Sur le « International Herald Tribune » du 11 février (2010), David E. Sanger rapporte que, non contente de renforcer la présence de la flotte Usa dans le Golfe Persique, l’administration Obama s’emploie, à l’intérieur de l’Iran, à « relancer les actions clandestines de longue durée contre le programme nucléaire ».
Interviewé à son tour par Ennio Caretto sur le « Corriere della Sera » du 8 février, un « expert » états-unien qui –précise le journaliste- travaille « pour la Cia et le Fbi » déclare à propos d’Israël : « Je n’exclue pas qu’il ait déjà des hommes en Iran prêts à faire sauter les implantations de l’ennemi et je sais qu’il (Israël, NdT) dispose de missiles et de bombes pour pénétrer très profondément dans les bunkers atomiques ». Donc les préparatifs d’agression sont en plein déroulement, et même, comme l’ont démontré les enlèvements et les assassinats « ciblés » de chercheurs scientifiques iraniens, dans un certain sens l’agression a déjà commencé : et celui qui l’opère, avec ses protecteurs états-uniens, est le gouvernement qui se réserve le droit de frapper massivement l’Iran, suspecté de vouloir rattraper Israël en ce qui concerne l’armement nucléaire !
Comment devrait se comporter en de telles circonstances une organisation qui déclare vouloir promouvoir la cause des droits humains ?
Un des droits de l’homme fondamentaux – c’est Franklin Delano Roosevelt qui le dit en 1940 et la Charte de l’ONU le reconnaît aussi- est d’être « libéré de la peur » d’être agressé, bombardé ou envahi. Mais voyons quand même comment argumente Hadi Ghaemi, « coordinateur de la campagne internationale pour les droits humains en Iran de Human Rights Watch ». Interviewé par Francesca Paci (« La Stampa » du 12 février) il reconnaît un point essentiel : « Tous les journalistes occidentaux qui sont allés à Téhéran ces dernières années ont raconté que la population est favorable au nucléaire à des fins pacifiques ». Ce devrait être une raison de plus pour exiger la fin des enlèvements et des assassinats « ciblés », mais ce n’est pas ce que pense le représentant de Human Rights Watch. Bien loin de condamner les agresseurs, il leur donne des conseils : « Il faut frapper [pour le moment sur le plan économique] en haut, les sommets politiques, la garde révolutionnaire ». Ce n’est pas tout : les entreprises européennes et même chinoises sont invitées à désinvestir et à « s’en aller immédiatement » d’Iran. De cette manière, ce qui serait touché serait en réalité la population civile iranienne dans son ensemble, qui verrait une chute de son niveau de vie et subirait une attaque contre ses droits économiques et sociaux, eux aussi inscrits à la Charte de l’ONU.
Le moins qu’on puisse dire c’est que le représentant de HRW efface du catalogue des droits le droit à l’indépendance et à la sécurité nationale, à la « liberté de la peur », de même que les droits économiques et sociaux. La gauche doit évidemment prendre au sérieux les droits de l’homme, mais c’est justement pour cela qu’elle doit savoir démasquer des organisations comme Human Rights Watch, complices de la contre-révoution néo-libérale et impérialiste, et en dernière analyse, ennemies de ces droits de l’homme qu’elles prétendent, de façon grossière, vouloir défendre.
Texte original publié sur le blog de l’auteur le 18 février 2010, rubrique Cronache dell’Impero.
Traduction : Marie-Ange Patrizio