Les vieux en colères, ne se laisseront pas faire.
La Rumba de la Grapa, c’est le dada des scélérats. Lundi 17 février 2020, ce sont les vieux qui ont endossés le rôle du facteur pour contrôler le Ministre avec un courrier similaire à ceux qu’ils ont reçus lors des visites de Bpost organisées avec le Service fédéral des Pensions.
Ce lundi 17 février 2020, à l’initiative du Gang des Vieux en Colère, une action en nombre devant les bureaux du Ministre Bacquelaine a eu lieu. Près de 200 personnes, jeunes et en moins jeunes, se sont rassemblées devant le 15, Rue des Petits Carmes à 1000 Bruxelles. Un « facteur » a souhaité « contrôler » le Ministre avec un courrier similaire à ceux reçus lors des visites de Bpost organisées avec le Service fédéral des Pensions. Étant donnée son absence sur le territoire belge (qui pourrait lui couter, d’après le « facteur », la perte de son « allocation de Ministre »), le « facteur » a remis symboliquement aux représentant·e·s du Cabinet une pétition contre ces contrôles abusifs.
il est quasiment impossible d’atteindre la porte de son domicile en 69 secondes
Une série de témoignages ont été lus devant le Ministère ainsi que les revendications du Gang des Vieux en Colère, de la Ligue des droits humains, des réseaux de lutte contre la pauvreté, des syndicats et mutuelles. Une course en déambulateurs et béquilles a été organisée pour montrer qu’il est quasiment impossible d’atteindre la porte de son domicile en 69 secondes, réel temps d’attente d’un facteur lors du contrôle, vu les conditions de santé et/ou de logement (pas d’ascenseur, parlophone défectueux…) des allocataires de la GRAPA. Enfin, des sonotones ont été remis après l’action aux différents partis du gouvernement pour qu’ils puissent « bien entendre » ces revendications.Les manifestant·e·s demandent principalement la suspension des contrôles actuels, jugés comme entachés d’illégalités par l’Autorité de Protection des Données et par les Ligues flamande et francophone des droits humains. Ces contrôles organisent dans les faits la quasi-assignation à résidence des bénéficiaires de la GRAPA, qui risquent d’être suspendus s’ils quittent leur domicile plus de quatre jours. Une rencontre entre une délégation des associations présentes et des représentant·e·s du Cabinet a été organisée. Ces derniers ont reçu un document reprenant quatre éléments que les manifestant·e·s estiment essentiels pour la future réforme de la GRAPA envisagée par le Cabinet :
- Des montants suffisants pour garantir une vie digne ;
- Le respect de la vie privée des personnes âgées ;
- Assurer un droit de circulation aux personnes âgées, et ses corollaires (possibilité de voyager, voir les enfants, partir en vacances…) ;
- Le droit de se défendre dans un délai raisonnable dans les cas où le SFP envisage de suspendre le paiement de la GRAPA.
Le Ministre n’était finalement pas présent pour la rencontre. Le Cabinet a décidé de ne pas suspendre les contrôles, préférant attendre l’évaluation complète du processus, menée par le Service fédéral des Pensions. Il ne s’est pas prononcé sur les quatre éléments susmentionnés mais a évoqué la possibilité de les envisager dans le cadre de l’éventuelle réforme.
Devant les conséquences désastreuses pour les personnes concernées et leur apparente illégalité, nous craignons de voir les recours se multiplier et appelons instamment le gouvernement fédéral (MR-OpenVLD-CD&V) à suspendre ces contrôles le temps de l’évaluation du processus et de l’évolution des processus de vérification qui doivent être faits en concertations avec les associations représentant les 110 000 bénéficiaires GRAPA.
La Commission Affaires Sociales, Emploi et Pensions a voté une journée d’auditions qui aura lieu le 3 mars prochain sur la question des contrôles GRAPA, dans l’attente de l’évaluation par le Service fédéral des Pensions. Les associations mobilisées se tiennent à disposition, continueront à faire entendre la voix des personnes âgées bénéficiaires de la GRAPA et réitèrent leur demande de suspension de l’arrêté royal.
Audition parlementaire sur la GRAPA : du 4 mars 2020
Différentes institutions et organisations ont été auditionnées ce mardi 4 mars en Commission des Affaires sociales concernant la nouvelle procédure contrôle des allocataires de la Grapa depuis le 1er juillet 2019 par le Service des Pensions et Bpost. Les auditions ont permis de faire la lumière sur plusieurs réalités :
- Le système actuel organise un contrôle disproportionné des bénéficiaires qui les quasi- assigne à résidence (puisqu’il faut être en capacité de vérifier sa boite aux lettres tous les trois à quatre jours sur toute l’année). L’évolution majeure par rapport au système précédent est une explosion du nombre de contrôles aboutissant au constat que les personnes respectaient les règles et ont donc été inquiétées pour rien. Sur l’ensemble des contrôles réalisés jusqu’à présent, le SFP a signalé que seulement 0,95% des contrôles réalisés aboutissent à une sanction considérée comme justifiée, soit en trois mois, 538 sanctions dites « justifiées » pour 56 712 contrôles !
- Le système actuel considère tout bénéficiaire GRAPA comme un fraudeur et suspend dans la plupart des cas des allocations erronément. La nouvelle procédure ne permet pas de diminuer la proportion de sanctions considérées comme injustifiées. Suivant les chiffres communiqués par le SFP, alors qu’en 2016, 61% des suspensions initialement prononcées étaient ensuite corrigées parce que considérées comme injustifiées, sous la nouvelle procédure, ce taux stagne à 57% ! La majorité des sanctions initialement prononcées sont donc injustes. Ce chiffre est sans doute sous-évalué, étant donné le phénomène de non-take up (non recours au droit) constaté chez les populations précarisées, et le fait que si le SFP considère qu’un certificat médical est une preuve suffisante que la personne séjournait en Belgique, il n’acceptera pas une déclaration d’un bénéficiaire expliquant qu’il a séjourné une semaine chez ses enfants en Belgique.
- Des témoignages de personnes concernées ont été lus en Commission : ils révèlent combien la procédure actuelle brade la liberté de circuler. Le système actuel autorise à un maximum de 29 jours de départ à l’étranger par an. 29 jours de départ à l’étranger empêchent des personnes âgées ayant plusieurs enfants résidant à l’étranger dans des pays différents de les visiter chaque année. Ils empêchent également à une personne âgée de passer les deux mois les plus froids d’hiver dans sa famille en Espagne, pour bénéficier de températures et d’un air plus clément qui font du bien à la santé.
Face à ces constats, les associations demandent la suspension immédiate de la procédure de contrôle actuel, qui viole le droit à la vie privée des personnes âgées, et rappelle sa volonté de réfléchir plus largement au système GRAPA, pour que ce système résiduel remplisse efficacement sa fonction de garantie d’une vie dans la dignité au dessus de 65 ans, sans contraindre les ayant-droits dans leur droit de circuler.
Informations complémentaires :
Le 27 janvier dernier, ces mêmes associations et collectifs ont écrit
une lettre aux chef·fe·s de groupe parlementaires et aux ministres compétent·e·s (dont la Première Ministre et le Ministre Bacquelaine). Cela a provoqué de nombreux débats en Commission des Affaires Sociales et au Parlement.
Ont soutenu l’action :
ABVV-FGTB, ACOD post, ACV-Transcom Bpost (Brussel & Pajottenland), Aksent asbl, Association de défense des allocataires sociaux, Centre de santé mentale l’Adret, CGSP ALR, CGSP Poste, Christelijke Mutualiteit, Collectif Solidarité Contre l’Exclusion, Commission Pension/Pensioencommissie de/van CGSP-ACOD ALR-LRB/Bru, Conseil Bruxellois de Coordination Sociopolitique, CSC Bxl, CSC Seniors, CSC Transcom, Decenniumdoelen, Diogene, Eneo, Espace seniors, Fédération des Associations Sociales et de Santé, Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial, Fédération des CPAS de Wallonie, Fédération des employeurs et des institutions ambulatoires pour toxicomanes, Federatie van medische huizen — Fédération des maisons médicales, Federatie van de Bicommunautaire Maatschappelijke Diensten vzw — Fédération des Services Sociaux, Fédération wallonne des assistants sociaux de CPAS (FéWASC), Femmes Prévoyantes Socialistes, Brussel forum tegen ongelijkheid — Forum Bruxelles contre les inégalités, Gang des Vieux en Colère, LAMA asbl, LD³ vzw (Forum, Het Anker en Miro LDC), Liga Voor Mensenrechten vzw, Ligue des Droits Humains, Dokters van de Wereld België — Médecins du Monde Belgique, Modus vivendi, Mutualités chrétiennes, Netwerk Tegen Armoede, Prospective Jeunesse, OKRA, Belgisch Netwerk Armoedebestrijding — Réseau belge de lutte contre la pauvreté, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté — Waals armoedebestrijdingsnetwerk, Samenlevingsopbouw, Socialistische Mutualiteiten, Solidaris, Vie Féminine, Welzijnszorg vzw, Wijkhuis Chambéry, …