L’agro-industrie entraine la disparition des agricultures paysannes et jette chaque année des milliers d’individus sur les chemins de la migration.
Face au constat d’une agriculture et des politiques qui l’accompagnent en pleine dérive, face à la morbide réalité des conditions sociales qui s’installe avec l’industrialisation de la production alimentaire, face à la marchandisation du monde jusqu’à tirer profit de la vulnérabilité de travailleurs et de travailleuses en errance, face à la montée des relents nationalistes, du sentiment de supériorité de race… Que faire ? Que dire ? Beaucoup insistent sur le pouvoir du consommateur,l’importance d’acheter responsable, de se tourner vers les produits certifiés, la bio…
Est-ce suffisant ? Quel cahier des charges peut garantir que chaque travailleur (paysan, indépendant, ouvrier) ayant participé à l’élaboration du produit alimentaire bénéficie d’un revenu décent, de conditions d’accueil et de logement dignes, d’un travail sans danger pour sa santé ?
L’agro-industrie veille, contrôle, récupère et communique, par exemple à travers le label GlobalGap qui ne traduit aucunement la réalité des pratiques. En premier lieu, il convient de redonner du (bon) sens à la notion de saison et de faire le choix de produits plus locaux (« relocaliser » l’agriculture et alimentation).
Les manifestations de solidarité avec les travailleurs existent de part et d’autre du continent européen. Malgré les difficultés soulevées dans la vidéo par Alain Detemmerman du syndicat belge FGTB pour organiser les travailleurs migrants afin de faire reconnaître et respecter leurs droits(isolement, barrière de la langue, concurrence…), de nombreux collectifs, associations ou syndicats portent des initiatives : auto-organisation des travailleurs (Solidariedade Imigrante au Portugal – SOC-SAT en Andalousie), campagnes d’information (Réseau Faire – Mobi-lität en Allemagne), accompagnement juridique (CODETRAS dans les Bouches-du-Rhône – ASTI / GISTI sur le territoire français, etc.).
Agir, c’est aussi créer le rapport de force pour exiger une réorientation des politiques agricoles
La lutte pour le respect des droits peut aussi se gagner par des campagnes d’information, de pression, voire de boycott contre des investisseurs sans scrupules. Cela suppose de créer et d’activer les réseaux de solidarité. Enfin agir, c’est aussi créer le rapport de force pour exiger une réorientation des politiques agricoles (et toutes les autres politiques qui s’articulent avec l’exploitation des paysans et des travailleurs au nom de la compétitivité et du profit économique : politiques foncières, sociales, migratoires…) et l’abandon des accords de libre-échange.
Les discussions autour de la prochaine réforme de la PAC (2020) sont majeures pour éviter de tomber dans un énième bricolage technique et corporatiste qui n’a pas d’autre but que de contourner un débat de société et d’éviter des changements trop profonds, il faut d’ores et déjà amplifier le mouvement en faveur de la souveraineté alimentaire. Rompre avec les logiques destructrices de l’exportation à tout prix et travailler à la relocalisation des systèmes alimentaires.
Soutenir les petites fermes. Exiger une conditionnalité sociale des aides de la PAC et des collectivités territoriales dont le socle de base pourrait être la convention n°184 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans l’agriculture.
Pour en savoir plus : confédération paysanne