Contre vents et marées et contre l’establishment culturel, Roger Waters soutient la Révolution Bolivarienne au Venezuela
Peu de gens auraient pu prévoir, dans les années incandescentes de Pink Floyd, que le compositeur de ces chansons de rock psychédélique — des émulateurs d’autres “notes” — serait plus tard une figure de la lutte contre l’impérialisme culturel, depuis l’intérieur de la puissante machinerie ou, comme le disait José Martí, “depuis les entrailles du monstre”.
C’est ainsi que cela s’est passé. Alors que le talentueux Roger Waters montrait son potentiel en faisant un peu de tout dans le légendaire groupe britannique : il était compositeur, bassiste, chanteur et un promoteur enthousiaste d’innovations et d’expériences dans le domaine du son et de la scénographie.
Bien sûr, il y avait des signes avant-coureurs montrant qu’il n’était pas un “vendu”. Une bonne partie de ses paroles et de ses performances étonnantes étaient destinées à soutenir la protestation sociale, à condamner la guerre, à dénoncer l’exploitation capitaliste rampante. Seulement, comme toujours, le système a cette capacité singulière de transformer les interrogations d’un créateur en un produit de marchandise.
Pour Waters, un tel niveau de conscience est dans ses gènes (même si nous savons que ce type d’héritage ne fonctionne pas toujours). Son père était un communiste et un pacifiste, c’est pour cette raison qu’il s’est déclaré objecteur de conscience au début de la Seconde Guerre mondiale et s’est engagé comme ambulancier à Londres sous les bombardements allemands. Lorsque le communisme s’est aligné sur la lutte antifasciste, il a accepté d’aller au front et est mort au combat en 1944, alors que Roger n’avait pas encore atteint sa première année de vie.
Sa condition d’orphelin fut décisive pour militer dès l’adolescence dans les mouvements de désarmement.
Quand on regarde la carrière de Roger Waters, n’importe qui peut faire l’erreur de penser qu’il est un rocker typique. Il a été marié, divorcé quatre fois et s’est séparé du groupe de manière conflictuelle (avec beaucoup de remarques arrogantes), pour se produire ensemble des décennies plus tard dans un concert plein de nostalgie. Mais, il faut insister, Waters n’est pas un personnage commun.
Sans le puissant aimant de la musique, il aurait peut-être été architecte, car les tests professionnels qu’il a passés à Cambridge le poussaient vers ce domaine professionnel. Il faisait ses premiers pas dans ce domaine lorsqu’il a rencontré ses futurs collègues de Pink Floyd : Syd Barrett, David Gilmour, Nick Mason et Rick Wright.
Le groupe qu’ils ont formé portait plusieurs noms (Sigma 6, Set, Megadeaths, The Screaming Abdabs, The Architectural Abdabs et The Abdabs) jusqu’à l’arrivée du nom qu’ils allaient utiliser pour écrire l’histoire de la musique pop, Pink Floyd.
Waters est devenu le compositeur principal quelques années après la fondation, car Syd Barrett, pour le dire familièrement, “s’est brûlé les ailes”. Le LSD, qui lui était nécessaire pour alimenter la flamme du rock psychédélique, a fini par le posséder. Waters a pris le relais et a marqué les chansons d’une empreinte politique irrévérencieuse. Par exemple, dans les chanson de longue durée, il a de cette manière explicitement remis en question les procédures mercantiles de l’industrie de la musique, même si elles en font partie.
Entre 1968 et 1985, il a écrit les paroles des albums The Dark Side of the Moon, Wish You Were Here, Animals et The Wall, qui ont été parmi les meilleures ventes de ces années-là. Dans The Wall, il a porté sa rébellion au plus haut niveau, avec des paroles corrosives sur Margaret Thatcher et le Parti conservateur britannique.
Après la rupture avec Pink Floyd, il s’est lancé dans une carrière solo et a également connu de nombreux succès commerciaux, bien qu’il ait toujours continué à remettre en question le système. Sa popularité insubmersible a été une épine dans le pied des gouvernements en guerre des États-Unis et du Royaume-Uni. Des fléchettes très venimeuses ont piqué Bush et Tony Blair pour leurs invasions impérialistes sous couvert d’anti-terrorisme.
L’incursion de Roger Waters dans le débat vénézuélien, à partir de 2019, a renforcé son image d’éternel rebelle.
Waters s’est insurgé contre le concert Venezuela Live Aid, organisé le 22 février 2019 par le magnat Richard Branson à Cúcuta, en Colombie, derrière lequel se cachait l’objectif d’envahir le Venezuela et de renverser le gouvernement constitutionnel pour imposer la marionnette américaine (Juan Guaido). La position de Roger Waters fût essentielle pour empêcher l’imposition totale dans le monde d’une matrice d’opinion qui voulait faire croire à un événement à but humanitaire versus dictature.
C’est de là que démarra une guerre sans merci contre Roger Waters, de la part de ceux qui se disent rockers et qui défendent le système capitaliste. Partout où il y a eu une déclaration de Roger Waters, ou un commentaire en sa faveur, l’attaque a été impitoyable. Il a même perdu d’importants sponsors, comme la Citibank, et dont les concerts ont été suspendus, tout cela pour avoir défendu le Venezuela et pour avoir cité la phrase de Simon Bolivar selon laquelle “les États-Unis semblent destinés par la providence à plonger l’Amérique dans la misère au nom de la liberté”.
Qui n’a pas été impressionné par le fait qu’un musicien s’engage à ce point à notre époque ? Roger Waters confirme qu’il est un musicien courageux et vraiment engagé avec ses paroles qu’il a écrites pour Pink Floyd, alors que les masques de faux rockers et de faux rock-métal tombent de partout.
Depuis cette vidéo transcendantale, Roger Waters est devenu un allié du gouvernement bolivarien au Venezuela et, à ce titre, il a participé dernièrement au lancement de l’Institut Simon Bolivar pour la paix et la solidarité entre les peuples, qui a eu lieu via Internet, juste le jour de l’anniversaire du chanteur, le 6 septembre. Une nouvelle note positive, issue depuis les entrailles du monstre.
_____________
L’histoire d’une vidéo
C’était en février 2019, lorsque le rocker Vénézuélien Paul Gillman a appelé le journaliste Vénézuélien Ennio Di Marcantonio pour sous-titrer une vidéo qui venait d’être envoyée par Roger Waters. Il y dénonçait le fait que le concert organisé par Richard Branson à Cúcuta n’était qu’une mascarade pour un acte de force des Etats-Unis et de plusieurs complices contre la stabilité politique du Venezuela.
Di Marcantonio, qui partage ses passions entre le journalisme, la parole et le rock, a fait le reste du travail. La vidéo sous-titrée a été diffusée sur les réseaux de son émission, La Descarga, et plus tard par Venezolana de Televisión (la télévision gouvernementale).
“Le plus important c’est que avec ce message, il a réussi à convaincre Peter Gabriel de se désister et de refuser de participer au concert. Par ailleurs, il n’y avait que des musiciens commerciaux ; ceux qui ont chanté pour les dictateurs, comme Miguel Bosé l’a fait pour Pinochet ; ceux qui chantent pour le système capitaliste, et le rock commercial. Sa parole a été déterminante pour faire échouer cette campagne contre le Venezuela”, dit-il.
“Maintenant, quand nous l’avons rencontré et vu, avec fierté, inaugurer l’Institut Simón Bolívar, nous avons confirmé que nous sommes du bon côté, en tant que rockers et métal-rockers. Le rock est contre le système, contre le capitalisme, et il le fait de l’intérieur, parce qu’il n’est pas né en Union soviétique, ni à Cuba, ni en Corée du Nord, mais en Angleterre et aux États-Unis”, a‑t-il souligné.
Was deeply moved to receive a gift of a signed Venezuelan cuatro instrument from Nicolas Maduro at Pinewood Studios recently. Thank you President Maduro for your kind gift and message. I shall continue to support the people of Venezuela…
Read more : https://t.co/dW2xjxiQEK pic.twitter.com/Xwh2TdhS6l
— Roger Waters (@rogerwaters) June 15, 2019
A message to VENEZUELA from SWITZERLAND via CHILE#HANDSOFFVENEZUELA,
We were right about #RUSSIAGATE we’re right about VENEZUELA.
Love
R.Watch full video : https://t.co/l6XGCacGrv #ElDerechoDeVivirEnPaz pic.twitter.com/uvuJqFAk1j
— Roger Waters (@rogerwaters) March 24, 2019