Une conférence avec Saïd Bouamama, Manu Scordia et Kadhija Senhadji sur le massacre colonial du 17 octobre 1961 à Paris. “Comprendre le 17 octobre 1961 n’est pas une question du passé mais une nécessité du présent.”
Le 17 octobre 1961, il y a 60 ans, des milliers d’Algériens et d’Algériennes descendent dans les rues de Paris pour protester contre un couvre-feu raciste (car visant exclusivement les personnes nord-africaines) imposé par la préfecture. La police réprimera cette manifestation par une violence extrême, tuera plus de 200 personnes et arrêtera plus de 12 000 personnes. Il s’agit de la répression d’Etat la plus violente d’une manifestation en Europe occidentale. Pourtant au lendemain de cette tuerie, les journaux reprennent le bilan transmis par la préfecture : 2 morts. Aujourd’hui encore, ce massacre colonial n’a toujours pas été reconnu, ni condamné.
Cette rencontre entre Saïd Bouamama, Manu Scordia et Kadhija Senhadji revient sur cette journée sanglante mais aussi sur le contexte de l’époque. Cela nous permet de comprendre que ce massacre n’était pas un événement isolé mais bien le point culminant d’une violence coloniale et systémique contre les Algérien.ne.s et les peuples colonisés et un choix stratégique posé par l’Etat français. Saïd Bouamama souligne notamment que cette répression avait été planifiée et préparée (des bus de la RATP avait été réquisitionnés pour l’occasion notamment, cela n’était pas arrivé depuis la rafle du Vel d’Hiv’ en juillet 42, de lieux comme le Palais des Sports pour rassembler les très nombreuses personnes arrêtées, etc.). À l’heure où la France persiste à faire porter la responsabilité de ce massacre au seul Maurice Papon, préfet de police de l’époque, ce rappel est essentiel. Or reconnaître qu’il s’agit d’un crime d’Etat est la première étape vers une réparation.
Les mêmes mécanismes de violences racistes sont encore à l’œuvre de nos jours (en France comme en Belgique et ailleurs), aujourd’hui encore, la police tue. Comprendre le 17 octobre 1961 n’est donc pas une question du passé mais une nécessité du présent.
Une conférence organisée par Krasnyi Collective, dans le cadre de l’exposition “Paris, Octobre 61 — Ici on noie les Algériens”.
Une rencontre avec :
- Saïd Bouamama, sociologue et militant du FUIQP (Front Unis des Immigrations et des Quartiers Populaires),
- Khadija Senhadji, anthropologue et militante décoloniale et
- Manu Scordia, un des dessinateurs du projet.