Quelques mots pour l’Italie

En fait, les catastrophes naturelles permettent d’ouvrir les yeux sur le piteux état dans lequel le néolibéralisme laisse nos services de secours, de sécurité et d’aide.

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C’est hor­rible ce bilan qui est pas­sé de 70 à plus de 200 morts en Ita­lie. Une catas­trophe natu­relle a frap­pé un très beau et très proche pays. Après le Por­tu­gal et les incen­dies, c’est au tour de ceux avec les­quels nous par­ta­geons une his­toire com­mune et pas n’im­porte quelle histoire.

Puis, la réponse poli­tique à des catas­trophes natu­relles de cette ampleur pose ques­tion sur­tout en Europe où tout le monde pré­tend faire tou­jours mieux que le reste du monde. Pour­tant, c’est faux on ne fait pas mieux ici. Les diri­geants euro­péens font sur­ement pire.

En tout cas ces der­niers n’hésitent pas à tenir tou­jours les mêmes pro­pos : aujourd’hui qui ne nous parle pas de « soli­da­ri­té » ? Ou mieux de « soli­da­ri­té euro­péenne » ? De « cohé­sion sociale/nationale » ?
Soli­da­ri­té euro­péenne ?
Une blague pour faire rire la Cour et les faits récents en sont de très bons exemples : Après avoir été frap­pée par des atten­tats ter­ro­ristes, la France les jours, si ce n’est les heures sui­vantes, envoyaient des avions mili­taires bom­bar­der les posi­tions de Daesh. Chez nous, juste après les atten­tats à Paris de jan­vier 2015, l’armée est déployée dans les rues… Alors cet été, le Por­tu­gal a été vic­time d’incendies immenses. Les pom­piers et les auto­ri­tés locales dénon­çaient des manques de moyens. La réponse des autres pays riches et res­pon­sables ? Nous pou­vons encore l’attendre… Là, aucune mobi­li­sa­tion rapide, aucune armée déployée. Charles Michel était trop occu­pé à jouer à Poké­mon Go (bien qu’il pré­fère la chasse aux chô­meurs et autres frau­deurs sociaux) sous le soleil du mois d’aôut.

Pas assez de moyens pour les pom­piers por­tu­gais ? Le Por­tu­gal peut remer­cier l’austérité euro­péenne qui est la prin­ci­pale res­pon­sable de la dété­rio­ra­tion des ser­vices publics. Et la non-assis­tance pour pays en dan­ger dont se sont ren­dus cou­pables les gou­ver­ne­ments belge, alle­mand et fran­çais doit nous ame­ner poin­ter les res­pon­sables de ce fiasco.

Nous pou­vons dire exac­te­ment la même chose pour les dra­ma­tiques évé­ne­ments qui viennent de tou­cher l’Italie. Là encore, l’Union euro­péenne a impo­sé des coupes bud­gé­taires dans les ser­vices publics et qui ont sans aucun doute tou­ché la san­té et la pro­tec­tion civile. Et les autres membres de l’UE n’ont pas bougé.

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De plus en Ita­lie, après les sau­ve­tages et le deuil, vien­dra le bilan. Déjà en 2010, la jour­na­liste Sabi­na Guz­zan­ti dénon­çait, en sor­tant le film Dra­qui­la : L’Italie qui tremble, la ges­tion néo­li­bé­rale par le gou­ver­ne­ment Ber­lus­co­ni de l’après un trem­ble­ment de terre en 2009.

En fait, les catas­trophes natu­relles per­mettent d’ouvrir les yeux sur le piteux état dans lequel le néo­li­bé­ra­lisme laisse nos ser­vices de secours, de sécu­ri­té et d’aide. Com­ment la Bel­gique pour­rait-elle venir en aide à l’Italie si elle n’est déjà même plus capable de payer à ses propres pom­piers des casernes décentes ?

Voi­là où nous a mené le néo­li­bé­ra­lisme et c’est exac­te­ment pour cette rai­son qu’il faut le reje­ter, bien qu’il soit défen­du par de nom­breux par­tis poli­tiques pré­ten­du­ment dif­fé­rents les uns des autres. Mais nous n’oublions pas. De Ber­lus­co­ni en 2009 à Michel main­te­nant, nous n’oublierons personne.

Je vais ter­mi­ner par une note d’action car nous refu­sons de res­ter les vic­times des évé­ne­ments : ce que nous pou­vons faire c’est contac­ter dans nos villes et/ou nos vil­lages la com­mu­nau­té ita­lienne et orga­ni­ser avec elle des ren­contres, des hom­mages sui­vies d’une fête par exemple, dont les béné­fices iront aux sinis­trés de la catas­trophe de ce mois d’août 2016. Et pour­quoi pas des pro­jec­tions du film de Sabi­na Guzzanti ? -580.jpg

Maxime Rami­rez

Étu­diant en His­toire, ancien pré­sident des Étu­diants de Gauche Actifs de l’ULB.