Des facteurs parisiens refusent d’être transformés en militants du FN

Les syndicats français lancent un appel "à l'objection de conscience et à la désobéissance" et demandent aux postiers "de ne pas toucher aux plis...".

À quelques jours du pre­mier tour des muni­ci­pales, des pos­tiers du 7e arron­dis­se­ment de Paris ont refu­sé ce matin de dis­tri­buer un tract du Front natio­nal. Motif : il figu­rait dans un lot de publi­ci­tés non mis sous pli, selon les syn­di­cats CGT et SUD.

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Que la Poste dis­tri­bue ain­si de la pro­pa­gande poli­tique pose un réel sou­ci. Notre règle­ment inté­rieur sti­pule que nous n’a­vons pas le droit de faire de la pro­pa­gande”, observe Emma­nuel Cot­tin, du syn­di­cat CGT. “D’or­di­naire, la com­mu­ni­ca­tion poli­tique est mas­quée sous pli opaque”, en déam­bu­lant ain­si avec des tracts du FN sous le bras, “les fac­teurs risquent d’être inter­pel­lés au cours de leur tour­née”, “il y a un dan­ger pour leur inté­gri­té phy­sique et morale”, estime-t-il. Selon le syn­di­ca­liste SUD, Oli­vier Rosay, sur la qua­ran­taine de fac­teurs qui tra­vaillaient lun­di sur l’ar­ron­dis­se­ment, “au moins une dou­zaine ont reti­ré le tract avant de par­tir faire leur tour­née”. En leur met­tant entre les mains “osten­si­ble­ment de la pro­pa­gande poli­tique du Front natio­nal”, “La Poste trans­forme les fac­teurs en mili­tants du Front natio­nal”, s’in­digne le syn­di­cat. Seul le 7e arron­dis­se­ment est concer­né, pré­cise-t-il. Le tract est celui de la can­di­date du Front natio­nal et du Ras­sem­ble­ment bleu marine aux élec­tions muni­ci­pales dans l’ar­ron­dis­se­ment, Ber­na­dette de la Bourdonnaye.

Prin­cipe de neu­tra­li­té de La Poste selon la direction

De son côté, La Poste met en avant le “prin­cipe de neu­tra­li­té”. “La Poste et Média­post (filiale du groupe) dis­tri­buent la pro­pa­gande élec­to­rale des par­tis poli­tiques lors de chaque élec­tion. Dès l’ins­tant ou le par­ti qui s’ex­prime n’est pas inter­dit, La Poste doit les trai­ter avec équi­té”, affirme le groupe. La Poste peut refu­ser de dif­fu­ser un conte­nu seule­ment si celui-ci “est contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs”. “La Poste ne peut refu­ser, ou sou­mettre à des condi­tions par­ti­cu­lières comme la mise sous enve­loppe, le mes­sage d’un par­ti poli­tique”, ajoute la direc­tion de La Poste.

Lors d’as­sem­blées géné­rales lun­di matin, SUD a lan­cé un appel “à l’ob­jec­tion de conscience et à la déso­béis­sance” et la CGT a deman­dé aux pos­tiers “de ne pas tou­cher aux plis en atten­dant d’a­voir des réponses de la direc­tion”. Selon les deux syn­di­cats, la direc­tion a envoyé à l’aube un huis­sier au centre de dis­tri­bu­tion, délo­ca­li­sé dans le 15e arron­dis­se­ment, pour contrô­ler la pré­pa­ra­tion des docu­ments. Les syn­di­cats rap­portent “une très forte pres­sion de l’en­ca­dre­ment”.

Source de l’ar­ticle : L’Hu­ma