Les policiers ont le droit de taper, pas de penser

L’externalisation des politiques migratoires : les politiques d’éloignement des étrangers indésirables ne se déroulent pas sur le sol de l’État qui décide qu’ils sont indésirables, mais sur le sol des États voisins, moyennant finance...

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Comme l’a rap­pe­lé la mani­fes­ta­tion d’hier, qui a réuni au fil de l’après-midi entre cin­quante et cent per­sonnes, les vio­lences poli­cières sont une réa­li­té quo­ti­dienne à Calais. L’ont éga­le­ment rap­pe­lé récem­ment l’enquête de Human Rights Watch, la deuxième sai­sine du Défen­seur des Droits, l’interpellation du ministre de l’intérieur par vingt-et-une orga­ni­sa­tions, la déci­sion du Défen­seur des Droits concer­nant la pres­sion poli­cière autour des lieux d’activité humanitaire.

Ces mul­tiples inter­pel­la­tion, dont on pour­rait citer d’autres exemples au fil des années, se heurtent à un mur, du côté du minis­tère de l’intérieur comme du côté de la jus­tice, comme on a pu le voir à l’occasion d’événements récents (voir ici, ici et ).

Par contre, si une vidéo fil­mée par un rou­tier bri­tan­nique, mon­trant des poli­ciers relâ­chant des exi­lés trou­vés dans un camion et répon­dant au rou­tier bri­tan­nique que « c’est votre pro­blème » (en tant qu’Anglais), est reprise par la BBC, et qu’un par­le­men­taire bri­tan­nique s’offusque, la direc­tion dépar­te­men­tale de la sécu­ri­té publique du Pas-de-Calais ouvre une enquête.

http://www.lavoixdunord.fr/region/migrants-a-calais-les-policiers-sont-ils-laxistes-une-ia33b48581n2672433

Comme si la police fran­çaise n’avait pas de compte à rendre au Défen­seur des Droits, orga­nisme indé­pen­dant ins­ti­tué par la Consti­tu­tion fran­çaise, mais avait des comptes à rendre à un dépu­té britannique.

Comme si la police fran­çaise était une milice pri­vée, louant ses ser­vices, et les auto­ri­tés bri­tan­niques ayant payé, c’est à elles qu’il faut rendre des compte.

C’est ce qu’on appelle l’externalisation des poli­tiques migra­toires : les poli­tiques d’éloignement des étran­gers indé­si­rables ne se déroulent pas sur le sol de l’État qui décide qu’ils sont indé­si­rables, mais sur le sol des États voi­sins, moyen­nant finance en géné­ral, comme le Maroc le fait pour l’Espagne, ou comme la Libye de Kadha­fi le fai­sait pour l’Italie et l’Union euro­péenne. Elles se pour­suivent aujourd’hui à tra­vers le pro­ces­sus de Rabat et le pro­ces­sus de Khar­toum.

Elles se déroulent aus­si sur les sols fran­çais et belges pour le compte des auto­ri­tés bri­tan­niques, et vont se tra­duire en avril pro­chain par l’expulsion et la des­truc­tion des cam­pe­ments du Calai­sis, répé­tant ce qui s’est pas­sé les 28 mai et 2 juillet 2014 et durant les 3 semaines qui ont sui­vi le 22 sep­tembre 2009.

Cela se tra­duit sur le ter­ri­toire des États concer­né par une sus­pen­sion de l’État de droit au pro­fit de poli­tiques répres­sives. « Calais zone de non-droit » disent les asso­cia­tions depuis de nom­breuses années.

Source de l’ar­ticle : Pas­seurs d’hos­pi­ta­li­tés ~ des exi­lés à Calais