CNN en espagnol n’émettra plus sur les ondes au Venezuela

L’actualité est délibérément décontextualisé et son sens sert à construire le récit d'une «intervention humanitaire» au Venezuela.

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Cona­tel (Comi­sión Nacio­nal de Tele­co­mu­ni­ca­ciones est l’or­gane de l’É­tat Véné­zué­lien en charge de la régu­la­tion, super­vi­sion et contrôle sur les télé­com­mu­ni­ca­tions) a enga­gé des pro­cé­dures admi­nis­tra­tives, puni­tives et de pré­cau­tion contre l’émission de CNN en espa­gnol au Vene­zue­la. La chaine n’est plus dis­po­nible auprès des opé­ra­teurs de ser­vices d’abonnement.

Un com­mu­ni­qué dif­fu­sé par l’au­to­ri­té véné­zué­lienne en télé­com­mu­ni­ca­tions explique : « Une telle pro­cé­dure obéit en rai­son du conte­nu qui se répand sys­té­ma­ti­que­ment par la chaine d’actualités inter­na­tio­nales via leur pro­gram­ma­tion quo­ti­dienne, des­quels émergent de façon claire et per­cep­tible des conte­nus qui consti­tuent une agres­sion directe contre le Vene­zue­la et ses dirigeants. »

La déci­sion de Cona­tel s’est pro­duite à la suite d’une émis­sion de CNN en espa­gnol : « Conclu­sions », un méli-mélo appe­lé “Pasa­portes en la Som­bra” (pas­se­ports dans l’ombre), dans laquelle Misael Lopez, un ancien conseiller de l’am­bas­sade du Vene­zue­la en Irak, a décla­ré que, dans ce corps diplo­ma­tique opé­rait un réseau de tra­fic de vente de pas­se­ports véné­zué­liens liés au de terrorisme.

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Dans la soi-disant « enquête », CNN affirme que 173 pas­se­ports ont été ven­dus auprès de membres de l’or­ga­ni­sa­tion Hez­bol­lah, en essayant de lier l’affaire avec le vice-pré­sident du Vene­zue­la Mr Tarek El Ais­sa­mi, en fai­sant réfé­rence à ses ori­gines liba­naises, sans pré­ci­ser bien sûr que la famille El Ais­sa­mi est Druze. En d’autres mots, il suf­fit de pro­non­cer son nom pour l’associer à l’is­lam. CNN a éga­le­ment déduit que ces pas­se­ports ser­vi­raient pour l’in­tro­duc­tion de mili­tants dji­ha­distes aux États-Unis, afin de per­pé­trer des actes de ter­ro­risme sous le par­rai­nage du Venezuela.

La ministre des rela­tions exté­rieures, Del­cy Rodri­guez se réfère aux sources de CNN.

La prin­ci­pale source uti­li­sée par CNN dans son émis­sion “Pas­se­ports à l’ombre” est Misael Lopez, ancien conseiller juri­dique de l’Am­bas­sade du Vene­zue­la en Irak entre 2013 et 2015. Lopez, en plus de col­la­bo­rer avec CNN, a décla­ré au réseau nor­da­mé­ri­cain en Espagne qu’il a don­né la preuve de ses dires à des agents du FBI basés à Madrid (Bureau fédé­ral d’in­ves­ti­ga­tion amé­ri­cain), ce qui fait paraître ce cas non pas comme une simple ques­tion jour­na­lis­tique, mais un cas d’en­quête cri­mi­nelle internationale.

Del­cy Rodri­guez a éclair­ci un cer­tain nombre de points impor­tants concer­nant Misael Lopez. Selon le ministre véné­zué­lien des Affaires étran­gères, Lopez entre­tient une rela­tion per­son­nelle (type sen­ti­men­tal) avec Argot­ti Ana, qui est l’a­vo­cat actuel de Lilian Tin­to­ri (épouse de Leo­pol­do López, oppo­sant de droite, condam­né à 13 ans de pri­son ferme). Misael Lopez a été viré de l’ambassade du Vene­zue­la pour avoir ten­té de sou­ti­rer de l’argent de l’am­bas­sade et de vou­loir le ver­ser illé­ga­le­ment dans la banque ira­kienne Cai­ro Amman Bank. Selon le ministre, « ce mon­sieur s’est acca­pa­ré du pas­se­port de l’am­bas­sa­deur du Vene­zue­la en Irak, et a ten­té de reti­rer de l’argent. »

Il est éga­le­ment accu­sé de har­cè­le­ment sexuel de l’interprète tra­vaillant à l’am­bas­sade véné­zué­lienne à Bag­dad. « C’est un cri­mi­nel qui a essayé de voler l’argent du Vene­zue­la, c’est un délin­quant qui vou­lait com­mettre des crimes sexuels sur un de nos tra­vailleurs en Irak », as‑t’elle réitéré.

Consé­quences de l’émission de CNN

Le mon­tage de CNN vient gros­sir la liste d’une série d’at­taques et d’ac­cu­sa­tions très aigües envers les diri­geants du gou­ver­ne­ment véné­zué­lien. Cette cam­pagne per­sis­tante est très ryth­mée, avec des acteurs récal­ci­trants anti-cha­viste, lob­byistes aux Etats-Unis et liés à Israël, le com­merce des armes et des affaires finan­cières, et les fau­cons qui main­tiennent un pro­gramme de constante agression.

L’un d’eux est le séna­teur Mar­co Rubio, qui a uti­li­sé l’«enquête » de CNN pour faire des très graves accusations.

Quatre jours après le repor­tage de CNN contre le Vene­zue­la, Mar­co Rubio, a pré­sen­té l’af­faire devant le Congrès des États-Unis fon­dant ses accu­sa­tions sur le conte­nu dif­fu­sé par CNN. « Il y a des liens, selon CNN, avec l’ac­tuel vice-pré­sident Tarek El Ais­sa­mi et les 173 pas­se­ports, cartes d’i­den­ti­té qui auraient été déli­vrées à des per­sonnes ori­gi­naires du Moyen-Orient, des per­sonnes liées au groupe ter­ro­riste Hez­bol­lah. » Rubio a décla­ré lors d’une ses­sion du Congrès des États-Unis, que cela indique aus­si qu’il pour­rait y avoir des attaques ter­ro­ristes sur le sol amé­ri­cain, avec la coopé­ra­tion du Venezuela.

« Une nation qui tra­fique et qui vend des pas­se­ports et des docu­ments de voyage à des per­sonnes liées au ter­ro­risme repré­sente une menace pour la sécu­ri­té des États-Unis. Je sou­haite que dans les jours à venir, avec cette infor­ma­tion, avec ce rap­port, nous pou­vons tra­vailler avec le Dépar­te­ment de Jus­tice et le Dépar­te­ment d’E­tat, afin de prendre les mesures appro­priées pour pro­té­ger notre nation et le monde », a ajou­té le séna­teur de la Floride.

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“Hors de l’air. Ce pou­belle va hors de l’air”

La charge de CNN contre le Cha­visme a été consis­tante et ordon­née. Ils se sont pen­chés sur des accu­sa­tions de « nar­co­tra­fic » au plus haut point du gou­ver­ne­ment véné­zué­lien et ont même sug­gé­ré que le Vene­zue­la a pla­cé sur son ter­ri­toire des armes ira­niennes de des­truc­tion massive.

Reti­rer CNN de l’espace hert­zien véné­zué­lien n’a donc rien d’é­ton­nant. CNN a réa­li­sé des opé­ra­tions de pro­pa­gande qui s’ins­crivent dans l’agenda de désta­bi­li­sa­tion du Vene­zue­la qu’il faut revoir dans son contexte.

Selon les recherches menées par la Mis­sion Véri­té en 2016, la socié­té pro­prié­taire de CNN est la Time War­ner, un des prin­ci­paux finan­ciers des deux cam­pagnes pré­si­den­tielles de Barack Oba­ma avec près de 2 mil­lions de dol­lars. Cette don­née met en évi­dence la façon dont les poli­tiques d’in­gé­rence de l’ad­mi­nis­tra­tion pré­cé­dente (décret Oba­ma, lois de sanc­tions, inti­mi­da­tion par le Com­man­de­ment Sud, etc.) contre le Vene­zue­la avait son exten­sion média­tique : CNN.

En ce sens, cette action sou­ve­raine a des connec­tions dans les pro­fon­deurs de l’E­tat nord-amé­ri­cain, dans son réseau de socié­tés et groupes de pou­voir, et dans leurs pro­gramme d’in­ter­ven­tion contre le pays.

Il ne s’a­git pas uni­que­ment que des seuls cor­res­pon­dants et ani­ma­teurs d’émissions (tels que Osma­ry Her­nan­dez et Fer­nan­do del Rincón), qui s’attaquent constam­ment au Vene­zue­la, mais sinon de toute la struc­ture du pou­voir éco­no­mique mon­dial ayant des inté­rêts poli­tiques dans ce que le réseau de télé­vi­sion trans­met quo­ti­dien­ne­ment, en par­ti­cu­lier dans le cas d’un pays comme le Vene­zue­la qui contient les plus grandes réserves de pétrole, de gaz, de l’or et des miné­raux stra­té­giques dans le monde. Il faut impo­ser à cet égard un aper­çu glo­bal : le Vene­zue­la n’a rien contre une cor­po­ra­tion de médias, en réa­li­té, il s’agit du tis­su de pou­voir réel de l’empire.

Que font les cor­res­pon­dants et les socié­tés trans­na­tio­nales d’in­for­ma­tion au Vene­zue­la ? Délé­gi­ti­mer l’ac­tion de l’E­tat qui répond aux ravages d’une guerre impo­sée depuis l’in­té­rieur via l’agenda d’un jour­na­liste peu scru­pu­leux. L’actualité est déli­bé­ré­ment décon­tex­tua­li­sé et son sens sert à construire le récit d’une « inter­ven­tion huma­ni­taire » au Vene­zue­la. Les info-mer­ce­naires est effec­ti­ve­ment la défi­ni­tion de ces pro­fes­sion­nels de la misère communicationnelle.

Fer­nan­do del Rin­con en 2014, par exemple, a don­né une cou­ver­ture inter­na­tio­nale au labo­ra­toire de guerre civile qui a échoué au Vene­zue­la (appe­lé “La Sali­da”), qui cher­chait à don­ner une légi­ti­mi­té à la vio­lence afin d’ex­po­ser au monde le gou­ver­ne­ment véné­zué­lien comme un « trans­gres­seur des droits de l’homme » et des groupes vio­lents comme des « lucha­dores por la paz y la res­tit­tu­ción de la demo­cra­cia » (com­bat­tants pour la paix et la res­ti­tu­tion démo­cra­tique). C’é­tait le cadre nar­ra­tif qui a été impo­sé à la Syrie et a ren­du pos­sible le début de la guerre. Fer­nan­do del Rincón est pré­ci­sé­ment venu pour faire ce tra­vail (comme d’autres col­lègues de CNN l’ont fait en Syrie et en Libye), et il a échoué.

Cette même année, Fer­nan­do del Rincón a mon­tré des faux twits du gou­ver­neur de l’É­tat de Cara­bo­bo, Fran­cis­co Ame­liach, cher­chant à incri­mi­ner le cha­visme dans des faits de vio­lence signa­lés vers fin Février à Valen­cia, où Gene­sis Car­mo­na a été tuée. A la fin, il a été démon­tré que la balle qui l’a tué pro­ve­nait des groupes armés qui engendrent la vio­lence, bien que Fer­nan­do del Rincón ait cher­ché à tout prix à incri­mi­ner le cha­visme.
 — Voi­ci la véri­té rétablie :

Août 2015 le cor­res­pon­dant au Vene­zue­la (Osma­ry Her­nan­dez) a signa­lé des sup­po­sés pillages et émeutes ali­men­taires dans l’É­tat de Cara­bo­bo, en essayant d’in­fluen­cer l’o­pi­nion publique et en créant un cli­mat de ten­sion, d’an­xié­té et d’ins­ta­bi­li­té sociale. Quelques jours plus tard, Fer­nan­do del Rincón affir­mait qu’il avait été induit en « erreur », cette his­toire de pillages n’a jamais eu lieu. CNN a men­ti, en essayant d’ex­po­ser le Vene­zue­la dans une situa­tion excep­tion­nelle qui exige une action par la force (à la fois diplo­ma­ti­que­ment, finan­ciè­re­ment et mili­tai­re­ment) des États-Unis. Ils font de la pro­pa­gande pour sti­mu­ler les condi­tions d’une inter­ven­tion (qui n’est pas tou­jours mili­taire) et des conflits internes.

L’exclusion de CNN du spectre hert­zien Véné­zué­lien est une mesure d’ordre com­mu­ni­ca­tion­nel strict, aus­si il a l’at­tri­but d’être une mesure de san­té publique. La san­té men­tale comme une ques­tion d’in­té­rêt public. Encou­ra­gé par la pro­pa­gande de CNN, un groupe de la popu­la­tion est constam­ment bom­bar­dé et a même été entraî­né vers les débor­de­ments, la gua­rim­ba, la confron­ta­tion interne, aveu­glés par une cam­pagne irri­tante et consistante. 

Aujourd’­hui on lit que Tarek El Ais­sa­mi est un ter­ro­riste isla­mique, le len­de­main il est tra­fi­quant de drogue, et ain­si de suite. Quelque chose devait être fait à ce sujet, au moins pour pro­té­ger le peuple véné­zué­lien de cette foca­li­sa­tion per­sis­tante de siège. Il est dom­mage que le sort de la popu­la­tion dans d’autres pays d’A­mé­rique latine semblent condam­nés à consom­mer de telles sottises.

Source en espa­gnol : MV

Tra­duit par ZIN TV