Surveillance Valley : Pourquoi des compagnies comme Google collaborent avec les flics et les barbouzes
Extrait du livre Surveillance Valley. The Secret Military History of the Internet
Par Yasha Levine / Traduit par Entelekheia — Fausto Giudice
C’était le 18 février 2014, et il faisait déjà nuit quand j’ai traversé le Pont de la Baie, venant de San Francisco et que j’ai garé ma voiture au centre-ville d’Oakland. Les rues étaient désertes, à l’exception de quelques SDF affalés en tas contre un store de magasin fermé. Deux voitures de police ont brûlé un feu rouge, sirènes hurlantes.
Je me suis dirigé vers l’hôtel de ville d’Oakland à pied. Même à distance, je pouvais voir que quelque chose d’inhabituel s’y passait. Une file de voitures de police stationnées entourait le pâté de maisons, et des présentateurs et des équipes de cameramen de télévision se bousculaient pour avoir la meilleure place. Un grand groupe de gens se pressait près de l’entrée, certains brandissant ce qui ressemblait à un énorme rat en papier mâché, probablement destiné à symboliser le mouchardage. Mais l’action réelle était à l’intérieur. Plusieurs centaines de personnes remplissaient la salle décorée et surmontée d’une coupole du conseil municipal d’Oakland. Beaucoup portaient des pancartes. C’était une foule en colère, et les policiers étaient rangés sur les côtés de la salle, prêts à évacuer tout le monde si les choses devenaient incontrôlables.
L’agitation était liée au principal point de l’ordre du jour de la soirée : le conseil municipal devait voter sur un ambitieux projet de 11 millions de dollars pour créer un centre de surveillance policière à l’échelle de la ville. Son nom officiel était « Domain Awareness Center » — mais tout le monde l’appelait « le DAC ». Il était conçu pour relier les flux vidéo en temps réel de milliers de caméras à travers la ville et les acheminer vers un centre de contrôle unifié. La police serait en mesure de pointer sur un endroit et de le regarder en temps réel ou de remonter le temps. Ils pourraient activer la reconnaissance faciale et les systèmes de pistage des véhicules, se brancher sur les flux de médias sociaux et compléter leur vision avec des données provenant d’autres organismes policiers, locaux comme fédéraux.
Les plans pour ce centre de surveillance avaient tourmenté la politique de la ville depuis des mois, et l’indignation faisait maintenant sentir sa présence. Des habitants, des leaders religieux, des militants syndicaux, des politiciens à la retraite, des anarchistes encagoulés du « Black Bloc » et des représentants de l’American Civil Liberties Union : ils étaient tous présents, côtoyant un groupe de militants locaux dévoués qui s’étaient rassemblés pour arrêter le DAC. Un fonctionnaire de la ville nerveux, à lunettes et en costume beige, a pris la parole pour rassurer la foule agitée que le Domain Awareness Centre avait été conçu pour les protéger, pas pour les espionner. “Ce n’est pas un centre de fusion. Nous n’avons aucun accord avec la NSA, la CIA ou le FBI pour qu’ils puissent accéder à nos bases de données”, a‑t-il déclaré.
La salle a explosé en pandémonium. La foule n’avalait pas ça. Les gens huaient et sifflaient. “Tout ça, c’est pour surveiller les gens qui protestent”, a crié quelqu’un quelqu’un depuis le balcon. Un jeune homme au visage masqué a bondi à l’avant de la salle et a mis de manière menaçante son smartphone devant le visage du fonctionnaire et a pris des photos. “Quel effet ça te fait ? Qu’est-ce que tu penses de ça, être surveillé tout le temps ! “, a‑t-il hurlé. Un homme d’âge moyen — chauve, portant des lunettes et un pantalon kaki froissé – est monté sur le podium et a engueulé les dirigeants politiques de la ville. “Les membres du conseil croient vraiment qu’on peut faire confiance, sur l’utilisation du DAC, au département de police d’Oakland, qui a une histoire inégalée de violation des droits civiques des oaklandais et qui ne peut même pas suivre ses propres directives, que ce soit pour le contrôle des foules ou les caméras-piéton ?” Il est reparti de manière fracassante en hurlant:“Le seul bon DAC est un DAC mort !” Des applaudissements frénétiques ont éclaté.
Oakland est l’une des villes les plus diversifiées du pays. Elle abrite également un service de police violent, souvent irresponsable, qui opère sous tutelle fédérale depuis plus d’une décennie. Les abus de la police se déroulent dans un contexte de gentrification croissante alimentée par le boom de l’Internet dans la région et la flambée des prix de l’immobilier qui va avec. À San Francisco, des quartiers comme le Mission District, qui abrite historiquement une communauté latino-américaine dynamique, se sont transformés en résidences en copropriété, lofts et en pubs gastronomiques haut de gamme. Les enseignants, les artistes, les personnes âgées et tous ceux qui ne gagnent pas un salaire à six chiffres ont du mal à joindre les deux bouts. Oakland, qui fut un temps épargnée par ce sort, a été frappée à son tour. Mais les habitants ne se laissaient pas faire sans combat. Et une grande partie de leur colère était concentrée sur la Silicon Valley.
Les gens rassemblés à l’hôtel de ville ce soir-là voyaient le DAC d’Oakland comme une extension de la gentrification technologique qui chassait de la ville les plus pauvres des habitants de longue date. « On n’est pas idiots. On sait que le but est de surveiller les musulmans, les communautés noires et brunes et les contestataires », disait une jeune femme en foulard. « Ce centre arrive à un moment où vous essayez de faire d’Oakland un terrain de jeux et un dortoir pour les professionnels de San Francisco. Ces efforts exigent que vous rendiez Oakland plus tranquille, plus blanche, moins effrayante et plus riche — et ça veut dire se débarrasser des musulmans, des noirs et des bruns, et des contestataires. Vous le savez et les développeurs aussi. Nous les avons entendus lors des réunions. Ils ont peur. Ils l’admettent verbalement ». Elle avait raison. Quelques mois plus tôt, deux journalistes d’investigation d’Oakland avaient obtenu une copie des documents d’aménagement urbain internes traitant du DAC et avaient constaté que les responsables municipaux semblaient davantage intéressés à utiliser le centre de surveillance proposé pour surveiller les protestations politiques et l’activité syndicale au les quais d’Oakland que par la lutte contre la criminalité.
“Coulons le DAC”
Il y avait un autre hic. Oakland avait initialement sous-traité le développement du DAC à Science Applications International Corporation, une importante entreprise de sous-traitance militaire basée en Californie qui travaille tellement pour la National Security Agency qu’elle est connue dans le secteur du renseignement sous le nom de « NSA West ». L’entreprise est également un important sous-traitant de la CIA, impliquée dans toutes sortes de programmes, de la surveillance des employés de l’agence dans le cadre des programmes sur les « menaces internes » à la gestion de la flotte de drones assassins de la CIA. Plusieurs habitants d’Oakland ont pris à partie l’administration municipale pour décider de s’associer avec une entreprise qui était à ce point intégrée dans l’appareil militaire et du renseignement des USA. “SAIC facilite les télécommunications pour le programme de drones en Afghanistan qui a assassiné plus d’un millier de civils innocents, y compris DES ENFANTS”, a déclaré un homme en sweater noir. “Et c’est la compagnie que vous avez choisie ?”
J’ai regardé autour de moi avec étonnement. On était au cœur d’une région supposée progressiste, celle de la baie de San Francisco, et pourtant la ville envisageait de s’associer à un puissant sous-traitant de renseignement pour construire un centre de surveillance policière qui, si les informations étaient correctes, servirait à espionner et à surveiller les habitants. Quelque chose a rendu cette scène encore plus étrange pour moi ce soir-là. Grâce à un tuyau d’un militant local, j’avais eu vent qu’Oakland avait discuté avec Google d’une démonstration de produits pour ce qui semblait être une tentative de l’entreprise d’obtenir une partie du contrat pour le DAC.
Google aidant éventuellement Oakland à espionner ses habitants ? Si c’était vrai, ce serait particulièrement accablant. Beaucoup d’Oaklandais ont vu des entreprises de la Silicon Valley comme Google comme les principaux responsables de la flambée des prix de l’immobilier, de la gentrification et de la politique agressive qui rendait la vie misérable pour les habitants pauvres et à faible revenu. En effet, quelques semaines plus tôt, des manifestants s’étaient rassemblés devant la maison locale d’un riche manager de Google qui participait personnellement à un projet de promotion immobilière de luxe à proximité.
Le nom de Google n’a jamais été évoqué lors de la tumultueuse réunion du conseil municipal ce soir-là, mais j’ai réussi à mettre la main sur un bref échange de courriels entre un « responsable du partenariat stratégique » de Google et un fonctionnaire d’Oakland à la tête du projet du CAD qui laissait entrevoir que quelque chose était en cours.
Dans les semaines suivant la réunion du conseil municipal, j’ai tenté de clarifier cette relation. Quels types de services Google offrait-il au centre de surveillance policière d’Oakland ? Jusqu’où les négociations avaient-elles progressé ? Avaient-elles été fructueuses ? Mes demandes à Oakland ont été ignorées et Google ne parlait pas non plus, essayer d’obtenir des réponses de la part de l’entreprise était comme parler à un roc géant. Mon enquête a encore marqué le pas lorsque les résidents d’Oakland ont temporairement réussi à amener la ville à suspendre ses plans pour le CAD.
À l’époque, j’étais journaliste à Pando, un magazine de San Francisco, petit mais sans peur, qui couvrait la politique et les affaires de la Silicon Valley. Je savais que Google faisait la plus grande partie de son argent grâce à un système sophistiqué de publicité ciblée qui traçait ses utilisateurs et construisait des modèles prédictifs de leur comportement et de leurs intérêts. La société avait un aperçu de la vie de près de deux milliards de personnes qui utilisaient ses plates-formes — du courrier électronique à la vidéo en passant par la téléphonie mobile — et réalisait une étrange alchimie, transformant les données des gens en or : près de 100 milliards de dollars de recettes annuelles et une capitalisation boursière de 600 milliards de dollars ; ses co-fondateurs Larry Page et Sergey Brin ont une richesse personnelle combinée estimée à 90 milliards de dollars.
Google est l’une des sociétés les plus riches et les plus puissantes au monde, mais elle se présente comme l’un des bons gars : une entreprise en mission pour rendre le monde meilleur et un rempart contre les gouvernements corrompus et intrusifs tout autour du globe. Et pourtant, quand j’ai retracé l’histoire et creusé dans les détails du business de sous-traitance gouvernementale de Google, j’ai découvert que l’entreprise était déjà un sous-traitant militaire à part entière, vendant des versions de sa technologie d’analyse et d’exploration de données sur les consommateurs aux départements de police, aux administrations municipales et à peu près à toutes les grandes agences de renseignement et militaires US. Au fil des ans, elle a fourni la technologie de cartographie utilisée par l’armée US en Irak, hébergé des données pour la Central Intelligence Agency, indexé les vastes bases de données de renseignement de la NSA, construit des robots militaires, lancé un satellite d’espionnage en collaboration avec le Pentagone, et loué sa plate-forme d’informatique en nuage pour aider les services de police à prévoir le crime. Et Google n’est pas seule. D’Amazon à eBay en passant par Facebook, la plupart des entreprises d’ Internet que nous utilisons chaque jour sont également devenues de puissantes sociétés qui tracent et profilent leurs utilisateurs tout en poursuivant des partenariats et des relations commerciales avec les principales agences militaires et de renseignement US. Certaines parties de ces entreprises sont si intimement liées aux services de sécurité US qu’il est difficile de dire où elles finissent et où le gouvernement US commence.
Depuis le début de la révolution des ordinateurs personnels et de l’Internet dans les années 1990, on nous a ressassé que nous sommes aux prises avec une technologie libératrice, un outil qui décentralise le pouvoir, fait tomber les bureaucraties retranchées et apporte plus de démocratie et d’égalité au monde. Les ordinateurs personnels et les réseaux d’information étaient supposés être la nouvelle frontière de la liberté — une techno-utopie où les structures autoritaires et répressives perdaient leur pouvoir et où la création d’un monde meilleur était encore possible. Et tout ce que nous, cyber-citoyens du monde, devions faire pour que ce monde nouveau et meilleur fleurisse et s’épanouisse, c’était de dégager et de laisser les entreprises Internet innover et le marché opérer sa magie. Ce récit a été planté profondément dans le subconscient collectif de notre culture et influe puissamment sur la façon dont nous voyons l’Internet aujourd’hui.
Mais si on passe du temps à regarder en détail le business de l’Internet, l’histoire devient plus sombre, moins optimiste. Si l’Internet est vraiment une rupture révolutionnaire avec le passé, pourquoi des entreprises comme Google couchent-elles avec des flics et des espions ?
J’ai essayé de répondre à cette question apparemment simple après avoir visité Oakland ce soir-là de février. Je ne savais pas alors que cela me conduirait à une plongée en profondeur dans l’histoire d’Internet et finalement à écrire un livre. Maintenant, après trois ans de travail d’investigation, d’interviews, de voyages à travers deux continents, et d’innombrables heures de corrélation et de recherche de documents historiques et déclassifiés, je connais la réponse.
Prenez n’importe quel historique de vulgarisation d’Internet et vous trouverez généralement une combinaison de deux récits de la naissance de cette technologie d’ordinateurs en réseaux. Le premier dit qu’elle a émergé du besoin militaire d’un réseau de communications capable de survivre à un bombardement nucléaire. Cela a mené au développement de l’ancêtre d’Internet, connu sous le premier nom d’ARPANET et construit par l’Advanced Research Projects Agency du Pentagone, aujourd’hui connu sous le nom Defense Advanced Research Projects Agency (Agence pour les projets de recherche avancée de défense, acronyme DARPA). Le réseau a pris vie à la fin des années 60 et avait une conception décentralisée qui pouvait acheminer des messages même si des parties du réseau étaient détruites par une explosion nucléaire. Le deuxième récit, qui est dominant, explique qu’il n’y avait pas la moindre application militaire prévue dans la première mouture d’Internet. Selon cette version, l’ARPANET a été conçu par de jeunes ingénieurs informaticiens radicaux et des hackers ludiques profondément influencés par la contre-culture imprégnée de LSD de la région de la baie de San Francisco. Ils se souciaient de guerres, de surveillance ou de ce genre de chose comme d’une guigne, mais ils rêvaient d’une cyber-utopie qui rendrait les armées obsolètes. Ils ont construit un réseau civil pour concrétiser cette idée, et c’est cette version de l’ARPANET qui est ensuite devenue l’Internet que nous utilisons aujourd’hui. Pendant des années, les deux interprétations de l’histoire d’internet ont nourri une controverse. Aujourd’hui, la plupart des historiques mêlent les deux versions, acceptant la première, mais accordant beaucoup plus d’importance à la deuxième.
Mes recherches révèlent une troisième motivation historique à la création du premier Internet, une motivation qui a presque totalement disparu des livres d’histoire. Ici, l’élan n’était pas tant enraciné dans le besoin de survivre à une guerre nucléaire, mais dans les arts obscurs de la contre-insurrection et du combat de l’USAmérique contre ce qu’elle percevait comme une diffusion mondiale du communisme. Dans les années 1960, les USA étaient une puissance mondiale qui supervisait un monde de plus en plus volatile : il y avait des conflits et des insurrections régionales contre les gouvernements alliés des USA de l’Amérique du Sud jusqu’à l’Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Ce n’étaient pas des guerres conventionnelles qui impliquaient des armées de métier, mais des campagnes de guérillas et des soulèvements locaux souvent menés dans des régions que les USA connaissaient mal. Qui étaient ces gens ? Pourquoi se révoltaient-ils ? Qu’est-ce qui pouvait être fait pour les stopper ? Dans les milieux militaires, ces questions étaient considérées comme cruciales pour les efforts de pacification des USA, et quelques-uns pensaient que la seule façon efficace d’y répondre était de développer une technologie de l’information assistée par ordinateur.
L’Internet est né de ces efforts : une tentative de construire un système d’ordinateurs capable de collecter et de partager des renseignements, d’observer le monde en temps réel, d’étudier et d’analyser les gens et les mouvements politiques dans le but de prédire et de prévenir les remous sociaux. Certains ont même rêvé de créer une sorte de radar qui anticiperait les changements dans les sociétés humaines : un système d’ordinateurs en réseau qui repérerait les menaces politiques et sociales et les intercepterait de la même façon qu’un radar pour les avions de combat hostiles. En d’autres termes, l’Internet a été programmé dès le départ pour être un outil de surveillance de masse. Quels que soient les autres usages que nous en faisons aujourd’hui – rencontres en ligne, adresses et itinéraires, échanges privés, e‑mails ou suivi de l’actualité – il a toujours eu une nature double enracinée dans la collecte de renseignements et la guerre.
En retraçant cette histoire oubliée, j’ai réalisé que je ne découvrais rien de nouveau, mais que je déterrais quelque chose qui avait été évident aux yeux de beaucoup de gens jusqu’à une période récente. Au début des années 1960 aux USA, une grande peur de la prolifération des banques de données sur ordinateurs et des technologies de réseaux s’était fait jour. Les gens craignaient que ces systèmes soient utilisés aussi bien par les grandes entreprises que par les gouvernements pour surveiller et contrôler la population. De fait, la vision culturelle dominante de l’époque était que les ordinateurs et les technologies informatiques — y compris l’ARPANET, le réseau de recherches militaires qui allait se développer jusqu’à l’Internet que nous connaissons aujourd’hui – étaient des outils de répression et non de libération.
J’ai été réellement choqué de découvrir que, dès 1969, la première année de fonctionnement de l’ARPANET, un groupe d’étudiants du MIT et de Harvard avaient tenté de faire fermer des recherches conduites dans leur université sous l’égide de l’ARPANET. Ils voyaient ce réseau d’ordinateurs comme le début d’un système hybride privé-public de surveillance et de contrôle – ils appelaient ça « manipulation informatisée de populations » – et prévenaient qu’il allait être utilisé pour espionner les USAméricains et mener des guerres contre les mouvements politiques progressiste. Ils comprenaient cette technologie mieux que nous ne la comprenons aujourd’hui. Plus important, ils avaient raison. En 1972, presque dès les premiers pas de l’ARPANET au niveau national, le réseau a servi à aider la CIA, la NSA et l’armée US à espionner des dizaines de milliers de militants anti-guerre et pour les droits civiques. A l’époque, cela avait fait scandale, et le rôle de l’ARPANET avait fait l’objet de longs débats à la télévision US, y compris au JT du soir de NBC.
Cet épisode, qui s’est produit il y a quarante-cinq ans, est une partie intégrante du bilan historique d’Internet, importante pour tous ceux qui veulent comprendre ce réseau qui joue un si grand rôle dans nos vies d’aujourd’hui. Pourtant, vous n’en entendrez parler dans aucun livre ou documentaire récent sur les origines d’Internet — du moins, dans aucun de ceux que j’ai pu trouver, et j’ai lu et regardé à peu près tout ce qui est sorti sur le sujet.
Dans les années 1970, la signification historique de l’ARPANET n’était pas encore apparente. Vingt années de plus allaient être nécessaires à l’introduction d’Internet dans la plupart des foyers occidentaux, et quatre décennies allaient s’écouler avant que les fuites d’Edward Snowden ne révèlent la surveillance de masse par le gouvernement des USA à travers Internet. Aujourd’hui encore, nombre de gens pensent que la surveillance est quelque chose d’étranger à Internet — quelque chose qui lui aurait été imposé de l’extérieur par des agences gouvernementales paranoïaques. Mais l’histoire révèle qu’il en va tout autrement. Elle démontre que les agences de renseignements et militaires ont utilisé la technologie des réseaux pour espionner les USAméricains dès la première version de l’Internet. La surveillance est inscrite dans son ADN depuis sa naissance.
Extrait de Surveillance Valley.
The Secret Military History of the Internet
by Yasha Levine.
PUBLIC AFFAIRS, 384 pages.
ISBN-13 : 9781610398022
Yasha Levine est journaliste d’investigation pour Pando Daily, un magazine d’information de San Francisco spécialisé dans les politiques et pouvoirs liés à la hi-tech. Il a été publié dans Wired Magazine, The Nation, Slate, Penthouse, The New York Observer, Playboy, Not Safe For Work Corp, Alternet et d’autres. Il est intervenu sur des émissions de télévision, y compris sur MSNBC. Son livre Surveillance Valley : The Secret Military History of the Internet est sorti avant-hier, le 6 février 2018.
Merci à Entelekheia/Tlaxcala
Source : the blaffer