Par Carola CHAVEZ
Certains croient que leurs intérêts sont au-dessus des lois et de l’état de droit et affirment qu’avoir des irréguliers colombiens cachés dans les plantations à l’intérieur de notre territoire – qu’elles s’appellent Daktari (1) ou n’importe quel autre nom – n’a rien de particulier tant qu’ils luttent pour la liberté – d’entreprise ou des opprimés –. Il y a des vénézuéliens qui ne voient pas d’un mauvais oeil que des troupes étrangères –marines, paramilitaires, guérillas– envahissent notre territoire. Il y a des vénézuéliens qui croient que la recherche de la paix en Colombie est une preuve de lâcheté et de soumission, qu’il faut faire la guerre à la Colombie – parce que Santos est un oligarque et parce que Chavez est communiste. Une bonne guerre sanglante, entre frères et, tant pis pour les peuples !, tant pis le rêve de Bolívar ! Une guerre au nom des principes — capitalistes ou socialistes – , parce qu’il ne saurait y avoir de peuple qui vaille plus que des principes intacts. (2)
Il y a des personnes qui n’ont pas eu le temps de défendre notre compagnie pétrolière PDVSA comme l’ont fait les milliers de travailleurs face aux dernières agressions des USA. Parce que le plus urgent, ce qu’exige le délicat moment politique, c’est d’attaquer le gouvernement Chavez – au nom de RCTV ou au nom de l’autocritique – mais surtout au nom des gens décents et pensants de ce pays.
Il y en a qui croient que le gouvernement ne doit pas agir pour le bien des majorités qui l’ont élu mais pour satisfaire les attentes de petits secteurs non élus – oligarchiques ou révolutionnaires – dans ou hors du pays (3). Ce sont des personnes qui copient/collent des nouvelles ou des communiqués étrangers – de OTPOR ou du Front Socialiste de la Principauté d’Andorre – qui attaquent Chavez et la révolution bolivarienne et les forwardent via Internet. Eux, à la différence du peuple chaviste, pensent : “quelle tristesse, ce type !”
Il y a des amis qui sont convaincus de que si tu ne penses pas comme eux c’est parce que tu ne dis pas ce que tu penses mais ce que d’autres t’obligent à dire. Et ils t’exigent des réponses immédiates même lorsque tu ne disposes pas d’informations pour les émettre de manière responsable, parce qu’il faut penser tout de suite et absolument au nom de la liberté d’expression.
Des amis que croient que le Venezuela, pour être révolutionnaire, doit devenir une cour de récréation – ou d’opérations –, de tout groupuscule de gauche qui existe ; que nous devons appuyer l’ETA, être le refuge des FARC, avec coordonnées et tout, celles qu’Uribe a fait fabriquer jusqu’à nous rendre furieux ; qu’il faut rendre authentique l’ordinateur menteur de Reyes. Aujourd’hui, au nom de quelque chose d’aussi individualiste que “mes principes”, il faut se fâcher encore plus, mais contre Chavez et à sa manie droitière de veiller aux intérêts de la nation, de rechercher la paix et d’éviter l’expansion du conflit colombien à notre territoire ou la multiplication des bases militaires comme cela plairait tant aux Etats-Unis.
Amis qui aident l’ennemi à croire que le calme et la pondération sont de trop quand nous marchons sur un champ miné.
Carola Chavez
NOTES
Source : carolachavez.blogspot.com
Traduction : Marie-Ange Druart pour LRV
(1) Nom d’une plantation dans les alentours de Caracas où fut découvert en 2004 un campement de paramilitaires colombiens s’entraînant en fonction d’un coup d’état comprenant l’élimination physique du président Chavez)
(2) Même si on ne peut en aucun cas les mettre au même niveau que l’horreur du terrorisme d’Etat des Uribe et consorts, les FARC ont recouru au trafic de drogue, aux enlèvements de personnes, aux assassinats de certains paysans et indigènes (comme en témoignent les rapports d’Amnesty International). Le président Hugo Chavez ne s’adonne ni au trafic de drogue, ni aux enlèvements, ni aux assassinats de paysans.
(3) Au rayon « idiots utiles de l’Empire », il y a en Europe des groupuscules qui ont pendant des années assimilé le communisme à Staline ou à Ceausescu, contribuant à éloigner la population de toute envie de faire la révolution, et qui n’ont jamais dépassé quelques décimales dans les scrutins. Au Venezuelale le PCV, parti communiste a aux dernières élections législatives remporté… un député ! Déconnectés des peuples, enfermés dans leur catéchisme, ne cessant de donner des leçons, ces groupuscules ont pour technique de récupérer les révolutions comme s’ils en étaient les auteurs et à les utiliser pour recruter des militants.