par Franz Peultier, le 28 août 2014
ACRIMED
« Là-bas si j’y suis » est désormais un projet de site internet. Après sa suppression arbitraire de France Inter en juin (article d’Acrimed), sans la moindre espèce de débat et au nom d’arguments fallacieux, l’émission de Daniel Mermet compte revivre, à l’image de ce qu’a fait Daniel Schneidermann avec Arrêt sur images, de manière autonome.
Daniel Mermet l’a annoncé lui-même, lors d’une conférence de presse organisée mercredi 27 août 2014 à deux pas de la Maison de la radio, juste après la conférence de rentrée du groupe public : le nouveau « Là-bas si j’y suis » est un site Internet prévu pour le 21 janvier 2015, avec comme fer de lance une matinale, dans la lignée de l’émission bien entendu. Le 7/9 neuf, cela sera son nom, sera diffusé chaque matin, aux horaires indiqués dans son titre, à la même heure que les autres matinales. « On n’est pas alternatifs, c’est eux qui vont devenir alternatifs », promet Daniel Mermet à propos des radios généralistes, en promettant également des reportages vidéos et des interviews plateaux (par exemple avec Frédéric Lordon).
Daniel Mermet a un exemple en tête : celui de Daniel Schneidermann, qui était d’ailleurs présent hier et a publiquement apporté son soutien à son projet. Comme lui, Daniel Mermet était à la tête d’une émission de service public supprimée sans raison, et comme lui il a reçu un fort soutien de ses auditeurs, via des pétitions. Et donc, à l’image d’@rrêt sur images, « Là-bas si j’y suis » sera un site payant, avec quelques contenus gratuits. « On essaiera de se limiter aux abonnements », dit Daniel Mermet, qui n’a pas encore fixé le tarif (a priori entre les 3 € d’ASI et les 9 € de Mediapart).
La première campagne d’abonnements du nouveau « Là-bas si j’y suis » sera lancée le samedi 13 septembre à la Fête de l’Humanité.
Franz Peultier
Pour rappel : Appel à la mobilisation des auditeurs de l’émission radio “Là-bas si j’y suis”
J’y suis, j’y reste : ça s’organise !
Par François Ruffin, 11/07/2014
Radio France, on l’a déjà bousculée. Un lecteur-auditeur se souvient comment, en 2000, la Maison Ronde avait finalement renoncé à fermer les antennes FIP devant la mobilisation.
Pendant l’été, Fakir et les Repaires préparent d’ores et déjà la riposte.
Après la suppression de Là-bas si j’y suis sur France Inter, on ne va pas en rester à une indignation facebook, à une pétition signée en ligne, à des promesses de « boycott », etc. Il s’agit, pour Fakir, de préparer une riposte dans la durée, et on va profiter de la pause estivale pour sonder les cœurs, et accoucher d’une initiative rassembleuse à la rentrée. Car on peut gagner, les chances existent : bien des lutteurs, dans les boîtes, aimeraient démarrer la bataille avec un pareil rapport de forces, avec le réseau des Repaires déjà existant, avec des milliers d’auditeurs sympathisants, mais aussi avec des assos, des intellos, des syndicats, des partis prêts à soutenir cette lutte ! On n’a pas, durant vingt-cinq ans à Là-bas, depuis quinze ans à Fakir, fait l’éloge des syndicalistes chez Conti, chez Goodyear, chez Fralib, à La Poste, chez Latelec, en Tunisie, en Bolivie, etc., pour baisser les bras avant même d’avoir levé le poing !
Et on est pas tout seul. Samedi 5 juillet, à Aix-en-Provence, à l’occasion des Rencontres Déconnomiques, s’est tenu un genre d’assemblée générale, en présence de Serge Halimi, Gérard Mordillat, Daniel Mermet, Renaud Lambert, Aurélien Bernier, etc. Devant trois cents personnes, notre camarade Dany Bruet (des Repaires d’Aix et de Marseille) a accepté la lourde charge de coordonner cette bataille. Nous travaillerons bien sûr main dans la main, et bientôt en lien avec tous les auditeurs et auditrices de bonne volonté. Un quatre pages « J’y suis, j’y reste » sera adressé le 15 août à tous nos abonnés, distribué aux universités d’été des partis de gauche, et peut bien sûr vous être envoyé (eric@fakirpresse.info). Seront ainsi posés des jalons pour la rentrée.
Rien n’est jamais acquis, mais cette lutte, nous avons de grandes chances de l’emporter. Un lecteur-auditeur, François Pecqueur, à Marseille, nous raconte comment, contre Radio France, ils ont sauvé les antennes locales de FIP… alors même que eux partaient de zéro :
À ceux qui douteraient de notre capacité à faire barrage à cette décision, je veux porter à leur connaissance un point d’histoire récent (2000) où un autre juste combat fut mené contre Radio France et où la fronde populaire fut finalement victorieuse.
Ce combat, qui peut paraitre plus anecdotique, fut celui de la défense de FIP, la radio de toutes les musiques. À chacun d’y voir les similitudes et les enseignements à en tirer.
En 1999, Lionel Jospin nomme Jean-Marie Cavada président de la Maison Ronde. Au nom d’un pouvoir que nous ne lui avons jamais délégué, celui-ci décrète que les sept antennes émettrices de FIP devront fermer, d’une part parce que FIP a été inventé pour divertir les automobilistes parisiens bloqués sur les periph’ et qu’il n’y a pas de périph à Bordeaux, Marseille, Nice, Lyon, Nantes, Lille et Strasbourg (sic !), et d’autre part pour la faiblesse relative de l’audience de ces radios décentralisées, pourtant supérieure à celles de France Musique et France Culture.
Dès l’annonce de cette décision, des collectifs sortent de terre dans chacune des villes concernées. Très vite, ces villes s’organisent autour d’une coordination nationale, que j’ai eu le privilège d’animer.
En un an, ce collectif a mené une guérilla permanente, créative et déterminée. Une pétition a réuni plus de 100 000 signatures (sans l’aide d’internet encore balbutiant), assortie d’un comité de soutien incroyable : des ministres, des élus locaux, régionaux et locaux, les acteurs culturels, le show-biz, tout le monde répondait à l’appel. Des interventions en ouverture de spectacles, des manifestations de soutien (3 000 personnes au LU de Nantes), des occupations de locaux des antennes Radio-France locales avec prises d’antenne ont rythmé ce combat rassemblant des auditeurs de 10 à 90 ans, tous scandalisés.
Un des tournants fut la prise de position de la ministre de la culture, Catherine Tasca, reconnaissant face à la presse la légitimité de ce combat, à l’occasion d’une visite à Nantes.
La preuve était faite. Mais à partir de ce jour, quatre annonces de fermetures furent annoncées, puis repoussées sous la pression que nous avons su créer. Finalement, les antennes furent fermées du jour au lendemain, sans en informer les personnels salariés.
La bataille était perdue, du moins le croyions-nous.
Deux ans plus tard, Radio France procédait non seulement à la réouverture des antennes fermées, mais réactivait des antennes FIP fermées dans d’autres villes depuis de nombreuses années, validant la justesse de notre engagement.
Du combat qui s’annonce aujourd’hui, on pourra rapprocher du cas de FIP le refus d’une décision arbitraire, le refus de la négation de la mission de service public, le refus de l’arrogance de responsables qui n’ont pas mandat à exercer aucune forme de censure.
Conclusion : à la fin, c’est nous qu’on peut gagner (mais à condition de se bouger le cul) !
Source de l’article : FAKIR