Qui ment : le CADTM ou le Club de Paris ?

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Jeu­di 2 juin 2016, le Comi­té pour l’abolition des dettes illé­gi­times (CADTM) a dif­fu­sé deux faux com­mu­ni­qués pour signa­ler puis saluer les déci­sions du Club de Paris d’annuler la dette grecque et de dépo­ser ses statuts.

Jeu­di 2 juin 2016, le Comi­té pour l’abolition des dettes illé­gi­times (CADTM) a dif­fu­sé un com­mu­ni­qué inti­tu­lé « Le CADTM salue les déci­sions du Club de Paris d’annuler la dette grecque et de dépo­ser ses sta­tuts » pour com­men­ter un faux com­mu­ni­qué du Club de Paris annon­çant ces deux mesures et pour rendre public un nou­veau site d’information : clubdeparis.fr

En se glis­sant dans la peau du Club de Paris et en publiant ce faux com­mu­ni­qué « choc », le CADTM a vou­lu mettre un coup de pro­jec­teur sur ce car­tel de créan­ciers qui sert dans l’ombre depuis soixante ans les inté­rêts de ses membres, c’est-à-dire les vingt États créan­ciers les plus riches qui le com­posent. Incon­nu du grand public, le Club de Paris est pour­tant un ins­tru­ment cen­tral dans la stra­té­gie des puis­sants pour domi­ner les pays du Sud endet­tés mais aus­si la Grèce qui est deve­nue, avec l’arrivée de la Troï­ka en 2010, le prin­ci­pal débi­teur du Club.

Comme le rap­pelle l’ancien Expert de l’ONU sur la dette, Cephas Lumi­na, le Club de Paris est une orga­ni­sa­tion sans aucune légi­ti­mi­té qui tra­vaille contre l’intérêt des popu­la­tions. Il est donc vain d’attendre un quel­conque geste de sa part en faveur des popu­la­tions comme l’annulation incon­di­tion­nelle de la dette grecque au motif qu’elle est insou­te­nable ou illé­gi­time pour la population.

Il est d’ailleurs assez révé­la­teur de voir que le Minis­tère fran­çais des finances, qui héberge le Club de Paris aux frais du contri­buable, annonce via Twit­ter que notre site clubdeparis.fr contient des infor­ma­tions erro­nées juste après que le CADTM a pos­té ce tweet « Le Club de Paris annule la dette de la Grèce pour per­mettre au gou­ver­ne­ment grec d’assurer les soins de san­té et d’éducation ». Une preuve sup­plé­men­taire que ces créan­ciers n’ont que faire de la catas­trophe huma­ni­taire qu’ils ont créée avec l’imposition des trois pro­grammes d’austérité.

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Ce tweet de Ber­cy est éga­le­ment une occa­sion de rap­pe­ler que le Club de Paris dif­fuse régu­liè­re­ment des infor­ma­tions men­son­gères, en annon­çant via de « vrais » com­mu­ni­qués de presse que le Club de Paris annule tota­le­ment la dette de cer­tains pays, alors qu’il s’agit en réa­li­té d’allègements par­tiels de dettes, condi­tion­nés à la mise en œuvre de pro­grammes d’austérité conclus avec le FMI et la Banque mondiale.

Le Club de Paris, orga­ni­sa­tion juge et par­tie, est donc irré­for­mable et doit être abo­li. Pour le CADTM, les États débi­teurs, à qui les créan­ciers réclament des dettes illé­gi­times, doivent agir en pre­nant des mesures d’auto-défense pour pro­té­ger les droits sociaux, éco­no­miques, cultu­rels, civils et poli­tiques : en sus­pen­dant le paie­ment de la dette, en réa­li­sant un audit inté­gral (avec par­ti­ci­pa­tion citoyenne), en répu­diant la part illé­gi­time et illé­gale de cette dette. Selon le droit inter­na­tio­nal, il n’y a aucune obli­ga­tion abso­lue de pour­suivre le paie­ment des dettes illégitimes.

Nous espé­rons que notre com­mu­ni­ca­tion aura eu au moins le mérite de faire connaître ce car­tel, aus­si dis­cret que néfaste.

source : CADTM