La politique d’asile et de migration en Belgique : rien que du laisser mourir

La Coor­di­na­tion des sans-papiers

Nous relayons ici le com­mu­ni­qué de presse de la Coor­di­na­tion des sans papiers et son appel à une mani­fes­ta­tion natio­nale le 26 février pro­chain pour exi­ger des bonnes réso­lu­tions avec l’adoption de la loi citoyenne “In my Name”.

Les per­sonnes sans-papiers ont tra­ver­sé l’an­née 2022 avec une boule à la gorge. Elles sont vrai­ment assom­mées, car depuis 2014, rien n’a été déci­dé pour leur inté­gra­tion dans l’Etat de droit belge. En effet, voi­là déjà une décen­nie qu’elles conti­nuent à tou­jours être la crise oubliée en Bel­gique. Mêmes les médias belges se refusent d’étaler leurs réa­li­tés de vie. Ils attendent tou­jours les actions de déses­poir de ces per­sonnes déjà très vul­né­rables pour essayer de par­ler d’elles. Ins­tal­lées de façon pré­mé­di­tée dans un trou noir, dans l’invisibilité totale, les per­sonnes sans-papiers n’ont béné­fi­cié d’aucun regard bien­veillant des dif­fé­rents gou­ver­ne­ments qui se sont suc­cé­dés. Comme d’accoutumée, à l’aube de cette nou­velle année, aucune enti­té d’Etat ne leur a for­mu­lé des vœux de bon­heur. Les res­pon­sables poli­tiques belges ignorent que “le bon­heur est la seule chose qui se double si on le par­tage” (Cette phrase est une cita­tion courte.de Albert Schweitzer).

Bien qu’il ait accor­dé un accueil bien­veillant aux réfu­giés ukrai­niens en 2022, le gou­ver­ne­ment d’Alexander De Croo est en panne d’inspiration et d’initiative en matière d’asile et migra­tion. Son pro­gramme a été de ne pas avoir de pro­gramme au sujet des per­sonnes sans-papiers. De leur côté, la socié­té civile et les citoyens belges se sont sou­vent mobi­li­sés pour exhor­ter ce gou­ver­ne­ment à mettre en place une poli­tique d’asile humaine et juste pour les per­sonnes sans-papiers et à agir face à l’urgence de la crise de l’accueil. Le comble est de consta­ter que celui-ci s’inscrit tou­jours dans le déni de toutes ces mobi­li­sa­tions citoyennes. Il refuse la néces­si­té de mener de pro­fondes et minu­tieuses réflexions, d’ouvrir un dia­logue concer­té entre les dif­fé­rents acteurs de ter­rain, en vue de trou­ver des solu­tions durables et défi­ni­tives à la situa­tion des per­sonnes sans-papiers ou encore à celle des deman­deurs d’asile. Le gou­ver­ne­ment a déli­bé­ré­ment fait le choix du lais­ser souf­frir et du lais­ser mou­rir. Le constat est que, le refus des droits humains ren­force l’exclusion sociale, la perte de l’i­den­ti­té sociale et indi­vi­duelle, et la mar­gi­na­li­sa­tion de ces mil­liers de femmes, hommes et enfants qui ont choi­si la Bel­gique comme pays d’exil. De nos jours, le spec­tacle de l’occupation de deman­deurs d’asile sise rue des Palais à Schaer­beek, est ahu­ris­sant et à en mou­rir. Voi­là là, une pou­drière sani­taire qui montre que nous sommes en face d’un gou­ver­ne­ment fédé­ral tota­le­ment défaillant.

Par ailleurs, la Coor­di­na­tion des sans-papiers ne com­prend pas l’ambivalence de cer­tains par­tis dont les pro­messes ne se tra­duisent pas dans les faits. Au niveau local, ces par­tis se disent favo­rables à l’accueil des migrants, mais res­tent pour­tant com­plices au niveau fédé­ral en cau­tion­nant une poli­tique d’asile et migra­tion qui n’est que du lais­ser mou­rir. Actuel­le­ment, ces élus du peuple se sou­haitent les meilleurs vœux avec faste aux frais des contri­buables. Sont-ils conscients de ce qui se passe sur le ter­ri­toire ? Arrivent-ils à dor­mir serei­ne­ment ? A quoi bon pro­mettre la soli­da­ri­té si on ne se donne pas les moyens de la concré­ti­ser ? En quoi la construc­tion des nou­veaux centres fer­més dans le royaume va-t-elle chan­ger la vie des belges ?
La Bel­gique méri­te­rait mieux si le gou­ver­ne­ment aban­don­nait sa poli­tique d’asile et migra­tion dis­cri­mi­na­toire qui ouvre un bou­le­vard béant au racisme, à la xéno­pho­bie et à la mon­tée de l’extrême droite au nord du pays. Il doit en finir avec le dédain des migrants en pre­nant des bonnes réso­lu­tions pour la régu­la­ri­sa­tion des per­sonnes sans-papiers. Il ne lui cou­te­ra rien de mettre en place une poli­tique d’asile et migra­tion digne, acces­sible, équi­table et non dis­cri­mi­na­toire, fon­dée sur la jus­tice et la soli­da­ri­té. C’est ça qu’on appelle avoir du cou­rage politique.

En tout cas, face à leur insen­si­bi­li­té, notre colère, c’est tout ce qui nous reste de vivant. Nous res­tons impla­cables sur nos reven­di­ca­tions : La régu­la­ri­sa­tion des sans-papiers — la fer­me­ture des centres fer­més — l’ar­rêt des expul­sions — la liber­té de cir­cu­la­tion pour tous — l’ar­rêt de la cri­mi­na­li­sa­tion des sans-papiers — le res­pect des droits fon­da­men­taux — le res­pect et l’ap­pli­ca­tion des droits des enfants.

Aus­si donc, la Coor­di­na­tion des sans-papiers orga­ni­se­ra une MANIFESTATION NATIONALE, pour exi­ger des bonnes réso­lu­tions avec l’adoption de la loi citoyenne “In my Name”* pour la régu­la­ri­sa­tion des per­sonnes sans-papiers, le 04 mars 2023 à par­tir de 14h, de la gare du Nord à la Place de l’Albertine.

Lien vers l’é­ve­ne­ment  :TOUS POUR LE PROJET DE LOI CITOYENNE SUR LA REGULARISATION DES PERSONNES SANS-PAPIERS

La Coor­di­na­tion des sans-papiers
Contacts et porte-paroles de la Coor­di­na­tions des sans-papiers
Serge : 0493291974 ; Azad :0466446363 ; Modou : 0499884821 ; Bin­tou : 0466281442

*“In my Name” est une péti­tion qui a per­mis en 2022 de récol­ter plus de 35 000 signa­tures pour pro­po­ser une loi citoyenne pour la régu­la­ri­sa­tion des per­sonnes sans-papiers. Grâce à ce mou­ve­ment citoyen, les par­le­men­taires ont débat­tu publi­que­ment de notre pro­po­si­tion le 8 Novembre der­niers en com­mis­sion inté­rieure. Les citoyens se sont clai­re­ment expri­més. Le devoir des par­le­men­taires c’est d’assumer leurs res­pon­sa­bi­li­tés en pro­po­sant une réponse poli­tique cohé­rente aux reven­di­ca­tions citoyennes.