Je vois là une jeune femme semi-embrassée par Jolie et je ne peux m’empêcher de me voir…
J’ai vu à maintes reprises ces images d’Angelina Jolie visitant les “camps de réfugiés” des Vénézuéliens en Colombie et, je l’avoue, je n’ai pas pu résister à la séduction dérivée d’une sémiotique d’une image placé face à face d’une “fille” hollywoodienne dont le meilleur mérite exhibé serait de former une famille “multiraciale” en termes phénotypiques et je ne crois pas — j’ai des doutes — que ce soit le cas en termes culturels.
Je vois là une jeune femme semi-embrassée par Jolie et je ne peux m’empêcher de me voir, ceci à cause de nos peaux marrons et, j’en suis sûr, à cause des bras d’une femme toujours plus hauts, tenant le monde pour qu’il ne tombe pas.
Une femme noire et “robuste” face à une autre qui, à cause de l’actualité publique et notoire, souffre de troubles alimentaires.
C’est une conjonction qui porte une charge sémiotique de grand soin, d’autant plus quand tout le monde sait que la nôtre, le Vénézuélien, est une guerre de dernière génération où la nourriture est une arme de guerre, de même tous les produits de première nécessité pour la survie et le bien-être des peuples.
Je me souviens de cette scène macondienne, dessinée avec cette esthétique réaliste et magique que seul Gabriel García Márquez, le Gabo, a réalisée. C’est une scène du début de tous les temps où le pirate Francis Drake s’attaque à Riohacha — aujourd’hui visité par la Maléfique d’Hollywood — et l’arrière-grand-mère d’Ursula Iguarán (ou arrière-arrière-grand-mère) s’est assise, à cause de si grande frayeur effrayée au point de sentir les flammes au milieu des braises. Cet acte l’a laissée pour toujours entravée d’une odeur de “roussi” qui ne l’a plus jamais quittée.
Les héritiers de Francis Drake n’ont jamais quitté la Colombie. Ce sont ces brûlures qui vont sûrement engendrer l’être mythologique à queue de cochon qui va raser les lignées qui trahissent les peuples, comme Santander et ses oligarchies qui sont venus en filiation.
Peut-être Jolie devrait-elle renforcer ses bras, et encore plus sa conscience, pour qu’elle comprenne que sa place dans l’histoire n’est pas du côté de Francis Drake, mais des peuples, qui auront toujours une seconde opportunité sur terre.
Lilia Ferrer Morillo est professeur et chercheuse de l'Université de Zulia, Maracaibo, Venezuela / Images de José María González M