Les “Tchernobyl” sous-marins

Par Jacqueline Denis-Lempereur (Science & Vie)

Les “Tcher­no­byl” sous-marins

Source : http://atomicsarchives.chez.com/tcherno_sous_marin.html


Où vont les sous-marins nucléaires nau­fra­qés ? Au fond de la mer comme leurs sem­blables à moteur Die­sel. Seule dif­fé­rence, dans ces tra­gé­dies, c’est que les sous-marins nucléaires relâchent dans le milieu marin une source for­mi­dable de radio­ac­ti­vi­té qui vient s’a­jou­ter à celle des bombes et des mis­siles per­dus, sans par­ler des fûts radio­ac­tifs qu’une dou­zaine de pays, le Royaume-Uni en tête, ont reje­tés à l’eau pen­dant trente-six ans.

Com­ment s’en débarrasser ?

Image_2-44.pngDes cen­taines de mil­liers de fûts conte­nant des déchets radic­tacdfs ont été, comme ici au large des côtes nor­mande pure­ment et sim­ple­ment “balan­cés” par-des­sus bord.

Nous ne tra­hi­rons pas un secret mili­taire en révé­lant que 510 sous-marins nucléaires sillonnent les mers du monde entier. A cette flotte, il faut ajou­ter 65 navires mili­taires et 10 bateaux civils à pro­pul­sion nucléaire. Ces tout der­niers n’ont à leur bord qu’un ou deux réac­teurs nucléaires qui servent à leur pro­pul­sion, mais les autres, sous-marins com­pris, trans­portent géné­ra­le­ment des armes nucléaires sous forme de bombes ou de missiles.

Lorsque le navire coule, avec ou sans sa charge, per­sonne n’en parle. Idem lors­qu’une arme est per­due au cours d’une manoeuvre. Les gou­ver­ne­ments nient d’a­bord les faits, puis, lorsque les preuves s’ac­cu­mulent, ils finissent par recon­naître, par exemple, qu’un mis­sile “non armé” a bien été tiré. Il n’y a que le grand publie qui soit trom­pé par ces com­mu­ni­qués léni­fiants, car les ser­vices secrets du monde entier savent, eux, très exac­te­ment ce qui s’est passé.

Dans le lot de sous-marins cou­lés, il n’est pas exclu que cer­tains aient pure­ment et sim­ple­ment été envoyés à la casse. Une façon peu coû­teuse de se débar­ras­ser d’un maté­riel péri­mé ! La marine amé­ri­caine l’a­vait for­te­ment envi­sa­gé pour une cen­taine de ses bâti­ments qui devaient être déman­te­lés entre 1982 et 20l2.

Pour la pre­mière fois, l’A­gence inter­na­tio­nale pour l’éner­gie ato­mique (AIEA), à Vienne, a ten­té de recen­ser ces acci­dents. Ce tra­vail, qui aurait été infai­sable sans la détente, était des­ti­né à la Confé­rence inter­na­tio­nale sur la pol­lu­tion marine qui s’est tenue à Londres du 25 au 29 novembre 1991. L’AIEA a retrou­vé la trace de 31 acci­dents, pas moins, dont 16 ne sont d’ailleurs tou­jours pas recon­nus par les pays concer­nés (voir carte). Mais il y en a peut-être davan­tage ! Le nombre d’armes nucléaires asso­ciées à ces acci­dents n’est pas tou­jours connu. On ne sait pas non plus pré­ci­sé­ment de quelles armes il s’a­git. Dans la plu­part des cas, ce sont des têtes nucléaires de missiles.

Ce sont les Etats-Unis qui sont res­pon­sables de la majo­ri­té des pertes (18 sur 31), ce qui semble logique puis­qu’ils pos­sèdent le stock d’armes nucléaires le plus impor­tant de la pla­nète. Les Sovié­tiques, moins loquaces encore que les Amé­ri­cains, appa­raissent loin der­rière : 9 acci­dents dont 7 de sous-marins.

Mais il n’y a pas que les bateaux. Ain­si, lors­qu’un avion B‑52 s’est écra­sé, le 21 jan­vier 1968, sur la ban­quise non loin de la base de Thu­lé au Groen­land, les quatre bombes qu’il trans­por­tait se sont bri­sées et la matière radio­ac­tive, prin­ci­pa­le­ment du plu­to­nium, s’est répan­due sur 50 km à la ronde conta­mi­nant tout le milieu marin. Mais c’est une affaire oubliée.

Par­fois c’est un satel­lite équi­pé d’un géné­ra­teur nucléaire qui quitte son orbite et regagne la Terre, c’est-à-dire la plu­part du temps la mer puisque la sur­face des terres émer­gées est huit fois moindre que celle des océans.

Inutile de dire que ces engins sont rare­ment récu­pé­rés, soit parce qu’on ne les loca­lise pas avec pré­ci­sion, soit parce qu’ils reposent à de trop grandes pro­fon­deurs. Les Russes envi­sagent tou­te­fois de ren­flouer un de leurs sous-marins, le Kom­so­mo­lets, abî­mé en mer du Nord près de la côte nor­vé­gienne, le 7 avril 1989, avec des mis­siles à bord (voir pho­tos ci-des­sous). Le gou­ver­ne­ment nor­vé­gien a d’ores et déjà inter­dit la pêche autour de cette zone, car des ins­pec­tions ont prou­vé que le réac­teur fuyait et que la cor­ro­sion, plus rapide que pré­vue, gagnait les têtes nucléaires.

Image_3-25.pngUn sous-marin nucléaire sovié­tique cou­lé au large des côtes norvégiennes 

Image_4-17.pngOn peut dis­tin­guer le pont du sous-marin,
Image_5-10.pngain­si que ce qui res­semble à un silo de lan­ce­ment (3)

Image_6-8.pnget remar­quer que le bâti­ment était bien équi­pé d’o­gives nucléaires (4).

Une mis­sion de recon­nais­sance, effec­tuée par un navire océa­no­gra­phique sovié­tique pen­dant les mois de sep­tembre et octobre der­niers, a per­mis de prendre ces pho­tos du Kom­so­mo­lets (1), per­du le 7 avril 1989. Des ana­lyses. réa­li­sées par l’ins­ti­tut nor­vé­gien d’é­tude de la radio­ac­ti­vi­té sur des échan­tillons pré­le­vés à ce moment-là ont mon­tré des taux éle­vés de radio­ac­ti­vi­té prou­vant la pré­sence de fuites.

Au total, ce sont des mil­lions de mil­liards de bec­que­rels qui reposent au fond des mers, soit plu­sieurs fois la dose que la catas­trophe de Tcher­no­byl a injec­té dans l’at­mo­sphère. Cette radio­ac­ti­vi­té acci­den­telle s’a­joute à celle qu’une poi­gnée d’E­tats, Royaume-Uni en tête, ont déver­sé volon­tai­re­ment, durant 36 ans, dans une cin­quan­taine de sites, pour se débar­ras­ser de leurs déchets nucléaires pré­ten­dus de faible ou moyenne activité.

Les pre­miers déver­se­ments volon­taires remontent à 1946, au len­de­main de la Seconde Guerre mon­diale ; les Amé­ri­cains avaient alors choi­si des sites dans le Paci­fique non loin des côtes de la Cali­for­nie. Le der­nier a eu lieu en 1982 dans l’At­lan­tique nord, à un mil­lier de kilo­mètres envi­ron des côtes fran­çaises. Ce mode de rejet a fina­le­ment ces­sé sous la pres­sion des pays qui s’y oppo­saient. Car, jusque-là, il était auto­ri­sé et régle­men­té par la Conven­tion pour la pré­ven­tion de la pol­lu­tion marine, signée en 1975 et connue sous le nom de Conven­tion de Londres. C’est ain­si que des cen­taines de mil­liers de fûts de déchets enro­bés dans du bitume ou du ciment, par­fois grou­pés dans des contai­ners, reposent au fond des mers. Il suf­fit de 10 à 15 ans pour que ces maté­riaux se désa­grègent sous l’ef­fet de l’eau de mer ! Et il est arri­vé, dans les tout débuts, qu’on verse direc­te­ment les déchets sans embal­lage, en vrac, voire sous forme liquide !

Qui sont exac­te­ment les pol­lueurs ? Douze pays. Cer­tains, comme l’I­ta­lie, l’Al­le­magne ou la Suède, n’ont failli qu’une seule fois, et n’ont reje­té que de faibles quan­ti­tés de radio­ac­ti­vi­té. La France, quant à elle, qui a dis­po­sé du Centre de sto­ckage de la Manche, près de la Hague, ne s’est livrée que deux fois à ces déver­se­ments, mais les quan­ti­tés étaient plus impor­tantes (voir sché­ma ci-dessous).

Image_7-8.png Mes­sieurs les anglais vous êtes les premiers
Entre 1946 et 1982, douze pays ont reje­té des déchets radio­ac­tifs en mer. Pour le Royaume-Uni, il s’a­gis­sait d’une pra­tique cou­rante, puisque ce pays est res­pon­sable de plus des trois-quarts des rejets.

Mais le pom­pon revient de loin au Royaume-Uni qui, à lui seul, est res­pon­sable de près de 80 % de la radio­ac­ti­vi­té reje­tée. Nos amis anglais ont en effet déver­sé quelque 75 000 tonnes de déchets nucléaires dans une quin­zaine de sites de l’At­lan­tique (voir carte). Ils ont même trou­vé qu’un site était tout dési­gné : la mer en face de la Hague. Et par quinze fois, immi­tés deux fois par les Belges, ils y ont déver­sé leurs déchets entre 65 et 160 m de pro­fon­deur. Cette décharge sau­vage se situe très exac­te­ment par 49° 50′ N de lati­tude et 2° 18′ W de lon­gi­tude, à une tren­taine de kilo­mètres des côtes fran­çaises. Si les crus­ta­cés ou les coquillages accusent par­fois des taux de radio­ac­ti­vi­té anor­maux autour du Coten­tin, fi n’y a pas que l’u­sine de retrai­te­ment de la Hague qui en soit responsable !

Image_8-5.png Les cime­tière marins de l’europe

Voi­ci les sites où ont été lar­gués, pen­dant trente-six ans, fûts et contai­ners rem­plis de déchets radio­ac­tifs. Nous avons, à chaque fois, comp­ta­bi­li­sé la radio­ac­ti­vi­té cumu­lée pour chaque pays, en giga­bec­que­rels. Ces “décharges sau­vages ” se sont sou­vent faites très près des côtés. Par exemple, à 30 km à peine au large de Cher­bourg, on trouve le dépo­toir radio­ac­tif où nos amis anglais et belges se sont “sou­la­gés” de 10 000 tonnes envi­ron de déchets encombrants.

Autour de ces pou­belles, on a trou­vé du césium et du plu­to­nium à des taux éle­vés. C’est cela qui a fait inter­dire ces déver­se­ments… tout au moins offi­ciel­le­ment : des révé­la­tions pro­ve­nant d’un res­pon­sable sovié­tique indiquent que plu­sieurs mil­liers de tonnes de déchets radio­ac­tifs civils et mili­taires — dont le réac­teur du Lénine, le pre­mier brise-glace nucléaire — auraient été déver­sées clan­des­ti­ne­ment jus­qu’à très récem­ment dans la mer de Kara, au large de la Sibérie.

Par Jac­que­line Denis-Lempereur
Science & Vie n°892 jan­vier 1992

La carte mon­diale des épaves radioactives

Des déchets radio­ac­tifs ont été volon­tai­re­ment déver­sés dans une cin­quan­taine de sites marins réper­to­riés sur cette carte. Mais c’est sur­tout l’At­lan­tique nord qui a ser­vi de pou­belle aux Etats.

Nous pos­sé­dons peu de don­nées sur les acci­dents en mer impli­quant des matières nucléaires, secret mili­taire oblige. Voi­ci néan­moins la liste de ceux que vient de recen­ser — pour la pre­mière fois — l’AIEA, avec toutes les impré­ci­sions qui sub­sistent sur les quan­ti­tés de radio­ac­ti­vi­té reje­tées, la loca­li­sa­tion pré­cise et par­fois même sur le nom du sous-marin coulé.

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Notes

1) Mut­su (1er sep­tembre 1974). Fuite de radia­tions (neu­trons), sur ce car­go japo­nais à pro­pul­sion nucléaire, due à des défauts de struc­ture, à 800 km à l’est de Shiriyazaki.

2) Avion amé­ri­cain B‑36 (13 février 1950) équi­pé d’une arme nucléaire, per­du au large de Puget Sound.

3) Avion amé­ri­cain (10 novembre 1950) per­du, avec des armes nucléaires à bord, quelque part sous la mer en dehors des Etats-Unis.

4) Avion amé­ri­cain B‑36 (18 mars 1953) per­du, avec des armes nucléaires à bord ; au large de Terre-Neuve.

5) Avion amé­ri­cain B‑47 (10 mars 1956) per­du, avec deux cap­sules de matières radio­ac­tives, en Méditerranée.

6) Avion amé­ri­cain B‑47 (5 mars 1958) équi­pé d’une arme nucléaire, per­du au large de la Géorgie.

7) Avion de chasse amé­ri­cain F 102 (mi 1960) équi­pé d’un mis­sile nucléaire, per­du dans la baie de Haiphong,

8) Mis­sile inter­con­ti­nen­tal amé­ri­cain (ICBM Thor Rocket) (4 juin 1962) tom­bé en mer près de l’île Johns­ton, lors d’un tir d’essai.

9) Mis­sile inter­con­ti­nen­tal amé­ri­cain (ICBM Thor Rocket) (20 juin 1962) tom­bé en mer près de l’île Johns­ton, lors d’un tir d’essai.

10) Thre­sher (10 avril 1963), sous-marin amé­ri­cain SSN-593 cou­lé à 100 milles à l’est du Cap Cod par 2 590 m de pro­fon­deur, et qui a écla­té. Son réac­teur nucléaire repré­sente une radio­ac­ti­vi­té de l 147 000 giga becquerels.

11) Tran­sit 5 BN‑3 (21 avril 1964), satel­lite amé­ri­cain tom­bé au nord de Mada­gas­car. Son géné­ra­teur nucléaire SNAP-9A au plu­to­nium 238 repré­sente une radio­ac­ti­vi­té de 630 000 gigabecquerels

12) Avion amé­ri­cain (5 décembre 1965) qui, mal calé, est tom­bé du pont du porte-avions Ticon­de­ro­ga à la suite d’un coup de rou­lis et a cou­lé à 5000 m de pro­fon­deur au large du Japon. Il était équi­pé d’une arme nucléaire.

13) 4 bombes nucléaires (17 jan­vier 1966) per­dues par un avion amé­ri­cain B‑52 à 5 milles de Palo­mares en Espagne, dont une en mer qui a été récu­pé­rée par 914 m de fond.

14) 4 armes nucléaires (21 jan­vier 1968) per­dues par un avion B‑52 sur la ban­quise près de Thu­lé. Une par­tie seule­ment du plu­to­nium répan­du a été récupérée.

15) Scor­pion (entre le 21 et le 27 mai 1968), sous-marin amé­ri­cain SSN-589, per­du à 400 milles (740 km) au sud-ouest des Açores par plus de 3 3 000 m de pro­fon­deur et qui a écla­té. Son réac­teur nucléaire repré­sente une acti­vi­té de 1295 000gigabecquerels, 16. Nim­bus B‑1 (18 mai 1968), satel­lite amé­ri­cain tom­bé à 100 m de pro­fon­deur, près de San­ta-Bar­ba­ra, avec son géné­ra­teur nucléaire SNAP-19. A été récupéré.

17) Géné­ra­teur SNAP-27 (11 avril 1970) conte­nant 1650 000 giga­bec­que­rels de plu­to­nium 238 et appar­te­nant à un module de la mis­sion Apol­lo tom­bé au sud des îles Fid­ji, par 6 000 m de profondeur.

18) Mis­sile Phoe­nix (14 sep­tembre 1976) per­du par un avion de chasse amé­ri­cain F‑14 et récu­pé­ré à 75 milles des côtes écossaises.

19) Mis­sile de croi­sière amé­ri­cain (25 février 1986), dans la mer de Beaufort.

20) Mont-Louis (5 août 1984), car­go fran­çais trans­por­tant 30 contai­ners d’hexa­fluo­rure d’u­ra­nium, entré en col­li­sion avec un car-fer­ry bri­tan­nique. La car­gai­son, repré­sen­tant envi­ron 6 000 mil­lions de bec­que­rels, fut récu­pé­rée deux mois plus tard, par 25 m de profondeur.

21. Sous-marin sovié­tique (11 avril 1968) per­du avec 5 armes nucléaires, à 750 milles au nord-ouest de l’île Oahu (Hawaii)

22) Sous-marin sovié­tique (1968) per­du dans le nord-est de l’At­lan­tique, avec 4 armes nucléaires.

23) Sous-marin sovié­tique (10 jan­vier 1970) per­du en baie de Naples avec des tor­pilles nucléaires.

24) Sous-marin sovié­tique (12 avril 1970) per­du dans le nord-est de l’At­lan­tique, avec 4 armes nucléaires.

25) Kashin Class (sep­tembre 1974), des­troyer sovié­tique per­du en mer Noire avec des armes nucléaires.

26) Sous-marin sovié­tique (juin 1983) per­du au large du Kamt­chat­ka, avec 8 armes nucléaires.

27) Cos­mos-1402 (7 février 1983), satel­lite sovié­tique avec un réac­teur nucléaire d’une radio­ac­ti­vi­té esti­mée à 1000 000 de giga­bec­que­rels, tom­bé à 1600 km à l’est des côtes brésiliennes.

28) Sous-marin sovié­tique (4 octobre 1986) équi­pé d’armes nucléaires, cou­lé à 1000 km au nord-est des Ber­mudes par 5 000 m de fond.

29) Kom­so­mo­lets (7 avril 1989), sous-marin sovié­tique avec des armes nucléaires, cou­lé, à la suite d’un feu à bord, près des côtes nor­vé­giennes, à 180 km au sud-ouest de l’île de Med­vez­hy, par 1 500 m de fond. Les Sovié­tiques espèrent le renflouer.

Quant aux deux der­niers acci­dents recen­sés par l’AIEA, les Bri­tan­niques viennent d’af­fir­mer, contrai­re­ment à ce qui avait d’a­bord été annon­cé, qu’ils n’a­vaient pas d’arme nucléaire à bord. Ce sont :

30) HMS Shef­field (10 mai 1982), des­troyer bri­tan­nique cou­lé par un mis­sile Exo­cet de la marine argen­tine, au large des îles Falklands.

31) HMS Reso­lu­tion (19 mai 1985). Ce sous-marin bri­tan­nique a per­du un mis­sile Pola­ris non équi­pé, d’a­près les Bri­tan­nique d’une tête nucléaire, au cours d’un essai ou d’une fausse manoeuvre, au large de la Flo­ride. Doit-on croire les Britanniques ?