Le Canada bloque l’accès à l’Internet

Le Canada emboîte le pas aux pays cancres, qui refusent désormais de soutenir un accès équitable et abordable à un Internet de qualité.

Stop_harper_canada.pngFré­dé­ric DUBOIS

La nou­velle est tom­bée telle une guillo­tine. Le 29 mars der­nier, le gou­ver­ne­ment cana­dien annonce sa déci­sion de cou­per dès le len­de­main, le pro­gramme d’accès com­mu­nau­taire. Ce pro­gramme, mis en place à la gran­deur du Cana­da en 1995, per­met­tait jusqu’à pré­sent aux Cana­diens d’accéder aux tech­no­lo­gies infor­ma­tiques et à Inter­net par­tout au pays . Cela fai­sait l’affaire des muni­ci­pa­li­tés, des groupes com­mu­nau­taires et des citoyens. Cela fai­sait l’affaire du gou­ver­ne­ment, qui pou­vait notam­ment ain­si pro­mou­voir ses pro­grammes de gou­ver­ne­ment en ligne.

Or depuis le mois der­nier, le Cana­da emboîte le pas aux pays cancres, qui refusent désor­mais de sou­te­nir un accès équi­table et abor­dable à un Inter­net de qua­li­té. L’accès à l’Internet, s’il n’est pas un droit fon­da­men­tal recon­nu, forme pour­tant à l’Article 1 de la Charte des droits de l’internet, une charte de la socié­té civile recon­nue mondialement.

Les réac­tions de la socié­té civile ne se sont d’ailleurs pas faites attendre, fusant de toutes parts dans toutes les pro­vinces du pays. Par exemple, « la Fédé­ra­tion aca­dienne de la Nou­velle-Écosse s’inquiète des retom­bées néga­tives quant à l’accès à Inter­net et aux nou­velles tech­no­lo­gies dans les régions rurales et pour les per­sonnes qui ne peuvent se per­mettre d’avoir des ser­vices d’Internet à leur domi­cile. » L’impact de cette mesure est direct et sans retour. « Il est à pré­voir que sans ce finan­ce­ment plu­sieurs sites auront à fer­mer leurs portes dans les pro­chains mois. »

La récente cou­pure de ce pro­gramme névral­gique pour l’accès à tous à l’Internet s’inscrit plus lar­ge­ment dans un bud­get d’austérité éco­no­mique, signé par le gou­ver­ne­ment du pre­mier ministre Ste­phen Har­per. « Les groupes de femmes ont éco­pé en pre­mier, puis les ONGs et main­te­nant, c’est au tour d’un nou­veau sec­teur de la socié­té civile de subir de plein fouet des poli­tiques qui frappent au pre­mier chef les plus dému­nis ou vul­né­rables de la socié­té », de dire Michel Lam­bert, direc­teur géné­ral de l’ONG Alter­na­tives. « L’élimination du pro­gramme d’accès ici, s’ajoute aux cou­pures qui affectent les cher­cheurs sur l’accès à l’Internet dans les pays du sud, avec les­quels nous col­la­bo­rons ». Michel_Lambert_.pngMon­sieur Lam­bert fait ici réfé­rence au Centre de recherches pour le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal — un orga­nisme cana­dien sou­te­nant sur­tout les cher­cheurs dans les pays en déve­lop­pe­ment – dont le bud­get 2012 – 2015 s’est fait ampu­ter de 44,5 millions $ .

Mon­sieur Lam­bert est d’autant plus incré­dule face à cette nou­velle cou­pure, main­te­nant qu’il est éta­bli qu’il y appa­rence claire de conflit d’intérêt. Nous appre­nions sous peu dans les médias que le ministre res­pon­sable du dos­sier, Chris­tian Para­dis, a don­né le mot d’ordre de redi­ri­ger les Cana­diens ser­vis par le pro­gramme d’accès com­mu­nau­taire à Ser­vices Cana­da… une agence qui vient d’être démé­na­gée d’un com­té élec­to­ral tenu par le par­ti de l’opposition offi­cielle – le Nou­veau par­ti démo­cra­tique, dans le com­té élec­to­ral dudit ministre.

P.-S.

Source : Alter­na­tives : http://www.alternatives.ca

Charte des droits d’internet d’APC : http://www.apc.org/fr/system/files/APC_charter_FR.pdf

Fédé­ra­tion aca­dienne de la Nou­velle-Écosse : http://www.fane.ns.ca/

Pro­gramme d’accès com­mu­nau­taire : http://www.ic.gc.ca/eic/site/cap-pac.nsf/fra/accueil
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