“Des militants israéliens organisent une grève de la faim devant le ministère israélien de la Défense en solidarité avec le prisonnier politique, Samer Issawi, qui est en grève de la faim depuis 266 jours pour protester contre son incarcération illégale. Par ailleurs, plusieurs militants ont tenté de pénétrer l’hôpital Kaplan de Rehovot, Israël, où Samer est hospitalisé, afin de le rencontrer et de lui apporter leur soutien, la plupart n’ont pas réussi à passer la sécurité, mais quelques-uns ont réussi”.
Voilà le message que j’ai reçu d’une militante israélienne pour la Palestine, qu’elle m’a demandé de relayer auprès de l’AFPS. Et j’ai promis que je le ferai. Rivka n’a de cesse de dénoncer la colonisation israélienne, sous toutes ses formes, avec obstination et sans aucune retenue dans son discours. Elle a fait partie du groupe qui a tenté de voir Samer Issawi à l’hôpital, vendredi dernier. Et ces militants observent aujourd’hui une grève de la faim devant le Ministère israélien de la Défense…
Que demandent-ils ? Pas de négociation, pas de promesse de libération “future”, pas d’exil, mais la libération immédiate et inconditionnelle de Samer Issawi. LA LIBERTÉ. Ils ne lui demanderont jamais d’abandonner. Ils souhaitent lui montrer qu’ils sont là, près de lui, jusqu’à l’issue, quelle qu’elle soit. Ils affrontent leur gouvernement et nous appellent à être à leurs côtés. C’est d’autant plus frappant et remarquable, au sens littéral du terme, que cette grève de la faim est aussi une réponse à l’appel public du 13 avril, lancé par des intellectuels israéliens s’adressant à Samer Issawi et lui demandant sa… reddition. Ni plus ni moins. Lisez plutôt [1] :
“Nous avons eu des informations au sujet de votre grève de la faim et de votre agonie”, disait le message. “Nous sommes horrifiés par votre état de détérioration Nous pensons que l’acte suicidaire que vous êtes sur le point de commettre va ajouter une autre facette à la tragédie et au désespoir générés par le conflit entre les deux peuples — Un conflit auquel les militants pour la paix, des deux côtés, souhaitent mettre fin. S’il vous plaît, Samer Issawi, ne rajoutez pas plus de désespoir sur le désespoir qui existe déjà. Donnez-vous l’espoir, renforçant ainsi l’espoir en chacun de nous. Nous vous demandons d’arrêter votre grève de la faim et de choisir la vie, parce que nous sommes engagés à s’efforcer sans relâche à la paix entre les deux peuples, qui vivent côte à côte à jamais dans ce pays” concluent les auteurs.
Cet appel est sans aucun doute la preuve criante de l’aveuglement d’une grande partie de la société israélienne… Et sa capacité inépuisable à évincer les vraies questions, en particulier celles qui la concernent directement. Rendre Samer Issawi responsable d’ajouter du désespoir à un “conflit” qui tente d’écraser le peuple palestinien depuis 65 ans relèverait même d’un cynisme absolu. Comment lui demander de renoncer à son combat légitime pour la liberté, la reconnaissance de son pays et le droit à l’autodétermination de son peuple ? C’est un refus manifeste de l’histoire et de la réalité. Mais c’est aussi bien mal connaître les Palestiniens, tous les Palestiniens. En bref, c’est insulter leur courage et leur détermination face à l’injustice qu’ils subissent et au silence indigne des instances internationales.
Alors, lorsque des militants israéliens ont le courage d’affronter la politique inique de leur gouvernement, dans une solidarité pleine et entière à la cause palestinienne, cela vaut bien que nous relayions leur action et que nous leur apportions notre soutien. Parce que ce n’est pas dans la reddition de Samer Issawi et de tous les prisonniers en grève de la faim, que réside l’espoir. Il est dans l’engagement d’une société israélienne responsable, courageuse et juste.
Christine Jorelle – Évry
Palestine, jeudi 18 avril 2013
[1] www.haaretz.com/news/diploma…
Source : http://www.france-palestine.org/Des-militants-israeliens-en-greve