A l’occasion des 20 ans de la mort de Semira Adamu, le collectif “Semira On Oublie Pas !” a investi les rues de Bruxelles en posant des plaques à son nom pour perpétuer son combat et continuer de marquer la résistance aux centres fermés.
Bruxelles, dans la nuit du 17 au 18 septembre, le collectif #SemiraOn‘OubliePas ! a réalisé des actions dans les différentes communes de Bruxelles. Des plaques de rue sur lesquelles on peut lire « Place Sémira Adamu, résistante assassinée lors d’une expulsion. Plus jamais ça ! » ont été placardées dans toute la ville.
Il y a 20 ans, Sémira Adamu, figure emblématique de la lutte contre les centres fermés, est morte lors de sa sixième tentative d’expulsion, étouffée avec un coussin par les gendarmes de son escorte. « _On a investi les rues de Bruxelles avec les plaques Sémira Adamu, pour perpétuer son combat_ et continuer de marquer la résistance aux centres fermés » explique Camille, membre du collectif. En effet, les centres fermés et les expulsions restent des univers très opaques, peu de gens connaissent les violences endurées par les personnes qui y sont détenues. Pendant les 6 mois de son enfermement au centre 127bis, Semira a joué le rôle lanceuse d’alertes, prévenant des expulsions de ses co-détenues à l’extérieur et décrivant la violence des centres fermés et des déportations forcées à la presse.
L’objectif de cette action est avant tout de pointer du doigt des politiques (anti)migratoires abjectes, d’hier comme d’aujourd’hui. En 1998 c’était Sémira, en 2018, c’est Mawda : en 20 ans, ces politiques n’ont pas changé mais se sont industrialisées, et on observe une répression qui va sans cesse crescendo. Les places d’accueil ne cessent de diminuer tandis que les places en centre fermé ne cessent d’augmenter. On assiste à une véritable explosion de l’enfermement des personnes migrantes, ce qui traduit un choix de société basé sur l’exclusion politique, juridique, et sociale. Les insultes, humiliations et coups pleuvent toujours lors d’expulsions, ce qui traduit également une violence d’État au mieux tolérée par le gouvernement, au pire encouragée par son silence.
Le gouvernement Michel s’appuie sur un secrétaire d’État n’hésitant pas à tenir des discours racistes, à criminaliser les migrants et leurs soutiens afin d’en faire des boucs émissaires, pour ainsi échapper aux débats de fond sur son (in)action. Un rideau de fumée qui fait des victimes et polarise notre société. A l’inverse, les mobilisations grandissantes montrent le ras-le-bol des citoyen.nes et leur détermination à dire « Stop » à cette répression.
« Avec le retour des enfants en centre fermé, la population commence à prendre conscience des enjeux liés à l’enfermement mais il faut continuer à taper sur le clou » insiste Camille. Lutter contre l’enfermement des enfants aujourd’hui, c’est lutter contre tous les centres fermés demain.