Après Liège, lâchez les chiens !

Petit retour sur la Une du jour­nal Le Soir du 20 octobre : “Grèves : le mou­ve­ment se radi­ca­lise”. Elle fait réfé­rence à la grève géné­rale appe­lée par la seule FGTB et qui a para­ly­sé la pro­vince de Liège.

 

« Après Liège, lâchez les chiens ! »

Petit retour sur la Une du jour­nal Le Soir du 20 octobre : “Grèves : le mou­ve­ment se radi­ca­lise”. Elle fait réfé­rence à la grève géné­rale appe­lée par la seule FGTB et qui a para­ly­sé la pro­vince de Liège.

Nous retrou­vons ici le n°1 de la presse fran­co­phone belge dans son rôle favo­ri ‑nous pou­vons consta­ter qu’il inter­prète très bien‑, celui de chien de garde du gou­ver­ne­ment et des grandes entre­prises. Sous cou­vert “d’in­for­mer” les gens, Le Soir fait de la pro­pa­gande et pro­page la peur. Mieux vaut être docile pour accep­ter les mesures de Charles Michel.

Pour­tant, Le Soir aurait pu titrer : “Grèves, les médias et les cas­seurs de gré­vistes se radi­ca­lisent”. En effet, hier en après-midi La Libre sort “une contri­bu­tion” (en fait c’est plu­tôt un cri dans le désert cou­plé d’un argu­men­taire pour démo­lir les syn­di­cats) au titre sui­vant : “Délin­quance en vareuse rouge : que le gou­ver­ne­ment prenne ses res­pon­sa­bi­li­tés !”.

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Le mes­sage est clair. Est-ce que La Libre pré­cise quelque part que l’auteur de cette « contri­bu­tion » est un homme de droite libé­rale assu­mée –cela on le com­prend en le lisant- mais aus­si un diri­geant d’un fonds de capi­tal-risque à Bruxelles ? Non, non, visi­ble­ment cela n’a aucune uti­li­té. La RTBF, elle non plus n’est pas en reste, elle titre un de ces articles en ligne “Gué­rilla à Liège”. Tan­dis que La Meuse parle de “l’apocalypse”. Sur le site de La Libre, nous pou­vons aus­si lire cette même recom­man­da­tion de faire des actions qui soient « effi­caces et sym­pa­thiques en même temps ». Voi­là l’injonction faite par les plan­qués aux gens qui souffrent : « Souf­frez ! Mais souf­frez avec le sou­rire ! ». C’est vrai que les manants en colère sont rare­ment sym­pa­thiques… ils ne font pas un seul effort, com­ment les plaindre ?

Bien­tôt la presse deman­de­ra aux mobi­li­sés qui se font atta­quer phy­si­que­ment de prendre les coups en sau­tant de joie. J’exagère ? Pour­tant, ce lun­di matin des hommes munis de lames et d’une barre à béton ont agres­sé des métal­los. Où a‑t-on par­lé de “délin­quance” ou de “voyous” ? Et où était alors le Pre­mier Ministre ? Lui qui pré­tend diri­ger une majo­ri­té “sociale” ? Lui qui est si prompt d’ha­bi­tude à par­tir en guerre contre tous les ter­ro­rismes du monde ? Par­don, le gars du syn­di­cat envoyé à l’hô­pi­tal ne mérite pas l’at­ten­tion des libé­raux. Après tout ce n’est qu’un “rouge”. Mais où est aus­si l’op­po­si­tion rose-verte qui devrait déjà appe­ler la popu­la­tion à sor­tir dans la rue suite à de telles attaques ? Nulle part. Et elle ne le fera pas, trop occu­pée à se regar­der le nom­bril et à être ber­cée par ses illusions.

Enfin, ter­mi­nons par notre cham­pionne, Béa­trice Del­vaux, édi­to­ria­liste en chef pour Le Soir. Celle-ci nous explique dans son édi­to que, quand même blo­quer une auto­route c’est très grave et ce n’est pas bien du tout et puis sur­tout “la popu­la­tion” n’aime pas ça (remar­quez que tout d’un coup, les syn­di­ca­listes et les tra­vailleurs mobi­li­sés ne font plus par­tie de la popu­la­tion…). Elle ne parle que des “inci­dents”, de la “énième per­tur­ba­tion” et se pose en conseillère com’ du mou­ve­ment syn­di­cal. C’est un comble ! Comme si ceux qui ser­vaient le gou­ver­ne­ment Michel c’é­taient ceux qui le com­battent et non pas la caste média­tique aux ordres !

Alors main­te­nant quoi de positif ?

Et bien, le fait même que la meute aboie suite aux actions “dures” d’hier c’est très posi­tif. Les Lié­geois nous montrent la voie à suivre ! Oui, c’est à coups de blo­cages et de grèves que nous vien­drons à bout de cette équipe fédé­rale de mal­heur ! L’im­por­tant est de se mobi­li­ser en nombre. C’est notre tâche.
Et c’est aus­si notre bou­lot à tous d’en­voyer toute la soli­da­ri­té pos­sible pour tous ceux qui luttent et je pense par­ti­cu­liè­re­ment : aux che­mi­nots (et aux autres sala­riés de la SNCB en géné­ral) qui voient leur droit de grève remis en ques­tion, aux métal­los, aux ouvriers, mais aus­si à la presse citoyenne comme ZIN TV qui s’est fait répri­mer lors des actions contre le TTIP par la police diri­gée par le très tris­te­ment connu com­mis­saire Van­ders­mis­sen, la semaine pas­sée. Cette presse-là peut apprendre énor­mé­ment de choses à la rédac­tion du jour­nal Le Soir !

Par Maxime Ramirez,

étu­diant en His­toire, ancien pré­sident des Étu­diants de Gauche Actifs de l’ULB.