Lorsque la congressiste républicaine de Floride Ileana Ros-Lehtinen a appris que cette jeune troupe était aux Etats-Unis, furieuse, elle a envoyé un courrier à Hillary Clinton pour lui demander comment ces Cubains avaient pu obtenir le visa d’entrée aux USA. Dans ce courrier, elle écrit entre autres arguments, que “les programmes d’échanges culturels et éducatifs entre Cuba et les Etats-Unis sapent les priorités étasuniennes de politique extérieure et les intérêts de la sécurité nationale”.
Cela n’empêche pas les grands moments d’émotion dans les coulisses lorsque René Gonzales [[USA : Libération de René Gonzalez
19 octobre 2011
René Gonzalez, l’un des cinq Cubains accusés d’espionnage par l’administration des Etats-Unis et condamnés à de lourdes peines de prison en 2001, a été libéré ce vendredi après treize ans passés en prison dans un isolement presque total. Sa situation reste néanmoins préoccupante dans la mesure où le gouvernement américain a décidé de lui imposer une probation de trois années aux Etats-Unis. Il devra rester en résidence surveillée (pour des raisons évidentes de sécurité) mais surtout, ne pourra voir ni sa femme ni sa mère, qui restent toutes deux interdites de territoire par la justice américaine. Son avocat a déjà déposé un appel contre cette nouvelle sanction. Dès sa sortie, Gonzalez a affirmé que sa priorité était de poursuivre la lutte pour la libération de ses quatre co-accusés qui sont toujours détenus.
Source : secours rouge]], âgé de 55 ans et libéré le 6 octobre dernier après avoir purgé 13 ans de prisons sur les 15 ans de condamnation, s’adressa à quelques membres de cette jeune troupe. Notez que se poursuit l’incarcération des quatre autres camarades de René depuis 1998 : Gerardo Hernandez Nordelo, Ramon Labañino, Antonio Guerrero et Fernando Gonzalez, considérées comme illégales par la communauté internationale.
Voici le courriel :
Compañeros,
Je ne peux pas résister au plaisir de vous raconter ce qui s’est passé ce 15 octobre dans la Kay Chapel de l’Université Américaine de Washington, au cœur de la capitale des Etats-Unis. Une troupe de gamins présentait la première de leur pièce de théâtre, « Abracadabra ». Le fait par lui-même est surprenant. Il l’est encore plus quand on sait que ces gamins sont Cubains !
Vingt-deux acteurs hauts comme trois pommes, membres de la compagnie « La Colmenita », créée dans les années 90 par Carlos Alberto Cremata, alors tout jeune étudiant à l’Université de La Havane, présentent avec cœur et talent une oeuvre qui raconte l’histoire des Cinq. La pièce a été un énorme succès à travers toute l’île, au point qu’ils ont été invités à faire une tournée aux Etats-Unis, malgré le blocus, malgré les gusanos, malgré la rancœur du gouvernement des USA.
Comme à Cuba, le public a fait une ovation aux jeunes acteurs, qui ont salué comme des professionnels. Le téléphone portable de Carlos Alberto, que tout le monde appelle Tin, sonne. Encore un message de félicitation, probablement. Tin ouvre des yeux ronds et ne trouve plus ses mots. Son interlocuteur n’est autre que René Gonzàlez Shewerert, le premier des 5 à être sorti de prison, il y a huit jours à peine !
Bien que la communication ait duré une bonne heure, Tin n’aura pas pu échanger grand-chose avec René, car la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre : « Corran, que Tin está hablando con René!!! » (Courez, Tin est en train de parler avec René!).
Du coup, il a dû céder le téléphone aux gamins qui se sont relayés pour, expliquaient-ils, donner du courage à René et qui en sont ressortis excités comme des puces.
Le dernier à parler à René s’appelle Olito. Il sera l’un des acteurs principaux du prochain film cubain dans lequel tournera la Colmenita : « Y sin embargo », un opéra de Rudy Mora dont la musique a été composée par rien moins que Silvio Rodriguez en personne. René a posé nombre de questions à Olito, auxquelles le môme a répondu avec le naturel de l’enfance. En tout dernier lieu, René s’est enquis de la date de la première représentation à Cuba. Olito, après avoir consulté Tin, lui a répondu : « Eh, René, Tin dit que ce sera en décembre ou en janvier, alors, en cas, je te garde une place au cinéma Chaplin, au premier rang ! »
René a sans doute noté la date et la proposition.
Espérons que l’avenir donne raison à Olito, et que notre ami, de retour chez lui, puisse occuper le fauteuil qu’il lui garde et applaudir les petits acteurs de la Colmenita comme il se doit.
Et comme une image vaut mieux qu’un discours, regardez la photo ci-dessous. Vous aussi, vous avez des envies de bises ?
un abrazo
A.
… et ce n’est pas fini !
A peine remis des émotions causées par le coup de téléphone de René, samedi, voilà que ce lundi le portable de Tin sonne à nouveau ! Une nouvelle fois, Carlos Alberto Cremata, Tin, frôle la crise cardiaque en entendant son interlocuteur se présenter : rien moins que Fernando Gonzalez qui appelle depuis la prison de Terre Haute, dans l’Indiana !
Comment Fernando a‑t-il réussi l’exploit d’appeler sur un portable, mystère ! Mais il l’a fait ! Les miracles, ça arrive parfois. La preuve !
La nouvelle déclenche un brouhaha indescriptible. Tin réclame le silence et met son téléphone sur haut parleur. Fernando demande à parler le premier, car à tout moment la communication peut être coupée. Dans un silence religieux, la voix du héros de la République de Cuba s’adresse à la troupe figée. Il leur dit qu’il veut particulièrement les remercier pour ce qu’ils font, qu’il sait que leurs pièces de théâtre, leurs chansons et leurs danses seront bien reçues par le peuple nord-américain, et que tout ce qu’il entendait, lisait et savait de la Colmenita faisait qu’il se sentait fier d’être Cubain.
La communication s’est arrêtée. Les enfants sont restés silencieux un long moment. Et puis la voix d’Ana Laura a murmuré : « Seigneur, quelle humilité ! C’est nous qui devons leur être reconnaissants, à eux qui souffrent pour avoir sauvé la vie de tant de Cubains, et ce sont eux qui nous remercient, nous qui sommes libres, parce que nous faisons ce que nous aimons faire ! »…
Comme quoi la vérité sort bien de la bouche des enfants !