Sur le chemin des petits métiers de La vieille Havane
Par Yeni Silva Correa (Granma)
Source : http://www.granma.cubaweb.cu/2011/03/21/nacional/artic01.html
La contribution de mains jeunes et agiles liés à la restauration des bâtiments patrimoniaux ont largement contribué à la préservation du centre historique de La vieille Havane.
Photo : Alberto Borrego
Malgré que ces activités attirent en général les filles en moindre mesure, des jeunes entre 17 et 25 ans apprennent un métier pour l’envisager ensuite pour pouvoir en vivre.
C’est à l’école / atelier, « Gaspar Melchor de Jovellanos », ou des gestes habiles ont réussi à retrouver une partie de la beauté de la veille capitale cubaine, qui à cause du temps, du manque de moyens et même de la négligence, était presque détruite.
En réponse aux besoins de l’Office de l’Historien de la Ville, le centre a formé durant 20 ans des charpentiers, des électriciens, des plombiers, des jardiniers, des vitriers, des plâtriers, des peintres, des restaurateurs de peinture murale, les maçons, les techniciens en archéologie, et d’autres spécialistes.
Le travail a été de grande patience, mais il a permis de diplômer plus de 800 ouvriers qualifiés, à la satisfaction de l’école, qui travaille toujours sur dans la restauration.
« Beaucoup » d’entre eux, explique Eduardo González Delgado, directeur de l’établissement— « quand ils sont arrivés, il n’avaient pas les moyens de se valoriser, ni de se développer dans la vie. Ici, ils ont appris un métier, et près de 80% des diplômés en ont vécu ».
L’école accueille des diplômés de la 9e année, sauf pour les spécialités en archéologie et en peintures murales, qui exigent au moins d’avoir terminé les études secondaires, et en deux ans on leur donne les rudiments du métier, principalement par la pratique.
« Notre devise est d’apprendre en travaillant. 70% du temps, de nos gars est prévu pour le travail. La première année débute avec deux jours par semaine, des séminaires et trois jours de pratique à l’atelier et sur le chantier. »
En deuxième année, ils ne reçoivent plus de cours. Ils travaillent à 100% du temps dans l’atelier et sur le chantier, de sorte que pratiquement ils passent une année entière au travail.
Le registre du centre est en correspondance avec la demande d’emploi de l’Office de l’Historien, qui garantit aux étudiants un emploi dans les entreprises de construction, de restauration ou d’autres institutions connexes.
DE L’ATELIER A L’UNIVERSITÉ
Ces métiers ont souffert des années durant d’un manque d’attention et de ce fait, beaucoup de jeunes et leurs familles ont écarté ce choix, puisque dans la plupart des cas elles n’aboutissent pas aux diplômes universitaires si convoités.
Toutefois, les étudiants de Gaspar Melchor, sans pour autant abandonner ce qu’ils ont appris, peuvent opter pour des études supérieures au Collège universitaire San Geronimo, à La Habana Vieja.
Des spécialités telles que préservation ou gestion du patrimoine, ou autres liés au développement de leurs compétences artistiques deviennent plus attrayantes par leur son lien avec le monde de la restauration.
Pour ce faire, l’école se prépare à partir de Septembre 2012 à ouvrir un cours pour techniciens de niveau intermédiaire, destiné aux diplômés du centre, leur permettant ainsi d’obtenir le niveau secondaire et à approfondir la connaissance de chaque spécialité.
Les possibilités offertes par l’institution a fait qu’au début de cette année scolaire environ 2000 intervenants pourront se présenter comme candidats à l’appel d’offre pour 360 postes.
Bien qu’actuellement le centre ne peut répondre aux nombreuses demandes, les conditions se préparent pour augmenter ses effectifs à 600 élèves pour janvier de l’année prochaine en coordination avec les directions municipales et provinciales chargés d’éducation afin de recevoir des jeunes démobilisés du service militaire et en décrochage scolaire.
TOUTES ET TOUS
Récemment, le IIIe Plénum du Comité national de la Fédération des femmes cubaines a abordé comme thème la présence des femmes dans l’enseignement technique et professionnel. Traditionnellement exercés par les hommes, des métiers comme la plomberie, la maçonnerie, l’électricité, le travail des métaux et la menuiserie concentrent l’essentiel de l’effectif de cette école et contiennent une forte présence d’hommes.
La plupart des demandes concernent l’archéologie, la peinture murale, le plâtre, le jardinage et le vitrage. Toutefois, le directeur ajoute, qu’“il y a une importante présence de filles ces derniers temps dans des secteurs de peinture et de construction en pierre”.
Au-delà du genre, il faut retenir « l’intérêt pour lequel les filles et les garçons viennent à cet atelier », note Patricia Godinez Alonso, ancienne élève de l’école et aujourd’hui professeur spécialiste en vitraux.
Il y a une large gamme d’adolescents qui sont attirés par l’enseignement universitaire, mais la plupart des métiers les attire aussi. Au cours des cinq dernières années, cette question est revenue, de savoir comment travailler avec nos mains, être en mesure de se gagner la vie en fabriquant un objet .
« Habituellement, les garçons spécialisés en vitraux sont curieux, avides d’apprendre, de devenir vraiment bon et de faire de l’art avec leurs mains. C’est ce que l’école tente de développer. »
MALGRÉ TOUT
La relance de sites à valeur patrimoniale, esthétique et artistique repose dans la récupération de ces métiers. Bien que son enseignement a progressivement commencé à être valorisé et la demande d’en faire de véritables artistes du bois, du plâtre, du verre, et le métal qui prend du temps a augmenté.
À l’échelle nationale, il y a encore la nécessité d’une main-d’œuvre qualifiée dans ce domaine, non seulement pour la préservation des bâtiments patrimoniaux. Malgré cela, cette école a contribué à préserver le patrimoine des villes comme Santiago de Cuba, Trinidad et Camagüey, dont les enseignants et les étudiants ont été formés avec l’aide du Bureau de l’Historien de la Ville.