Le 12 avril 2012, Tarek Mehanna a donc été condamné. A une peine de 17,5 ans d’emprisonnement.
« Je me tiens devant vous, dans ce tribunal, fier d’être musulman », avait déclaré Tarek Mehanna au juge –avant que ce dernier ne prononce la sentence. Pour sa défense, Tarek Mehanna avait évoqué les Indiens d’Amérique résistant aux forces britanniques dans les années 1700, Anne Frank face aux Nazis ou encore Nelson Mandela le prisonnier rebelle, tenant tête au régime raciste de l’apartheid.
Malgré l’absence d’indices indiquant l’accomplissement de faits délictueux, le tribunal de Boston a fi-nalement reconnu le prévenu « coupable d’avoir voulu mener une guerre sainte contre les intérêts américains»…
Selon l’accusation, cet homme de 29 ans s’était rendu au Yémen en 2004 puis avait tenté de radicaliser d’autres personnes aux Etats-Unis, en postant des messages de recrutement d’Al-Qaïda et en distribuant des vidéos djihadistes. Son avocat aura donc plaidé en pure perte –bien que T. Mehanna n’ait jamais cherché à faire partie d’une organisation armée, que ses activités d’internaute sont constitutionnellement protégées par le droit à la liberté d’expression, bien que son ancien professeur de religion l’ait décrit comme un jeune américain typique, affectueux et aimant rire.
Alors qu’une partie des médias avaient plaidé un déni de Justice, dénonçant l’arrestation d’«un gamin comme les autres », accusé prétendument d’avoir –dès 2001– voulu « tuer, kidnapper, ou blesser des ressortissants américains à l’étranger », les juges se sont montrés inflexibles (se servant d’incriminations perverses montées comme « un show »).
Diplômé d’un doctorat en pharmacologie, Mehanna est pourtant le fils d’un éminent médecin (un des leaders de la communauté musulmane de la région de Boston).
Même le célèbre juriste Glenn Greenwald aura été suffoqué par la tenue, la teneur et le verdict d’un pro-cès scandaleux et indigne, « l’une des violations les plus insignes de la libre expression pourtant garantie par le Premier amendement de la Constitution.
C’est une menace tellement odieuse contre les libertés… Une offensive contre le droit, engagée par George Bush et poursuivie sous le mandat d’Obama, où des musulmans sont poursuivis pour leurs seules opinions politiques. C’est pourquoi, j’ai mis sur mon blog la déclaration incroyablement éloquente et réfléchie de Mehanna. J’en prends le risque. Un moment viendra où l’opinion comprendra qui sont les véritables criminels dans cette affaire : en tous cas, pas Tarek»…
Glenn Greenwald risque gros. Mais, apparemment, la cause en vaut la peine. Ce spécialiste en droit constitutionnel est l’auteur de deux best sellers sur le pouvoir exécutif et les abus de l’administration Bush en politique étrangère. Son dernier livre, « With Liberty and Justice for Some » (Avec la liberté et la justice pour certains), est un réquisitoire implacable contre le système judiciaire à deux vitesses, qui accorde l’immunité aux élites financières et politiques même pour leurs délits les plus insolents –tout en soumettant les Américains ordinaires à un état pénal sans pitié. Greenwald est considéré comme l’un des vingt-cinq commentateurs politiques les plus influents du pays. Il est le dépositaire du premier Prix annuel I.F. Stone pour journalisme indépendant, et le vainqueur du Prix de l’Association du journalisme en ligne 2010 pour son travail d’investigation sur l’arrestation et la détention oppressive du soldat Bradley Manning (soupçonné d’avoir transmis à Wikileaks des documents accablants, relatifs aux exactions commises par l’armée US durant l’occupation de l’Irak)…
C’est dit. Glenn Greenwald a ainsi pris courageusement le parti de Mehanna, en osant donner une publicité spectaculaire aux propos contestataires de celui-ci.
Voici donc, dans son intégralité, la déclaration de Tarek Mehanna prononcée devant le juge O’Toole, le 12 avril 2012. Un discours vraiment pas ordinaire.
Jean FLINKER
membre du CLEA (Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association)
« Au nom de Dieu, le plus bienveillant et le plus miséricordieux.
Il y a exactement quatre ans, ce mois-ci, je terminais ma journée de travail dans un hôpital de la ville. Je marchais vers ma voiture quand j’ai été approché par deux agents fédéraux. Ils ont dit que je devais choisir : faire les choses par la voie la plus facile, ou emprunter un chemin plein de risques. La voie “facile”, comme ils l’ont expliqué, consistait pour moi à devenir un informateur du gouvernement. Si je le faisais, je ne serais pas déféré devant un tribunal et ne me retrouverais jamais en prison. Quant à la voie dure, c’est celle qui m’a menée jusque devant vous. J’ai pratiquement passé quatre ans à l’isolement dans une cellule de la taille d’un WC, une cellule dans laquelle je suis enfermé 23 heures sur 24.
Pendant les semaines précédant le moment présent, de nombreuses personnes m’ont fait quantité de suggestions sur ce que je devais vous dire. Certains ont dit que je devais plaider l’indulgence dans l’espoir d’une peine légère, tandis que d’autres me suggéraient de n’en rien faire puisque, de toute façon, je serais frappé durement.
Aussi, ce que je vais faire, c’est simplement parler de moi durant quelques minutes.
Quand j’ai refusé de devenir un informateur, le gouvernement a répondu en m’accusant de “crimes”. J’aurais soutenu les mouhadjhidins qui combattaient l’occupation de pays musulmans dans le monde. Ou, comme ils aiment les qualifier, les « terroristes ». Je ne suis pourtant pas né dans un pays musulman. Je suis né et j’ai été élevé tout juste ici, en Amérique, et cela fâche beaucoup de gens : comment est-il possible que je puisse être un Américain et croire aux choses auxquelles je crois, prendre les positions que je prends ? Or toute sorte d’éléments auxquels un homme est exposé dans son environnement devient un indice qui forme sa façon de voir les choses, et je ne suis pas différent. Ainsi, à beaucoup d’égards, c’est à cause de l’Amérique que je suis celui que je suis.
A l’âge de six ans, je me suis mis à réunir une collection importante de bandes dessinées. Batman m’a ainsi forgé un état d’esprit, m’a mené à un paradigme sur la manière dont le monde fonctionne : qu’il y a des oppresseurs, qu’il y a des opprimés, et qu’il y a ceux qui se lèvent pour défendre les opprimés. Cela a tellement résonné en moi que, tout le reste de mon enfance, j’ai toujours préféré les livres reflétant ce sens moral –La case de l’oncle Tom, l’Autobiographie de Malcolm X, et j’ai même vu une dimension éthique dans L’Attrape-cœurs de J. D. Salinger.
Quand j’ai commencé mes Humanités, j’ai choisi une vraie classe d’Histoire. J’y apprenais justement combien réel était ce paradigme dans le monde. J’ai appris les indigènes américains et ce qui leur était arrivé dès la présence des colonisateurs européens. J’ai appris l’histoire des descendants de ces colonisateurs européens qui, à leur tour, avaient été opprimés sous la tyrannie du roi George III.
J’ai lu et découvert Paul Revere, Tom Paine, et comment les Américains entamèrent une insurrection armée contre les forces britanniques, une insurrection que nous fêtons maintenant comme une guerre révolutionnaire américaine. Comme gosse, j’ai même été à des tournées scolaires sur le terrain, à quelques blocs de l’endroit où nous sommes maintenant. J’ai lu, j’ai appris et découvert Harriet Tubman, Nat Turner, John Brown, et la lutte contre l’esclavage dans ce pays. J’ai découvert Emma Goldman, Eugene Debs, et les luttes des syndicats, de la classe ouvrière et des pauvres. J’ai commencé à savoir Anne Frank, les Nazis, et comment ils persécutaient des minorités et des dissidents emprisonnés. J’ai appris Rosa Parks, Malcolm X, Martin Luther King, et la lutte pour les droits civils.
J’ai appris Ho Chi Minh, et comment les Vietnamiens ont combattu pendant des décennies pour se libérer eux-mêmes d’un envahisseur après l’autre. J’ai appris Nelson Mandela et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Tout ce que j’ai compris pendant ces années confirmait ce que j’avais commencé à comprendre quand j’avais six ans : qu’au cours de toute l’Histoire, il y avait une lutte constante entre les opprimés et leurs oppresseurs. Dans chaque lutte dont j’ai appris le cheminement, je me suis constamment situé du côté des opprimés et j’ai constamment respecté ceux qui se levaient pour les défendre –indépendamment de la nationalité, indépendamment de la religion. Et je n’ai jamais jeté mes notes de classe. Pendant que je vous parle ici, elles forment une belle pile dans l’armoire de ma chambre à coucher, chez moi.
Parmi tous les personnages historiques que j’ai découverts, l’un était au-dessus des autres. J’étais impressionné par beaucoup de choses au sujet de Malcolm X, mais surtout j’étais fasciné par l’idée de la transformation, sa transformation. Je ne sais pas si vous avez vu le film X de Spike Lee, il dure plus de trois heures et demi, et le Malcolm du début est différent du Malcolm de la fin. Il commence comme un criminel illettré, mais termine comme un mari, un père, un dirigeant protecteur et éloquent pour son peuple, un Musulman discipliné accomplissant le Hajj à La Mecque et, finalement, comme un martyr. La vie de Malcolm m’a enseigné que l’Islam n’est pas quelque chose dont on hérite ; ce n’est pas une culture ou une ethnicité. C’est un mode de vie, un état d’âme que n’importe qui peut choisir indépendamment d’où on vient et comment on a été élevé.
Cela m’a conduit à étudier l’Islam plus profondément, et j’ai été accroché. Je n’étais qu’un adolescent, mais l’Islam répondait à la question pour laquelle les plus grands esprits scientifiques étaient désemparés, la question qui pousse les riches et les gens connus à la dépression et au suicide parce qu’ils sont incapables d’y répondre : “Quel est le but de la vie ? Pourquoi existons-nous dans cet univers ?”. Mais il répond aussi à la question de comment on est supposé exister. Et puisqu’il n’y a ni hiérarchie ni prêtrise, j’ai pu directement et immédiatement puiser dans les textes du Coran et les enseignements du Prophète Mohammed, commencer à comprendre les implications de l’Islam pour moi comme être humain, comme individu, pour les gens autour de moi, pour le monde. Et plus j’apprenais, plus j’appréciais l’Islam.
Ce dont je vous parle, c’était quand j’étais adolescent. Mais même aujourd’hui, malgré les pressions endurées ces dernières années, je me tiens ici devant vous et devant tout autre dans cette salle d’audience, comme un Musulman, comme un Musulman plein de fierté.
A travers cette éducation, mon attention a été attirée par ce qui arrivait à d’autres Musulmans dans les différentes parties du monde. Et partout où je regardais, je voyais les puissances essayant de détruire ce que j’aimais. J’ai appris ce que les Soviets avaient fait aux Musulmans d’Afghanistan. J’ai appris ce que les Serbes avaient fait aux Musulmans de Bosnie. J’ai appris ce que les Russes faisaient aux Musulmans de Tchétchénie. J’ai appris ce qu’Israël avait fait au Liban –et ce qu’il continue à faire en Palestine– pleinement soutenu par les Etats-Unis. Et j’ai appris ce que l’Amérique elle-même faisait aux Musulmans. J’ai appris la Guerre du Golfe et les bombes à l’uranium appauvri qui ont tué des milliers d’individus et causé des taux de cancer montant en flèche en Irak.
J’ai appris les sanctions imposées par l’Amérique qui empêchaient la nourriture, les médicaments et l’équipement médical d’entrer en Irak, et comment –d’après les Nations Unies– plus d’un demi-million d’enfants en étaient morts. Je me souviens de cette interview sur 60 minutes de Madeleine Albright où elle prétendait combien le décès de tous ces enfants en avait « valu la peine ». J’ai regardé le 11 septembre 2001 comme un acte de représailles où un groupe d’individus est poussé à détourner des avions, à les faire se percuter contre des buildings tant ils ont été indignés par la mort de ces gosses. J’ai regardé comment l’Amérique a alors attaqué et envahi l’Irak directement. J’ai vu les effets de l’offensive “Choc et Effroi” le premier jour de l’invasion –les mioches dans des salles d’hôpital avec des shrapnels de missiles américains collant sur leur front (bien sûr, rien de tout cela n’a été montré sur CNN).
J’ai appris la ville de Haditha, où 24 Musulmans –y compris un homme de 76 ans dans une chaise roulante, des femmes et même des tout petits– ont été tués par des marines US qui les ont fait exploser dans leurs vêtements de nuit pendant qu’ils dormaient. J’ai appris Abeer al-Janabi, une adolescente irakienne de 14 ans violée en bande par cinq soldats américains, qui ensuite ont tiré sur elle et chacun des membres de sa famille –en pleine la tête– pour ensuite mettre le feu à leurs corps. Je veux simplement souligner que les femmes musulmanes ne montrent même pas leurs cheveux à des hommes avec lesquelles elles sont très proches. Alors, essayez d’imaginer cette jeune fille d’un village rigoriste, avec ses vêtements arrachés, attaquée sexuellement non par un, non par deux, non par trois, non par quatre mais par cinq soldats.
Même aujourd’hui, les journaux continuent de relater les frappes de drones tuant des Musulmans quotidiennement au Pakistan, en Somalie, au Yémen. Rien que le mois dernier, tout le monde l’a entendu : 17 musulmans afghans –principalement des mères et leurs enfants– tués par balle par un soldat américain, qui a aussi mis le feu à leurs corps. Or tout ceci, c’est seulement des histoires qui font les gros titres, quelques heures pas plus.
En fait, l’un des premiers concepts que j’ai découvert dans l’Islam, est celui de la loyauté, de la fraternité : chaque femme musulmane est ma sœur, chaque homme mon frère, et ensemble nous formons un grand corps qui se doit de protéger les uns et les autres. En d’autres mots, il n’est pas possible d’accepter les violences faites à ses frères et sœurs –y compris par l’Amérique– et rester neutre. Ma sympathie pour les opprimés a donc continué, tout en étant plus personnelle –comme l’est devenu mon respect pour ceux qui les défendaient.
Tantôt, j’ai mentionné Paul Revere, quand il est parti pour sa tournée de minuit : c’était dans le but de prévenir la population que les Britanniques marchaient sur Lexington pour arrêter Sam Adams et John Hancock, ensuite à Concord pour confisquer les armes stockées par les miliciens de la Révolution. C’est ainsi que les Anglais, arrivés à Concord, ont trouvé les Minutemen qui les attendaient, les armes à la main. Ils ont tiré sur les Britanniques, les ont combattus et les ont battus. De cette bataille est née la révolution américaine. Il existe un mot arabe pour décrire ce que les Minutemen ont fait ce jour là. Ce mot est djihad, et c’est de cela que traite mon procès.
Toutes les vidéos qui ont été montrées au cours de ce procès, les références aux textes que j’aurais envoyés, les chamailleries puériles sur « Oh, il a traduit ce paragraphe » ou « Oh, il a diffusé cette phrase », et toutes ces pièces à conviction tournaient autour d’une unique question : des Musulmans qui se défendent eux-mêmes contre des soldats américains, leur faisant exactement ce que les ré-volutionnaires américains avaient fait aux Anglais. Tout au long des audiences, on a montré de la manière la plus claire que je n’avais jamais, au grand jamais, comploté pour “tuer des Américains” dans des centres commerciaux ou ailleurs. Les propres témoins du gouvernement ont réfuté cette affirmation. Et quand le gouvernement a envoyé un agent secret pour me pousser dans leurs petits “complots terroristes”, j’ai refusé d’y participer. Mystérieusement, cependant, le jury n’a jamais entendu ou retenu cela.
Ainsi, ce procès ne portait pas sur ma position de Musulman voulant tuer des civils américains. Mais sur mon positionnement en tant qu’Américain, lequel doit être toujours prêt à assassiner tout envahisseur –qu’il soit russe, sud-américain ou martien. C’est ce que je crois. C’est ce que j’ai toujours cru, et que je croirai toujours. C’est ce que représentent les flèches sur le sceau au-dessus de vos têtes : la défense de la patrie. Si quelqu’un envahit votre maison pour vous voler et faire du mal à votre famille, la logique dicte que vous faites tout ce qu’il faut pour expulser l’envahisseur de votre foyer. Mais quand ce foyer est un pays musulman et que l’envahisseur est l’armée US, pour une raison inconnue, les normes changent soudain. Le sens commun est renommé “terrorisme” et le peuple qui se défend lui-même, contre ceux qui viennent tuer, devient “les terroristes qui tuent des Américains”. Or la vision –selon laquelle l’Amérique était bien la victime des soldats anglais il y a deux siècles et demi– se doit d’être la même quand, cette fois, ce sont les Musulmans qui sont victimes de la soldatesque américaine. Il faut donc en finir avec la mentalité colonialiste.
Quand le sergent Bales a abattu à mort ces Afghans le mois dernier, toute l’attention des médias s’est focalisée sur lui –sa vie, son stress, son trouble de stress post-traumatique, l’hypothèque sur sa maison – , comme si c’était lui la victime. On a exprimé très peu de sympathie pour les gens qu’il avait littéralement exécutés, comme s’ils n’étaient pas réels, pas des êtres humains. Malheureusement, cette mentalité victimaire, à sens unique, devient prépondérante dans la société, qu’on en soit conscient ou pas. Même avec mes avocats, il a fallu deux ans de discussions, d’explications et de clarifications avant qu’ils ne soient capables de réfléchir en se déprenant de cette pensée formatée et finalement acceptent la logique de ce que je disais. Deux ans ! Sil a fallu autant de temps à des gens aussi intelligents pour se déprogrammer eux-mêmes…, vous pensez bien qu’avec un jury sélectionné au hasard… je n’ai pas été jugé par mes pairs : parce qu’avec la mentalité qui a saisi l’Amérique aujourd’hui, je n’ai pas de pairs.
Je veux aussi vous dire ceci. J’ai appris une chose de plus au cours d’Histoire. L’Amérique a historiquement soutenu les politiques les plus injustes contre ses minorités –des pratiques qui étaient même protégées par la loi. Maintenant, il suffit de regarder en arrière et de se demander “Qu’en pensons-nous ?”… L’esclavage, Jim Crow, l’internement des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale –chacune de ces politiques ont largement été acceptées par la société américaine, chacune a été défendue par la Cour suprême.
Maintenant “Qu’en pensons-nous ?”… Nelson Mandela était considéré comme un terroriste par le gouvernement sud-africain, et avait été condamné à vie. Mais le temps a passé, le monde a changé, les Blancs ont réalisé combien leur politique était oppressive, que ce n’était pas lui qui était le terroriste, et ils l’ont libéré de prison. Il est même devenu président. Ainsi, tout est subjectif –même mon “affaire” qualifiée de “terrorisme”.
En réalité, tout dépend du moment, de l’endroit et de qui à ce instant-là est la superpuissance.
A vos yeux, je suis un terroriste, et il est parfaitement raisonnable que je sois ici devant vous en combinaison orange. Mais un jour, l’Amérique changera et les citoyens reconnaîtront ce jour pour ce qu’il est. Ils reconsidéreront les centaines de milliers de Musulmans qui ont été tués et mutilés par l’armée US dans des pays étrangers. Pourtant, c’est moi qui suis celui qui va rester en prison pour “conspiration, meurtre et mutilation” –parce que je soutiens les mouhadjhidins qui défendent les petites gens. Pourtant, un jour, l’Amérique changera et les citoyens reconnaîtront ce jour pour ce qu’il est.
Si on pouvait ramener à la vie Abeer al-Janabi au moment où elle était violée par vos soldats, la mettre –ici– sur le banc des témoins et lui demander qui sont “les terroristes”, ce n’est sûrement pas vers moi qu’elle pointerait le doigt.
Le gouvernement a dit que j’étais obsédé par la violence, obsédé par l’idée de “tuer des Américains”. Mais comme Musulman vivant notre époque, je ne peux songer à un mensonge plus cynique ».