La ressortissante haïtienne, Joane Florvil a rendu l’âme à 28 ans à l’hôpital de la Clinique Catholique du Chili. Selon des rapports, elle a été arrêtée 30 août dans un incident où elle fut accusée d’avoir abandonné son enfant de trois mois. Lors de son arrestation, Joane Florvil a reçu des coups violents sur la tête. La police qui affirme que ces coups ont été auto-infligés a ensuite placé un casque des forces spéciales sur sa tête, ce qui a aggravé ses blessures. Elle est déclarée morte samedi matin du 30 septembre.
La thèse de l’abandon est démentie par la communauté haïtienne, qui explique que Florvil avait laissé l’enfant à la charge d’une tierce personne afin de porter plainte contre un chilien qui lui a volé son portefeuille.
« Nous devons avoir une forme d’explication, parce que cette citoyenne a été arrêté », explique le Ramón Farías de la commission chargée de l’enquête à la Chambre des Députés. « On doit aussi savoir ce qui est arrivé à l’enfant. (…) Il y a une nébuleuse autour de cette affaire qui n’est pas claire. »
« On ne pense pas que cela aurait une fin aussi tragique », réplique Eduardo Cardoza, secrétaire exécutif du mouvement des Migrants en Action. « Elle était une jeune femme qui avait un futur. Il s’agit d’un impératif moral des autorités de nous donner une explication. » et ajoute : « C’était une chaîne de préjugés, une procédure biaisée, l’absence d’une enquête soumise aux droits de l’homme, ainsi qu’une procédure régulière, également couronnée d’informations dans la presse ayant déformée les faits, ce qui a conduit au public à mépriser une personne violenté et victime d’un vol, et une accusation injuste d’abandon à sa fille par la suite ».
Branislav Marelic, directeur de l’Institut pour les Droits Humain annonce qu’il va « accompagner la famille de la victime… On va faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’enfant retourne vers son père. »
L’organisation Action et Mère met trois avocats à disposition de la famille victime alors que jeudi prochain, le frère de Joane Florvil doit rentrer au Chili pour entreprendre les démarches pour l’enterrement de sa sœur.
Mais ce n’est pas tout, sa fille de deux mois est maintenant dans le pire endroit possible. Oui, le pire endroit : la Maison nationale de l’Enfant. Organisme sous le Service national des mineurs, SENAME. En attendant que son père, Wilfrid Fidele, prouve sa paternité et réclame une scolarité qui, après le vol des documents de Joane, devient très difficile.
Lors de son arrestation, Joane Florvil a en vain tenté d’expliquer son histoire aux policiers qui ont refusé de l’entendre, ni de faire appel à un interprète. Ce qui constitue une violation flagrante des lois chiliennes qui exigent que la personne appréhendée doit savoir de quoi elle est accusée. Or, Joane ne parlait pas espagnol.
Alors que s’enfle l’indignation et que des parlementaires exigent une explication, la famille s’organise pour offrir des funérailles « dignes » à Joane Florvil et le père du bébé a finalement obtenu la permission de visiter son enfant qui se trouve encore entre les mains des autorités.
L’affaire fait la une des médias chiliens. La presse en général a déclaré qu’elle aurait abandonné sa fille de trois mois à l’extérieur du Bureau pour la protection des droits de l’enfant dans la municipalité de Lo Prado. La jeune fille a été arrêtée et les autorités ont déclaré qu’elle s’était auto-infligés des coups. Compte tenu de la gravité de ses blessures, elle était inconscient et transférée à l’hôpital clinique UC. Willfrid Fidele, partenaire de Joane et père du bébé, a déclaré que Joane ne quittait jamais le bébé, mais avait désespérément besoin d’aide, car elle aurait été trompé.
Willfrid Fidele raconte sa version des faits : « Elle marchait dans la rue avec son bébé et a été accosté par un passant pour lui demander si elle avait un mari. Elle a répondu oui et lui a également demandé s’ils avaient du travail et s’ils voulaient travailler”, poursuit-il. Selon Willfrid, ils sont rentrés chez lui pour lui raconter la nouvelle. Quelqu’un allait les aider avec du travail, et ce « quelqu’un » les a emmenés à l’OPD de Lo Prado, pour soi-disant les aider. »
Il saluait le gardien et les conduisit dans une cour où le mari devait commencer son travail. Quand ils sont partis, ils se rendirent compte que ce monsieur est avec son sac où se trouvaient tous ses documents. Elle pleurait et était désespéré, elle a voulu appeler les carabiniers pour déposer signaler le vol et déposer plainte. Minutes plus tard, les carabiniers se sont retirés. Elle pleurait encore sur place. Ensuite, le gardien a indiqué que le gars est parti de ce côté et elle est partie récupérer ses documents.
De retour sans avoir trouvé le gars, les carabiniers étaient était en place et la presse aussi. Ils l’attendaient parce qu’elle aurait abandonné son bébé. “Elle n’a pas bien compris, mais quand elle a été menottée, son enfer a commencé”.
Entre temps, un poème écrit par le médecin haïtien Jean Jacques Pierre fait la une sur les réseaux sociaux. Le chirurgien, poète, peintre-illustrateur et traducteur, qui vit au Chili depuis 8 ans est né à Jacmel. Une version traduite ci-dessous :
Parce que personne n’est Joane Florvil ?
Personne ne veut être la cible de sa destinée,
Personne n’aimerait se lever chaque jour,
Avec les cicatrices du monde sur le front
Ils vous ont tué Joane Florvil,
Tous les jours
Partout
Quand ils t’ont tué en Afrique
Ils ont dit que c’était par habitude
Quand ils vous ont tué aux États-Unis
Ils ont dit que c’était pour l’autodéfense
Quand ils vous ont tués au Chili
Ils ont dit que c’est parce que tu es une mauvaise mère.
La vérité est que tout le monde gagne avec ta mort
Ils paient certains pour t’accuser
Ils paient d’autres personnes pour t’arrêter
Ils paient les autres pour donner la nouvelle des nouvelles formes de domination
Un groupe d’indignés tente de te faire entrer dans la mémoire collective
Mais pleurer en psalmodiant ton nom est inutile
Implorer ton pardon non plus
Comment peut-on vivre au milieu de tant d’obscurité ?
Comment vivre dans une ville sans poésie ?
Pas de miroirs, pas de câlins, pas de Joane Florvil ?
Je suis un des lâches
Qu’ils ne voulaient pas te comprendre, te défendre
La seule chose que je peux penser maintenant est de pleurer
Et j’écris ce poème pour te dire
Je ressens beaucoup de honte
Pour faire partie de l’humanité qui t’a tué
Dans une ville pleine de lâches prétentieux
Nous avons eu l’opportunité de t’aimer
Nous avons eu l’opportunité de faire
Avec tes yeux, un joli nid d’oiseau
(Vivre est la beauté d’être)
Source : loophaiti & publimetro
Traduction : ZIN TV