L’introuvable Etat palestinien

Intervention de Julien Salingue lors du Colloque du Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO)

Inter­ven­tion de Julien Salingue lors du Col­loque du Cercle des Cher­cheurs sur le Moyen-Orient (CCMO), 6 avril 2011

Source : http://www.juliensalingue.fr/article-l-introuvable-etat-palestinien-71122552.html

NB : le texte qui suit est la ver­sion écrite d’une inter­ven­tion orale lors du col­loque du CCMO. Les actes de ce col­loque seront édi­tés. Une ver­sion enri­chie et argu­men­tée de ce tra­vail don­ne­ra alors lieu à publication.

Les Accords d’Oslo ont été envi­sa­gés, du moins par la par­tie pales­ti­nienne, comme une étape vers l’établissement d’un Etat pales­ti­nien indé­pen­dant en Cis­jor­da­nie et à Gaza. Mais, 17 ans plus tard, la pers­pec­tive de l’Etat indé­pen­dant n’a jamais sem­blé aus­si loin­taine. De plus en plus de voix s’élèvent, y com­pris, du côté pales­ti­nien, chez d’an­ciens par­ti­sans et arti­sans du pro­jet d’Etat, pour affir­mer que ce pro­gramme est désor­mais « caduc ». Le titre de l’ouvrage de Ziad Clot, ex-membre de l’équipe des négo­cia­teurs de l’OLP, en est une des plus récentes et des plus écla­tantes illus­tra­tions : « Il n’y aura pas d’Etat palestinien ».

Que s’est-il pas­sé ? L’échec patent du pro­jet d’Etat indé­pen­dant est-il dû au fait que les accords d’Oslo ont été mal­me­nés ou tra­his ? Ou à l’inverse, cet échec n’était-il pas inhé­rent à la logique d’Oslo ?

Pour de plus en plus d’analystes, la pour­suite de l’occupation et de la colo­ni­sa­tion, et la « diges­tion » de la Cis­jor­da­nie et de Jéru­sa­lem par Israël ont tout sim­ple­ment fait dis­pa­raître les bases maté­rielles de l’établissement de l’Etat. Dans ces condi­tions, com­ment appré­hen­der la poli­tique conduite, par le Pre­mier Ministre Salam Fayyad, de construc­tion d’un Etat pales­ti­nien de fac­to, mal­gré l’occupation ?

Enfin, dans la mesure où la reven­di­ca­tion de l’Etat indé­pen­dant a été conçue, au cours des années 70, comme une solu­tion prag­ma­tique dans un contexte socio-poli­tique régio­nal actuel­le­ment en plein bou­le­ver­se­ment, n’est-ce pas le mot d’ordre de l’Etat indé­pen­dant, sans par­ler de sa fai­sa­bi­li­té, qui appa­raît de plus en plus comme étant à contre­temps des évo­lu­tions régionales ?

Les Accords d’Oslo : la pour­suite de l’occupation par d’autres moyensImage_1-48.png

Avec la guerre de 1967, Israël conquiert, entre autres, la Cis­jor­da­nie et la Bande de Gaza. Une vic­toire mili­taire plus rapide et plus facile qu’en 1947 – 1949, mais avec une dif­fé­rence notable : la majo­ri­té des Pales­ti­niens ne sont pas par­tis. Le suc­cès mili­taire crée donc une dif­fi­cul­té poli­tique : Israël abrite désor­mais en son sein les Pales­ti­niens de Cis­jor­da­nie et de Gaza, qui s’ajoutent aux Pales­ti­niens de 1948. La pré­ten­tion de l’Etat d’Israël à être simul­ta­né­ment un Etat juif et démo­cra­tique est donc sérieu­se­ment menacée.

C’est pour répondre à cette contra­dic­tion qu’un Géné­ral tra­vailliste, Ygal Allon, pré­sente au Pre­mier Ministre Levi Esh­kol, dès juillet 1967, une solu­tion alter­na­tive à l’expulsion, prô­née notam­ment par le Géné­ral Ariel Sha­ron, qui com­pro­met­trait le sou­tien inter­na­tio­nal dont jouit l’Etat d’Israël. La phi­lo­so­phie du « Plan Allon » est la sui­vante : renon­cer à la sou­ve­rai­ne­té sur les zones pales­ti­niennes les plus den­sé­ment peu­plées tout en conser­vant le contrôle exclu­sif sur la val­lée du Jour­dain, sur la rive occi­den­tale de la Mer Morte et sur Jéru­sa­lem, dont les limites muni­ci­pales doivent être consi­dé­ra­ble­ment éten­dues. Une enti­té pales­ti­nienne consti­tuée de can­tons iso­lés sera ain­si éta­blie, avec des attri­buts de sou­ve­rai­ne­té limités.

Un exa­men du conte­nu des accords d’Oslo indique qu’ils ne sont, en der­nière ana­lyse, qu’une actua­li­sa­tion du Plan Allon : retrait israé­lien des zones pales­ti­niennes les plus den­sé­ment peu­plées (zones A), mais pour­suite de l’occupation dans les zones B et C, au sein des­quelles l’armée israé­lienne s’engage à se « redé­ployer » sans pour autant pré­tendre s’en « reti­rer ». Le report à des « négo­cia­tions sur le sta­tut final » des ques­tions essen­tielles que sont la colo­ni­sa­tion, le sta­tut de Jéru­sa­lem et les réfu­giés, per­met à l’Etat d’Israël de pour­suivre sa poli­tique de colo­ni­sa­tion et d’expulsion.

Les Israé­liens les plus prag­ma­tiques ont accep­té de « négo­cier », en réa­li­té d’imposer à une direc­tion de l’OLP à bout de souffle, rui­née finan­ciè­re­ment et mar­gi­na­li­sée poli­ti­que­ment, des accords essen­tiel­le­ment éco­no­miques et sécu­ri­taires : nor­ma­li­sa­tion des rela­tions éco­no­miques avec Israël, sous-trai­tance des tâches de main­tien de l’ordre dans les villes pales­ti­niennes à la nou­velle Auto­ri­té Pales­ti­nienne (AP). L’AP a été conçue comme un pro­to-appa­reil d’Etat sans Etat aux attri­buts de sou­ve­rai­ne­té limi­tés, inté­grée au dis­po­si­tif d’occupation, et ne pou­vait donc, pour des rai­sons struc­tu­relles, se trans­for­mer en gou­ver­ne­ment d’un Etat indépendant.

Le sou­lè­ve­ment de sep­tembre 2000, expres­sion de la colère popu­laire face aux impasses d’Oslo et de la ten­ta­tive de Yas­ser Ara­fat se rééqui­li­brer un rap­port de forces tel­le­ment dégra­dé face à Israël, et la vic­toire du Hamas, orga­ni­sa­tion hos­tile au « pro­ces­sus de paix », lors des élec­tions légis­la­tives de 2006, peuvent être appré­hen­dées comme les expres­sions les plus mani­festes de la mort du pro­ces­sus d’Oslo. Cer­tains font néan­moins le pari, aujourd’hui encore, de la pos­si­bi­li­té du déve­lop­pe­ment de struc­tures et d’infrastructures pales­ti­niennes mal­gré l’occupation, qui pour­raient jeter les fon­da­tions d’un hypo­thé­tique Etat pales­ti­nien indépendant.

Le plan Fayyad : l’indépendance sous occupation ?

Le Pre­mier Ministre pales­ti­nien Salam Fayyad est de ceux-là. Et, élé­ment notable et nou­veau, si l’AP de « l’ère Ara­fat » main­te­nait les ambi­guï­tés entre pour­suite de la résis­tance contre l’occupation israé­lienne et construc­tion de l’appareil d’Etat mal­gré l’occupation, avec l’ancien haut fonc­tion­naire de la Banque Mon­diale et du FMI, les choses sont plus claires. Les deux docu­ments pro­gram­ma­tiques éla­bo­rés par l’Autorité pales­ti­nienne à par­tir de juin 2007 sont à cet égard très éloquents.

Le 1er d’entre eux, le Pales­ti­nian Reform and Deve­lop­ment Plan (PRDP), a été pré­sen­té à Paris lors de la Confé­rence des pays dona­teurs en décembre 2007. Il a de toute évi­dence satis­fait les pays occi­den­taux qui ont pro­mis à Salam Fayyad une enve­loppe de 7.7 mil­liards de dol­lars, alors que l’AP n’en récla­mait « que » 5.6. Soit une ral­longe de… 37.5%. Plu­tôt rare. Dans sa ver­sion finale, le PRDP com­porte 148 pages. Le mot « résis­tance » n’y appa­raît pas une seule fois. Le mot « sécu­ri­té » revient à… 155 reprises.

Le second docu­ment pro­gram­ma­tique date d’août 2009 et est inti­tu­lé « Pales­tine : en finir avec l’occupation, éta­blir l’Etat ». Il est plus connu sous le nom de « Plan Fayyad ». Le Pre­mier Ministre y expose sa vision de la construc­tion de l’Etat pales­ti­nien par une poli­tique de « Facts on the ground » : il s’agit de construire les infra­struc­tures du futur Etat mal­gré l’occupation, dans la pers­pec­tive d’une décla­ra­tion d’indépendance en 2011.

Fayyad opère donc un chan­ge­ment de para­digme : c’est le pro­ces­sus de stade-buil­ding qui per­met­tra de mettre un terme à l’occupation, et non la fin de l’occupation qui per­met­tra de construire un Etat. Si l’on réa­lise, dans ce docu­ment, le même décompte que dans le PRDP, le résul­tat est qua­si­ment le même : en 37 pages, il y a 38 occur­rences du terme « sécu­ri­té » ; le mot « résis­tance » appa­raît une fois, dans une phrase qui indique que le gou­ver­ne­ment appor­te­ra son sou­tien aux ini­tia­tives non-vio­lentes contre la construc­tion du mur.

Refonte de l’appareil sécu­ri­taire et déve­lop­pe­ment éco­no­mique sont les deux prio­ri­tés de Salam Fayyad. Je me concen­tre­rai ici sur le volet éco­no­mique, qui est le « pro­duit d’appel » du Plan Fayyad. La crois­sance éco­no­mique pales­ti­nienne annon­cée en 2010 est, si l’on ana­lyse de près les don­nées dis­po­nibles, un trompe‑l’œil. Der­rière les chiffres appa­rem­ment flat­teurs (+7 ou 8%) se dis­si­mulent de nom­breuses dis­pa­ri­tés : les sec­teurs qui tirent la crois­sance à la hausse sont la construc­tion (+20%) et les emplois de ser­vices (+10%), alors que la pro­duc­tion indus­trielle aug­mente fai­ble­ment et que la pro­duc­tion agri­cole est en baisse.

En outre, les dis­pa­ri­tés entre enclaves éco­no­miques sont impor­tantes, notam­ment entre la Cis­jor­da­nie et Gaza, mais aus­si entre quelques villes dyna­miques (Ramal­lah, Béth­léem) et le reste de la Cis­jor­da­nie, notam­ment les zones C (plus de 50% de la Cis­jor­da­nie) ; Israël contrôle tou­jours sévè­re­ment les impor­ta­tions et les expor­ta­tions pales­ti­niennes ; qui plus est, le défi­cit bud­gé­taire est consi­dé­rable (en 2009, 1.59 mil­liards de dol­lars, soit 26% du PNB) et main­tient l’AP dans une dépen­dance éco­no­mique totale vis-à-vis des pays dona­teurs ; enfin, même si le chô­mage est en baisse en Cis­jor­da­nie, entre la moi­tié et les 2/3 des foyers pales­ti­niens vivent aujourd’hui sous le seuil de pau­vre­té, alors que le prix des pro­duits ali­men­taires a aug­men­té de 50% en 6 ans.

Image_2-60.png L’apparente pros­pé­ri­té actuelle ne cor­res­pond pas à une éman­ci­pa­tion éco­no­mique réelle vis-à-vis d’Israël ou des pays dona­teurs. L’économie pales­ti­nienne demeure une éco­no­mie subor­don­née et dépen­dante des déci­sions israé­liennes, des exi­gences des bailleurs de fonds et des pro­jets d’investisseurs qui, pre­nant au mot le slo­gan de la Pales­tine Invest­ment Confe­rence orga­ni­sée en 2008 avec le sou­tien du gou­ver­ne­ment Fayyad (« You can do busi­ness in Pales­tine ») déve­loppent une forme d’ « éco­no­mie-casi­no » : peu pré­oc­cu­pés par un déve­lop­pe­ment réel, local et à long terme, ils espèrent rem­por­ter rapi­de­ment beau­coup plus que leur mise tout en sachant que les risques de tout perdre sont très élevés.

Cette pré­ca­ri­té et cette subor­di­na­tion éco­no­miques sont à l’image de la pré­ca­ri­té et de la subor­di­na­tion poli­tiques : elles ne peuvent per­mettre de ren­ver­ser le rap­port de forces vis-à-vis d’Israël. Dans une récente inter­view, l’économiste pales­ti­nien Yous­sef Abdel Haaq décla­rait ain­si : « Tout le monde sait que la sou­ve­rai­ne­té poli­tique est entre les mains d’Israël. Donc, si Salam Fayyad pré­tend réa­li­ser quoi que ce soit, il fau­dra qu’Israël l’approuve. Et ce qu’Israël approuve entre dans les plans d’Israël, non dans ceux des Pales­ti­niens » (Poli­tis, semaine du 31 mars au 6 avril).

La poli­tique actuel­le­ment conduite est loin d’être popu­laire dans les ter­ri­toires pales­ti­niens, sauf chez la mino­ri­té qui en béné­fi­cie direc­te­ment, par exemple en se livrant à la spé­cu­la­tion immo­bi­lière à Ramal­lah, ville dans laquelle le prix du mètre car­ré a tri­plé ces 5 der­nières années. Rien d’étonnant, dans de telles condi­tions, à ce que plus d’un tiers du bud­get de l’AP soit consa­cré aux diverses forces et ser­vices de sécu­ri­té et que l’appareil répres­sif se « moder­nise » aus­si rapi­de­ment que les colo­nies se construisent en Cis­jor­da­nie : le nombre de construc­tions a qua­dru­plé en 2010, par rap­port à 2009.

L’Etat pales­ti­nien : une reven­di­ca­tion d’un autre temps ?

Mal­gré les illu­sions géné­rées par le plan Fayyad, les faits sont têtus : l’emprise israé­lienne sur les ter­ri­toires occu­pés n’a jamais été aus­si forte. Il n’y a dans les faits, qu’un seul Etat entre la mer Médi­ter­ra­née et le Jour­dain, qui tolère en son sein quelques zones auto­nomes, dans la mesure où celle-ci ne sont pas fac­teurs de désta­bi­li­sa­tion. Les quelques enclaves pales­ti­niennes de Cis­jor­da­nie peuvent à tout moment subir le même sort que celui de la bande de Gaza : le bou­clage total, voire le blo­cus. Le seul « Etat pales­ti­nien » qui pour­ra voir le jour n’est pas un Etat indé­pen­dant viable et sou­ve­rain, dont les bases maté­rielles ont depuis long­temps dis­pa­ru, et qu’aucun gou­ver­ne­ment israé­lien ne sera prêt à tolérer.

Ce qui m’amène à ma conclu­sion, en forme d’ouverture sur l’actualité. La reven­di­ca­tion de l’Etat pales­ti­nien indé­pen­dant a été for­mu­lée par la frac­tion diri­geante de l’OLP dans un contexte d’isolement inter­na­tio­nal et régio­nal, qui l’a ame­née à envi­sa­ger une solu­tion « prag­ma­tique », un « com­pro­mis réa­liste ». Mais même pour cette frac­tion diri­geante, l’Etat indé­pen­dant n’a jamais été conçu comme une fin en soi, mais comme une étape vers la satis­fac­tion de l’ensemble des droits natio­naux des Pales­ti­niens (notam­ment le droit au retour et le droit à l’autodétermination), vers une solu­tion pour tous les Pales­ti­niens, qu’ils vivent en Cis­jor­da­nie, à Gaza, en Israël ou dans les pays dans les­quels ils se sont réfugiés.

Dans cette optique, à l’heure où le monde arabe est bou­le­ver­sé par les sou­lè­ve­ments popu­laires dont cha­cun ici a connais­sance, la reven­di­ca­tion de l’Etat pales­ti­nien indé­pen­dant paraît ana­chro­nique. Ce que vit actuel­le­ment le monde arabe peut être qua­li­fié selon moi, de « deuxième phase des indé­pen­dances » : après avoir conquis l’indépendance for­melle, c’est-à-dire le départ des auto­ri­tés colo­niales et la conquête de la sou­ve­rai­ne­té ter­ri­to­riale, les peuples arabes reven­diquent aujourd’hui l’indépendance réelle, en se débar­ras­sant de régimes qui demeurent, ou demeu­raient, fon­da­men­ta­le­ment, inféo­dés aux anciennes puis­sances colo­niales ou aux nou­velles puis­sances impériales.

La reven­di­ca­tion de « l’Etat pales­ti­nien indé­pen­dant » demeure fon­da­men­ta­le­ment une reven­di­ca­tion de type « pre­mière phase », dans la mesure où elle implique son accep­ta­tion et sa recon­nais­sance par la puis­sance colo­niale, Israël. For­mu­lée dans le contexte de gla­cia­tion régio­nale consé­cu­tif aux guerres de 1967 et de 1973, cette reven­di­ca­tion expri­mait, en der­nière ins­tance, l’adaptation, pour ne pas dire l’intégration, de la ques­tion pales­ti­nienne à l’ordre régio­nal. A for­tio­ri si on la pense en lien avec le prin­cipe de la « non-ingé­rence dans les affaires inté­rieures arabes » cher à l’OLP de Yas­ser Arafat.

Il n’y a rien d’étonnant, dans de telles condi­tions, à ce que l’OLP, puis l’AP, aient mimé les régimes arabes envi­ron­nants, y com­pris dans leurs pires excès, et à ce que Mah­moud Abbas, pré­sident de l’AP, ait été le der­nier diri­geant poli­tique à sou­te­nir ouver­te­ment Hos­ni Mou­ba­rak, après avoir, lors de son dis­cours au congrès du Fatah il y a deux ans, ren­du un hom­mage appuyé à Zine al-Bedine Ben Ali. La direc­tion « his­to­rique » de l’OLP, tout comme le pro­jet d’Etat pales­ti­nien indé­pen­dant, appa­raissent de plus en plus en déca­lage avec les nou­velles géné­ra­tions poli­tiques émer­gentes et les reven­di­ca­tions d’indépendance et de sou­ve­rai­ne­tés éco­no­mique et poli­tique réelles qui bou­le­verse la région.

Au-delà de la dis­pa­ri­tion des bases maté­rielles de l’Etat pales­ti­nien et des échecs mani­festes de la construc­tion d’une « indé­pen­dance » mal­gré la pour­suite de l’occupation, c’est donc la ques­tion de l’adaptation du mot d’ordre lui-même qui est posée, tant il est à contre­temps des évo­lu­tions régio­nales. Il est aujourd’hui plus que pro­bable, à la lumière des récents évé­ne­ments, que la socié­té pales­ti­nienne ne soit pas épar­gnée par le vent de révolte qui balaie les socié­tés arabes. Recom­po­si­tions poli­tiques, dépas­se­ment ou contour­ne­ment des orga­ni­sa­tions « tra­di­tion­nelles » du mou­ve­ment natio­nal, refor­mu­la­tion de la stra­té­gie et du pro­jet… Autant de déve­lop­pe­ments qui feront, à moyen terme, de la reven­di­ca­tion de l’introuvable Etat pales­ti­nien une curio­si­té historique.