L’islamisme en spectacle — Retour sur l’Affaire Folembray

PAR THOMAS DELTOMBE, 9 AVRIL. On le constate une nouvelle fois avec l’opportune arrestation, sous l’œil des caméras, de supposés « islamistes radicaux » : les grosses ficelles électorales ne s’usent pas facilement.

On le constate une nou­velle fois avec l’opportune arres­ta­tion, sous l’œil des camé­ras, de sup­po­sés « isla­mistes radi­caux » : les grosses ficelles élec­to­rales ne s’usent pas faci­le­ment. Men­tor de Nico­las Sar­ko­zy, l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pas­qua était un expert en matière d’enfumage média­tique. Dix-huit ans avant l’Affaire Moha­med Merah, dans les mois qui pré­cé­dèrent l’élection pré­si­den­tielle de 1995, celui qui aimait « ter­ro­ri­ser les ter­ro­ristes » mul­ti­plia les opé­ra­tions « anti-isla­mistes » à grand spec­tacle. Il lan­ça notam­ment, en août 1994, l’affaire de Folem­bray (Aisne) : l’internement illé­gal dans une caserne de gen­dar­me­rie désaf­fec­tée d’une ving­taine d’étrangers, qu’il accu­sait d’être les « com­plices de ter­ro­ristes » algé­riens, puis leur expul­sion manu mili­ta­ri vers le Bur­ki­na Faso. Ces « isla­mistes » n’ont pour­tant jamais été condam­nés par la jus­tice. Et pour cause : ils n’ont jamais été poursuivis.

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Mau­vais trai­te­ments, inter­ne­ments, expul­sions : dans la lutte contre l’« isla­misme », les auto­ri­tés n’hésitent pas à jouer avec les limites de l’Etat de droit. Il y a dix ans, Charles Pas­qua expul­sait une ving­taine d’étrangers après les avoir embas­tillés pen­dant un mois dans une caserne désaf­fec­tée. Le ministre de l’intérieur les accu­sait d’être les « com­plices de ter­ro­ristes » algé­riens, mais leur culpa­bi­li­té n’a jamais été éta­blie. Retour sur l’affaire de Folem­bray de l’été 1994.

Si l’expulsion d’« isla­mistes » était un art, le feuille­ton de Folem­bray d’août 1994, mis en scène par Charles Pas­qua, figu­re­rait cer­tai­ne­ment par­mi les chefs‑d’œuvre oubliés. Avant d’être envoyées au Bur­ki­na Faso, une ving­taine de per­sonnes sous le coup d’une « expul­sion en urgence abso­lue » pas­se­ront un mois der­rière les grilles de la caserne de gen­dar­me­rie de cette petite ville de l’Aisne, sous le regard des camé­ras de télé­vi­sion et des objec­tifs des photographes.

Tout com­mence le 3 août, avec l’assassinat de cinq Fran­çais à Alger, qui plonge la France dans la « seconde guerre d’Algérie ». Pro­fi­tant des cir­cons­tances, M. Pas­qua, ministre de l’intérieur depuis 1993, engage une poli­tique à grand spec­tacle arti­cu­lant lutte contre l’islamisme et ges­tion sécu­ri­taire de l’immigration. Outre l’interdiction de quelques publi­ca­tions isla­mistes et l’expulsion d’un imam turc immé­dia­te­ment arrê­té par les auto­ri­tés d’Ankara, il lance une opé­ra­tion de contrôle d’identité sans pré­cé­dent dans les « quar­tiers sen­sibles » (27 000 véri­fi­ca­tions en deux semaines) et réqui­si­tionne la caserne désaf­fec­tée de Folem­bray, dans l’Aisne [1], où il trans­fère quelques « isla­mistes » algé­riens rési­dant en France en situa­tion régulière.

A l’époque, le gou­ver­ne­ment de Edouard Bal­la­dur est divi­sé sur l’Algérie. A l’instar des Etats-Unis et de plu­sieurs pays euro­péens qui se montrent plu­tôt accom­mo­dants avec le Front isla­mique du salut (FIS), pri­vé de sa vic­toire élec­to­rale en 1992, Alain Jup­pé, ministre des affaires étran­gères, sou­haite une prise de dis­tance avec un pou­voir algé­rien bien peu démo­cra­tique et l’instauration d’un dia­logue dans lequel ceux que l’on com­mence à appe­ler les « isla­mistes modé­rés » pour­raient avoir leur place. Pour M. Pas­qua, au contraire, l’« isla­misme modé­ré » est une « fumis­te­rie » : il y a d’un côté les « modé­rés » et de l’autre les « isla­mistes », avec les­quels aucun dia­logue n’est pos­sible (Europe 1, 4 août).

Invi­té sur TF1 et sur France 2, il accuse les inter­nés de Folem­bray d’être les « com­plices de ter­ro­ristes » et tance les jour­na­listes qui leur donnent quelques secondes de parole. « Vous ne croyez pas que vous en avez déjà assez fait ?, déclare-t-il sur France 2, le 5 août. Nous avons affaire à des gens qui sont les com­plices de ter­ro­ristes et d’assassins ! n’ont pas res­pec­té les règles élé­men­taires de l’hospitalité. Ils ont l’air d’être mécon­tents d’être chez nous ? Mais qu’ils s’en aillent ! »

En réa­li­té, l’impertinence des médias reste limi­tée. Les JT, qui brodent sur le thème du « péril isla­miste », ne contre­disent en rien la ligne poli­tique du ministre. L’aplomb de M. Pas­qua suf­fit à convaincre les rédac­tions de la dan­ge­ro­si­té des « inté­gristes » de Folem­bray. Sans pré­ci­ser la nature de leur « com­pli­ci­té », le ministre se contente de dire que « la France est un Etat de droit. Il ne suf­fit pas de soup­çon­ner pour pou­voir inter­pel­ler, ou assi­gner à rési­dence, ou expul­ser : il faut avoir des preuves. Quand nous les avons, nous inter­ve­nons » (TF1, 4 août).
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« Qu’on en finisse avec eux ! »->http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAB94077667/plateau-invite-charles-pasqua.fr.html]

L’ambiance sur­chauf­fée qui règne dans la petite ville de l’Aisne témoigne de la pas­sion que déclenche l’« isla­misme ». D’autant que le décor mili­taire qui entoure la caserne, qua­drillée par des dizaines de gen­darmes mobiles lour­de­ment armés, n’a rien pour ras­su­rer les rive­rains. Entou­rés de bar­be­lés, les « inté­gristes » deviennent une attrac­tion régio­nale. Et les jour­na­listes ne manquent pas d’immortaliser les pro­pos outrés, les insultes et les bras d’honneur que cer­tains leur des­tinent. « Je res­te­rai là tant qu’ils ne seront pas expul­sés. (…) Ils se moquent de nous à tra­vers les car­reaux ! », s’offusque Didier dans Le Figa­ro (8 août). « J’ai quit­té Paris il y a vingt-trois ans parce qu’il y avait trop d’Arabes. Et voi­là qu’on nous en envoie ici des dan­ge­reux », explique Lucette à Libé­ra­tion (6 août). Et Nicole de conclure, dans le même jour­nal : « Y a pas de lance-flammes ? Qu’on en finisse avec eux ! »

Si cer­tains jour­na­listes s’inquiètent de ce racisme qui s’exprime, d’autres s’en accom­modent plu­tôt bien. Le Figa­ro emprunte à un habi­tant le titre de son repor­tage – « On est trop bons avec eux ! » – tan­dis qu’une jour­na­liste de TF1 explique que ces « extré­mistes musul­mans (…) en ont pro­fi­té pour récla­mer pour eux des droits de l’homme qu’ils refusent aux autres » (6 août).

Nul ne s’étonne pour­tant que plu­sieurs de ces « extré­mistes » soient des mili­tants connus et sur­veillés depuis des mois par la police et les médias eux-mêmes. Cer­tains d’entre eux, reven­di­quant ouver­te­ment leur appar­te­nance au FIS sans pour autant cau­tion­ner les attaques anti­fran­çaises, étaient même assi­gnés à rési­dence depuis novembre 1993, date du pre­mier coup de filet anti-isla­miste de M. Pas­qua bap­ti­sé « Chry­san­thème ». Des condi­tions dif­fi­ci­le­ment com­pa­tibles avec l’action clandestine…

Pro­met­tant « d’autres Folem­bray si c’est néces­saire », le ministre ali­mente régu­liè­re­ment la caserne en « isla­mistes » arrê­tés aux quatre coins de la France. Pas­sant, au cours du mois d’août, de six à vingt-six, les « assi­gnés » nour­rissent les jour­naux télé­vi­sés, qui tiennent la chro­nique de leur vie quo­ti­dienne. Ils peinent à gar­der leur inti­mi­té face au bataillon de camé­ras qui filment la visite de leurs proches et de leurs avo­cats, voire leurs par­ties de foot­ball. Le zoo devient téléréalité.

L’action inflexible du ministre est accla­mée par les Fran­çais, estiment les jour­na­listes, son­dage du Pari­sien à l’appui [2]. « On ne peut qu’approuver la poli­tique de M. Pas­qua », explique Franz-Oli­vier Gies­bert, dans Le Figa­ro, qui, à l’unisson du pou­voir, agite le spectre d’un « exode » mas­sif d’Algériens vers la France en cas de vic­toire « inté­griste » à Alger.

Pour­tant, pro­gres­si­ve­ment, Libé­ra­tion et Le Monde – notam­ment – com­mencent à émettre quelques doutes. Cri­ti­qué pour sa cam­pagne mas­sive de contrôles d’identité, qui touche moins les « ter­ro­ristes » que les sans-papiers, M. Pas­qua recon­naît qu’elle ne vise « pas par­ti­cu­liè­re­ment les milieux inté­gristes isla­mistes », mais que, « si on va pas à la pêche, on ne prend pas de pois­sons » (RTL, 10 août).

Der­rière l’« isla­misme », c’est bien l’« immi­gra­tion » qui est en ligne de mire. Il s’agit d’ailleurs d’une notion élas­tique, « isla­misme » ser­vant alter­na­ti­ve­ment de syno­nyme d’« islam » et de sub­sti­tut à « ter­ro­risme ». M. Pas­qua lui-même, qui dis­tingue les « modé­rés » des « isla­mistes » pour jus­ti­fier sa poli­tique, joue sur la confu­sion quand il affirme vou­loir éri­ger en France « un isla­misme conforme aux prin­cipes de l’islam. C’est-à-dire fon­dé sur la tolé­rance et le res­pect du pays d’accueil » (Le Figa­ro, 12 août). Son conseiller pour les ques­tions d’immigration, Jean-Claude Bar­reau, estime quant à lui que « l’intégration passe par l’abandon de la reli­gion musul­mane [3] ».

D’abord consi­dé­rées comme l’expression d’un « double lan­gage », les pro­tes­ta­tions de ceux des « assi­gnés » de Folem­bray qui nient farou­che­ment toute sym­pa­thie isla­miste com­mencent à trou­ver un écho chez les jour­na­listes [4]. Du maçon du Gers à l’étudiant de Mar­seille, de l’agent de ges­tion à Lyon au cher­cheur au CNRS de Sar­trou­ville, les « isla­mistes » mis en scène par M. Pas­qua res­semblent étran­ge­ment à un échan­tillon repré­sen­ta­tif de l’immigration fran­çaise. Pour qua­li­fier ce groupe hété­ro­gène où se côtoient mili­tants décla­rés et ano­nymes à l’engagement poli­tique incer­tain, les médias prennent leurs dis­tances avec la rhé­to­rique offi­cielle. Les « isla­mistes » deviennent des « isla­mistes pré­su­més » – comme si l’« isla­misme » était illégal…

La per­son­na­li­té de Lar­bi Kechat, rec­teur depuis les années 1970 de la mos­quée de la rue de Tan­ger, dans le 19e arron­dis­se­ment de Paris, attire par­ti­cu­liè­re­ment l’attention. Ceux qui le connaissent savent qu’il est tout sauf un « inté­griste ». Pilier du dia­logue isla­mo-chré­tien, le père Chris­tian Delorme s’interroge sur « le rôle des ser­vices de ren­sei­gne­ment » qui « nour­rissent de vraies cam­pagnes d’intoxication ». « En ce qui concerne l’islam, explique-t-il, j’ai pu consta­ter com­bien des notes d’une stu­pi­di­té atter­rante pou­vaient venir sur les bureaux de ministres ou de pré­fets » (Le Monde, 20 août).

Puis c’est l’évêque d’Evreux, Mgr Gaillot, qui rend visite à Lar­bi Kechat à Folem­bray. Le 24 août, la chaîne France 2 pro­fite de l’accolade entre les deux hommes pour signa­ler, du bout des lèvres, que le rec­teur col­la­bore régu­liè­re­ment aux émis­sions reli­gieuses… qu’elle-même dif­fuse le dimanche matin. Une révé­la­tion qui ques­tionne la confiance aveugle des jour­na­listes à l’égard de la parole gouvernementale.

Autre incer­ti­tude : la léga­li­té de la situa­tion des « isla­mistes ». « Aucune loi ni aucun décret n’autorisait l’embastillement des 25 Algé­riens dans cette caserne », révèle Le Canard enchaî­né, qui ajoute à pro­pos du ministre de la jus­tice : « Méhai­gne­rie sait qu’il y a un petit pro­blème et cou­ra­geu­se­ment se tait » (17 août). Ce que tous les jour­na­listes appellent « assi­gna­tion à rési­dence » n’en est en fait pas une : cette sur­veillance dans un espace clos sans contrôle du juge pen­dant plus de dix jours paraît bien être illé­gale [5]. Ce qui n’émeut pour­tant pas grand monde. Seuls quelques avo­cats s’étonnent, à l’image de Me Simon Fore­man, qu’un ministre puisse « déte­nir arbi­trai­re­ment » des hommes « qui ne sont pour­sui­vis pour aucun délit » (Le Monde, 31 août).

Mena­cé d’une cen­sure judi­ciaire, le minis­tère de l’intérieur décide de frap­per vite et fort. Le 31 août au petit matin, il fait expul­ser manu mili­ta­ri vingt des vingt-six de Folem­bray vers Oua­ga­dou­gou (Bur­ki­na Faso), et dis­perse les autres, tou­jours « assi­gnés », dans plu­sieurs dépar­te­ments [6]. « Cela ser­vi­ra de leçon à ceux qui ne res­pectent pas les lois de la Répu­blique et celles de l’hospitalité », com­mente-t-il, trans­for­mant une mesure de rétor­sion contre les assas­sins d’Alger en « leçon » adres­sée à tous les étrangers.

Le gros de la presse approuve cette déci­sion « cou­ra­geuse », selon Yvan Riou­fol, édi­to­ria­liste au Figa­ro (1er sep­tembre). Sur France 2, la veille, Benoît Duquesne expli­quait que, pour M. Pas­qua, « l’essentiel est d’avoir poli­ti­que­ment rai­son tout de suite ». Et d’ajouter : « Seuls le droit, peut-être, et quelques familles immi­grées, sûre­ment, ont été cha­hu­tés dans cette his­toire. Mais Charles Pas­qua le sait bien : bien peu s’en trou­ve­ront émus. » Mais, si M. Pas­qua a « poli­ti­que­ment rai­son tout de suite », c’est parce que nombre de jour­na­listes, loin d’être « émus », ont fait leur la logique selon laquelle toute per­sonne dési­gnée comme « isla­miste » par le ministre est pré­su­mée cou­pable. La jus­tice n’a pour­tant jamais éta­bli cette « culpa­bi­li­té », aucune pour­suite pénale n’ayant été lan­cée contre les « assi­gnés à rési­dence ». L’affaire tom­be­ra fina­le­ment dans l’oubli.

Et pour­tant, on aurait pu s’étonner de voir la jus­tice confir­mer des expul­sions admi­nis­tra­tives sur la foi de « blancs » des ren­sei­gne­ments géné­raux, ces notes confi­den­tielles sans en-tête ni signa­ture trans­mises aux tri­bu­naux par le minis­tère de l’intérieur [7]. Sur­tout sachant les voies éton­nantes qu’emprunte par­fois la lutte anti-isla­miste : lors de l’opération « Chry­san­thème », par exemple, les docu­ments acca­blants « trou­vés » au domi­cile du prin­ci­pal sus­pect pro­ve­naient direc­te­ment des ser­vices de police [8].

Dix ans plus tard, six des expul­sés sont encore “>coin­cés au Bur­ki­na Faso. Quelques-uns ont pu s’installer en Grande- Bre­tagne ou ailleurs en Europe. Quant à ceux qui, comme le rec­teur Lar­bi Kechat, sont res­tés en France, ils ont dû batailler pour réta­blir leur répu­ta­tion. L’étiquette « isla­miste » colle à la peau.

P.-S.
Ce texte est paru ini­tia­le­ment dans Le Monde Diplo­ma­tique en août 2004. Nous le repu­blions avec l’amicale auto­ri­sa­tion de l’auteur.
Source : http://lmsi.net/L‑islamisme-en-spectacle

Textes de Tho­mas Deltombe

L’islamisme en spec­tacle, 9 avril
L’anti-terrorisme et ses « experts », Sep­tembre 2011
« Armer les esprits », Sep­tembre 2011
La nou­velle « bataille des idées » , Sep­tembre 2011
Ya bon Bol­lo­ré, Février 2011
Un « isla­misme » télé­gé­nique, Sep­tembre 2004
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Notes
[1] Le dépar­te­ment de l’Aisne a cette par­ti­cu­la­ri­té d’avoir pour pré­fet, depuis mars 1994, Jean-Marc Sau­vé, ancien direc­teur des liber­tés publiques et des affaires juri­diques au minis­tère de l’intérieur (1988 – 1994). En mai 1995, il sera nom­mé secré­taire géné­ral du gouvernement.

[2] 57 % des son­dés y affirment que les mesures de Pas­qua sont « plu­tôt efficaces ».

[3] Le Quo­ti­dien de Paris, 25 sep­tembre 1991.

[4] L’affaire sera cepen­dant éclip­sée lorsque, le 15 août, les ser­vices du minis­tère de l’intérieur se font livrer par les auto­ri­tés sou­da­naises le ter­ro­riste Ilitch Rami­rez San­chez, dit Carlos.

[5] Comme le signa­lait, dès le mois d’août, une note confi­den­tielle de la Chan­cel­le­rie trans­mise au minis­tère de l’intérieur : « La déci­sion de l’administration paraît en l’espèce illé­gale. (…) La déci­sion de l’administration d’assortir l’assignation à rési­dence d’une inter­dic­tion totale de se dépla­cer hors des bâti­ments sous réserve d’autorisation n’apparaît pas entrer dans le cadre des mesures pré­vues par l’article 28 [de l’ordonnance de 1945] ». Voir Jus­tice, Syn­di­cat de la magis­tra­ture, n° 143, novembre 1994.

[6] Le tri­bu­nal de Laon devait sta­tuer sur la léga­li­té de l’« assi­gna­tion à rési­dence » le lendemain.

[7] Sur les aspects juri­diques, voir Benoît Lar­biou, L’Etat de droit à l’épreuve de « Folem­bray », mémoire de DEA de sciences poli­tiques et poli­tiques publiques, uni­ver­si­té Montpellier‑I, sous la direc­tion de Jean-Louis Autin, sep­tembre 1995.

[8] Lors du pro­cès en 2000, le juge Roger Le Loire évo­que­ra « une construc­tion de preuves pure et simple » et pré­ci­se­ra que « les auto­ri­tés poli­cières avaient pour seul impé­ra­tif de faire défé­rer (…) le chef du FIS en France pour don­ner un carac­tère de réus­site à l’opération coup de poing “Chry­san­thème” ».