Étrange paradoxe. Au moment même où le Nova fêtera ses 15 ans d’existence, le Cinéma Arenberg devra définitivement fermer ses portes. C’est du moins la menace très précise qui pèse sur lui.
On se souvient que ce cinéma avait repris à la fin des années 70 la salle du n°3 rue d’Arenberg, vouée depuis longtemps déjà à l’art et essai. En 1987, la KredietBank l’en avait chassé pour agrandir ses bureaux… ce qu’elle ne fit d’ailleurs jamais, préférant finalement construire une sorte de château fort des temps modernes le long du canal, près de la place Sainctelette. En 1997, après 10 années passées à servir d’entrepôt de vieux meubles, le n°3 de la rue d’Arenberg retrouvait heureusement la lumière des projecteurs, avec l’ouverture d’un nouveau cinéma : le Nova était né. Mais ça, c’est une autre histoire…
Le Cinéma Arenberg, lui, avait entretemps trouvé refuge dans les Galeries de la Reine. Depuis lors, il continue coûte que coûte à y programmer des films d’auteurs et à défendre une vision culturelle du cinéma. Une programmation à laquelle on peut parfois reprocher un certain manque d’audace mais qui est aujourd’hui unique à Bruxelles. Depuis plusieurs années, son équipe alerte les pouvoirs publics sur les difficultés qu’elle rencontre. Les réalités de la distribution cinématographique en Belgique étant ce qu’elles sont, l’Arenberg n’a vu qu’une seule issue pour maintenir son activité : augmenter le nombre de ses salles, afin de pouvoir programmer davantage de films et d’en maintenir certains plus longtemps à l’affiche. Après moult rebondissements, un premier projet d’agrandissement du cinéma tomba à l’eau. Aujourd’hui, l’équipe de l’Arenberg espère voir aboutir la construction d’un complexe sur le site des anciennes brasseries Wielemans-Ceuppens à Forest. Mais ce projet est encore hypothétique et n’enlève rien à l’intérêt de garder un tel cinéma dans le centre-ville.
Or voilà que la Société des Galeries Royales Saint-Hubert, propriétaire de la salle, a récemment annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son bail. Pour quelle raison ? L’Arenberg est en retard de paiement de loyers. Mais surtout, c’est “son manque de vision pour le futur” qui lui est reproché. Il paraît que l’arrivée de Finasucre (groupe appartenant à la famille Lippens, l’une des plus riches de Belgique, active notamment dans la finance, l’immobilier, le sucre et la politique) dans l’actionnariat de la Société des Galeries ne serait pas étrangère à cette décision. L’idée est de “redynamiser” l’Arenberg. Pour ce faire, un curieux consortium entre un producteur spécialisé dans les films d’exploration du monde, l’ancien échevin de la culture de Bruxelles-Ville Henri Simons, deux petits capitaines d’entreprises français et un yuppie des jeux vidéos, a été réunit pour lancer un projet “plus moderne” dans l’Arenberg et d’autres espaces des Galeries. Cette fine équipe, aidée de communicants habitués à servir des grands capitaux et des pouvoirs publics français, veut nous convaincre que l’Arenberg serait devenu résolument ringard, alors que leur “projet culturel 2.0” serait porteur d’une vision plus “jeune”, “attractive” et tournée vers l’avenir. Leur plan comm’ annonce la continuation du travail culturel et pédagogique mené actuellement (en piquant au passage certaines activités de l’Arenberg, peut-être son nom, si possible son public, et surtout ses subsides publics), tout en “l’augmentant” pour en faire un “pôle” mélangeant cinéma, arts numériques, 3D, films à la demande, jeux vidéo et wi-fi, le tout flanqué d’un “concept store”…
Alors, bientôt à Bruxelles un endroit où l’on pourra voir un Dardenne en 3D, un Kaurismaki en cinéma virtuel transmis par wi-fi, tout en twittant ou en achetant la dernière Play Station, avant d’aller se faire une petite partie de Wii ? C’est étrange, on a du mal à croire une seule seconde dans les promesses culturelles et cinématographiques de ce projet. Quant à sa dimension économique, on imagine bien que ces experts en marketing et dans l’air du temps ont quelques capitaux en réserve, mais si on était mauvaise langue on rappellerait l’aventure pour le moins furtive du “Cyber Théâtre Avenue” (ah bon, vous ne vous en souvenez pas ?) qui avait à peu de choses près le même type d’intentions. La principale différence entre ces deux projets n’est pas des moindres, elle est éthique : le Cyber Théâtre voulait faire revivre une ancienne salle de cinéma à l’abandon… il ne menaçait pas l’existence d’un cinéma en activité.
Au Nova, il nous est arrivé d’être critiques par rapport à la programmation ou à la gestion de l’Arenberg. Par ailleurs, nous nous souviendrons toujours qu’à nos débuts nous avons pu compter sur un soutien important de la Société des Galeries Saint-Hubert et d’Henri Simons, qui était alors Échevin de la culture. Mais à nos yeux, aujourd’hui, il n’y a pas photo : le projet qu’ils défendent est hasardeux et favorise l’uniformisation et la marchandisation culturelle. L’Arenberg doit être soutenu et non exclu. Lui reprocher un prétendu “manque de vision pour le futur” est un bien mauvais argument. Revendiquer la transformation d’un cinéma au motif qu’il ne diffuse “que” des films, cela revient à vouloir fermer tous les cinémas de la ville. S’il existe vraiment à Bruxelles un besoin de nouveaux lieux s’intéressant plus spécifiquement aux arts numériques, il n’y a aucune raison de le faire aux dépens d’une salle dédiée au cinéma, d’une équipe qui a fait ses preuves, d’un patrimoine et d’une histoire de plus de 30 ans.
[Soutenez l’Arenberg, signez la pétition.
->http://www.arenberg.be/fr/118/P%E9tition — Sauvez‑l%27Arenberg%21]
Arenberg Cinema bedreigd door “cultuur 2.0”
Een bizarre samenloop van omstandigheden. Op hetzelfde moment dat Nova vijftien kaarsjes zal uitblazen, moet Cinema Arenberg de deuren sluiten. Dat is ten minste de dreiging die als een zwaard van Damocles boven zijn hoofd hangt.
Sommigen herinneren het zich nog : eind jaren 70 opende deze bioscoop zijn deuren in een zaal aan de Arenbergstraat nr. 3. In 1987 verjoeg de naastliggende Kredietbank de cinema om zijn kantoren uit te breiden… iets wat nooit gebeurde. In plaats daarvan bouwde de bank een hedendaagse versterkte burcht aan het kanaal, vlakbij de Sainctelettesquare. In 1997, na 10 jaar als opslagplaats voor meubels te hebben gediend, hervond de oude zaal aan de Arenbergstraat zijn bestemming als filmzaal dankzij de opening van een nieuwe cinema : Nova was geboren. Maar dat is een ander verhaal…
Cinema Arenberg had inmiddels toevlucht gevonden in de nabijgelegen Koninginnegalerij. Sindsdien blijft het ten alle prijze arthousefilms programmeren en een culturele visie op film verdedigen. Een programmering die soms een zeker gebrek aan moed kan worden verweten, maar die vandaag de dag wel uniek is in Brussel. Sinds enkele jaren probeert de ploeg de aandacht van de overheden te trekken op de moeilijkheden waarmee ze geconfronteerd wordt. Gezien de harde realiteit van de filmdistributie in België, ziet de Arenberg maar één manier om hun activiteit te handhaven : het aantal zalen verhogen om zo meer films te vertonen en ze langer op de affiche te behouden. Na veel vijven en zessen, vielen de eerste plannen voor een mogelijke uitbreiding van de zaal in het water. Vandaag hoopt de Arenbergploeg een bioscoopcomplex op de site van de voormalige brouwerij Wielemans-Ceuppens in Vorst te bouwen. Maar dit ambitieuze project is nog helemaal hypothetisch en doet niets af aan het belang van het behoud van de filmzaal in het centrum van de stad.
Maar ondertussen kondigde de eigenaar van de Koninginnegalerij, de n.v. Galeries royales Saint-Hubert, onlangs aan dat het huurcontract van de Arenberg niet verlengd wordt. Waarom ? De Arenberg heeft heel wat achterstallige huur. Maar nog belangrijker is het “gebrek aan toekomstvisie” dat hen verweten wordt. Het lijkt erop dat de komst van Finasucre (een holding van de familie Lippens, één van de rijkste in België, actief in financiën, onroerend goed, suiker en politiek) in het aandeelhouderschap van de n.v. Galeries royales Saint-Hubert iets met deze beslissing te maken heeft. Het idee is om de Arenberg te “revitaliseren”. Om dit waar te maken ontstond een vreemdsoortig consortium tussen een producent gespecialiseerd in ontdekkingsfilms, de voormalige schepen van cultuur en stedenbouw van de Stad Brussel Henri Simons, twee kleine Franse bedrijfsleiders en een yuppie van video games. Samen zijn ze van plan om een “meer modern” project in de Arenberg en andere delen van de galerij uit de grond te stampen. Dit fijne team, bijgestaan door communicatiespecialisten, wil ons ervan overtuigen dat de Arenberg resoluut oubollig is, terwijl hun “culturele project 2.0” drager is van een meer “jonge”, “aantrekkelijke” en “vooruitziende” visie. Hun communicatieplan kondigt de voortzetting aan van de culturele en educatieve activiteiten die momenteel plaatsvinden in de Arenberg (door en passant de activiteiten van de Arenberg in te palmen, misschien ook hun naam en naambekendheid, waarbij inbegrepen hun publiek, en vooral de overheidssubsidies). Het moet een “pool” worden (“géén kleine Kinepolis!”) die film, digitale cultuur, 3D, on demand films, video games en wi-fi vermengt, dit alles geflankeerd door een “concept store”…
Dus binnenkort in Brussel een plek waar je een 3D-Dardenne kunt zien, een virtuele Kaurismäki-film via wi-fi, terwijl het twitterende publiek zich de nieuwste Play Station aanschaft voordat het zich aan een partijtje Wii waagt ? Het is vreemd, maar wij hebben het moeilijk om ook maar een seconde te geloven in de culturele en cinematografische merites van dit project. Wat de economische dimensie betreft, kun je redelijkerwijs verwachten dat deze marketingexperts heel wat in hun mars hebben, maar als we even stout mogen zijn, brengen we graag het avontuur van het “Cyber Avenue Theater” in herinnering (ah, bent u het al vergeten?) dat vrijwel dezelfde soort bedoelingen had. Het belangrijkste verschil tussen deze twee projecten is niet van de minste, het is ethisch : Cyber Avenue Theater wilde een oude, aan zijn lot overgelaten bioscoop doen herleven, en bedreigde niet het voortbestaan van een bioscoop in volle activiteit.
In Nova waren we soms kritisch over de programmering of het beheer van de Arenberg. Daarnaast zullen we nooit vergeten dat we tijdens onze begindagen konden rekenen op de steun van de Sint-Hubertusgalerijen en Henri Simons, toen schepen van cultuur. Maar dat staat onze kritiek van vandaag niet in de weg : ze verdedigen een risicovol project dat enkel en alleen culturele standaardisatie en cultuur als koopwaar bevordert. De Arenberg moeten worden ondersteund en niet uitgesloten. Hen een “gebrek aan toekomstvisie” verwijten is een slecht argument. De transformatie van een filmzaal eisen op grond van het argument dat ze “slechts” films vertonen, betekent het einde van alle bioscopen. Als er in Brussel werkelijk behoefte is aan nieuwe plekken die gewijd zijn aan digitale cultuur, is dat geen reden om dat te doen ten koste van een bestaande zaal gewijd aan film, van een ploeg die al veel bewezen heeft, van een erfgoed en een geschiedenis van meer dan 30 jaar.