Le premier juin 2011.
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Monsieur le Président,
Le mois dernier, votre pays s’est illustré avec l’assassinat de Ben Laden par un commando de forces spéciales US, à quelques encablures d’Islamabad.
Après l’attentat du 11 septembre 2001, Ben laden était le terroriste le plus recherché des Etats-Unis. Selon les autorités pakistanaises, pas plus les membres de ce commando que les agents de la C.I.A. qui avaient travaillé en amont pour permettre cette opération, n’avaient déclaré leur présence sur le territoire pakistanais, ni demandé une quelconque autorisation d’intervention aux autorités de ce pays.
En apprenant la nouvelle de cet assassinat, je ne pouvais m’empêcher de penser à un autre terroriste, Luis Posada Carriles. Cet individu, ancien membre de la C.I.A., poseur de bombes, assassin, tortionnaire, trafiquant de drogue, est à l’origine, entre autres, de multiples attentats contre Cuba qui ont fait de nombreuses de victimes. J’imaginais un commando cubain débarquant à Miami, donnant l’assaut à la résidence de Posada Carriles, le tuant, et balançant son cadavre dans la mer des Caraïbes. Nul doute qu’un tel acte aurait provoqué un tollé dans le monde entier, et engendré des représailles terribles contre Cuba de la part des Etats-Unis, et de la communauté internationale…
Monsieur le Président, vous avez honoré les membres du commando de la plus haute des distinctions des Etats-Unis. Pourtant, cinq Cubains qui ont infiltré les milieux terroristes de Floride pour prévenir les attentats contre leur île, sont eux en prison dans votre pays depuis presque treize ans. Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González n’ont pas donné l’assaut à la résidence de Posada Carriles, ni tué quiconque. Ils se sont contentés de collecter d’importantes informations sur les agissements des terroristes afin d’éviter de nombreux attentats. Ils avaient pris bien sûr de fausses identités, pour des raisons évidentes dans ce type de mission.
Il est clair que pour votre pays il y a de bons et de mauvais terroristes ! Les terroristes soutenus par votre gouvernement et encouragés dans leurs œuvres de mort contre Cuba, sont de bons terroristes.
La mascarade de procès de Posada Carriles à El Paso en est une preuve flagrante. Ce terroriste des plus dangereux est sorti de son procès sans la moindre condamnation, faisant mourir ses victimes une seconde fois.
Les magistrats qui ont tout fait pour blanchir Posada Carriles sont les mêmes que ceux qui se sont démenés pour que les cinq Cubains soient lourdement condamnés. Ils continuent d’ailleurs leur sale travail, soutenus, voire encouragés en plus haut lieu aux Etats-Unis.
Nous avons appris que votre gouvernement avait demandé le 26 mars dernier à la cour de Justice de Miami de refuser la sollicitude d’Habeas Corpus de Gerardo Hernández, puis, quelques jours après, celles de René González et d’Antonio Guerrero. Ce gouvernement que vous dirigez ne veut même pas que soient entendus lors d’une audience, les arguments pourtant pertinents de Gerardo Hernández pour sa défense.
Le fait que la porte parole du gouvernement, dans cette requête, soit Caroline Heck- Miller, n’explique pas tout. Bien sûr nous savons que ce procureur avait pesé de tout son poids pour l’inculpation des Cinq et avait refusé que leur procès ait lieu ailleurs qu’à Miami. Bien sûr nous savons que le Département de la Sécurité d’Etat (Homeland Security) avait demandé en août 2005 à Caroline Heck-Miller d’inculper pour terrorisme Posada Carriles, et qu’elle avait refusé de le faire. Mais sans l’appui du gouvernement des Etats-Unis, Monsieur le Président, ce Procureur n’aurait jamais agi ainsi.
Les arguments que présentent les Cubains en sollicitant un Habeas Corpus sont sérieux, puisque certains d’entre eux font référence à des actes de prévarications de la part du gouvernement que vous représentez. Payer par exemple, des journalistes pour qu’ils publient de fausses informations n’est pas une mince affaire ! C’est pourtant ce qui s’est passé lors du procès des Cinq, comme nous l’avons appris en 2006. Il fallait créer un climat délétère pour influencer les membres du jury, leur faire peur aussi. La juge Lenard, lors du procès des Cinq, avait elle-même été incommodée par ces provocations et émis des protestations.
Je pourrais m’étendre beaucoup plus longuement sur le sujet, mais il est politique, et vous ne pouvez qu’être parfaitement au courant, Monsieur le Président, de l’innocence de ces cinq patriotes cubains. Nous attendons toujours de votre part cette clémence exécutive qui leur rendrait enfin la liberté dont ils n’auraient jamais dû être privée.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie, 64360 Monein (France)
Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano Messieurs Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Donald Werrilli, John F. Kerry et M. l’Ambassadeur des USA en France.