Infiltration d’extrême droite de la manifestation syndicale ?

Ce jeudi, plus de 150.000 syndicalistes ont défilé à Bruxelles pour protester contre le nouveau gouvernement. Le web-journal RésistanceS.be y a observé la présence de militants d’extrême droite, dont deux dirigeants néonazis hollandais.

Ce jeu­di, plus de 150.000 syn­di­ca­listes ont défi­lé à Bruxelles pour pro­tes­ter contre le nou­veau gou­ver­ne­ment. Le web-jour­nal RésistanceS.be y a obser­vé la pré­sence de mili­tants d’extrême droite, dont deux diri­geants néo­na­zis hollandais.

Fachos.jpg PLUS DE 150.000 PERSONNES ont mani­fes­té, aujourd’hui à Bruxelles, à l’appel des trois syn­di­cats contre les mesures éco­no­miques du gou­ver­ne­ment de droite. Cette mani­fes­ta­tion fut un suc­cès de foule. Dans les jours qui viennent, elle devrait être favo­rable au mou­ve­ment social dans son rap­port de force lors des négo­cia­tions avec l’équipe de Charles Michel.

Extrême droite infiltrée

Des membres de la rédac­tion de RésistanceS.be, pré­sents lors de cette mani­fes­ta­tion, ont pu y obser­ver des membres de l’extrême droite belge et hollandaise.

C’est le cas de quelques acti­vistes de Nation. Pour­tant, ce mou­ve­ment « natio­nal-soli­da­riste », actif à Bruxelles et dans deux-trois villes wal­lonnes, désap­prouve offi­ciel­le­ment ce type de mani­fes­ta­tion, comme il l’a encore affir­mé ce soir sur son site Internet.

Très vite repé­rés par des mili­tants anti­fas­cistes de la JOC et de l’Union syn­di­cale étu­diante (branche étu­diante des Jeunes FGTB), les membres de Nation sur place ont dû quit­té manu mili­ta­ri le cor­tège syndical.

Dockers racistes ?

Le long de ce der­nier, à plu­sieurs reprises, des dockers du port d’Anvers s’en sont pris à des jeunes bruxel­lois d’origine maro­caine qui assis­taient, comme spec­ta­teurs, à la mani­fes­ta­tion pas­sant dans leur quartier.

Plus tard, en fin de par­cours, un mili­tant réfu­gié poli­tique sud-amé­ri­cain a même été cogné par un docker qui l’avait pris pour un maro­cain, en l’invectivant d’insultes racistes. Il est a noté que ces dockers ne por­taient aucune cou­leur syn­di­cale, juste les cha­subles de tra­vail du port d’Anvers.

Dans le mou­ve­ment syn­di­cal, il est recon­nu depuis plus de vingt ans que par­mi les dockers anver­sois se trouvent des sym­pa­thi­sants d’extrême droite, notam­ment du Vlaams Belang.

Lea­ders néo­na­zis hollandais

Durant cette même mani­fes­ta­tion, RésistanceS.be a pu encore iden­ti­fier for­mel­le­ment deux lea­ders néo­na­zis hol­lan­dais. C’est au envi­ron de 12 h 30, qu’ils ont été recon­nus à la hau­teur de la place de Brou­ckère. Ensuite, ils ont été revus lors des inci­dents ultra vio­lents qui se sont pro­duits en fin de mani­fes­ta­tion, à la hau­teur de la Porte de Hal, dans la com­mune de Saint-Gilles, se trou­vant à côté de la gare du midi. Inci­dents impli­quant essen­tiel­le­ment des dockers.

Ces deux indi­vi­dus sont Eite Homan et Karl-Jan Walle (voir leurs por­traits après cet article).

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A la hau­teur de la place de Brou­ckère, Eite Homan et Karl-Jan Walle défilent inco­gni­to dans la mani­fes­ta­tion syn­di­cale © Pho­to : RésistanceS.be

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Les voi­ci, trois heures après, durant les inci­dents vio­lents qui se sont dérou­lés en fin de manif © Pho­to : RésistanceS.be

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Karl-Jan Walle après avoir été arro­sé par une auto­pompe de la police fédé­rale © Pho­to : RésistanceS.be

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Auto­nome Natio­na­lis­ten Vlaanderen

Ce n’est pas la pre­mière fois qu’Eite Homan et Karl-Jan Walle par­ti­cipent ensemble à une mani­fes­ta­tion à Bruxelles.

Le 10 août der­nier, accom­pa­gnés d’autres néo­na­zis hol­lan­dais, ils assis­taient une mini pro­tes­ta­tion pro­pa­les­ti­nienne, orga­ni­sée à l’initiative des Auto­nome Natio­na­lis­ten Vlaanderen.

Après leur par­ti­ci­pa­tion ce jeu­di à la gigan­tesque mani­fes­ta­tion syn­di­cale, et leur pré­sence sur les lieux des inci­dents de fin de cor­tège, Eite Homan et Karl-Jan Walle ont repris à la gare du midi le train en direc­tion d’Alost. Ils pour­raient sans doute y res­ter jusque ce week-end. Et par­ti­ci­per, ce same­di, à un ras­sem­ble­ment des Auto­nome Natio­na­lis­ten qui devrait se dérou­ler à Anvers, au cours duquel pren­dra la parole un lea­der de l’extrême droite batave, par ailleurs ex-cama­rade néo­na­zi d’Homan.

Le len­de­main matin, à Bruxelles, une mani­fes­ta­tion anti­fas­ciste aura lieu. Eite Homan, Karl-Jan Walle et leurs contacts belges pour­raient être ten­tés de s’y rendre.


QUI SONT EITE HOMAN ET KARL-JAN WALLE ?

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Lors d’une mani­fes­ta­tion néo­na­zie aux Pays-Bas en 2012, Eite Homan et Karl-Jan Walle. Dans le fond de la pho­to (à droite) se trouve Chan­tal M, mili­tante des Auto­nome Natio­na­lis­ten Vlaan­de­ren, mais aus­si du mou­ve­ment Nation © Pho­to : Alert — www.alertmagazine.nl

Aux Pays-Bas, le pre­mier est bien connu comme étant un vieux mili­tant néo­na­zi. Son enga­ge­ment poli­tique remonte aux années 1980. Pro­ve­nant des rangs « natio­naux-socia­listes » clas­siques, Eite Homan est un des arti­sans du « cou­rant gauche » de cette mou­vance nos­tal­gique du Troi­sième Reich. Ce cou­rant se pré­sente comme « révo­lu­tion­naire » et « anti­ca­pi­ta­liste ». Il adopte un style gau­chistes et auto­nomes dans les manifs de rue, notam­ment en for­mant un black bloc. Ce cou­rant s’organise sous le modèle des « Natio­na­listes libres » : semi-clan­des­tin, sans lea­der offi­ciel, com­mu­ni­quant de manière codée…

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Eite Homan lors d’une mani­fes­ta­tion néo­na­zie aux Pays-Bas en 2007 © Pho­to : kafka

Karl-Jan Walle est beau­coup plus jeune. Il a 24 ans. C’est au milieu des années 2000, d’après le jour­nal anti­fas­ciste hol­lan­dais « Alert », qu’il se fait connaitre dans le milieu néo­na­zi. Deve­nu bien vite l’un des bras-droits d’Eite Homan, on le retrouve à la Natio­nale Socia­lis­tische Aktie (NSA), aux Vrije Natio­na­lis­ten (Natio­na­listes libres) et au Net­werk Natio­nale Socialisten.

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Karl-Jan Walle durant une mani­fes­ta­tion néo­na­zie aux Pays-Bas. Il se dis­tingue par son tatouage au cou repre­nant le sigle des SA, les Sec­tions d’Assaut du par­ti nazi d’Adolf Hit­ler © Pho­to : Alert

La par­ti­cu­la­ri­té d’Homan et Walle est d’entretenir des contacts avec des groupes néo­na­zis étran­gers. Ces rela­tions inter­na­tio­nales s’opèrent notam­ment via l’Anti Capi­ta­list Network/Anti Kapi­ta­lis­tisch Net­werk (ACN/AKN), un réseau anti­ca­pi­ta­liste d’extrême droite ayant des points de chute essen­tiel­le­ment aux Pays-Bas, en Alle­magne et en Ita­lie. Homan et Walle sont éga­le­ment les contacts hol­lan­dais de la Racial Volun­teer force (RVF), un grou­pus­cule néo­na­zi prô­nant le ter­ro­risme actif en Grande-Bre­tagne et dans le nord de la France.

En Bel­gique, la RVF a aus­si quelques contacts. Notam­ment avec des membres des Auto­nome Natio­na­lis­ten Vlaan­de­ren (AN) VOIR ICI. Les AN sont actifs à Bruxelles et à Anvers. Depuis les années 1990, Ils entre­tiennent des liens étroits avec Eite Homan. Ce der­nier « tra­vaillait » poli­ti­que­ment alors aus­si avec le groupe néo­na­zi bruxel­lois l’Assaut, dont le diri­geant-fon­da­teur était Her­vé Van Lae­them, l’actuel secré­taire poli­tique du mou­ve­ment Nation, le par­te­naire fran­co­phone des Auto­nome Nationalisten.

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Eite Homan fai­sant le salut d’honneur au Troi­sième Reich hit­lé­rien, avec Her­vé Van Lae­them, durant une mani­fes­ta­tion, à Anvers, de l’Odal aktie­ko­mi­tee, d’où ont été fon­dés en 1996 les Auto­nome Natio­na­lis­ten Vlaan­de­ren © Pho­to : kafka

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Karl-Jan Walle tenant le cali­cot de la sec­tion lon­do­nienne de la Racial Volun­teer force, lors d’une mani­fes­ta­tion néo­na­zie en 2012, à La Haye © Pho­to : Alert

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