Douze films, sorti en 1989, de quelque 25 minutes, chacun signés Chris Marker et ont pour sujet l’héritage de la Grèce antique. Douze mots de racine grecque que Chris Marker décortique pour connaître l’héritage de la Grèce antique sur le monde moderne. Des États-Unis au Japon, il a baladé sa caméra là où tout mot prend sens, il a rencontré des hellénistes, des logiciens, des hommes politiques, des artistes et a confronté leurs discours aux mémoires des cinémathèques pour connaître l’influence de la Grèce antique sur le monde moderne.
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Treize mots de racine grecque que Chris Marker décortique pour connaître l’héritage de la Grèce antique sur le monde moderne. Des États-Unis au Japon, il a baladé sa caméra là où tout mot prend sens, il a rencontré des hellénistes, des philosophes, des logiciens, des hommes politiques, des artistes et a confronté leurs discours aux mémoires des cinémathèques.
« L’Héritage de la chouette est un projet encyclopédique qui, par le détour de la Grèce antique, se propose de jeter un peu de lumière sur les sources de notre civilisation, et du même coup sur sa mortalité. (…) À part le plaisir et l’intérêt de voir ou revoir ces treize demi-heures rares, on peut trouver plusieurs choses dans L’Héritage de la chouette : un projet de ce qu’aurait pu être une télévision portée par le même esprit d’innovation que le cinéma à ses débuts, un programme d’enseignement socratique, un serial (chaque chapitre se terminant sur une question laissée en suspens), un lexique markerien, la suite d’une conversation, à deux ou à plusieurs (parfois même un monologue), menée au fil des années, une énumération comme celles de Sei Shônagon (“Choses qui ne font que passer : le printemps, l’été, l’automne et l’hiver”), ou encore une autre manière d’aborder une filmographie difficilement organisable, tant les catégories sont dans les films dé- ou retournées. »
Bernard Eisenschitz, « Marker Mémoire », programme de la Cinémathèque française, janvier-février 1998.
L’Héritage de la Chouette (1989) de Chris Marker
Episode 1 : Symposium ou les Idées reçues
Prenant l’idée du symposium (“boire avec”: vous en apprenez des trucs, hein ?), des spécialistes sont réunis autour d’une table, ou face à la caméra pour les moins chanceux, pour débattre de notre héritage (culturel, philosophique, enfin tout quoi…) de la Grèce Antique. Il est question dans cet épisode de reconnaître à nos ancêtres d’avoir déjà exploré les concepts du conscient et du subconscient, ou encore d’égotisme et de dédoublement de la personnalité ; le fameux “connais-toi toi-même” comme précepte de base. Si l’ordre et la mesure pouvaient être atteints, c’était toujours “contre la réalité” — jamais gagné d’avance, vous voyez. On évoque ainsi le fait que si aucune limite n’était alors fixée, s’il n’y avait point de table de lois au sens strict, c’était à chacun de savoir jusqu’où aller… Bien, bien… Celui qui était dans la démesure (l’hubris) était puni en étant jeté dans l’abyme (en fait “qui fait le malin tombe dans le ravin”, c’est même po de moi… mon Dieu, on invente rien quoi!). Bon je tenterai d’être un peu moins didactique au prochain épisode, faut que je me chauffe.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 01… par DavoLoSchiavo
Episode 2 : Olympisme ou la Grèce imaginaire
On se sent un peu petit devant ces intellectuels ou ces artistes qui débattent de l’héritage de la civilisation grecque avec un tel brio. Bon, tentons de ne point dire de grosses bêtises, ça nous changera (je me fais tout humble devant Marker). L’épisode commence avec des images des J.O. de Berlin en 1936, pas la meilleure idée que l’on se fait de l’esprit olympique… Comme le dit l’un des intervenants, chaque siècle (voire chaque pays, voire chacun de nous…) a sa propre réinterprétation de la civilisation grecque. L’héritage des Grecs est forcément difficile à définir à l’image de la belle intervention de Théo Angelopoulos qui s’est rendu compte, lors de son premier film qu’il avait, inconsciemment, été inspiré par l’histoire d’Agamemnon. Si le christianisme lui-même s’est parfois appuyé sur les écrits grecs, il est surtout ici question des liens tenus entre l’Allemagne et la Grèce ancienne. Que ce soit en ce qui concerne ses philosophes (de Hegel à Heidegger) voire ses poètes (Holderlin, Rilke), il y a une évidente affinité entre les deux cultures ; là où l’épisode achoppe, c’est sur la récupération par les Nazis d’un certain “idéal” de la Grèce — aussi bien pour donner le sens de l’unité à l’Allemagne que dans l’utilisation de représentations artistiques (des images de l’Olympia de Riefenstahl vienne corroborer cet aspect). On évoque également les rituels dionysiaques remis au goût du jour ou la figure d’Apollon, sorte de véritable Dieu des Nazis. La dernière séquence est véritablement godardienne en mettant en parallèle le défilé des athlètes (Allemands et Japonais entre autres) dans le stade de Berlin et celui des militaires, d’un coureur porteur de flamme et de personnes prenant la fuite… La Grèce ancienne a ainsi été utilisée d’une certaine façon pour servir une imagerie et un esprit totalitariste (et encore aujourd’hui dit le commentaire… alors, disons en 2008… ah oui…). Plutôt paradoxal quand la Grèce rime généralement avec l’idée de “démocratie”: ça tombe bien, c’est le sujet du prochain épisode.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 02… par DavoLoSchiavo
Episode 3 : Démocratie ou la Cité des Songes
Quelle différence existe-t-il entre la démocratie ancienne et la démocratie moderne ? Le philosophe franco-grec Cornelius Castoriadis prend la parole et faut reconnaître que c’est toujours passionnant et clair. Démocratie signifie le “pouvoir du peuple” et notre Cornelius d’insister sur le fait primordial de ne pas confondre la cité — disons Athènes — et le peuple — les Athéniens : ce sont ces derniers qui détiennent véritablement le pouvoir politique ; lors d’immenses assemblées de citoyens (15.000, 20.000 personnes sur 30.000), sans représentants élus, chacun peut proposer une loi qui est alors adoptée ou non, avec toujours le recours de discuter à nouveau d’une décision prise devant une assemblée de citoyens choisis au hasard. L’individu à la base des lois, c’est une première chose. Là où le Cornelius fait une réelle différence entre hier et aujourd’hui, c’est surtout sur la passion des citoyens d’alors pour la vie politique, qui n’a rien à voir avec celle de nos temps modernes, où alternent des périodes gérées par “politiciens professionnels” et celles où explosent les révolutions. Il cite Benjamin Constant qui en 1820 avait su résumer d’après lui tout ce que demande dorénavant un simple citoyen : “la garantie de ses jouissances”. Eh oui, les temps changent et les passions partent en fumée, même en politique…
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 03… par DavoLoSchiavo
Episode 4 : Nostalgie ou le Retour impossible
Ouverture de cet épisode sur l’Odyssée, un film de De Liguoro de 1911 qui marque forcément des points. En quoi la Grèce moderne est-elle l’héritière de la Grèce ancienne ? Si les avis divergent, il est surtout question des notions d’identité (pour Angelopoulos, on donne des prénoms de la Grèce ancienne aux enfants d’aujourd’hui comme pour se rassurer et la langue grecque fut, d’après lui, après l’occupation des Turcs, un véritable moteur pour réunir le peuple) et surtout de nostalgie. Nostalgie de la Grèce ancienne mais aussi sentiment de nostalgie pour ces Grecs immigrés interrogés. Vassilis Vassilikos reconnaît ainsi que l’ ”on aime la Grèce quand on est loin, et la déteste quand on est dedans” s’avouant heureux de vivre à l’étranger car “on ne [lui] détruit pas la Grèce qu’[il] veut faire dans sa tête”… S’il fallait tenter de définir les Grecs, le mot nostalgique (répétez après moi — et n’oubliez pas le guide -: du mot “nostos”, le désir de rentrer chez soi et d’ ”algos”: douleur) semble pour certains le mieux convenir : même si cette terre a été victime d’invasion et de crises politiques terribles, même s’il on est en exil, il demeure important de rester attaché à cette terre d’origine, chacun à sa façon, quitte parfois à l’idéaliser… D’ailleurs dans l’Odyssée d’Homère, comme le dit un intervenant au tout début, Ithaque représenterait justement cette “patrie” lointaine que personne ne doit oublier… Bon, promis, j’oublie po la France les gars (si je peux me permettre un commentaire perso), j’ai un peu de mal à l’idéaliser parfois, certes, mais il me suffit de penser à un pot de rillettes pour continuer d’y croire.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 04… par DavoLoSchiavo
Episode 5 : Amnésie ou le Sens de l’Histoire
Comme l’annonce de façon lucide l’un des intervenants : “l’homme politique éloigne le citoyen de la mémoire, la mémoire servant de point de départ à la contestation ; notre homme politique “joue sur le quotidien”, livrant un discours (comme les oeufs) “du jour”… et oublié trois jours plus tard”. On a alors droit à un petit rappel historique des faits avec l’arrivée, en Grèce indépendante, en 1820 du roi bavarois Otto et un habile parallèle est fait entre l’histoire en 1840 et en 1940 avec les mêmes pays se disputant la Grèce ; on revient plus précisément sur les Américains, qui ont pris la succession des Anglais et qui de 47 à 49 intervinrent directement et militairement dans le pays — comme un coup de force en forme de coup d’essai de leur politique future. On finit par évoquer enfin la prise de pouvoir par les Colonels.
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Episode 6 : Mathématique ou l’Empire des Signes
Richard Bennet s’extasie devant le génie de Pythagore et fait une fine différence, concernant les nombres, entre ceux des commerçants (pour les échanges), les nombres scientifiques (physique, chimie) et les nombres divins. Il rappelle l’importance de la géométrie à cette époque (on retrouve chez Platon, deux siècles plus tard, cet intérêt, lui dont l’entrée s’ornaient des mots suivants : “Nul n’entre ici s’il n’est géomètre” — bon ben j’aurais pas pu aller bouffer chez Platon, c’est déjà un regret de moins) et Michel Serres d’en rajouter une couche : les philosophes passaient leur temps à se chamailler en débattant d’idées mais finirent par créer avec l’univers de la géométrie, une sorte d’utopie, un “espace universel de paix” — demandez à Gols, il opinera. Serres a l’air vachement content que le vocabulaire scientifique des Grecs ait étendu un véritable Empire dans le temps (de Thalles à aujourd’hui, le mot “parallèle” signifie la même chose — c’est pas vraiment le cas pour le mot “démocratie”, vu le nombre d’esclaves à Athènes (“La Chine est une démocratie”, si, on peut le dire… au sens grec…)) mais aussi dans l’espace, les mêmes mots revenant presque à l’identique dans les différentes langues européennes. Les Grecs étaient les rois de la logique mais — et c’est là, fusil, qu’il faut s’accrocher — lorsqu’on évoque la notion d’algorithme, à la base, de nos jours, de l’intelligence artificielle (puisqu’il est question des notions d’incertitude et de flou — si on vous le dit!), il faut remonter jusqu’à l’époque des Egyptiens et des Babyloniens (ouh là, ça fait loin dis donc) et Serres de regretter que l’on soit aujourd’hui de piètres héritiers des pré-Socratiques chez lesquels la philosophie et la science ne faisaient qu’un. Qu’il se rassure, il y en a beaucoup qui ne sont ni l’un ni l’autre… et ne me regardez pas, c’est pénible.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 06… par DavoLoSchiavo
Episode 7 : Logomachie ou les Mots de la Tribu
Discussion autour du mot “logo” — “language et pensée”, “parole”… On évoque, pour certains, la “schizophrénie nationale” de la Grèce, pour d’autres “sa richesse”, avec la cohabitation des deux langues (la populaire et la savante) voire de trois avec l“archaïsante”. Il est question de l’histoire des racines grecques (pourquoi utilise-t-on le mot “technologie” et non pas le mot “logotechnie”? (littérature), vous répondez quand on vous parle!…), du Cratyle de Platon qui parlait des affinités entre les mots et les choses (po sympa pour Saussure, plus cool pour les poètes, comme le dit l’excelllllllent George Steiner) où encore d’Aristote pour qui “l’animal humain”, doué de parole, se livre, dans le cadre de la dialectique, à une véritable “bataille avec les mots” — je suis pour, je suis pacifiste. Steiner, again, fait enfin un parallèle entre la bouche d’Orphée, d’après les mots d’Ovide, et celle présente sur scène dans une pièce de Beckett, po piqué des hannetons, et on se sent de plus en plus petit devant le niveau des discussions…
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 07… par DavoLoSchiavo
Episode 8 : Musique ou l’Espace de dedans
Où commence la musique ?, c’est la question au départ de cet épisode où l’on suit le bruit de la marche au pas de deux gardes grecs, le chant d’une prière ou le son d’un piano, ou encore, pour faire plaisir à Chabrol, le cri de la chouette… Un cri analysé, disséqué, mis en image même, par un ordinateur, et alors qu’on se demande où cela peut bien nous mener, une femme rappelle le Mythe de Gorgone (“créature effrayante” dont l’oeil ressemble… à la chouette) et la création par Athéna de la musique à partir de l’imitation d’un cri naturel… Voyez, quoi… Cet épisode est presque un one man show de Ianis Xenakis qui nous explique que les phonons sont plus gros que les photons (faut le croire sur parole) et que le son est donc finalement “plus proche de l’homme, plus perceptible, plus accessible” que les images. Bien. Il est question également des relations entre le rythme et le corps et de la musique byzanthine (“l’homme peut devenir un Dieu dont le nom est musique” nous dit le commentaire, j’opine). Xenakis cite enfin Paul Valéry qui disait, le bougre, qu’à 18 ans, l’homme avait plusieurs facettes mais que l’usure de la vie, les différents échecs l’obligent à faire des choix (faut que je remette absolument la main sur ma facette…). Pour le Ianis, la musique représente définitivement sa seule façon d’exister. Angélique Ionatos souligne pour sa part la dualité dangereuse de la musique qui, à ses yeux, est seule capable de lui donner le goût de la vie, d’éloigner la peur de la mort mais qui peut aussi souligner le triomphalisme, le narcissisme d’un tyran. Bon, un épisode à ma portée.
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Episode 9 : Cosmogonie ou l’Usage du Monde
Allez, quelques petites réflexions piquées à droite à gauche ; Michel Serre nous parle des statues cycladiques qui étaient enterrées, en plusieurs morceaux, avec les morts ; de même que pour marquer un lieu, à un carrefour, on utilisait souvent une reproduction d’Hermès. De là l’idée que la statue représente à la fois la mort et le lieu : lorsque l’on évoque d’ailleurs ses origines, on parle du lieu où sont inhumés ses ancêtres. Mais les statues peuvent également voyager, comme ces statues grecques exposées au Japon où l’on connaissait Hermès avant tout… comme marque de vêtements — trop fortes, ces statues. Castoriadis revient au monde du chaos et à la théorie pessimiste de nos amis grecs où “l’homme doit disparaître pour payer la rançon de l’injustice” — maudit, dès la naissance… Xenakis lui emboîte le pas en citant Platon : Dieu a créé un monde harmonique puis les humains, qui vont foutre forcément le bazar ; Dieu reprend alors le contrôle, exhume les morts qui vont refaire le chemin, à l’envers, jusqu’à l’enfance — un parallèle est fait avec la théorie moderne du Big Bang et, si on comprend po tout, on se dit qu’ils en avaient sacrément sous la casquette ces philosophes. Enfin, on termine sur l’histoire de Persée coupant la tête de la Gorgone (créature fascinante et image de la propre mort de l’homme) dans un souci de détourner la terreur, de “désarmer la mort”… Ouais po simple ce mot cosmogonie…
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Episode 10 : Mythologie ou la Vérité du Mensonge
A l’origine étymologique du mot poésie, il y a la racine “faire”, d’où le parallèle entre le fait de parler, de discuter et de construire, de faire un monde. George Steiner mène le débat : après avoir évoqué l’influence des mythes sur la littérature, l’Histoire, les faits divers ou la psychanalyse ou encore certains concepts (le futur dans Prométhée, le “qui-suis-je” dans Oedipe, les interdits, comme l’inceste, d’après les mythes sur la parenté,… parlant de l’existence d’une “grammaire du mythe”), il revient sur la création des premiers mythes par l’homme qui se fait “milliardaire du rêve” en étant capable de bâtir des “contre-possibilité à la réalité”, de dépasser l’idée de la mort. D’après lui, les histoires “nous sauvent du désespoir” en ce qu’elles nous permettent d’interroger les Dieux et surtout nous-mêmes. Il pousse même l’idée plus loin, après avoir discuté de l’influence sur la littérature des mythes grecs (Oreste pour Hamlet, Prométhée pour Faust): c’est comme s’il existait en chacun de nous, enfermé dans nos cerveaux, comme une conscience enfouie de ces mythes et que la “structure du cerveau et du dire”, ce n’était jamais que “le mythe de la découverte de la personnalité par elle-même” — bon, ne me regardez pas comme ça, il l’explique sûrement mieux. Un parallèle est ensuite fait sur le polythéisme grec et japonais (certaines idées auraient transité par l’intermédiaire de commerçants Scythes) et le culte de la nature dans les deux systèmes (petite visite des temples de Delphes et d’Ise au Japon parfaitement bienvenue). Enfin, Steiner pense que si la tradition grecque polythéiste avait fini par triompher — rejoignant ainsi certaines idées de Nietzsche — on pourrait avoir un monde sans guerre, “sans barbarie idéologique”. On est prêt à le croire. Encore du lourd dans cet épisode.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 10… par DavoLoSchiavo
Episode 11 : Misogynie ou les Pièges du Désir
Chez nos amis les Grecs, la sexualité n’est point considérée comme une mauvaise chose en soi et on les en remercie. Toutefois, l’homme doit prendre garde à ce plaisir infini, à ce leurre, qui finit par décevoir. Ah!. Il est aussi question, bien sûr, de cet homme qui était à l’origine composé de 8 membres (2 bras, deux corps…) et qui, en recherchant sa moitié, fait de l’amour un acte quelque part très nostalgique… On évoque l’homosexualité, comme un passage pour les adolescents qui leur permet de s’initier à la philosophie, la philo n’étant jamais qu’un amour pour le savoir qui s’amorce dans l’amour de la beauté, dans le désir physique (ça doit être pour ça que, maintenant, on ne commence d’étudier cette matière qu’en Terminale…) En ce qui concerne l’hétérosexualité, le constat est relativement amer pour la pauvre femme grecque, perçue généralement comme un compagnon de beuverie, un genre de complément : sa qualité première, être une bonne gymnaste, ce qu’elles ont dû un peu perdre en route vu les derniers résultats aux jeux olympiques. Bon franchement, la condition féminine dans la Grèce ancienne, c’était apparemment po le pied, les femmes n’avaient po le droit de voter et se retrouvaient donc considérées toute leur vie comme des “mineures”, ayant besoin d’un tuteur lors d’un problème avec la Justice. La distinction est faite entre les simples prostituées et les hétaïres — genre de geishas, femmes pour le plaisir, certes, mais cultivées, attention — et, maigre lot de consolation pour la femme au foyer, qui demeurait le chef à la maison — une sorte de matriarcat po super excitant au demeurant… L’une des intervenantes ose un petit parallèle guère réjouissant avec le Grec moderne, dont le goût pour la dictature prouverait qu’un petit tyran sommeille toujours en lui. Po sympa.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 11… par DavoLoSchiavo
Episode 12 : Tragédie ou l’Illusion de la Mort
Moins passionné par ce tronçon. Angeloupolos évoque sa volonté dans le Voyage des Comédiens de rendre le mythe plus proche du quotidien. Il fait un parallèle entre le rythme dans le théâtre japonais (kabuki ou nô) et celui de la tragédie grecque ; de larges extraits du Médée de Yuldo Ninagawa viennent illustrer cette évidente sensibilité nippone à capter l’esprit tragique de la Grèce antique. Personnellement, je n’y vois aucun inconvénient.
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 12… par DavoLoSchiavo
Episode 13 : Philosophie ou le Triomphe de la Chouette
Ultime épisode (un peu amputé de quelques minutes mais je ne peux pas décemment blâmer le gars qui nous a fait partager cette série d’anthologie) qui rend hommage à la chouette et à la philosophie. Chacun y va de son petit mot pour célébrer la chouette que l’on associe volontiers à Athéna et donc à la sagesse. Pour certains les yeux de la chouette posent des “tas de questions”, pour d’autres ils sont capables comme la philosophie de voir dans la nuit… Pour ce qui est de la philosophie, Kostos Axelos (un Grec nan?) pense qu’elle est morte avec Hegel tout en précisant que “la fin d’une chose dure plus longtemps que la chose elle-même” — ouais moi non plus j’ai po compris, mais la phrase vaut le détour, on est d’accord. Pour l’excellent Cornelius Castoriadis (il était pas arrière droit à l’Euro 2004 ?) la philosophie est éternelle, symbolisant avant tout la liberté de penser et de s’interroger. (Bon autant dire que j’ai po fini de philosopher, personnellement, n’étant toujours pas foutu d’ouvrir une bière avec un briquet) Quelques mots, en guise de conclusion, en citant Michel Serres qui ne souhaite point que les philosophes prennent le pouvoir ; à ses yeux, “une idée est toujours bonne quand elle n’a pas le pouvoir, toute idéologie devenant dès lors une idéocratie” (faites comme moi, dans le doute, cherchez dans le dictionnaire) ajoutant qu’il n’y a pas de “tyrannie plus mortelle”. Eh bé, j’en ai appris des trucs…
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 13… par DavoLoSchiavo
Grèce, 12 mots ou l’Héritage de la chouette 00… par DavoLoSchiavo