Les Guinéens sont la cible de l’Office des Etrangers dans le cadre d’une politique de plus en plus restrictive et répressive en matière d’asile et d’immigration
Depuis la visite de Monsieur Freddy Roosemont, directeur de l’Office des Etrangers, en Guinée Conakry, il y a quelques mois, les expulsions vers la Guinée se multiplient. Visiblement des accords existent pour favoriser ces rapatriements vers la Guinée, c’est ainsi que l’Ambassade délivre les laissez-passer à la pelle, sans se poser de question ni écouter les personnes menacées d’expulsion.
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus général d’augmentation des retours forcés, et pas seulement des retours volontaires dont la Secrétaire d’Etat à la politique d’asile et d’immigration, Maggie De Block, est tellement fière (volontaires ou « volontaires sous pression » ?). L’objectif est d’éloigner le plus de monde possible. Lorsque l’on poursuit un tel objectif, dans un contexte de crise économique qui stigmatise à nouveau l’étranger, on ne lésine pas sur le mépris du droit.
Ainsi les Guinéens qui sont arrivés ici ont fui un pays politiquement instable dans lequel la répression a été et reste de mise : manifester en Guinée, c’est risquer sa vie, et ce, toujours en 2013, comme l’ont montré les journées de manifestation de mars 2013. Beaucoup de Guinéens réfugiés en Belgique ont perdu, ces dernières années, un frère, une sœur, un père, un ami au pays, et ont peur pour eux-mêmes en cas de retour forcé. La majorité de leurs demandes d’asile sont pourtant rejetées, parce que l’étranger est d’abord considéré comme suspect lors de l’examen des dossiers.
Comme d’autres, beaucoup de Guinéens sont quand même restés ici, ont suivi des formations, ont travaillé, et ont introduit une demande de régularisation. Notamment lors de l’opération de régularisation de 2009, lorsque les instructions prévoyaient une régularisation sur base de l’ancrage local durable, ou d’un contrat de travail. Si certains ont eu une réponse positive, d’autres ont eu une réponse négative, pour des raisons « administratives » : la pièce d’identité fournie ne correspondait pas aux exigences, ou le contrat de travail n’atteignait pas le salaire minimum garanti par exemple. Toutes ces personnes dont les dossiers étaient complets pour le reste ont introduit des recours.
Nous en arrivons alors à un autre déni du droit international ; on n’a pas en Belgique le droit au recours effectif, une personne dont la procédure en recours dans le cadre d’une demande de régularisation est pendante au Conseil du Contentieux peut être arrêtée, et placée dans un centre fermé pour « illégaux » en vue de son expulsion.
Monsieur A.K. est en Belgique depuis 2001, a connu le parcours décrit ci-dessus : refus d’asile, refus de régularisation pour question de pièce d’identité non valide. Il a un recours pendant au conseil du contentieux pour une demande de régularisation 9ter. Il a été arrêté en octobre 2012 à l’Office des Etrangers lors d’une nouvelle demande d’asile au vu de la situation actuelle en Guinée. En effet il est un chanteur engagé qui critique le système politique guinéen dans ses chansons (voir Ali Jah Guide, son nom d’artiste, sur You Tube) et il craint de graves persécutions en cas d’expulsion. Détenu depuis octobre au centre fermé de Vottem, il comparaît ce jeudi 18 avril en appel en Chambre des Mises en accusation à Liège pour obtenir sa libération, d’autant que son avocat a obtenu la suspension de la procédure d’expulsion !
Monsieur A. K. , a suivi des cours de français et de néerlandais, a travaillé, a tissé des liens, a construit sa vie en Belgique.
Beaucoup de vies qui peuvent se perdre, d’attaches avec la Belgique qui seront détruites à jamais ? Ce lundi un autre Guinéen détenu à Vottem a tenté de mettre fin à ses jours , il a heureusement été secouru par ses co-détenus.
pour le CRACPE, France Arets
Le Collectif de Résistance Aux Centres Pour Etrangers.
http://www.youtube.com/user/alikasguide?feature=watch