Amnesty International, du Groupe de Travail sur les détentions arbitraires de l’ONU, des parlementaires partout dans le monde, des organisations de défense des droits de l’homme, des lauréats du Prix Nobel et d’autres personnalités, les peines de trois des 5 ont été modérées. Deux entre eux ont entretemps effectué l’entièreté de leur condamnation et ont pu rentrer dans leur pays. Gerardo Hernández par contre – faute de révocation de sa peine – mourra dans sa cellule.
Depuis quelques temps, certains indices laissent penser qu’un dégel est possible. Hillary Clinton s’est prononcée dans son nouveau livre contre le blocus. Cinquante d’hommes d’affaires importants aux Etats-Unis se sont prononcés de la même manière. Lors d’un entretien avec Obama, le président de l’Uruguay lui a demandé de mettre fin au blocus et de libérer les trois des 5 qui restent encore enfermés. Après la rencontre, le président de l’Uruguay déclarait qu’il estime qu’il y a possibilité qu’il se produise des évolutions positives.
La Maison Blanche elle-même a tout à gagner dans une amélioration des relations. En raison du blocus, beaucoup de secteurs – en premier lieu celui du tourisme – sont exclus d’un marché intéressant où le Brésil, la Chine et beaucoup d’autres pays font des affaires lucratives. On construit ainsi un nouveau port tout près de la Havane– a peine à 200 kms des Etats-Unis – et celui-ci sera un pôle important pour les Caraïbes. Le Brésil est l’investisseur en chef du projet. Si le blocus ne se lève pas, un conflit direct entre les Etats-Unis et le pays le plus grand de l’Amérique Latine devient probable.
Aussi sur le terrain diplomatique, les Etats-Unis perdent pas à pas leur influence sur ‘leur’ continent, entre raison notamment de leur attitude agressive vis à vis Cuba. Il y a trois ans, à l’initiative du Venezuela, fut fondé le CELAC, le premier organisme qui réunit tous les pays du continent Américain sans les Etats-Unis et le Canada. La majorité des pays constituants font d’une amélioration des relations entre les Etats-Unis et Cuba, une condition pour le maintien de leur propres relations avec le ‘Grand Frère’. En somme : l’influence des Etats-Unis sur leur ‘arrière-cour’ est en voie de diminution, partiellement à cause de leur attitude désuete vis à vis Cuba. En même temps ils doivent subir impuissamment l’accroissement continu de l’influence Russe et Chinoise.
La cause des 5 joue un rôle clé dans une possible normalisation des relations bilatérales. Pour la Havane, la libération des trois restants des 5 – après 16 ans de détention — est une condition absolue.
Entre-temps aux EU se lèvent des voix pour plaider la négociation de la liberté d’Alan Gross, un agent Nord-Américain qui est condamné à 15 ans à Cuba pour des activités subversives. Le sénateur Leahy a pu convaincre 44 de ses 100 collègues de signer une lettre aux autorités qui leur somme de faire tout leur possible (à savoir : libérer les 5) afin d’obtenir sa libération. Une initiative opposée, d’un sénateur Cubano-Américain anti-castriste, n’a elle obtenu que 14 signatures. La position officielle de Washington qui exige la libération immédiate de Gross sans conditions, se trouve donc sous forte pression.
Enfin, il y a les changements électoraux à Miami. La Floride est un ‘swingstate’ qui était jusqu’à il y a peu fort Républicain. L’attitude de chaque président vis-à-vis de Cuba était complètement déterminée par les dictats de la ligne dure de Miami.Ce est en train de changer. Selon une enquête récente en Floride, 63% des électeurs veut mettre fin au blocus, et 56% de la population Nord-Américaine veut un rapprochement avec Cuba.
Entretemps, l’Europe aussi a affaibli son ainsi nommé ‘Common Position’. Les mêmes arguments qu’aux Etats-Unis ont joué un rôle dans cette évolution et en même temps celle-ci forme une pression additionnelle en direction d’un changement des relations Etats-Unis — Cuba.
Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont écrits différents livres sur Cuba. Ils sont déjà de retour des Etats-unis et sont prêts pour des interviews sur la cause des 5 et sur les relations Etats-Unis-Cuba.
Katrien Demuynck : katrien.demuynck1959@gmail.com 0476 810 413
Marc Vandepitte : marc.vandepitte@tsmmechelen.be 0473 54 21 65
Monsieur le Président Obama
Le premier août 2014.
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
USA
Monsieur le Président,
Le 15 juin dernier, à l’occasion de la fête des pères, vous m ‘avez envoyé, comme à de nombreuses personnes dans le monde, un courriel dans lequel vous écriviez :
« Aujourd’hui, je pense à tous les pères à travers le pays, qui sont auprès de leurs familles et de ceux qui leur sont chers, et tout particulièrement à ceux qui servent notre pays outre-mer, et qui ne seront donc pas aujourd’hui avec leurs enfants.
Mais je pense aussi à tous ces jeunes gens là-bas qui n’ont aucun père dans leur vie, ou qui ne bénéficient pas toujours du soutien et des enseignements que procure la présence de solides modèles à suivre (…)».
En lisant ces lignes, je pensais à l’énorme injustice faite à René González, Fernando González, Antonio Guerrero, Ramón Labañino et Gerardo Hernández, les cinq Cubains arrêtés en septembre 1998 à Miami. De cette injustice les Etats-Unis auront à répondre devant l’Histoire.
Votre pays a maintenu en prison durant quatorze ans René González. Quatorze longues années durant lesquelles il n’a pu être présent auprès de sa femme et de ses filles dont la plus jeune était encore un bébé lors de son arrestation.
Votre pays a maintenu en prison durant quinze ans Fernando González. Quinze longues années de séparation avec son épouse qui les ont empêché de devenir parents.
Votre pays maintient toujours en prison, et depuis près de seize ans, Antonio Guerrero, le privant de la chaleur de ses deux fils, et privant ses fils du soutien de leur père.
Votre pays maintient toujours en prison, et depuis près de seize ans, Ramon Labañino, le privant de son épouse et de ses trois filles, et privant ses filles elles aussi du soutien de leur père.
Votre pays maintient toujours en prison, et depuis près de seize ans, Gerardo Hernández. Durant toute sa détention il n’a même pas pu embrasser son épouse Adriana à qui le visa d’entrée aux Etats-Unis a été systématiquement refusé. Il est condamné à deux perpétuités plus quinze ans. Gerardo et Adriana, eux non plus, n’ont pu à ce jour avoir d’enfants.
Alors, Monsieur le Président, mettez vos actions en harmonie avec vos paroles et libérez les trois Cubains encore emprisonnés dans votre pays.
Vous avez la possibilité de le faire, les autorités cubaines vous ont proposé un échange humanitaire avec votre compatriote Alan Gross.
Le prix Nobel de la Paix que vous représentez ne peut tourner le dos à une telle opportunité de rendre ces quatre hommes à leurs familles et de permettre ainsi de meilleures relations entre vos deux pays.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
64360 Monein (France)
Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler et à Messieurs. Joe Biden, John F. Kerry, Rand Beers, Harry Reid, Eric Holder, Denis MacDonough, Neil Eggleston, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France.
Le 4 juin dernier, pour ses 49 ans, Gerardo a offert au groupe artistique d’enfants “la Colmenita » une « guitare magique” fabriquée avec un noyer coupé en 1965, pour sa naissance, par son père .