Pour Khachik et les autres…
Nous voulons des communes solidaires de l’ensemble de ses habitants !
Rassemblement ce mardi 23 octobre 2012 à 17h devant la maison communale de La Louvière
Khachik Ghazaryan est un jeune Louviérois de 20 ans installé depuis 2008 dans la région du Centre où il reconstruisait sa vie, loin de son pays d’origine, l’Arménie, et des dangers qu’il encourait sur base de ses opinions politiques. Il est arrivé à 16 ans comme mineur non accompagne (MENA) au Centre Ouvert de Morlanwelz et a poursuivi sa scolarité à l’ITM en mécanique. Il a appris le français qu’il parle maintenant parfaitement. Il a ensuite travaillé (et donc cotisé) dans plusieurs entreprises, dont Alysfood à Seneffe ou Durobor à Soignies. Il a aussi suivi une formation de soudure en horaire décalé ainsi qu’une formation de chauffeur-livreur grâce à laquelle un employeur lui a récemment adressé une promesse de CDI.
Un parcours sans problème, donc, comme en témoignent unanimement ses connaissances. Pourtant, le 27 août dernier, tout a basculé. Ce jour-là, après l’expiration de son ordre de quitter le territoire suite à plusieurs demandes d’asile et de régularisation rejetées, Khachik est arrêté par la police de La Louvière à la sortie de son domicile et emmené au centre fermé de Vottem en vue de son expulsion vers l’Arménie contre sa volonté. Après une première tentative d’expulsion ratée, le 18 septembre, Khachik entame une grève de la faim de 5 jours.
Alertés sur sa situation, les membres de la commission immigration du CEPRé organisent une réunion avec ses amis, ses anciens collègues et professeurs mais aussi des personnes solidaires qui ne le connaissent pas personnellement, pour tenter le maximum afin d’empêcher l’expulsion de Khachik. Ensemble, nous nous apprêtions à introduire une nouvelle demande de régularisation sur base d’un ancrage social durable. Nous avions aussi sollicité une intervention de Jacques Gobert, en tant que Bourgmestre de la commune où Khachik a démontré sa bonne intégration, pour appuyer la libération et sa régularisation
Malheureusement, entre-temps, Khachik a été expulsé. Jeudi 18 octobre, vers 17h, un de ses compagnon de détention au centre fermé de Vottem nous a informé par téléphone qu’il venait d’être placé en cellule d’isolement avec ses bagages, mais sans possibilité de contact avec l’extérieur, en vue de son expulsion prévue pour le lendemain. Une nuit entière en cellule d’isolement… pour angoisser tout seul face à ce qui l’attend dans le pays qu’il avait décidé de fuir quatre ans plus tôt. Vendredi 19 octobre, quelques-uns d’entre-nous se sont rendus à l’aéroport de Zaventem pour tenter de persuader les passagers du vol civil par lequel Khachik devait être « éloigné » en Arménie via Moscou d’empêcher le décollage et donc l’expulsion. C’était en effet notre unique espoir… mais nous avons échoué.
Samedi dernier, Khachick nous a téléphoné depuis l’Arménie pour nous remercier du soutien que nous lui avons apporté. Il nous a expliqué que, avant le décollage de l’avion, il était escorté par quinze policiers, visiblement au courant de nos efforts pour contrer cette expulsion puisque l’escorte habituelle est beaucoup plus réduite. En théorie, il est possible de refuser une deuxième tentative d’expulsion. Mais, en plus des effets psychologiques d’une nuit en cellule d’isolement, l’escorte policière (et d’autant plus d’une telle ampleur), dissuade fortement les tentatives de résistance, tant de la part de l’intéressé que de la part des passagers qui auraient voulu s’opposer à ce traitement inhumain et dégradant. Par téléphone, Khachik nous a expliqué : « les passagers me regardaient comme si j’étais un dangereux terroriste, attaché et escorté par la police. Mais je ne suis pas un criminel, ni un animal ! Comment de tels traitements peuvent-ils exister dans une Europe qui se dit des droits de l’Homme ?». A ce jour, Khachik attend la décision des autorités arméniennes sur la peine de prison qu’il encourt pour ne pas avoir presté son service militaire…
Malgré cette expulsion qui nous révolte, nous refusons de tomber dans le défaitisme. Nous n’oublierons pas Khachik et tâcherons de rester en contact avec lui. Mais surtout, pour lui et pour tous les autres, nous continuerons à dénoncer ces politiques d’asile et d’immigration inhumaines et injustes. Nous tenons ainsi à ce que les communes de la région du Centre mettent tout en œuvre pour faciliter les démarches de nos concitoyens dans l’obtention d’un titre de séjour définitif et fassent au mieux pour résister aux politiques répressives qui bafouent les droits fondamentaux comme le droit d’asile, de circulation et d’établissement.
C’est dans ce sens qu’une délégation rencontrera le Bourgmestre Jacques Gobert ce mardi 23 octobre à 17h à la maison communale de La Louvière. Nous appelons en même temps à un rassemblement pour appuyer cette délégation et pour entendre celles et ceux qui se sont mobilisés en solidarité avec Khachik.
Il s’agit pour nous de construire une vigilance citoyenne à long terme avec celles et ceux qui refusent de continuer à laisser faire l’inadmissible. Nous poursuivrons notre démarche à travers la la marche des migrants en faveur de l’égalité des droits entre belges et étrangers, organisée dans la région par plusieurs associations locales et plusieurs générations d’immigrés de différentes origines le 20 avril 2013.
Communiqué de presse de l’asbl CEPRé,
Haine-St-Paul, le 22 octobre 2012.
Contact :
Freddy Bouchez, coordinateur : 064/23.61.73
Céline Caudron, animatrice de la commission immigration : 064/23.72.90
Asbl CEPRé
Rue H. Aubry, 23
7100, Haine-St-Paul
asblcepre@hotmail.com