Des violences policières lors de la manifestation féministe

De nom­breuses vio­lences poli­cières ont eu lieu à la mani­fes­ta­tion fémi­niste ce dimanche à Bruxelles. Au sein d’un cor­tège mas­sif, plu­riel et déci­dé, plu­sieurs manifestant.e.s ont été agressé.e.s par la police. 

De nom­breux actes de répres­sion vio­lente ont été signa­lés, d’une part pen­dant le cor­tège de la marche pour les droits des femmes*, auto­ri­sé par la police et com­po­sé de plu­sieurs mil­liers de per­sonnes, et d’autre part dans le cadre de cor­tèges sau­vages ayant eu lieu en fin de mani­fes­ta­tion. Il se peut que d’autres actes de vio­lences aient eu lieu, nous rece­vons depuis hier de nom­breux témoi­gnages, images à l’ap­pui, de vio­lences com­mises par des poli­ciers en civils ou en uni­forme. Nous par­ta­ge­rons un pre­mier constat demain dans l’après-midi.

À l’heure où la ges­tion de l’ordre public au niveau inter­na­tio­nal prend des allures de plus en plus auto­ri­taires, la police belge suit la ten­dance. Les vio­lences poli­cières ne sont pas un pro­blème nou­veau à Bruxelles. Elles sont cepen­dant en nette recru­des­cence depuis quelque temps, notam­ment dans le cadre de la répres­sion de mou­ve­ments sociaux, comme dans le cas des actions bru­tales menées contre les militant.e.s de la mani­fes­ta­tion fémi­niste Reclaim the Night (2018), celles et ceux de la Reclaim the Pride et des membres d’Extinction Rebel­lion en 2019, et les Gilets Jaunes toute cette année. Au-delà des mani­fes­ta­tions, les vio­lences poli­cières s’exercent quo­ti­dien­ne­ment sur les jeunes des quar­tiers, les pauvres et les sans-papiers, que beau­coup dénoncent comme rele­vant d’un véri­table har­cè­le­ment policier.

Quoiqu’en dise la Police Bruxelles-Ixelles, par la voix de sa porte-parole qui de son côté dément toute vio­lence, les évé­ne­ments sur­ve­nus ne relèvent pas d’une simple « his­toire un peu spé­ciale » : les actes de vio­lences poli­cières sont bien réels, presque ordi­naires tant ils sont fré­quents. Les évé­ne­ments sur­ve­nus ce 8 mars sont une énième attaque menée sur les corps des femmes*, et des autres corps mino­ri­sés. Ils sont l’expression de cette vio­lence sys­té­mique patriar­cale, raciste, clas­siste, LGB­To­phobes contre laquelle nous nous sou­le­vons : la même vio­lence ins­ti­tu­tion­nelle qui tue, qui dis­cri­mine, qui mar­gi­na­lise les per­sonnes, a for­tio­ri les femmes*, pré­caires, raci­sées, migrantes (avec et sans papier), trans, la même vio­lence qui réprime toute forme d’ex­pres­sion dis­si­dente, toute voix s’é­le­vant contre l’im­pu­ni­té et les injustices.

Les espaces fémi­nistes, comme celui de la grève des 8 et 9 mars, prônent l’autodétermination : ils sont des espaces de lutte, de résis­tance et de créa­tion de liens de soli­da­ri­té et soro­ri­té fémi­nistes, des labo­ra­toires de trans­for­ma­tion sociétale.

Nous exhor­tons toutes les asso­cia­tions fémi­nistes, tous les mou­ve­ments sociaux, toutes les forces poli­tiques et syn­di­cales à condam­ner publi­que­ment cette ges­tion de l’ordre public into­lé­rable dans « un État de droit » et la nor­ma­li­sa­tion des répres­sions poli­cières. Le silence est complice.

Comme nous avons pu l’observer ce dimanche à Bruxelles, où la police a été repous­sée à plu­sieurs reprises, ce ne sera pas la répres­sion qui blo­que­ra la vague fémi­niste en cours. La police hors de nos cor­tèges, nous n’avons pas peur !